traire
Étymologie
modifier- D'un latin populaire *tragere, refait du latin classique trahere « tirer ». En ancien français, le verbe traire signifiait « tirer », au sens le plus large du terme. Concurrencé par le verbe tirer, de conjugaison régulière, traire ne s’est maintenu que dans le sens spécialisé de « tirer sur le pis pour en extraire le lait ». A évincé l'ancien français moudre, issu du latin mulgēre.
Verbe
modifiertraire \tʁɛʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)
- (Élevage) Tirer sur le pis des vaches ou d’autres mammifères domestiques femelles pour en extraire le lait.
La Julie, lui tournant le dos, était en train de traire et, du pis qu’elle pressait en cadence, le lait tombait dans le chaudron de fer battu avec un roulement semi-argentin de tambour.
— (Louis Pergaud, « La Vengeance du père Jourgeot », in Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)C’était presque aussi charmant que le cabri d’Esméralda, tu te rappelles, Gringoire ? — Et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l’écuelle. Un amour de petite chèvre…
— (Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, La Chèvre de monsieur Seguin, 1869)Elle semblait faite pour glisser, en robe blanche, dans des paysages liturgiques, […]. En réalité, elle trayait les vaches, cette âme, elle crochait le fumier dans la cour, ce rêve.
— (Octave Mirbeau, « Le Colporteur », in La Pipe de Cidre, 1886)Je songeai alors que mes chèvres avaient grand besoin que je les trayasse, – ce qui était ordinairement ma récréation du soir, – et que les pauvres bêtes devaient avoir bien souffert de cet abandon.
— (Daniel Defoe, « Les Ossements », in Robinson Crusoé, 1719 ; traduction de Pétrus Borel, 1836)
- (Par extension) Dépouiller financièrement.
Mon Dieu ! je sais l’art de traire les hommes.
— (Molière [Jean-Baptiste Poquelin], L’Avare, acte II, scène V, 1668)Un jeu qui est conçu pour traire les gens comme des vaches à lait sans contre-prestation valable : voilà le modèle d’affaires vers lequel tend malheureusement aujourd’hui une grande partie de l’industrie du jeu vidéo.
— (Samuel Bendahan, « Candy Crush : du deal de drogue ? », dans Le Temps, 10-06-2013)
Dérivés
modifierTraductions
modifierExtraire le lait des pis d’un mammifère femelle.
- Allemand : melken (de)
- Anglais : to milk (en)
- Arabe : حَلَبَ (ar)
- Arménien : կթել (hy) kt'el
- Bachkir : һауыу (*)
- Basque : jetzi (eu)
- Berrichon : ajuter (*)
- Biélorusse : даіць (be) daits’
- Breton : goro (br)
- Bulgare : доя (bg) doja
- Catalan : munyir (ca)
- Corse : munghe (co), munghje (co), mungne (co)
- Croate : musti (hr)
- Danois : malke (da)
- Espagnol : ordeñar (es)
- Espéranto : melki (eo)
- Estonien : lüpsma (et)
- Féroïen : mjólka (fo)
- Finnois : lypsää (fi)
- Gaélique écossais : bleoghainn (gd)
- Gaélique irlandais : crúigh (ga)
- Galicien : munguir (gl) ; muxir (gl)
- Grec : αρμέγω (el) armégo
- Hébreu : לחלוב (he)
- Hongrois : fej (hu)
- Iakoute : ыа (*)
- Ido : melkar (io)
- Indonésien : memerah (id)
- Islandais : mjólka (is)
- Italien : mungere (it)
- Karatchaï-balkar : сауаргъа (*)
- Kazakh : сауу (kk) sawuw
- Koumyk : савмакъ (*)
- Kurde : doşîn (ku) ; dotin (ku)
- Lepcha : ᰆᰬᰲ (*)
- Néerlandais : melken (nl)
- Néo-araméen assyrien : xlava (*)
- Norvégien (bokmål) : melke (no), mjølke (no)
- Norvégien (nynorsk) : mjølka (no), mjølke (no)
- Occitan : mólzer (oc), mólher (oc), jostar (oc), justar (oc), mòuser (oc)
- Papiamento : hala lechi (*)
- Plodarisch : mèlchn (*)
- Polonais : doić (pl)
- Portugais : ordenhar (pt)
- Roumain : mulge (ro)
- Russe : доить (ru) doit’
- Same du Nord : bohčit (*)
- Serbe : мусти (sr) musti
- Shingazidja : uhama (*), uhama ledziwa (*)
- Slovaque : dojiť (sk)
- Slovène : molsti (sl)
- Songhaï koyraboro senni : way (*)
- Sranan : merki (*)
- Suédois : mjölka (sv)
- Tatar de Crimée : sağmaq (*)
- Tatare : саву (tt)
- Tchèque : dojit (cs)
- Tchouvache : су (*)
- Turkmène : sagmak (tk)
- Wallon : mode (wa)
- Walser : mälche (*), malche (*), melhjen (*), malhu (*), mälchä (*)
- Wintu : p’uˑra (*)
Prononciation
modifier- France : écouter « traire [tʁɛʁ] »
- France (Vosges) : écouter « traire [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « traire [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « traire [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
modifierRéférences
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (traire), mais l’article a pu être modifié depuis.
