effeuiller
Étymologie
modifierVerbe
modifiereffeuiller \e.fœ.je\ ou \ɛ.fœ.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’effeuiller)
- Dépouiller de ses feuilles.
Effeuiller une branche d’arbre. Dans certaines contrées, on effeuille la vigne lorsque le raisin est presque mûr.
Dans les châteaux et dans les musées, on retrouve encore l'esprit des peintres du Nord. Toujours des points de vue aux teintes roses ou bleuâtres dans le ciel, aux arbres à demi effeuillés [...].
— (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854)
- (Sens figuré) Dépouiller, retirer.
Le mariage effeuilla mes espérances une à une.
— (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)Eh bien, mon cher monsieur, voilà quinze francs que nous allons être forcés d’effeuiller par la fenêtre.
— (Henry Murger, Scènes de la vie de bohème, 1848)Est-ce que Telcide ne pleurerait plus que parce qu’elle aurait trop pleuré ? Si elle n’a plus d’illusions, n’est-ce pas parce qu’elle les a toutes effeuillées sur la tombe d’un amour ?
— (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 108)
- (Par analogie) Détacher les pétales d’une fleur, les fleurs d’une inflorescence.
Ils plaignent la famille des oiseaux, la bergeronnette […], et le rouge-gorge dont la rose, ses amours, s’effeuille au vent.
— (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)- D’une main que l’émotion rendait tremblante, elle commença à effeuiller une corolle :
« Je réussirai, un peu, beaucoup, tout à fait, pas du tout ; je réussirai, un peu, beaucoup, tout à fait, pas du tout. »
Et ainsi de suite, scrupuleusement jusqu’à ce qu’il ne restât plus que quelques pétales.
Combien ? Elle ne voulut pas les compter, car leur chiffre eût dit leur réponse ; mais vivement, quoique son cœur fût terriblement serré, elle les effeuilla : « Je réussirai,… un peu,… beaucoup,… tout à fait. » — (Hector Malot, En famille, 1893) Je rêve d´encore une amourette
— (Georges Brassens, Le Testament, in Je me suis fait tout petit, 1956)
Je rêve d´encor m´enjuponner
Encore une fois dire: "Je t´aime"
Encore une fois perdre le nord
En effeuillant le chrysanthème
Qui est la marguerite des morts.
- (Par analogie) Détacher les feuillets d’un livre, d’un manuscrit.
elle alimenta la flamme, en continuant à jeter, par morceaux, le reste du manuscrit. La servante, résolue, comme elle, était venue l’aider, avait pris un autre gros cahier, qu’elle effeuillait.
— (Émile Zola, Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893, chapitre XIII)
- (Pronominal) Se dépouiller de ses feuilles.
- (Pronominal) Se déshabiller devant des gens, faire du striptease.
« Il m’a indiqué qu’il faudrait que je porte une nuisette et que je fasse le genre de truc qu’on fait pour son petit copain », ajoute-t-elle. Avant, si le client le souhaite, de « s’effeuiller ».
— (« Une offre de strip-tease chez Pôle emploi », Le Figaro, 5 février 2010)Dita Von Teese s’effeuille sur papier glacé
— (Paris-Match, 29 mai 2009)Erykah Badu s’effeuille devant la caméra pour son nouveau clip et suscite la controverse.
— (Télémoustique, 31 mars 2010)
- (Pronominal) (Sens figuré) Se révéler à la vue de tous.
L’art de Jim Shaw s’effeuille comme une stripteaseuse burlesque qui serait partie en mauvais trip.
— (« L’univers fourmillant de Jim Shaw effeuille les traumas de l’Amérique », Le Monde, 31 mai 2010)
Dérivés
modifierTraductions
modifierPrononciation
modifier- France (Lyon) : écouter « effeuiller [Prononciation ?] »
Références
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (effeuiller), mais l’article a pu être modifié depuis.