Camouflage

On appelle camouflage ce qui permet de passer inaperçu au milieu de la nature.

Beaucoup d'animaux n'ont pas d'autre abri que les plantes au milieu desquelles ils vivent. Dans les forêts européennes, cerfs et biches se réfugient sous les feuillages. Dans la savane africaine, les mammifères sont protégés par les plantes qui les entourent. De nombreux poissons se contentent de nager parmi les algues ou les herbes aquatiques.

Par contre, les grands nageurs, comme le thon, n'ont pas besoin de s'abriter.

Un Hippocampe pygmée, une espèce qui vit parmi les gorgones, et pratique le camouflage. Essaie de le trouver dans cette image!

Le camouflage est aussi une « politique » que l'homme sait élaborer, en fonction de ses forces et faiblesses, pour saisir des opportunités ou faire face à des menaces.

Les animauxModifier

Camouflage et protectionModifier

Le camouflage de certains animaux renforce leur protection.

Si la couleur et les dessins de leur peau empêchent de bien les distinguer de la nature qui les entoure, ils sont mieux protégés.
Beaucoup d'entre eux ont la peau ou la fourrure tachetée ou rayée, se confondant de loin avec les reflets de la lumière dans les feuillages. La peau du caméléon a la caractéristique de varier de couleur.

C'est surtout important pour les petits. Le faon possède des taches qu'il perdra en grandissant, et deviendra comme ses parents : la biche et le cerf. De même pour le petit marcassin, d'abord rayé en attendant de devenir sanglier.

 
Un phasme se confondant avec les feuilles

Le camouflage se rencontre surtout chez les insectes, dont certaines espèces ressemblent à s'y méprendre à une feuille ou à une tige épineuse leur permettant d'échapper au regard de leurs prédateurs.

Le camouflage est important aussi bien pour les animaux pouvant devenir une proie, que pour des prédateurs, comme le léopard ou le tigre, qui peuvent ainsi se rapprocher de leurs proies sans être repérés.

Le camouflage dans l'eauModifier

 
Un calamar au « pyjama » rayé
(Sepioloides lineolata), camouflé en appui sur une couche de coquilles.

La plupart des poissons et des amphibiens (comme la grenouille) ont la partie supérieure du corps de couleur foncée, difficile à distinguer du fond pour un prédateur passant au-dessus.

Au contraire, leur ventre est clair et se confond avec la lumière de la surface pour un prédateur arrivant par dessous.

De nombreux poissons plats, comme la sole, peuvent modifier la couleur des taches de leur face supérieure selon le fond sur lequel ils sont posés.

Certains crustacés, comme l'araignée de mer, sont recouverts de petits végétaux poussant sur leur carapace. D'autres se camouflent sous des débris végétaux ou minéraux qu'ils trouvent dans leur environnement.

Cas particulier : la larve de phryganeModifier

La larve de phrygane vit dans les eaux courantes. Elle sécrète une sorte de colle sur laquelle se fixent des brindilles, de petits cailloux ou de minuscules coquilles, formant ainsi un étui qui, en même temps, la camoufle et la protège. C'est de cette façon qu'elle se protège des prédateurs.

Camouflage, mimétisme et innéModifier

 
Un lagopède et ses 5 petits. Peux-tu les retrouver rapidement ? Très contrasté (du blanc au noir), leur camouflage utilise aussi le principe du « disruptif » pour brouiller la vue (voir plus bas).

Les animaux ne décident pas le camouflage de leur peau ou leur mimétisme.

Ils n'ont pas la possibilité de transformer leur apparence ; elle se transmet à la naissance, comme la couleur de la peau ou des yeux.
Simplement, dans la nature, les mieux camouflés survivent davantage et sont capables de transmettre à leurs petits les caractéristiques qui leur ont sauvé la vie.

Par exemple, dans certains pays industriels où les troncs d'arbres étaient noircis par les fumées, on observait, posés sur les écorces, de nombreux papillons aux ailes foncées. Quand la région avait perdu son industrie et que les fumées avaient disparu, les écorces d'arbres redevenaient plus claires et on observait un grand nombre de papillons clairs.

