Empire byzantin

Empire byzantin
(grc) Βασιλεία Ῥωμαίων
(la) Imperium Romanum
395 - 1453
Drapeau Blason
Drapeau Blason
Évolution territoriale de l'Empire byzantin.
Évolution territoriale de l'Empire byzantin.
Informations générales
Régime Empire
Capitale Constantinople
Langue Grec, latin
Monnaie Nummus, solidus, hyperpérion
Religion Christianisme catholique (330-1054), christianisme orthodoxe (1054-1453)
Démographie et superficie
Population 457 : env. 20 000 000 habitants
565 : env. 26 000 000 habitants
775 : env. 7 000 000 habitants
1025 : env. 12 000 000 habitants
1320 : env. 2 000 000 habitants
Superficie 457 : 2 500 000 km2
775 : 3 400 000 km2
1 143 : 650 000 km2
1 320 : 420 000 km2
1 450 : 22 000 km2
Entités précédentes :
Empire romain
Entités suivantes :
 Empire ottoman
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L'Empire byzantin (parfois désigné Empire romain d'Orient ou Byzance) a été la continuation directe de l'Empire romain en Méditerranée orientale. Né de la division de l'empire en 395, il a existé jusqu'à la conquête de Constantinople par les Ottomans en 1453 et a survécu de près d'un millénaire à la chute de l'Empire romain d'Occident.

Son nom (qui lui vient de Byzance, nom originel de sa capitale Constantinople) est d'origine moderne. Dans l'Antiquité tardive et au Moyen Âge, il était désigné comme Βασιλεία τῶν Ῥωμαίων (Basileia tōn Rhōmaiōn, « Empire des Romains »). À son apogée, au milieu du VIe siècle, il a su reconquérir une partie des anciennes provinces romaines occidentales et s'étendait alors du sud de l'Espagne à l'Égypte et à la Syrie en passant par l'Afrique du Nord, l'Italie, la péninsule balkanique et l'Asie Mineure. Par la suite largement confiné à l'Asie Mineure et au sud-est de l'Europe dès le siècle suivant, il fut néanmoins pendant la majeure partie de son existence le régime politique le plus puissant, le plus riche et le plus important culturellement de la chrétienté.

L'histoire de l'empire Byzantin a été caractérisée par de nombreuses batailles défensives face aux envahisseurs, qui ont mis ses forces à rude épreuve et ont épuisé ses ressources vers la fin de son existence. Auparavant, des phases de repli, comme lors des pertes territoriales du VIIe siècle, ont alterné avec des phases d'expansion, comme lors des conquêtes du Xe siècle. Au sein de l'État, il y eut des conflits théologiques répétés d'intensité variable ainsi que des guerres civiles isolées, mais ses fondations, basées sur la structure impériale romaine, sont demeurées en grande partie intactes jusqu'au début du XIIIe siècle.

La christianisation de l'Europe de l'Est étant en grande partie l'œuvre de Byzance, il a exercé une forte influence sur l'art et la culture des pays orthodoxes. Notamment la Grèce et la Russie, qui se sont toutes deux considérées par le passé comme les successeuses légitimes de l'Empire romain oriental. Toutefois, l'influence byzantine revêt également une grande importance en Europe occidentale. Parce que l'héritage de l'Antiquité s'était mieux préservé à Byzance, l'empire a joué un rôle d'intermédiaire culturel important avant et pendant la Renaissance. De nombreux textes anciens, de nature juridique comme littéraire, ont été transmis à l'Occident par les érudits byzantins.

ToponymieModifier

 
Armoiries de l'Empire byzantin sous les Paléologues : l'aigle à deux têtes symbolisait la prétention de l'empereur, à la fois romain et chrétien, de régner sur les deux moitiés de l'empire.

L'érudit spécialisé en histoire byzantine Georg Ostrogorsky a défini l'Empire byzantin comme un régime politique romain de culture grecque et de foi chrétienne.

Dans l'historiographie moderne, l'histoire de l'Empire byzantin est découpée en trois phases :

  • La période de l'Antiquité tardive (d'environ 300 au milieu du VIIe siècle), au cours de laquelle l'empire, en tant que moitié orientale de l'Empire romain, est une grande puissance subissant toujours l'influence des anciens Romains et dominant toute la Méditerranée orientale ;
  • La période mésobyzantine (du milieu du VIIe siècle à 1204/1261), au cours de laquelle l'empire, désormais totalement grec, se consolide à nouveau et demeure une grande puissance méditerranéenne après avoir subi d'importantes pertes territoriales ;
  • La période byzantine tardive (de 1204/1261 à 1453), au cours de laquelle l'empire s'est réduit à une cité-État tout en cessant définitivement de gagner en puissance.

En plus de cette périodisation traditionnelle, il existe quelques considérations divergentes : une tendance croissante dans les recherches récentes donne à l'histoire byzantine un sens plus étroit et la fait démarrer uniquement au VIIe siècle, incluant la période antérieure dans l'histoire proprement romaine (bien que tardive). Bien que cette position ne soit pas sans controverse, dans la pratique, l'histoire romaine orientale avant le début du VIIe siècle entre principalement dans le champ d'étude des historiens anciens (étudiant les temps anciens, càd l'Antiquité) tandis que la plupart des byzantinistes se concentrent désormais sur la période postérieure à ce siècle charnière.

Les noms Byzantins et Empire byzantin, dérivés de la capitale impériale, sont d'origine moderne. Les Byzantins – et après eux les Grecs jusqu'au XIXe siècle – se considéraient eux-mêmes et se désignaient comme des « Romains » (Ῥωμαῖοι, Rhōmaîoi ; à mettre en relation avec les Romioi). Le nom « Grecs » (Ἕλληνες, Héllēnes) désignait alors exclusivement les anciennes cultures et États grecs païens. Ce n'est que vers 1400 que certains Byzantins instruits, tels que Gémiste Pléthon, commencèrent à s'identifier comme des « Hellènes ». Leurs contemporains parlaient toujours du Βασιλεία τῶν Ῥωμαίων (Basileía tōn Rhōmaíōn, « Empire des Romains ») ou du Ῥωμαϊκὴ Αὐτοκρατορία (Rhōm aïk ḗ Autokratoría, « Domaine romain », c'est la traduction directe de l'Empire romain en grec). Ainsi, ils ne se considéraient pas comme étant les successeurs des Romains mais plutôt comme étant les Romains eux-mêmes.

