Apiculture

Ne pas confondre avec Agriculture !

L'apiculture est une activité qui consiste à élever des abeilles à miel. Celui qui la pratique est appelé un apiculteur. Cela peut être son métier, une activité supplémentaire ou plutôt un loisir.

Quatre ruches en pleine activité. Les couleurs différentes permettent aux abeilles de retrouver plus facilement leur ruche.

Les travaux de l'apiculteurModifier

 
Cadre de ruche. Les cellules fermées (ou operculées) et de couleur claire en haut et sur les côtés contiennent du miel ; celles de couleur plus jaune et formant un cercle forment ce qu'on appelle le couvain operculé, c'est-à-dire des abeilles qui vont bientôt naître ; il y a probablement au centre du cadre du couvain non operculé, c'est-à-dire des larves d'abeilles qui sont nourries par les abeilles, et quelques cellules remplies de pollen (couleur plus rouge). Quelques cellules en bas à gauche sont plus grosses : c'est du couvain de mâle.

Le travail de l'apiculteur consiste à fournir aux colonies d'abeilles un logement adapté (la ruche), dans lequel elles peuvent construire des rayons de cire ; et à récolter une partie du miel qu'elle produisent. En plus de cela, il y a un certain nombre de travaux, qui ne sont pas tous obligatoires :

  • nettoyer les ruches, les changer, les repeindre, remplacer des cadres de vieille cire par des neufs ;
  • donner une nourriture d'appoint (en complément) aux abeilles l'hiver ou au début du printemps ;
  • surveiller et soigner les maladies et les parasites des abeilles ;
  • capturer des essaims sortis de ses ruches ou de colonies voisines pour les mettre dans une ruche vide ;
  • diviser une ruche pour en produire une ou plusieurs nouvelles sans attendre un essaimage ;
  • déplacer les ruches de plusieurs kilomètres pour permettre aux abeilles de profiter d'une floraison importante qui n'existe pas à proximité de leur premier emplacement : c'est la transhumance ;
  • récolter d'autres produits que le miel.

On appelle colonie d'abeilles le groupe qui occupe une ruche. Il est composé d'une reine, de plusieurs milliers d'ouvrières et d'un nombre de mâles appelés faux-bourdons, variable selon la saison. Quant au mot ruche, il désigne soit seulement le logement des abeilles, soit ce logement et la colonie qui l'occupe.

Les ruches modernes contiennent des cadres faits pour contenir chacun un rayon de cire, ce qui permet de les retirer facilement pour les observer, les échanger ou en extraire le miel.

On fixe une feuille de cire dans chaque cadre. C'est une feuille de cire dite gauffrée, puisqu'elle a été moulée avec le même dessin que celui du fond des rayons que les abeilles construisent d'elles-mêmes. La cire utilisée pour cela a été récupérée dans des ruches, donc produite à l'origine par des abeilles. Cette feuille de cire est en général soudée à un fil de fer fin, qui le cadre plus solide pour les manipulations et l'extraction.

Les abeilles vont ensuite construire leurs alvéoles à partir de cette feuille ; celle-ci doit être bien fixée à la barre du haut du cadre, mais elle peut ne faire que la moitié de la hauteur du cadre, étant donné que les abeilles construisent naturellement leurs rayons en commençant par le haut (où ils sont accrochés, et qu'elles sont capables de prolonger la construction vers le bas).

Visiter les ruchesModifier

 
Cadre de hausse bien rempli de miel. Les cellules sont presque toutes operculées. Ce cadre contient de 1,5 à 2 kilogrammes de miel.

Pour connaître l'état des abeilles, et ensuite pour la récolte, il faut ouvrir les ruches, ce qu'on appelle une visite.

Une visite permet d'observer notamment si les abeilles sont nombreuses, en bonne santé, si elles ont du couvain (des petits, ou larves) et des réserves de miel. L'apiculteur pourra ensuite programmer ses opérations en fonction de ses observations. Par exemple, si la ruche contient beaucoup de miel et en période de miellée, il ajoutera une hausse, c'est-à-dire un étage de cadre que les abeilles pourront remplir. S'il n'y a aucun couvain d'ouvrières, c'est que la reine est morte ou stérile, donc que la colonie est en danger.