Avaient-ils transformé la couleur de leurs ailes ? Pas du tout, d'ailleurs la vie d'un papillon est trop courte pour un tel changement. En réalité, à cause de la couleur plus claire des troncs d'arbres, seuls avaient échappé aux prédateurs les papillons aux ailes plus claires. Ce qui était auparavant un avantage pour les papillons foncés était devenu un handicap et ils se faisaient plus facilement repérer et dévorer sans laisser de descendants.

On appela ce phénomène la sélection naturelle.

GalerieModifier

Autres stratégiesModifier

À l'inverse du camouflage, certains animaux utilisent des couleurs très voyantes pour se protéger. Ce sont en général des animaux immangeables ou même vénéneux qui semblent prévenir les prédateurs de ne pas les manger. Cela s’appelle l'aposématisme.

Parfois, la ressemblance de la tête d'une chenille ou des ailes d'un papillon avec un animal dangereux dissuade les attaquants.

D'autres camouflages étonnants : désorienter l'autreModifier

Essayer de « disparaître » à la vue de l'autre, de « se fondre dans la nature » comme dit l'expression française, est utile. Mais si l'on est repéré par l'agresseur (le prédateur) ou l'agressé (la proie), le camouflage ne sert plus à grand chose : l'autre sait qu'on est là. De plus, beaucoup d'animaux discernent peu les couleurs, les confondent ou les voient ternes. Enfin, les prédateurs ont souvent un très bon odorat : le camouflage ne sert alors pas du tout.

La nature a alors créé, grâce à la sélection naturelle, d'autres techniques étonnantes pour gêner la vision, tromper l'autre, paraître incompréhensible !

L'ombre inverséeModifier
 
Prenons un cylindre, éclairé par le Soleil : il est plus clair en haut, avec son ombre en bas. Mais si ce cylindre est foncé en haut et clair en bas, le sombre s'additionne et il n'a plus qu'une seule couleur uniforme. Il n'a plus de volume, c'est un dessin... qui n'existe pas dans la nature.

L'ombre inversée, ou contre-ombrage, ou contre-tonalité, et une méthode très utilisée par les animaux : il s'agit d'avoir, simplement, le ventre/le bas plus clair que le dos foncé exposé à la lumière du Soleil. On aurait du mal à compter le nombre d'espèces utilisant ce principe..! Mais pourquoi avoir le ventre plus clair ?

La plupart des animaux voient surtout les « objets » en volume, en particulier en mouvement, et pour percevoir une forme vivante, elle doit paraître en relief, c'est-à-dire en trois dimensions (« 3D »). Une photographie ou un écran de télévision (qui sont plats, en 2D) ne veulent rien dire pour presque tous les animaux, même « intelligents » ; ils n'y réfléchissent même pas. Le relief est perçu par l’œil grâce aux ombres. Ce sont elles qui donnent une forme, un volume, et... une existence réelle ! Si on ne voit plus les ombres, on ne voit plus l'objet, mais une sorte d'image plate 2D inintéressante et incompréhensible...

Pour un animal qui veut disparaître aux yeux des autres, il faut alors paraître sans relief, sans ombre. Et pour être de la même couleur que le dos, il suffit que le ventre soit plus clair, avec l'ombre du corps (voir le schéma à droite). Le dos (foncé) est éclairé, le ventre clair est dans l'ombre (foncé) : égalité !

Ce principe d'illusion d'optique n'est bien sûr pas parfait (les proies se font toujours manger...), c'est juste un avantage. Ne pas l'avoir est encore pire et condamne celui qui ne l'a pas. C'est un principe de la sélection naturelle : être mieux, plus adapté que l'autre, pour survivre.

Il reste, bien sur, le problème de l'ombre portée, celle toute noire qui est au sol. Cela, on ne peut rien y faire, sauf peut-être cacher cette ombre au sol. C'est pour cela - aussi - que des animaux se couchent au sol, ou étalent au sol leurs ailes comme l'engoulevent.

Les peintres ont toujours cherché à donner la sensation de profondeur à leur tableau tout plat ; la nature à cherché à faire exactement le contraire !

Étonnant aussi sont les espèces qui « ont envie » d'être vues et qui utilisent ce principe, mais à l'envers (« contre-ombrage inversé ») : le clair est au dessus et le sombre dessous. Pourquoi ? Pour bien être vu, reconnu et faire comprendre qu'il vaut mieux être évité. C'est le cas de la moufette, peu fréquentable en raison de son odeur !