Formellement, cette affirmation était justifiée car il n'y avait pas eu de rupture à l'Est comme à l'Ouest et Byzance ne s'hellénisa (ou se grécisa) définitivement que sous Héraclius. Cependant, bien avant cela déjà, la langue dominante dans l'Empire romain d'Orient était le grec et le latin n'était que la langue du pouvoir, utilisée par l'armée, à la cour et dans les administrations, pas dans la vie quotidienne. Le grec ancien et, à partir de 600, le grec moyen, phonétiquement quasi identique au grec moderne, ont non seulement remplacé le latin comme langue officielle sous Héraclius, ils l'ont également supplanté en tant que langue liturgique, littéraire et pour les échanges commerciaux (tout du moins en Orient).

L'Empire byzantin n'a perdu de son caractère romain et antique qu'au cours des conquêtes arabes du VIIe siècle. Lors de son existence, il se considérait comme le seul et unique Empire romain légitime et en tirait une revendication de souveraineté sur la totalité des États chrétiens au Moyen Âge bien que cette revendication n'ait plus de force exécutoire depuis le VIIe siècle.

HistoireModifier

Antiquité tardive : l'Empire romain d'OrientModifier

Article détaillé : Déclin de la Rome antique

 
Tête d'une statue colossale de Constantin Ier (musées du Capitole, Rome).

Division de l'empire depuis Constantin le GrandModifier

Les racines de l'Empire byzantin remontent à la fin de l'Antiquité romaine (284-641). Plutôt qu'un nouvel État, il s'agissait plutôt de la moitié orientale de l'Empire romain, qui fut définitivement divisé en 395 et continua d'exister jusqu'en 1453, prolongeant d'un millénaire la continuation directe de l'Empire romain. Cependant, la question de savoir quand commence réellement l'histoire byzantine ne peut trouver de réponse claire car diverses approches de recherche sont possibles. Le début du règne de l'empereur Constantin le Grand (306-337) a souvent été observé tandis que les recherches plus récentes ont tendance à ne classifier comme byzantine que la période postérieure au VIIe siècle. Sans controverse, cette période relève de l'Antiquité tardive (à savoir si elle est proprement romaine ou byzantine).

Dans une lutte de pouvoir qui dura de 306 à 324, Constantin s'affirma comme le seul dirigeant de l'empire (en 312), réforma l'armée et l'administration tout en consolidant ses frontières extérieures. Il fut le premier empereur romain à promouvoir activement le christianisme. D'autre part, il fut également le créateur de la future capitale de l'Empire byzantin. De 325 à 330, il fit agrandir considérablement l'ancienne polis grecque de Byzance et la renomma Constantinople en son honneur. Les empereurs cherchaient à cette époque à s'établir au plus près des frontières impériales menacées contrairement à Rome qui, à la fin du court règne de l'empereur Maxence, n'était plus le siège des empereurs bien qu'elle demeurait la capitale. Constantinople s'est tout de même démarquée des autres villes de garnison puisqu'elle a reçu son propre Sénat, formellement assimilé au Sénat romain sous le fils de Constantin, Constance II. Dans la période qui suivit, la ville devint peu à peu la capitale administrative de la partie orientale de l'empire. Vers la fin du IVe siècle, les noms de Nova Roma et Νέα Ῥώμη (Néa Rhṓmē) voient le jour – la « Nouvelle Rome ». Malgré tout, la cité romaine demeurait la capitale impériale. Sous Théodose Ier, Constantinople devient définitivement le lieu de résidence des empereurs romains qui régnaient en Orient.

 
Le labarum portant le Chrisme introduit par Constantin.

À la suite de la mort de Constantin en 337, plusieurs Augustes ont été chargés de régner sur différentes portions de l'empire. Cependant, dans le même temps, l'unité de l'Empire romain n'a jamais été remise en question ; il s'agissait plutôt d'un découpage administratif avec une répartition impériale des tâches en de multiples provinces comme c'était devenu une pratique courante depuis Dioclétien. L'empire fut gouverné par Constance II (337-361), Valens (364-378) puis Théodose Ier (379-395). Après la mort de cet ultime empereur, qui fut le dernier à brièvement régner sur l'ensemble de l'empire en 394-395, l'Empire romain fut à nouveau divisé en une moitié orientale et une moitié occidentale entre ses deux fils Honorius et Arcadius. De telles « divisions » de l’empire s’étaient produites à plusieurs reprises auparavant, mais cette fois elles se sont avérées définitives : Arcadius, qui résidait à Constantinople, est donc considéré par certains chercheurs comme le premier empereur de l'Empire romain d'Orient. Néanmoins, les mêmes lois ont continué à s'appliquer dans les deux moitiés de l'empire (elles étaient généralement émises au nom des deux empereurs) et le consul de l'autre moitié était reconnu. À l'inverse, les deux cours impériales se disputèrent la primauté dans toute l'empire au cours du Ve siècle.

 
La division de l'empire en 395.

À la fin du IVe siècle, au cours des invasions barbares, c'est initialement la moitié orientale de l'empire qui fut la cible des guerriers germaniques Wisigoths et Ostrogoths. Lors de la bataille d'Andrinople en 378, l'armée orientale subit une lourde défaite face aux Wisigoths, à qui Théodose Ier assigna les terres situées au sud du Danube en 382 en tant que fœderati, formellement étrangers à l'empire. Dès le début du siècle suivant, les agressions extérieures se sont de plus en plus dirigées contre l'Empire d'Occident, alors militairement et économiquement plus faible, en proie à d'interminables guerres civiles le conduisant vers une lente désintégration. La question de savoir si les guerriers germaniques ont joué un rôle décisif dans la chute de Rome est très controversée auprès des chercheurs. À l'est, cependant, une grande stabilité politique intérieure a été maintenue avec succès. La seule véritable menace ayant confronté l'Empire oriental est une tentative d'invasion de l'Empire sassanide lors des guerres perso-romaines, suivies par une paix constante jusqu'en 502. En 410, la ville de Rome fut mise à sac par des fœderati wisigoths en pleine rébellion tandis que la moitié orientale de l'empire connaissait une grande paix intérieure (Pax Augusta) à l'exception de la région des Balkans, dévastée par la guerre à plusieurs reprises. Constantinople a payé les Ostrogoths et a envoyé des troupes vers l'ouest afin de stabiliser la région. L'expédition navale infructueuse contre les Vandales en 467-468 fut largement soutenue par l'Empire oriental. Mais en fin de compte, l'Orient était trop occupé à se consolider lui-même pour pouvoir arrêter le déclin de l'Empire d'Occident.