Éviter les piqûresModifier

Pour pouvoir intervenir sur une ruche (récolte ou simple visite), l'apiculteur s'habille d'un vêtement protecteur, notamment avec un voile devant le visage. Un certain nombre d'apiculteurs interviennent mains ou bras nus, mais avec une protection au niveau de la tête. En effet, c'est à ce niveau que les abeilles viendront en premier, et que les piqûres peuvent être les plus douloureuses.

 
Un rucher, ensemble de ruches regroupées par un apiculteur

Par contre, les apiculteurs utilisent toujours (ou presque) un outil pour calmer les abeilles en envoyant de la fumée, il s'agit d'un enfumoir. En effet, la fumée fait paraître un incendie aux abeilles qui, affolées, s'occupent de récupérer des réserves de miel dans leur jabot plus que de défendre leur ruche de l'apiculteur. De plus, la fumée masque les phéromones qui incitent les abeilles à piquer.

Sans cette précaution lorsqu'on ouvre une ruche, l'excitation d'une colonie peut monter, et la rendre très dangereuse, étant donné le nombre des abeilles. Par contre, comme cette agressivité monte progressivement, (en quelques minutes ou quelques dizaines de secondes) un apiculteur expérimenté peut s'en apercevoir par ce qu'il voit, ce qu'il entend et même en sentant l'odeur que les abeilles émettent lorsqu'elles sont excitées, et adapter son comportement.

L'agressivité des abeilles est très différente selon leur variété, selon la saison et la situation. Par exemple, les essaims qui sortent d'une ruche au printemps pour s'installer dans un nouvel emplacement sont très peu agressifs. Lorsqu'on récolte le miel, que la ruche contient des réserves, et aussi une population nombreuse, elle est beaucoup plus agressive. Un temps orageux et des floraisons rares (en fin d'été et en cas de sécheresse par exemple) augmentent aussi leur agressivité. Les abeilles sont trop nombreuses pour qu'on puisse les différencier chacune, mais par contre on observe que les colonies (ou ruches) peuvent avoir chacune un caractère particulier.

Certains pensent que les abeilles connaissent leur apiculteur et ne le piquent pas. Il est plus probable qu'un apiculteur expérimenté connaît les gestes qui permettent de moins exciter les abeilles, qu'il est capable de sentir leur humeur et donc de s'y adapter. Il faut aussi savoir qu'il est parfois piqué. Mais étant piqué de temps en temps, son corps s'est en général accoutumé : une piqûre est alors toujours douloureuse, mais il n'enflera pas et la douleur pourra passer en quelques minutes. Pourtant, il se peut qu'une personne, même un apiculteur, devienne allergique aux piqûres d'abeilles, c'est-à-dire qu'il ait une réaction de plus en plus forte avec le nombre des piqûres. Dans ce cas, un apiculteur devra abandonner son activité, à moins de suivre un traitement médical spécial de désensibilisation.

 
Un extracteur ou centrifugeuse : celui-ci fonctionne avec une manivelle, c'est un matériel d'amateur.
 
Le miel qui vient d'être extrait est filtré sur une grille, puis on attendra quelques jours que les petits morceaux de cire remontent, avant de le mettre en pot grâce à un robinet en bas du maturateur

La récolte du mielModifier

Quand les rayons contiennent beaucoup de miel, et surtout en fin de période de forte miellée, l'apiculteur va retirer une partie des cadres. En général, il ne prend que ceux des hausses, et n'enlève aucun de l'espace principal qu'on appelle corps de ruche. En effet, c'est au centre de cet espace que se trouve le couvain, c'est-à-dire les œufs et larves des futures abeilles.

Une fois les cadres remplis de miel prélevés et sans abeilles, ils sont transportés pour les opérations suivantes et l'extraction du miel.

