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d’une haute naissance qui épouse sa blanchisseuse afin d’acquitter sa dette envers elle. L’histoire de la baronne allemande, qui faisait des papillotes d’une promesse de mariage que lui avait souscrite un amant généreux mais imprudent, fait allusion à un trait pareil de la célèbre Ninon de l’Enclos. Baron, le fameux acteur, est le héros théâtral qui rêve que les dieux lui décernent une apothéose en le transformant en décoration scénique, etc., etc. — Outre ce qu’il y a d’esprit et de malice dans cet ouvrage, on y remarque aussi des passages où l’auteur prend un ton plus sérieux et plus moral ; il est quelquefois pathétique, et s’élève même jusqu’au sublime : tel est le passage de la personnification de la mort ; mais l’humeur satirique de l’écrivain éclate de nouveau lorsque, après avoir peint sur une des ailes de cet effroyable fantôme, la guerre, la peste, la famine et les naufrages, il décore l’autre d’une assemblée de jeunes médecins prenant leurs grades. — Dix-neuf ans après avoir été publié en un seul volume, le Diable boiteux reparut avec des augmentations, formant un volume de plus : les Dialogues des cheminées de Madrid, qui furent joints pour la première fois à cette nouvelle édition, furent justement critiqués comme inférieurs à cet excellent ouvrage.

HISTOIRE DE GILBLAS DE SENTILLANE, 4 vol. in-12, 1715-35 ; id., sous le titre d’Aventures, etc., édition corrigée par l’auteur, 4 vol. in-12, 1747. — Le Sage mit le sceau à sa réputation par la publication de Gilblas. Ce chef-d’œuvre est du petit nombre des romans qu’on relit toujours avec plaisir ; c’est un tableau moral et animé de la vie humaine, où toutes les conditions paraissent pour recevoir ou pour donner une leçon. « De tous ceux, dit Walter Scott, qui connaissent ce charmant ouvrage, qui aiment à se rappeler, comme une des occupations les plus agréables de leur vie, le temps où ils l’ont devoré pour la première fois, il est peu de lecteurs qui ne reviennent de temps en temps à ce livre délicieux avec toute l’ardeur et la vive émotion qu’éveille un agréable souvenir. Peu importe l’époque où on s’est trouvé pour la première fois sous le charme, que ce soit dans l’enfance, où on était surtout amusé par la caverne des voleurs et les autres aventures romanesques de Gilblas, que ce soit plus tard dans l’adolescence, alors que l’ignorance du monde empêchait encore de sentir la satire fine et amère cachée dans tant de passages, ou enfin que ce soit lorsque l’on était déjà assez instruit pour comprendre toutes les diverses allusions à l’histoire et aux affaires publiques, ou assez ignorant pour ne point chercher à voir dans le récit autre chose que ce qu’il découvre directement, l’enchanteur n’en exerça pas moins un pouvoir absolu dans toutes les circonstances. Si Gray a deviné juste en prétendant que rester nonchalamment étendu sur un so-

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