  Si certains oiseaux, poissons, mammifères marins, requins, les manchots ou... les avions de chasse ont un ventre plus clair, ce n'est pas que par ombre inversée : c'est aussi pour être camouflés différemment selon qu'ils sont vus d'en haut ou d'en bas.

Le camouflage disruptifModifier
 
Un poisson qui ne semble pas vraiment camouflé, mais ayant des bandes très contrastées (même dans son œil !)

Proche apparemment du camouflage classique, le camouflage disruptif, ou perturbateur, est aussi ingénieux. Il ne s'agit pas de correspondre parfaitement aux couleurs du fond environnant - celui-ci change tout le temps... -, mais de ne plus avoir l'air de ce qu'on est !

Prédateurs ou proies sont à l'affût des autres animaux, ils s'attendent à des formes précises pour les reconnaitre. Pour tromper l'autre, il faut alors avoir l'aspect d'une autre silhouette. Le mieux est de « casser », « briser » (« rupture ») sa silhouette. Pour cela, il faut des tâches de couleurs très différentes, contrastées, souvent en bandes de largeurs différentes. Le contour de l'animal est désorganisé, perturbé (c'est le sens de l'anglais to disrupt) : on ne reconnait plus (au moins pour quelques secondes précieuses) son apparence.

Cela paraît étrange et peu efficace pour un humain, qui est très intelligent et reconnait tout ce qu'il voit. Mais les animaux vont plus se fier à leur instinct et à leurs sens. Celui de la vue (et surtout son cerveau) est ici trompé ! On a une chance d'être manqué, si l'on est la proie ; de tromper sur notre façon d'attaquer, si l'on est prédateur.

Ce principe fonctionne bien avec les jeux de lumière et d'ombre de la nature, dans une forêt par exemple. Et l'effet perturbant marche encore mieux lorsqu'une même espèce vit en groupe. Un bon exemple est le camouflage du zèbre. L'humain pensera d'abord qu'il n'en a pas : il est « blanc » avec des rayures noires, bien loin des couleurs de la savane ; une lionne ne voit que lui ! Mais il faut savoir d'abord que les lions discernent peu les couleurs. Puis, les zèbres vivent en troupeau, et cette masse paraît informe, avec des milliers de rayures... Comme choisir une proie ? Surtout lorsque ce troupeau se met à courir : l’œil est complètement désorienté, comme un écran de télévision brouillé.

Le camouflage disruptif a était, et est toujours employé par les militaires, en particulier sur les chars de combat et les navires de guerre avec le camouflage Dazzle.


Utilisation réfléchie par les hommesModifier

L'utilisation par les hommes du camouflage est très ancienne.

Dès la Préhistoire, les chasseurs se sont rendu compte qu'avec les peaux de bêtes dont ils couvraient leur corps, ils pouvaient s'approcher plus facilement de leurs proies. Plus tard, après avoir abandonné les fourrures, ils évitaient de mettre des vêtements trop voyants pour aller à la chasse.

En revanche, dans les combats guerriers, ils ont longtemps préféré les tenues de couleur vive pour impressionner leurs ennemis, mais aussi pour être reconnus et commandés par les généraux qui dirigeaient de loin la bataille, chaque unité ayant des « couleurs » différentes.

 
Soldat en tenue camouflée.

Avec le développement des armes à feu à longue portée, cela devenait un risque. C'est ainsi qu'au début de la guerre de 1914, les soldats français, partant à l'attaque en pantalon rouge, étaient des cibles idéales pour les tireurs ennemis. On remplaça ce pantalon par une tenue bleue horizon, puis d'un vert kaki. Et à partir de la Seconde Guerre mondiale, les soldats de commandos furent équipés de tenues portant des taches différentes pour être moins repérables.

À l'inverse, il existe des situations où l'homme doit être très visible. C'est notamment le cas avec les véhicules qui arrivent, quand il s'agit de faire une réparation sur la route.

Pour être visible même la nuit, on a créé des objets fluorescents tels que des gilets, des brassards, des triangles de sécurité... Ceci est l'inverse du camouflage !

  Article mis en lumière la semaine du 2 juillet 2007.

SourcesModifier

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