Étymologie
modifierVerbe
modifiertraire *\Prononciation ?\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)
- Tirer en général.
Et traient fors les armes
— (Jean Bodel, Le Jeu de saint Nicolas, 1190)
- Lancer, tirer à l'arc.
Va, si m'aporte les saetes que jo ci trarrai
— (Li Premiers Livres des Reis, 20:36[1], v. 1190 ; in Antoine Le Roux de Lincy, Les Quatre Livres des Rois traduits en français du XIIe siècle, 1841, page 81)- Va, et apporte-moi les flèches que je tirerai ici.
- Traîner.
- Dès ore cumencet le plait et les noveles
De Guenelun, ki traïsun ad faite.
Li emperere devant sei l’ad fait traire. — (La Chanson de Roland, laisse 271, v. 1100 ; édition Joseph Bédier, 1922)- Alors commence le plaid et voici l’histoire
De Ganelon, qui a trahi.
L’empereur devant lui l’a fait traîner.
- Alors commence le plaid et voici l’histoire
- Dès ore cumencet le plait et les noveles
- Attirer.
- Com la leuve sauvaige
Ki des leus d'un boskaige
Trait le pieur a li. — (Conon de Béthune, Chansons, « Se raige et derverie », v. 1200 ; édition Axel Wallensköld, 1921)- Comme la louve sauvage
Qui des loups d'un bocage
Attire le pire à elle.
- Comme la louve sauvage
- Com la leuve sauvaige
- Entraîner.
- Produire, citer en justice.
- Endurer, souffrir.
- Différer.
- Aller, s'acheminer, se diriger.
- Arriver, aboutir.
- Tirer du liquide, soutirer.
- Porter (en parlant de l'arme).
- Ressembler.
- (Réfléchi) Sortir, partir, disparaître.
Dérivés
modifierRéférences
modifier- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage
- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage (au complément)
Étymologie
modifier- Du latin trahere.
Verbe
modifiertraire \ˈtɾaj.ɾe\ transitif (graphie normalisée) 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se traire)
Synonymes
modifierPrononciation
modifier- Béarn (Occitanie) : écouter « traire [ˈtɾaj.ɾe] »
Références
modifier- Congrès permanent de la lenga occitana, 20 dictionnaires occitans en ligne, XIX - XX s → consulter cet ouvrage
- (oc) Joan de Cantalausa, Diccionari General Occitan a partir dels parlars lengadocians, 2002, ISBN 2-912293-04-9, C.A.O.C. → consulter cet ouvrage
- Christian Laux, Dictionnaire occitan-français (Laux), Institut d’Estudis Occitans, 2001 → consulter en ligne
- Josiane Ubaud, Diccionari ortografic, gramatical e morfologic de l’occitan segon los parlars lengadocians, Trabucaire, 2011, ISBN 978-2-84974-125-2
- ↑ En réalité le Premier livre de Samuel, intégré, dans la Septante, aux Livres des Rois (voir cet article) sous le nom de Règne 1.