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culture, Henri plus de naturel et de bonté. Ils ont beaucoup de peine à percer, et William mourrait de faim si Henri n’avait le talent de jouer du violon, ressource qui non-seulement tire d’affaire le musicien, mais lui fournit les moyens de procurer à son frère des places qui le mettent à portée de développer son mérite. Mais William est orgueilleux, ingrat, et rougit de devoir quelque chose à Henri. Les deux frères se marient : Henri épouse une cantatrice estimable ; William une fille de qualité ; aussi ne juge-t-il pas sa belle-sœur digne d’être présentée à sa femme ; de là une rupture entre les deux frères. Peu de temps après, Henri perd sa bonne et vertueuse épouse ; un accident le prive de la main droite et il ne peut plus jouer du violon ; il s’expatrie et passe en Afrique avec son fils. William a aussi un fils unique, auquel on donne ce qu’on appelle une éducation soignée. Quant au jeune Henri, il est abandonné à la simple nature dans son désert, et il arrive qu’il vaut beaucoup mieux que l’enfant de l’art. Lorsqu’il a atteint l’âge de douze ans, son père est obligé, pour lui sauver la vie, de l’envoyer à son frère, en Angleterre. Les deux cousins reçoivent ensemble la même éducation, mais la différence de leur caractère, et surtout des premiers principes qui leur ont été inculqués, produit des contrastes piquants, dans lesquels la nature a toujours l’avantage sur l’art. Cet avantage se continue dans un âge avancé ; William séduit une jeune villageoise nommée Hannah, lui fait un enfant, l’abandonne, et se marie par convenance. Henri devient amoureux d’une des filles du ministre de sa paroisse, mais il respecte celle qu’il aime, et leur inclination mutuelle n’est mêlée d’aucun remords. Enfin, le vertueux Henri se décide à aller chercher son père ; il dit adieu à sa maîtresse, et promet de revenir fidèle. La jeune infortunée que William a séduite devient mère ; sa faute fait périr son père de chagrin ; elle reste seule, orpheline et dans la misère, tandis que son séducteur est arrivé à la plus grande opulence ; bientôt elle traîne la vie la plus misérable ; servante d’abord à la campagne, puis à la ville, puis enfin dans un mauvais lieu, elle finit elle-même par se prostituer, commet un vol, et est traduite devant le juge criminel ; ce juge est William Norwynne, son premier séducteur ; Hannah le sait ; mais William est loin d’en avoir le moindre soupçon. La scène de la condamnation de la pauvre fille est du plus grand pathétique ; William, après les débats, place sur sa tête le fatal bonnet et se lève pour prononcer le jugement : Hannah jette un cri perçant en s’écriant : « Oh ! non, je ne puis l’entendre de votre bouche. » Ces paroles ne sont pas entendues de William, qui, avec un visage serein, plein de majesté, prononce la fatale sentence qui finissait par ces mots, condamnée à être pendue jusqu’à ce qu’elle soit morte, morte,

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