L'Empire romain d'Orient après la chute de l'Empire romain d'OccidentModifier

À la fin du Ve siècle, l'Empire d'Orient fut confronté à de sérieux problèmes. Certains postes politiquement majeurs étaient tenus par des soldats, souvent des hommes d'origine « barbare » (par exemple le magister militum Aspar) qui devenaient de plus en plus impopulaires : il y courait le danger qu'en Orient, comme cela s'était déjà produit en Occident, l'empereur et l'administration civiles soient en permanence sous la domination des officiers militaires. Sous le règne de Léon Ier (457-474), des actions furent engagées par les Isauriens, originaires des montagnes du sud-est de l'Asie Mineure, afin de neutraliser les partisans d'Aspar, principalement des fœderati. Après l'assassinat d'Aspar en 471, un Isaurien put accéder au trône impérial en la personne de Zénon en 474. Ainsi, de 470 à 500, les empereurs parviennent progressivement à reprendre le contrôle de leurs armées. Sous le règne d'Anastase Ier, l'effort impérial est désormais dirigé contre les Isauriens, dont l'influence croissante put être repoussée. Des recherches récentes ont suggéré que l'origine ethnique des personnes impliquées jouait en réalité un rôle mineur dans cette lutte de pouvoir : il ne s'agissait pas d'un conflit entre « barbares » et « Romains », mais plutôt d'une lutte entre la cour impériale et la direction de l'armée, dans laquelle les empereurs purent finalement s'affirmer. L'armée à continué d'être composée principalement par des mercenaires étrangers, souvent germaniques ; mais dès lors, l'influence des généraux sur la politique est limitée et les empereurs retrouvent une grande liberté d'action.

Dans le même temps, l'empire prend fin en Occident, où il avait déjà perdu de plus en plus de pouvoir par rapport à son armée à la fin du IVe siècle, signifiant que les derniers empereurs occidentaux étaient en fait à peine capables de gouverner de manière indépendante. En outre, au Ve siècle, de grandes provinces occidentales (notamment l'Afrique et la Gaule) furent progressivement perdues au profit des nouveaux dirigeants germaniques, ce qui entraîna une perte irréparable de ressources financières et donc une érosion du pouvoir de l'État romain occidental. Le dernier et impuissant empereur romain d'Occident, Romulus Augustule, fut déposé en 476 par le chef militaire Odoacre (bien que le dernier empereur occidental reconnu en Orient fut Julius Nepos, assassiné en Dalmatie en 480). Odoacre se soumettant à l'empereur d'Orient, ce dernier devient de fait le seul représentant de l'autorité impériale romaine, ce qui n'empêche pas les provinces occidentales d'être perdues. La plupart des royaumes qui se sont alors formés sur les décombres de l'Empire d'Occident effondré ont longtemps reconnu l'empereur romain (oriental) comme leur suzerain nominal. Au tournant du VIe siècle, l'empereur Anastase Ier parvient également à renforcer la puissance financière de l'empire, ce qui profita aux politiques d'expansion ultérieures de l'Empire romain d'Orient.

L'ère de JustinienModifier

 
Mosaïque du chœur de San Vitale, à Ravenne, représentant l'empereur Justinien (vers 545).

Au VIe siècle, sous l'empereur Justinien (527-565), les deux généraux romains orientaux Bélisaire et Narsès reconquirent une partie des anciennes provinces romaines occidentales - l'Italie, l'Afrique du Nord et le sud de l'Espagne - restaurant ainsi brièvement le grand Empire romain à une échelle plus réduite. Cependant, les guerres contre les Vandales et les Goths, à l'ouest, et contre le puissant Empire sassanide dirigé par Khosro Ier, à l'est, ainsi qu'une épidémie de peste qui frappa l'ensemble du monde méditerranéen à partir de 541 appauvrissent considérablement la substance de l'empire dans les provinces nouvellement reconquises. Sous le règne de Justinien, qui fut le dernier empereur à avoir le latin pour langue maternelle, fut également édifiée Sainte-Sophie, qui fut longtemps reconnue comme la plus grande église chrétienne et le dernier grand édifice antique. La codification complète et efficace du droit romain a également eu lieu en 534 (ce que l'on appellera plus tard le Corpus iuris civilis). Malgré ses nombreux efforts, l'empereur n'aura jamais obtenu de succès retentissants dans les domaines politique et religieux. Les tensions persistantes entre chrétiens orthodoxes et monophysites ainsi que le trésor impérial vide que Justinien a laissé derrière lui représenteront un lourd fardeau pour ses successeurs. Le long règne de Justinien marque une période de transition importante entre l'Antiquité tardive et la période mésobyzantine. Le règne de Justinien, le « dernier empereur romain » (Georg Ostrogorsky), est généralement considéré comme appartenant à la période antique. Sous ses successeurs, l'importance et la diffusion de la langue latine dans l'empire a fortement décliné et, avec l'établissement des exarchats de Carthage et de Ravenne, l'empereur Maurice abandonne pour la première fois l'antique principe de séparation des compétences civiles et militaires même s'il reste fidèle à la forme d'administration traditionnelle au cœur de l'empire.

 
Expansion de l'empire sous le règne de Justinien Ier (527-565).

À partir de la seconde moitié du VIe siècle, les caisses vides et les ennemis apparaissant de nouveau sur tous les fronts, l'empire connaît de sérieuses difficultés. Le successeur de Justinien, Justin II, qui provoqua une guerre avec la Perse en 572, souffrit d'une dépression nerveuse à la suite de sa défaite et sombra dans la folie, permettant aux Lombards d'envahir une grande partie de l'Italie dès 568. Entre-temps, les Slaves commencèrent à pénétrer dans les Balkans vers 580 et s'en emparèrent pour la plus grande partie jusqu'à la fin du VIIe siècle. La crise militaire s'intensifie avec la mort brutale de l'empereur Maurice en 602, qui avait tout de même réussi à conclure une paix favorable avec les Sassanides en 591 et avait mené des campagnes victorieuses contre les Slaves.

