Christianisme orthodoxe

Le christianisme orthodoxe, également appelée orthodoxie, est une religion monothéiste, principalement pratiquée en Europe de l'Est et du Sud-Est1. Elle doit sa fondation au schisme de 1054 entre les chrétiens d’Orient (les orthodoxes) et les chrétiens d’Occident (dit catholiques). L'orthodoxie est l'une des principales branches du christianisme.

La Croix orthodoxe, symbole de l'orthodoxie.

Le mot orthodoxe vient des mots grecs ortho (qui veut dire droit) et doxa (qui signifie opinion et glorification du Seigneur). Certaines croyances et rites sont différents de ceux catholiques, mais ils ont le même livre sacré, la Bible.

HistoireModifier

Aux origines, une seule religion, le christianisme, pour tout l'Empire romainModifier

Dans les temps anciens du christianisme, la religion orthodoxe n'existait pas ; il y avait deux empires chrétiens partageant la même foi :

Au IXème siècle, deux moines, Cyrille et Méthode, sont chargés d'aller convaincre les peuples slaves de se convertir à la religion chrétienne. Pour cela, Cyrille et Méthode inventent un alphabet, appelé aujourd'hui alphabet cyrillique, inspiré de l'alphabet grec utilisé par les Byzantins. Il permet de transcrire la Bible dans les langues slaves, jusqu'alors sans écriture, et il est encore utilisé aujourd'hui. Les peuples slaves entrent ainsi dans l'aire d'influence des Byzantins, et Byzance devient une concurrente sérieuse de Rome. Ils convainquent d'abord les chefs, les rois, les princes, qui se font baptiser, avant de convertir les peuples.

Le schisme (« la coupure ») de 1054 : la création de la religion orthodoxeModifier

Par la suite, le concile de 1054, appelé plus communément schisme de 1054 (grand schisme d'Orient par les chrétiens, schisme de Rome par les orthodoxes), les a séparés, mais l'Église orthodoxe garde les dogmes du christianisme :

Par ailleurs, les orthodoxes et les autres courants chrétiens s'inscrivent tous dans une même culture religieuse fondée sur les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Enfin, dans l'église orthodoxe on retrouve 7 sacrements, identiques à ceux de l'Église catholique :

CoutumesModifier

 
Icône de la Mère de Dieu aux trois mains, au monastère de Hilandar, au mont Athos.

Les orthodoxes ne reconnaissent pas le pape comme chef du christianisme. Ils ne reconnaissent donc pas le dogme de l'infaillibilité du pape, signifiant qu'il ne peut pas se tromper (décidé en 18703).

Le clergé orthodoxe peut être marié (à l'exception des évêques) et donc avoir des enfants, alors que les prêtres catholiques doivent rester célibataires. Le baptême s'effectue par trois immersions, alors que les catholiques ne pratiquent qu'une immersion.

Pour l'eucharistie, les orthodoxes utilisent un pain fermenté, alors que les catholiques utilisent le pain azyme (sans levain).

Dans le monde orthodoxe, la messe est essentiellement réservée au samedi et au dimanche, alors que les catholiques la célèbrent tous les jours. Dans les monastères elle peut être célébrée chaque jour, à l'exception des jours « aliturgiques », par exemple les mercredis ou vendredis de carême.

Quelques croyances différentes entre orthodoxes et catholiquesModifier

Contrairement aux catholiques, les orthodoxes refusent la théorie du filioque qui assure que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils, idée imposée au IXe siècle dans le monde chrétien occidental4. Les orthodoxes rejettent l'idée de l'existence du purgatoire5 (idée introduite entre le XVe et le XVIe siècle dans la confession catholique6). Les orthodoxes refusent le dogme de l'immaculée conception adoptée en 1854 par les catholiques78 et celui de l'Assomption de la Vierge Marie (décidée en 1950), car pour les orthodoxes la Vierge est morte puis ressuscitée et montée au Ciel. Ces derniers utilisent le terme de dormition9.

OrganisationModifier

 
Évêques orthodoxes en Grèce, en 2007.

L'orthodoxie est organisée selon le principe de l'autocéphalie. Chaque communauté locale de croyants constitue une Église placée sous l'autorité d'un évêque. Les évêchés sont regroupés en métropoles, chacune ayant à sa tête un métropolite. Les évêques élisent un patriarche qui est le chef de l'Église orthodoxe.

HistoireModifier

Dès le début de l'organisation du christianisme, au IVe siècle, il y a eu cinq patriarcats (territoire placé sous l'autorité d'un patriarche) : celui de Constantinople, celui de Jérusalem, celui d'Antioche, celui d'Alexandrie et celui de Rome. Après la séparation des chrétiens d'Orient et des chrétiens d'Occident au moment du schisme de 1054, Rome a été remplacée par Moscou. Le patriarche de Constantinople ne commande pas aux autres patriarches, mais dispose de la primauté d'honneur (il est considéré comme le plus prestigieux, car il est le patriarche de l'ancienne capitale de l'Empire romain).