Lorsque les alvéoles sont pleines de miel, les abeilles les ont fermées par une petite couche de cire, une opercule. Un couteau permet de les enlever puis on fait sortir le miel grâce à un extracteur, c'est-à-dire une sorte de centrifugeuse. Les cadres tournent rapidement, ce qui permet d'en éjecter le miel.

Une ruche produit de quelques kilogrammes de miel (ou aucun) à 40-50 kilogrammes ou plus par an, qui sont parfois produits sur une durée assez courte, d'un ou deux mois.

Soins aux abeillesModifier

Un apiculteur observe en général la bonne santé des ruches, et peut appliquer des traitements ou prendre des mesures en fonction de cela. Il veille également à la quantité de nourriture disponible à chaque ruche (quantité de miel dans les rayons), surtout l'hiver. En climat froid, pour que les abeilles n'aient pas trop froid, il peut réduire l'ouverture de la ruche, isoler son toit ou même installer pour deux ou trois mois les ruches dans une cave spéciale dont la température est régulière et où il ne gèle pas.

TranshumanceModifier

Certains apiculteurs (en général professionnels) déplacent leurs ruches pour les rapprocher des espaces fleuris selon la saison. C'est ce qu'on appelle la transhumance. En effet, une miellée, c'est-à-dire une floraison qui peut permettre aux abeilles de produire du miel, dure de deux semaines à un mois environ. Déplacer les ruches leur permet de profiter de plusieurs miellées importantes, et ainsi d'augmenter beaucoup leur production de miel. D'autre part, lorsqu'il y a une floraison importante comme le romarin, le châtaignier, l'acacia ou la lavande, les abeilles vont aller principalement sur cette fleur pendant cette période. Si l'apiculteur récolte le miel peu de temps après, il sera caractéristique de cette fleur. Le miel récolté en juin sera plutôt du miel d'acacia ou de colza. Celui qui est produit fin juillet sera un miel « toutes fleurs », le miel de début septembre sera un miel de tournesol ou de lavande. Les autres plantes mellifères sont l'aubépine, la bruyère, le lierre, la luzerne, le mélilot, la reine-marguerite, la ronce, le sainfoin, le sarrasin, le tilleul, le trèfle blanc et la plupart des légumineuses.

Les ennemis des abeilles et des apiculteursModifier

insecticidesModifier

Certains insecticides très puissants ne se contentent pas de supprimer les insectes qui menacent les plantations, mais tuent également tous les insectes du voisinage, même les plus utiles. Sur plainte des apiculteurs qui voyaient diminuer le nombre de leurs abeilles et de la production de miel, on a interdit certains insecticides, mais ils continuent à polluer les sols où ils ont été vaporisés.

Si l'on a pu évaluer dans les ruches la disparition de beaucoup d'abeilles, le problème est identique pour un grand nombre d'insectes sauvages non ravageurs qui participent à la pollinisation des fleurs et favorisent ainsi la multiplication des graines et des fruits.

Menaces biologiquesModifier

Il existe des maladies et des parasites particuliers aux abeilles à miel. Néanmoins la menace est devenue plus sérieuse avec l'introduction de plusieurs espèces qui se développaient autrefois seulement sur des espèces d'abeilles asiatiques. Ces parasites, prédateurs et maladies menacent maintenant les abeilles européennes qui n'y sont pas adaptées. Ce sont notamment le varroa, un acarien parasite et le frelon asiatique, un prédateur. Cela rend l'activité d'apiculture plus difficile et plus incertaine.

Apiculture professionnelleModifier

L'apiculture est souvent pratiquée comme un loisir ou une activité annexe, mais c'est aussi un vrai métier. Comme dans la plupart des productions agricoles, les revenus peuvent être irréguliers : élevés une année, faible une autre, en fonction du temps qu'il a fait ou d'imprévus comme des maladies. Un apiculteur professionnel possède en France de 200 à 1000 ruches environ. Une grande part d'entre eux vendent leurs produits sur les marchés, et proposent d'autres produits que le miel : du pollen, de la cire, de la propolis ou même de la gelée royale.


Voir aussiModifier

Lien externeModifier

  Article mis en lumière la semaine du 24 septembre 2007.
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