Règne d'Héraclius et transition vers l'Empire byzantinModifier

Maurice fut le premier empereur romain d'Orient à succomber à un usurpateur, et son successeur de mauvais augure, Phocas, ne parvint pas à stabiliser la succession du monarque. Dès 603, les Perses dirigés par Khosro II prirent temporairement le contrôle de la plupart des provinces orientales de l'empire. En 619, ils avaient conquis l'Égypte et la Syrie (les provinces les plus riches) et s'approchèrent de Constantinople en 626. L'Empire oriental semblait sur le point de s'effondrer alors que les Avars et leurs sujets slaves des Balkans avançaient également vers le territoire impérial. Ces événements furent en outre encouragés par une guerre civile opposant l'empereur Phocas à son rival Héraclius. Ce dernier s'imposa en 610 et, après d'âpres combats, il commença à remporter des victoires contre les Perses : il s'avança en territoire perse lors de plusieurs campagnes menées à partir de 622 et vainquit une armée sassanide lors de la bataille de Ninive en 627. Bien que les Sassanides n'aient pas été vaincus militairement de manière décisive, la Perse s'est retrouvée menacée sur d'autres fronts et souhaitait donc la paix à l'ouest. L'impopulaire Khosro II fut renversé et son successeur fit la paix avec Rome. La Perse a donc évacué les territoires conquis avant de sombrer dans le chaos en raison de luttes de pouvoir internes. Cependant, après cet effort considérable, les forces de l'Empire romain d'Orient furent épuisées. L'aristocratie sénatoriale, qui était un soutien essentiel à la préservation des traditions de l'Antiquité tardive, avait déjà été considérablement affaiblie sous Phocas. En outre, la majeure partie des Balkans a bel et bien été perdue.

Héraclius a tout de même célébré fastueusement sa victoire sur les Perses et le sauvetage de l'empire avec de somptueuses célébrations lors desquelles il a probablement amplifié son succès. Mais le triomphe de Rome fut de courte durée. Après sa longue et épuisante guerre contre la Perse, l'empire n'avait plus les ressources nécessaires pour contrer l'expansion militaire des Arabes, poussée par leur nouvelle foi musulmane, qui commença dans les années 630. Les provinces orientales, qui venaient d'être évacuées par les Sassanides, sont à nouveau perdues, cette fois définitivement. Lors de la décisive bataille de Yarmouk, le 20 août 636, les Romains furent vaincus par le deuxième calife Omar ibn al-Khattâb et tout le sud-est de l'empire, notamment la Syrie, l'Égypte et la Palestine, fut complètement perdu en 642. En 698, l'Afrique et Carthage sont également perdues.

 
L'expansion islamique.
 
Les thèmes d'Asie Mineure vers 750.

Après les événements de 636, Rome se trouvait au bord du gouffre. Contrairement à son rival de longue date, l'Empire sassanide, tombé malgré une résistance acharné en 642/651, l'Empire romain d'Orient réussit à se défendre et évite une conquête islamique totale. Les troupes impériales, qui défendaient auparavant les provinces du Proche-Orient, durent se retirer en Asie Mineure, qui souffre alors des raids arabes. Au cours du VIIe siècle, en raison de l'expansion islamique, Byzance perdit même temporairement le contrôle naval en Méditerranée orientale (défaite de Phœnix en 655) et ne conserva qu'à grand peine l'Asie Mineure tandis que Slaves et Bulgares ont mis fin à la domination impériale des Balkans. Vers 700, l'Empire romain d'Orient était essentiellement réduit à un État croupion n'incluant plus que l'Asie Mineure, les environs de la capitale ainsi que certaines régions de Grèce et d'Italie. La perte de l'Égypte en 642 fut le plus gros coup dur pour Byzance car la production économique élevée et l'importation des céréales de cette province étaient essentielles pour approvisionner Constantinople.

Période mésobyzantineModifier

Le VIIe siècle : batailles défensives sous la dynastie Héraclide face à l'IslamModifier

Ce que l'empire a perdu en territoire, il l'a gagné en uniformité interne. Pendant des siècles, la civilisation ancienne s'est caractérisée par l'existence de nombreuses cités, grandes et petites – poleis ; ce temps est désormais révolu. La plupart des villes ont été abandonnées ou réduites à la taille de villages fortifiés appelés kastra. La vieille classe supérieure urbaine a également disparu ; dans des conditions difficiles, une nouvelle élite militaire dont les membres n'étaient plus intéressés par le maintien des anciens acquis éducatifs a pris sa place. La production agricole a également été modifiée : la culture de l'olivier et du vin, qui caractérisait l'économie ancienne, a fortement décliné mais, à partir de là, l'élevage s'est développé.

Les provinces perdues au sud et à l'est étaient culturellement très différentes de celles du nord et, depuis le Ve siècle, la majorité de leurs habitants appartenaient aux églises orthodoxe orientale ou monophysite, qui étaient en conflit avec l'Église orthodoxe grecque des provinces du nord depuis 451. Ce conflit est peut-être l'une des raisons de l'acceptation précoce des nouveaux maîtres musulmans en Syrie et en Égypte (même si cela est également très controversé auprès des chercheurs). Quoi qu'il en soit, le nord de l'empire resté sous contrôle impérial est devenu plus uni et plus disposé au combat. Le prix de la survie, cependant, fut la perte définitive des deux tiers de l'empire ainsi que de la plupart de ses recettes fiscales.

En faisant du grec, qui était déjà la langue dominante dans toutes les régions de l'empire, la seule langue officielle, Héraclius a franchi une étape importante sur la voie de l'Empire byzantin du Moyen Âge. De nombreux chercheurs considèrent ainsi cet empereur, qui a justement renoncé au titre d'empereur pour celui de basileus, à la fois comme le dernier empereur romain et le premier empereur byzantin. Il est couramment admis que le VIIe siècle dans son ensemble marque un tournant profond dans l'histoire de l'empire. Le seul élément qui prête à controverse ici est de savoir si les trois siècles précédents doivent être catégorisés comme faisant partie de l'histoire romaine ou byzantine ; depuis que cette période est qualifiée d'Antiquité tardive et est comprise comme une ère de transition, la question du « début » de Byzance a perdu beaucoup d’actualité. Ce qui est certain, c'est que les historiens anciens s'occupent d'éclaircir l'histoire romaine orientale jusqu'à Héraclius, mais pas des siècles suivants, qui représentent le domaine de travail de l'histoire byzantine.