Depuis le XIe siècle, d'autres patriarcats se sont créés : Belgrade, Bucarest, Sofia (pour la Bulgarie), Tbilissi (pour la Géorgie). On remarque donc que le regroupement des orthodoxes se fait sur une base territoriale. Il existe également des Églises autonomes en Finlande, en Crète, au Japon et celle des Missions. L'évêque-primat qui est à la tête de ces églises autonomes est nommé par une église autocéphale. Dans ces églises autonomes le culte est célébré dans la langue nationale.

Certains patriarcats sont très récents : celui de Skopje (pour la Macédoine du Nord) a été reconnu officiellement par celui de Belgrade, dont il faisait partie avant, le 24 mai 202210.

Les patriarcats aujourd'huiModifier

Aujourd'hui le patriarcat qui regroupe le plus grand nombre de fidèles (environ 100 millions)10 est celui de Moscou qui a sous sa direction la Russie et les anciennes républiques soviétiques, la Tchécoslovaquie, la Pologne, l'Albanie, la Chine et le Japon. Le second en importance numérique est celui de Bucarest (environ 17 millions de fidèles)11. Le patriarche de Constantinople, qui n'a plus que quelques milliers de fidèles vivant en Turquie, est chargé des orthodoxes installés en Europe occidentale, en Grèce, en Crète, en Finlande, en Australie et en Amérique. Le patriarche de Jérusalem a autorité sur les fidèles vivant en Israël et en Cisjordanie. Le patriarche d'Antioche est chargé des orthodoxes du Proche Orient (Liban, Syrie...). Le patriarche d'Alexandrie s'occupe des Africains.

Dans le monde, il y a, au total, environ 180 millions de personnes se réclamant de l'orthodoxie.

Liste des patriarcats et des églises indépendantesModifier

Patriarcat orthodoxe Patriarche actuel Ville siège Nombre de fidèles Date de fondation
Patriarcat orthodoxe de Constantinople Bartholomée Ier Istanbul 3,5 millions 380
Patriarcat orthodoxe d'Alexandrie Théodore II Alexandrie 250 000 Ier siècle
Patriarcat orthodoxe d'Antioche Jean X Damas 4 millions Ier siècle
Patriarcat orthodoxe de Jérusalem Théophile III Jérusalem 500 000 451
Église orthodoxe de Géorgie Élie II Tbilissi 5 millions 484
Église de Chypre Chrysostome II Nicosie 525 000 431
Patriarcat de Moscou Cyrille Ier Moscou 140 millions 988 ou 1448
Patriarcat de Serbie Porphyre Belgrade 12 millions 1832
Église de Grèce Hiéronyme II Athènes 9 millions 1833
Église orthodoxe roumaine Daniel de Roumanie Bucarest 20 millions 1864
Église orthodoxe bulgare Néophyte de Bulgarie Sofia 8 millions 1872
Église orthodoxe d'Albanie Anastase d'Albanie Tirana 1 million 1922
Église orthodoxe de Pologne Sabas Varsovie 600 000 1924
Église orthodoxe en Amérique Tikhon New York 450 000 1924
Église orthodoxe tchécoslovaque Rostislav Prague 75 000 1951
Église orthodoxe d'Ukraine Épiphane Kiev 2018
Église orthodoxe macédonienne Stéphane de Macédoine Ohrid 2022

Dans l'orthodoxie, le titre de patriarche peut être porté par d'autres chefs d'églises dites autocéphales, qui ne dépendent pas d'un des principaux patriarches ; généralement ces églises sont des églises nationales (serbe, roumaine, bulgare, géorgienne, etc...).

SuccessionModifier

Les patriarches les plus importants sont considérés comme les "successeurs" des apôtres de Jésus :

  • Le patriarche de Constantinople, qui est le plus important en théorie (considéré comme le primus inter pares, c'est-à-dire premier parmi les égaux). Il est dans la succession apostolique d'André.
  • Le patriarche d'Alexandrie est dans la succession apostolique de Marc.
  • Le patriarche d'Antioche est dans la succession apostolique de Pierre et Paul.
  • Le patriarche de Jérusalem est dans la succession apostolique de Jacques.

Il est à noter que le titre de patriarche peut être porté dans certaines de ces villes par d'autres prélats : latins (catholiques), coptes, arméniens...

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SourcesModifier

  1. Classement des États du monde par nombre de chrétiens orthodoxes - Atlasocio
  2. Onction des malades - ÉGLISE ORTHODOXE NANTES
  3. 18 juillet 1870 - Le pape devient infaillible - Herodote
  4. Quelle est l'origine du refus par l'Église orthodoxe du "Filioque", qui participe à la séparation des Églises d'Orient et d'Occident ? - Site officiel de la ville de Genève
  5. Qu'est-ce que le purgatoire et sa signification dans l'orthodoxie? - Ologimp
  6. Le purgatoire en 4 questions - La Croix
  7. 1854 : Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception - Paroisses de Haute Cornouaille
  8. orthodoxie - Larousse
  9. Dormition et Assomption, quelle différence ? - Église catholique en France
  10. 10,0 et 10,1 L'Eglise orthodoxe, l'autre bras armé de la Russie, journal états-unien Foreign Policy, 26 avril 2022, cité par Courrier International n°1650, 16-22 juin 2022, p. 24-25
  11. La difficile unité des chrétiens de Roumanie - La Croix
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