pencher
Étymologie
modifier- (1530) Du latin pendere (« pendre ») devenu *pendicare en latin populaire → voir pente dérivé du même verbe. (1256) pengier, « être hors de son aplomb ».
Verbe
modifierpencher \pɑ̃.ʃe\ transitif, intransitif, ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se pencher)
- Incliner ; baisser quelque chose de quelque côté ; mettre quelque chose hors d’aplomb.
Abrité par des roseaux, le chasseur guette les canards du fond de sa barque, que dépassent seulement la visière d’une casquette, le canon du fusil et la tête du chien flairant le vent, happant les moustiques, ou bien de ses grosses pattes étendues penchant tout le bateau d’un côté et le remplissant d'eau.
— (Alphonse Daudet, En Camargue, in Lettres de mon moulin, Gallimard Folio 1999, page 301)Pencher la tête, le corps.
Pencher un vase.
Plier les branches d’un arbre et les pencher.
Il fit oui-oui, de la tête, revint au lit, se pencha : le cadavre refroidissait.
— (Michel del Castillo, Le Vent de la nuit, éditions René Julliard, 1972, quatrième livre, dix-neuvième chapitre)Penchez-vous que je rajuste votre coiffure.
Airs penchés : Mouvements affectés de la tête ou du corps, que l’on fait pour se donner un air tendre ou mélancolique. Elle a des airs penchés.
Il prend des airs penchés.
- (Intransitif) Se dit de tout ce qui est hors de son aplomb, hors de la ligne perpendiculaire ; de tout ce qui n’est pas de niveau, qui va en descendant.
Un arbre qui penche.
Le mur penche un peu de ce côté-là.
Il penche vers le nord.
Le terrain va en penchant.
Cette balance penche sensiblement.
Aucune raison ne le faisait pencher d’un côté plutôt que d’un autre.
- (Intransitif) (Sens figuré) Être porté à quelque chose ; être enclin à.
Varlin avait dit, le 29 avril 70, salle de la Marseillaise : « […]. Nous savons à quoi nous en tenir sur la Providence qui a toujours penché du côté des millions. Le bon Dieu a fait son temps, en voilà assez ; […] ».
— (Louise Michel, La Commune, Paris : P.-V. Stock, 1898, p.21)Hier, en France, il fallait être humanitaire, kantien, philosémite. Actuellement, la mode, chez nous, penche vers un christianisme édulcoré.
— (Louis Thomas, Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1816-1882), Paris : Mercure de France, 1941, p.43)- Fait curieux, la belle-mère ne renchérit pas. Dans la querelle familiale, elle pencherait au contraire pour la gendresse. — (Michel Jeury, Les beaux jours du Docteur Nicolas, Robert Laffont, 2010, chap.7)
Le commissaire me prenait pour une bille ou bien il avait des trous de mémoire, je penchais plutôt pour la première solution, alors je répétai sans m'énerver, que ça soit naturel :
— (Pascal Dessaint, Les Hommes sont courageux, Éditions Rivages, 2013)
– Non, il était en costard, je crois vous l'avoir déjà dit, non ?- Cet état penche vers sa chute, vers sa ruine : Il est en danger d’être ruiné, détruit.
- Faire pencher la balance : Faire qu’une personne, qu’une chose, qu’un avis, qu’une considération l’emporte sur l’autre.
- (Sports hippiques) En parlant d'un cheval dans une course hippique, ne pas courir droit, avoir une trajectoire inclinée vers un côté, généralement sous le coup de la fatigue.
- (Pronominal) S’incliner vers le bas ou de côté, se baisser.
Julien se pencha dans la salle en s’appuyant assez impoliment sur le devant de la loge.
— (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, page 423)Vous étiez seul avec lui, alors vous prîtes un pistolet dans vos fontes, et, tandis qu’il se penchait, vous lui brisâtes les reins.
— (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre III)Presque aussitôt, en un décolletage inélégant, Bert se penchait au-dessus de la table, sur laquelle il étalait une liasse de plans.
— (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 397 de l’édition de 1921)
- (Pronominal) (En parlant de choses) Être mis, se mettre dans une position oblique, inclinée, vers le bas.
Les garde-fous plantés d’herbes vivaces et de mousses veloutées se penchent sur la rivière et ne tombent point.
— (Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836, page 31)La grande flamme se pencha dans toute sa hauteur vers le mur du fond.