Les structures traditionnelles de l'État et de la société de la fin de l'Antiquité n'étaient souvent plus adaptées à la situation contemporaine radicalement modifiée. Quoi qu'il en soit, il est surprenant que Byzance ait survécu à des décennies de lutte pour sa survie contre une force ennemie extrêmement supérieure. Un facteur important à cet égard - outre les conflits civils arabes répétés et les particularités géographiques de l'Asie Mineure - était probablement le nouveau système de provinces militaires, dites thèmes. Les thèmes ont très probablement été créés postérieurement au règne d'Héraclius afin de contrer les attaques constantes et le déclin de la vie urbaine en dehors de la capitale. Globalement, ce qui suit s'applique à cette phase : des tendances déjà présentes depuis longtemps se sont pleinement concrétisées dans de nombreux domaines de l'État et de la société après 636. Dans le même temps, de nombreux courants de tradition ont pris fin : la phase antique tardive de l'Empire romain d'Orient a pris fin et l'Empire byzantin médiéval a émergé.

La période allant ensuite jusqu'à la fin du VIIIe siècle a été largement caractérisée par de lourdes batailles défensives dans lesquelles l'initiative revenait presque exclusivement aux ennemis de Byzance. L'empereur Constant II a déplacé sa résidence à Syracuse en Sicile, de 661 à 668, peut-être afin d'assurer sa suprématie navale face aux Arabes, mais ses successeurs sont retournés à l'est. En 681, l'empereur Constantin IV Pogonate dut reconnaître formellement l'existence du nouvel empire bulgare dans les Balkans. Vers 678 eut lieu le premier siège de Constantinople par les Arabes, qui aurait été repoussé grâce à l'utilisation du feu grégeois, qui brûle même dans l'eau. Cependant, les rapports et sources récentes ont de plus en plus remis en question l'existence de cet épisode : des attaques par vagues successives et des blocus navals sont plus probablement arrivés qu'un siège pur et simple de la capitale. L'empire resta par la suite limité à l'Asie Mineure avec quelques zones réduites dans les Balkans, en Italie et, jusqu'en 698, en Afrique du Nord.

Luttes défensives et querelle iconoclasteModifier

 
L'Empire byzantin au IXe siècle.

L'empereur Justinien II, sous le règne duquel Byzance repassa à l'offensive après une longue période de défense face aux envahisseurs, fut le dernier monarque de la dynastie Héraclide. Dans le cadre d'une pratique ultérieure souvent répétée, des colons slaves des Balkans enrôlés dans l'armée impériale sont déplacés vers l'Asie Mineure. L'objectif était de renforcer la défense des frontières mais les désertions se sont répétées ; certains sont même retournés dans les Balkans. En 695, Justinien II, victime d'un complot, fut mutilé (nez coupé) et envoyé en exil, où il épousa une princesse du peuple turc des Khazars. Il revient finalement au pouvoir avec le soutien des Bulgares avant d'être assassiné en 711.

 
Solidus avec les portraits de Léon III et son fils Constantin V.

Le plus grand siège de Constantinople par les Arabes eut lieu en 717-718 ; grâce aux capacités tactiques de l'empereur Léon III, à des opérations navales réussies (utilisation byzantine du feu grégeois) ainsi qu'à un hiver extrêmement rigoureux qui affecta durement les Arabes, la capitale réussit à contenir l'assaut. En 740, les Arabes sont vaincus de manière décisive par les Byzantins à Akroinon. Bien que quelques batailles épisodiques les opposeront toujours aux Arabes, ces derniers ne constitueront plus une menace sérieuse pour l'empire. Dans le même temps, dans les Balkans, Byzance était encore impliquée dans de violents combats avec les Slaves qui se sont installés en masse sur le territoire byzantin après l'effondrement de l'empire des Avars. Alors que la majeure partie des Balkans échappait encore au contrôle byzantin, la Grèce fut progressivement en mesure de récupérer ses anciennes terres qui avaient été conquises par les Slaves au VIIe siècle. En soumettant de nouveaux territoires, des Slaves des Balkans mais aussi des peuples d'Asie Mineure et de Géorgie sont hellénisés. Mais cette expansion ne se réalise pas sans problème : les Bulgares se révoltent et veulent créer leur propre État.

En 726, l'empereur Léon III a déclenché ce que l'on appelle la querelle iconoclaste, qui a duré plus de 110 ans et provoqué de multiples guerres civiles. Cependant, les textes des auteurs iconoclastes ont été détruits après la victoire finale des iconodules (favorables à la vénération des images religieuses), de sorte que les sources de cet épisode dont nous disposons sont presque exclusivement rédigées du point de vue des vainqueurs, ce qui est problématique dans la compréhension des événements. Paniqué par une éruption volcanique en mer Égée, Léon ôta l'icône du Christ trônant au sommet du palais impérial du Chalcétor en 726. Telle serait la cause de ce conflit civil. Ceci est parfois mis en doute dans des recherches plus récentes car, en raison de sources tendancieuses, on ne sait souvent pas exactement quelles mesures Léon a prises ; il est possible que des actions ultérieures aient été projetées à l'époque de Léon. À cet égard, on ne peut même pas clarifier clairement à quel point l'hostilité de Léon envers les images était réellement prononcée. Nous savons tout de même de source sûre que Léon et ses successeurs directs n'étaient pas partisans de la vénération des icônes. Leurs succès militaires auraient permis à ces empereurs de remplacer les icônes (qui ne jouaient pas à l'époque un rôle aussi important qu'aujourd'hui dans l'Église orthodoxe) par de simples représentations de la Croix du Christ reconnaissables par tous les Byzantins sans rencontrer de résistance majeure. L'idée selon laquelle l'abandon de la vénération des images ait été l'une des influences du monde islamique est aujourd'hui souvent considérée avec beaucoup de scepticisme. Les empereurs iconoclastes étaient également des chrétiens convaincus qui rejetaient les icônes précisément parce que, selon eux, l'essence divine ne pouvait pas être captée. De plus, la croix censée remplacer les icônes était interdite dans le monde islamique. La recherche moderne ne suppose plus que Léon ait réellement interdit les images ou qu'il y ait même eu de graves émeutes, comme le supposent des sources iconodules ultérieures. Apparemment, cette première phase du débat sur l'image n’a pas été menée aussi durement que la deuxième phase de la querelle, au IXe siècle.

