(Charles Antoinette de Bressey, marquise de), morte en 1785.
LETTRES AMOUREUSES DE JULIE À OVIDE ET D’OVIDE À JULIE, in-12, 1753. — C’est un petit roman historique et galant, c’est-à-dire, un petit roman qui falsifie très-agréablement l’histoire, et qui dénature les caractères avec grâce. L’exil d’Ovide sert de base et de catastrophe à ce roman : on sait que le chantre des amours fut relégué, par un ordre d’Octave, sur les bords septentrionaux du Pont-Euxin, loin du doux pays d’Ausonie et de la Grèce, dans un séjour affreux pour un Italien délicat, accoutumé aux délices de Rome et au soleil du plus heureux climat ; mais on ignore quelle fut la cause de cette disgrâce. Madame Lezay Marnézia suppose qu’Ovide, en cherchant à voir Julie, pénétra jusque dans le cabinet de bain de César, où il aperçut le maître du monde tête à tête avec une belle Géorgienne, et dans un état assez humiliant et assez ridicule, où il devait être bien fâché de se trouver, et encore plus d’être surpris. L’auteur a beaucoup embelli le caractère de Julie, qu’il suppose capable de quelque délicatesse dans ses amours, de Julie, qui se faisait un jeu de choisir la place publique et la tribune aux harangues pour théâtre de ses voluptés nocturnes. Il suppose aussi que Julie était veuve dans le commencement de ses liaisons avec Ovide ; mais bientôt elle épouse Tibère, et sa correspondance amoureuse paraît n’en aller que mieux ; mais aussi Tibère était un homme si détestable ! On voit que l’auteur du roman se complaît dans les infidélités que roïne fait à son nouveau mari ; son pinceau s’anime alors d’un feu très-vif. Rousseau prétend que les femmes ne savent pas peindre l’amour ; l’exemple de Mme Marnézia suffirait pour le réfuter : elle en peint très-bien le moral, et même le physique.