— (Charles Ferdinand Ramuz, La Grande Peur dans la montagne, 1926, page 112)
- (Pronominal) Se pencher sur : Manifester attention et intérêt pour quelque chose, se consacrer à l’étude de quelque chose.
Les élèves ne se sont pas encore penchés sur les caractéristiques de ce type de texte.
Se pencher sur un problème, sur un cas.
- Des hommes qui ont d’autres chats à fouetter que de se pencher sur leurs frémissements intimes. — (Nathalie Sarraute, Ère soupçon, 1956, page 86)
On peut […] se livrer à un examen critique du système. Cet examen a d’ailleurs été entrepris par de nombreux auteurs. En général, ils se sont penchés à la fois sur la légalité et sur la légitimité du gouvernement de Vichy.
— (Vedel, Droit constitutionnel, 1949, page 276)Il fut charmé de mon mouvement, et me prit la main, qu'il baisa d'une manière fort tendre; façon de faire qui, au milieu de mon transport, me parut encore singulière, mais toujours de cette singularité qui m'étonnait sans rien m'apprendre, et que je penchais à regarder comme des expressions un peu extraordinaires de son bon coeur.
— (Marivaux, La vie de Marianne.)
- (Pronominal) Avoir, manifester une attitude bienveillante envers quelqu'un, parfois avec une idée de condescendance.
Moi, pour aider le peuple à résoudre un problème, Je me penche vers lui. Commencement : je l’aime.
— (Hugo, L’Année terrible, 1872, page 325)Après le vote sur le relèvement d’indemnité, l’abbé Lemire me dit : −J’ai voté pour… il faut toujours se pencher sur le plus humble. −Ici, monsieur l’abbé, c’est pour lui prendre son porte-monnaie.
— (Maurice Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, page 66)Elle était si heureuse, si égoïstement heureuse, qu’elle ne se pencha pas une minute vers les sublimes détresses qui l’entouraient.
— (Alphonse Daudet, Rois en exil, 1879, page 416)
Proverbes et phrases toutes faites
modifierAntonymes
modifierDérivés
modifierTraductions
modifierIncliner (sens général)
- Allemand : neigen (de), beugen (de), bücken (de), lehnen (de), ausgießen (de), ausschütten (de)
- Angevin : baler (*)
- Anglais : stoop (en), incline (en), lean (en), slant (en), slope (en), tip (en)
- Vieil anglais : hieldan (ang), hyldan (ang)
- Bambara : falakantan (bm)
- Catalan : inclinar (ca), decantar (ca), vinclar (ca)
- Créole guadeloupéen : kanté (*)
- Danois : bøje sig (da), inklinere (da)
- Espagnol : acurrucarse (es), inclinar (es), pingar (es)
- Espéranto : kliniĝi (eo)
- Finnois : kallistaa (fi)
- Gallo : acanter (*)
- Ido : inklinar (io)
- Indonésien : menyengetkan (id), condong (id)
- Italien : curvarsi (it)
- Kotava : blagá (*)
- Latin : inclino (la), proclino (la), reclino (la)
- Néerlandais : aflopen (nl), buigen (nl), hellen (nl), overhellen (nl), zich bukken (nl)
- Occitan : penjar (oc)
- Picard : cliner (*)
- Portugais : inclinar (pt)
- Roumain : a se înclina (ro)
- Same du Nord : állet (*)
- Solrésol : relafami (*)
- Tchèque : naklonit (cs), naklánět (cs)
- Turc : abanmak (tr)
- Wallon : clintchî (wa)
Être mis, se mettre dans une position oblique, inclinée, vers le bas (6)
- Catalan : abocar-se (ca), inclinar-se (ca)
- Créole guadeloupéen : kanté (*)
- Espagnol : agacharse (es)
- Espéranto : kliniĝi (eo)
- Italien : inclinarsi (it), chinarsi (it)
- Kotava : xowá (*)
- Néerlandais : zich bukken (nl)
- Portugais : agachar-se (pt), debruçar-se (pt)
Prononciation
modifier- France : écouter « pencher [pɑ̃.ʃe] »
- France (Lyon) : écouter « pencher [pɑ̃.ʃe] »
- Somain (France) : écouter « pencher [Prononciation ?] »
Références
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (pencher), mais l’article a pu être modifié depuis.