Léon a mené plusieurs réformes internes et a également connu beaucoup de succès militaires. Il a pris des mesures offensives contre les Arabes en Asie Mineure, son fils Constantin se révélant être un commandant compétent. Lorsque Constantin succède finalement à son père sur le trône sous le nom de Constantin V en 741, il écrase la rébellion de son beau-frère Artabasde. Constantin était un adversaire de la vénération des images et a même écrit plusieurs traités théologiques à cet effet. Le concile de Hiéreia en 754 avait pour objectif d'abolir formellement la vénération des images, mais Constantin prit peu de mesures concrètes et interdit même explicitement le vandalisme des institutions ecclésiales. Bien que très efficace militairement (contre les Arabes et les Bulgares), Constantin est décrit dans les sources byzantines survivantes comme un dirigeant cruel - à tort et apparemment à cause de son attitude envers les icônes. Parce que d'autres sources documentent non seulement sa relative popularité parmi la population, mais aussi son immense réputation dans l'armée. Sur le plan intérieur, Constantin a mené plusieurs réformes et semble avoir dirigé une politique plus modérée que radicalement iconoclaste. Plusieurs opposants politiques que l'empereur avait punis n'ont probablement été glorifiés que plus tard comme des martyrs qui auraient été tués en raison de leur position iconodule. Constantin n'était donc pas un iconoclaste impitoyable, comme le supposaient les recherches plus anciennes en référence aux récits biaisés de l'opposition.

La lignée politico-religieuse de Constantin fut poursuivie par son fils Léon IV, qui dut repousser plusieurs tentatives de renversement et mourut en 780 après seulement cinq ans de règne. Son fils, Constantin VI, étant encore mineur, la régence est assuré par la mère du jeune roi, Irène. Constantin fut plus tard aveuglé (châtiment corporel) et mourut en conséquence. Irène a renoué avec une politique respectueuse des icônes religieuses. Sous son règne, la prétention universelle de l'Empire byzantin subit de graves revers en raison du couronnement de Charlemagne. En 802, Irène, dont la politique était assez maladroite, fut renversée par Léon III, fondateur de la dynastie syrienne.

En matière de politique étrangère, l'empire adoptait initialement une attitude passive face aux Bulgares dans les Balkans. En 811, une armée levée par Nicéphore Ier fut détruite par le khan bulgare Kroum, qui finit lui-même par tomber au combat. Seul Léon V a su parvenir à un accord contractuel avec le khan Omourtag. C'est également Léon V qui reprit un cours hostile aux images en 815 et initia ainsi la deuxième phase de l'iconoclasme. Au Xe siècle, d'importants succès de politique étrangère furent obtenus malgré quelques pertes territoriales dès l'avènement de Michel II l'Amorien (820, la Crète et la Sicile tombèrent aux mains des Arabes). De plus, Michel II dut mater un soulèvement que Thomas le Slave avait déclenché avec le soutien des Pauliciens à l'est de l'empire et qui s'étendit jusqu'aux murs de Constantinople en 820. Sous le règne du fils et successeur de Michel, Théophile, le conflit d'images connut une dernière poussée qui prendra fin sous le règne de Michel III (842-867), dernier empereur de la dynastie amorienne. Vaincus en 843, les Bulgares acceptent de se convertir au christianisme - sous sa forme orientale, consacrant la culture byzantine, alors florissante, en tant que culture dominante de l'Empire bulgare. La crise iconoclaste prit également fin tandis que les Pauliciens d'Asie Mineure sont éliminés en même temps qu'un enchaînement de victoires byzantines permettent de tenir les Arabes à distance. Des expéditions navales afin de reprendre la Crète et l'Égypte furent entreprises sans succès mais démontrent que Byzance avait surmonté sa longue phase de guerres purement défensives face aux envahisseurs, l'empire peut désormais lui-même envahir ses voisins.

La dynastie macédonienneModifier

 
L'empire à son apogée mésobyzantine, à la mort de l'empereur Basile II (1025).

Michel III éleva Basile au rang de co-empereur en 866 mais ce dernier le fit assassiner l'année suivante afin de monter seul sur le trôner, où il fonda la dynastie macédonienne. La mémoire de Michel a été largement négligée – plutôt injustement, comme le soulignent des recherches récentes. Culturellement, cependant, Byzance connut une nouvelle phase d'épanouissement (appelée la Renaissance macédonienne), comme à l'époque de Constantin VII, initialement exclu des affaires de Romain Ier Lécapène. En matière de politique étrangère, l'empire gagne progressivement du terrain : la Crète est reconquise sous Nicéphore II Phocas ; la sécurité des frontières orientales est désormais entre les mains des akrites (soldats-paysans chargés de garder les frontières anatoliennes). Jean Ier Tzimiskès qui, comme Nicéphore II, ne régnait qu'en tant que régent au profit des fils de Romain II, étendit l'influence byzantine en Syrie et même, brièvement, en Palestine, tandis que la menace bulgare était contenue. Byzance semblait en passe de redevenir une puissance hégémonique régionale.

 
Division thématique de l'empire vers 1025.

L'empire atteint son apogée sous les empereurs macédoniens du début du XIe siècle. Grâce au mariage de la sœur de l'empereur Basile II avec le grand-duc de Kiev Vladimir Ier en 987, la foi orthodoxe s'est progressivement étendue sur les territoires de l'Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie actuelles. L'Église russe était subordonnée au patriarche de Constantinople. Basile II a conquis le Premier Empire bulgare après des années de combats, ce qui lui a valu le surnom de Bulgaroktónos (« tueur de Bulgares »). En 1018, la Bulgarie devient officiellement une province byzantine, permettant à Basile II de concentrer ses efforts vers l'est.

Néanmoins, l'Empire byzantin ne va pas tarder à traverser une nouvelle période de faiblesse, causée en grande partie par la croissance de la noblesse, qui mine le système thématique. Par sa faute, l'armée de métier doit être remplacée par des unités de mercenaires parfois peu fiables (qui se vengèrent par exemple lors de la bataille de Manzikert face aux Seldjoukides turcs en 1071). Ainsi, si l'empire parvient à prendre le dessus sur ses vieux ennemis tels que le califat abbasside, il échoue face aux nouveaux envahisseurs qui apparaissent à cette époque : les Normands, qui ont conquis le sud de l'Italie (chute de Bari en 1071), et les Seldjoukides, qui ont entrepris de nombreux raids en Asie Mineure, la zone de recrutement de soldats la plus importante pour les Byzantins. Suite à la défaite de l'empereur Romain IV à Manzikert contre Alp Arslan, le sultan seldjoukide, la majeure partie de l'Asie Mineure fut perdue entre autres car des luttes internes pour le trône impérial éclatèrent et qu'aucune défense commune contre les Seldjoukides ne fut établie. Cependant, la perte de l'Asie Mineure ne s'est pas faite immédiatement après la défaite ; au contraire, l'invasion seldjoukide n'a commencé que trois ans plus tard, lorsque le nouvel empereur a décidé de ne pas respecter les accords conclus entre Romain IV et le sultan, donnant aux Seldjoukides un prétexte pour l'invasion.

Règne de la maison ComnèneModifier

 
Empereur Alexis Ier Comnène (illustration du XIIe siècle).

Le siècle suivant de l'histoire byzantine fut marqué par la dynastie d'Alexis Ier Comnène, qui accéda au pouvoir en 1081 et commença à restaurer l'armée sur la base d'un système féodal. Il connut des succès importants contre les Seldjoukides ainsi que dans les Balkans contre les Pétchénègues, également turcs. Son appel à l'aide occidentale a donné lieu par inadvertance à la première croisade car à la place des mercenaires demandés par l'empereur sont arrivés des armées indépendantes de chevaliers qui agissaient indépendamment de ses ordres. Alexis a exigé que chaque prince croisé qui avait l'intention de traverser Byzance avec son armée lui prête serment de fidélité. Mais bien que cette soumission ait été acceptée par la plupart des princes croisés et que de nombreux serments de fidélité lui aient été prêtés, ceux-ci ont rapidement été oubliés par les chevaliers.

Ainsi, les relations avec l'Occident sont devenues de plus en plus hostiles après la première croisade, au cours de laquelle des tensions sont apparues. La correspondance entre le souverain fatimide d'Égypte et l'empereur Alexis raviva de nouveaux conflits avec les occidentaux. Dans une lettre interceptée par les croisés, l'empereur Alexis se distancie expressément des conquérants latins en Terre Sainte. Compte tenu des relations traditionnellement bonnes et stratégiquement cruciales entre les Fatimides et Byzance, cela fait d'autant plus sens que le concept de « guerre sainte » était tout à fait étranger aux Byzantins.

 
L'Empire byzantin en 1081, après la conquête turque suivant la défaite byzantine de Manzikert en 1071.
 
L'Empire byzantin à la fin de la période comnénienne, en 1185.

À partir du XIIIe siècle, paradoxalement, la république de Venise – autrefois avant-poste de la culture byzantine en Occident jusqu’au IXe siècle environ – est devenue une sérieuse menace pour l'intégrité de l'empire. Manuel Ier tenta d'annuler les privilèges commerciaux accordés à Venise en échange d'un soutien militaire dans la lutte contre les Normands et les Seldjoukides en faisant arrêter tous les marchands vénitiens. Une mesure similaire fut prise contre les autres commerçants italiens. En 1185, de nombreux Latins furent tués au cours d'un massacre semblable à un pogrom. La même année, les Bulgares du nord des montagnes des Balkans se soulevèrent sous la direction des Assénides et purent établir le Second Empire bulgare en 1186. Néanmoins, Byzance connaît à la même époque un grand épanouissement culturel. Sous les empereurs Jean II Comnène et Manuel Ier, respectivement fils et petit-fils d'Alexis Ier, la position byzantine fut consolidée à la fois en Asie Mineure et dans les Balkans. Manuel Ier n'eut pas seulement à faire face aux attaques du royaume normand depuis le sud de l'Italie et à la deuxième croisade (1147-1149), il a également poursuivi une politique extérieure ambitieuse lui permettant des gains territoriaux en Italie et en Hongrie ; ce faisant, il entra en conflit avec l'empereur Frédéric Barberousse. À l'est, dans le même temps, il continue de remporter des succès contre les Seldjoukides. Cependant, sa tentative de soumettre complètement leur empire se solda par une défaite à Myriokephalon en 1176.

En conséquence, les Seldjoukides ont pu étendre leur domination sur les peuples musulmans voisins (notamment les Danichmendides, également turcs) en Asie Mineure et sur la côte méditerranéenne. Andronic Ier, dernier empereur Comnène, instaure un court mais brutal règne de terreur (1183-1185) à la suite duquel le système de gouvernement fondé par Alexis Ier, qui repose sur une aristocratie militaire, s'effondre. Les forces armées puissantes et bien organisées qui avaient permis à l'empire de remporter ses offensives sous les règnes d'Alexis, Jean et Manuel se détériorent alors.

L'empire fut secoué par de graves crises internes sous les empereurs successifs de la maison Ange, ce qui conduisit finalement Alexis IV à se retourner vers les croisés et à les convaincre de se battre pour le trône en son nom et en celui de son père. Ne pouvant assumer les récompenses qu'il avait promises, le pire survint : menés par Venise, les chevaliers de la quatrième croisade conquirent et pillèrent Constantinople en 1204 pour y fonder l'éphémère Empire latin. Ces événements provoquèrent cette fois un affaiblissement permanent et définitif du pouvoir byzantin et creusa encore plus le fossé culturel entre les Grecs orthodoxes et les Latins catholiques.

Période byzantine tardiveModifier

Les empires byzantins en exilModifier

 
Les armoiries des Paléologues (XVe siècle).

Après la conquête de Constantinople par les protagonistes de la quatrième croisade en 1204, trois nouveaux États byzantins émergèrent : l'empire de Nicée, d'où l'empereur Théodore Ier Lascaris entend maintenir les traditions byzantines malgré son exil ; le despotat d'Épire ; l'empire de Trébizonde, établi par les descendants des Comnènes. Théodore Ier Lascaris et son successeur Jean III Doukas Vatatzès ont réussi à construire un État à l'économie florissante en Asie Mineure occidentale et à y stabiliser la frontière avec les Seldjoukides, en position de faiblesse depuis leur défaite face à l'Empire mongol en 1243. Les Lascaris parviennent ensuite à prend pied en Europe, reconquérant la Thrace et la Macédoine pour le compte de Byzance en vainquant ses concurrents à la reconquête de Constantinople (le despotat d'Épire, fortement affaibli après une défaite face aux Bulgares en 1230, et le Second Empire bulgare, qui fut lui aussi durement affecté par une invasion mongole en 1241).

Après le bref règne du très instruit Théodore II Lascaris, le général victorieux Michel VIII Paléologue prit la régence du jeune Jean IV Lascaris, qu'il fera aveugler et envoyer dans un monastère pour fonder la nouvelle dynastie des Paléologues, qui règnera sur l'empire jusqu'à sa chute définitive.

Les empereurs PaléologuesModifier

 
Carte approximative de l'Empire byzantin vers 1270 (en y incluant les despotats d'Épire et de Thessalie) - plus grande expansion territoriale de l'empire après sa restauration en 1261 par les Paléologues.
 
Le déclenchement de la pandémie de peste noire en 1346-1353 a entraîné des bouleversements socio-économiques considérables.
 
La carte de la situation politique des Balkans en 1355 illustre l'effondrement catastrophique de l'Empire byzantin, pris en tenailles entre la Serbie, à l'ouest, et l'Empire ottoman, à l'est.

Michel vainquit une coalition ennemie (formée par le despotat d'Épire, la principauté d'Achaïe, le royaume de Sicile, la Serbie et la Bulgarie) lors de la bataille de Pélagonia, en Macédoine, en 1259 et, par une heureuse coïncidence, reprit Constantinople en 1261. L'empire ainsi restauré, de grandes parties de son ancien territoire n'étaient désormais plus sous son contrôle car les dirigeants ennemis s'y étaient établis suite à l'effondrement de 1204. Constantinople elle-même avait perdu de sa splendeur et n'était plus la métropole d'autrefois : sa population avait considérablement diminué, des quartiers entiers tombaient en ruine et, à l'arrivée de l'empereur, la dévastation de la capitale fit comprendre au souverain que son État n'était plus une grande puissance. La principale préoccupation de Michel était désormais de sécuriser ses possessions européennes et particulièrement la capitale contre de nouvelles tentatives de croisade de la part de l'Occident (il se méfiait particulièrement de Charles Ier d'Anjou, qui succéda aux Hohenstaufen dans le sud de l'Italie). C'est pourquoi, en 1274, il prend part au très controversé deuxième concile de Lyon avec l'Église latine afin d'empêcher le pape de soutenir les croisades. Lorsque Charles Ier d'Anjou s'apprêta à lancer une offensive, la diplomatie byzantine parvint avec succès à faire éclater un soulèvement en Sicile en 1282, les Vêpres siciliennes. Néanmoins, ce faisant, les Paléologues négligent la défense des frontières de l'est, ce qui permet aux différentes principautés turques de s'étendre jusqu'à l'Asie Mineure byzantine, progressivement perdue à partir des années 1330. Seule la cité de Philadelphie (en Asie Mineure) restera encore longtemps aux mains des Byzantins avant de tomber dans celles des Ottomans en 1390.

Tandis qu'en Asie Mineure, sur l'ancien territoire impérial, diverses principautés souveraines turques (Menteşe, Aydın, Germiyan, Saruhan, Karesioğulları, Teke, Candar, Karamanides, Hamidides, Eretnides et enfin les Ottomans, en Bithynie) se sont établies à la suite de la dissolution du sultanat seldjoukide de Roum, les Paléologues étaient occupés à lancer leur ultime offensive contre les forces latines présentes en Grèce et annexèrent toute la Thessalie en 1336 suivie par le despotat d'Épire, alors dirigé par la famille Orsini, qui réintègre l'Empire byzantin en 1337. Dans le même temps, l'empereur Jean V Paléologue fut confronté aux conséquences dramatiques de la grande pandémie de peste dite « peste noire » de 1346 à 1353, qui ébranla les fondations de l'État. En outre, Byzance, non seulement harcelée sur ses frontières impériales par les puissances étrangères, doit également subir plusieurs guerres civiles dont la plus longue (1321-1328) opposa Andronic II Paléologue à son petit-fils Andronic III Paléologue. Dans le même modèle, Jean V Paléologue et Jean VI Cantacuzène s'opposèrent également. Les Cantacuzènes ont mené plusieurs luttes de pouvoir (1341-1347 et 1352-1354) contre les Paléologues. Les deux factions opposées recherchèrent l'aide de leurs voisins (Serbes, Bulgares, mais aussi Aydın et Ottomans). Cet appel à l'aide a permis à l'Empire serbe de Stefan Uroš IV Dušan de devenir la puissance dominante des Balkans de 1331 à 1355. Suite à la bataille de Velbajd en 1330, les Bulgares passent sous la dépendance de la Serbie et, en 1348, Stefan avait possédait l'hégémonie régionale en contrôlant notamment la Macédoine, l'Albanie, le despotat d'Épire et la Thessalie, qui appartenaient auparavant aux empereurs byzantins. Couronné tsar de Serbie et autocrate des Romioi, il revendique également le trône impérial byzantin et Constantinople. Cependant, il ne parvint même pas à conquérir la deuxième capitale byzantine, Thessalonique, et son vaste empire s'effondra en un conglomérat de principautés serbes plus ou moins indépendantes entre elles (despotat) après sa mort en 1355.

Alors que les États chrétiens des Balkans étaient en conflit les uns avec les autres, les Ottomans ont commencé à s'établir en Europe en 1354 et ont cherché à s'étendre dans la Thrace byzantine, qu'ils avaient presque intégralement conquise dans les années 1360. La frappe préventive du roi serbe Vukašin Mrnjavčević avec le soutien du tsar bulgare Ivan Chichman de Veliko Tarnovo contre la capitale ottomane, qui était alors Andrinople, s'est soldée par une défaite à la bataille de la Maritsa en 1371 malgré sa supériorité numérique. En venant à bout des deux puissances régionales slaves, le sultan ottoman conquit une partie de la Bulgarie et de la Macédoine serbe, lui permettant ainsi de contrôler le sud des Balkans. En 1373, le souverain bulgare fut contraint de reconnaître la suprématie ottomane. Vinrent ensuite le tour de Byzance, devenue un petit État (Constantinople et ses alentours, Thessalonique et ses alentours, la Thessalie, certaines îles de la mer Égée et le despotat de Morée), et celui du prince Lazar Hrebeljanović de Serbie, qui devinrent à leur tour vassaux de l'Empire ottoman. Byzance a cherché à plusieurs reprises l'aide de l'Occident et a même proposé l'union des églises (catholique et orthodoxe) lors du concile de Ferrare en 1439, sans suite en raison de la forte opposition populaire auprès des Byzantins (« Mieux vaut le turban du sultan que le chapeau du cardinal »).

Suite à la bataille de Kosovo Polje en 1389 et la défaite des croisés occidentaux à Nicopolis en 1396, la situation de l'empire semblait désespérée. Ce n'est qu'après la terrible défaite des Ottomans contre Timour à Angora en 1402, alors qu'ils étaient déjà engagés contre les Byzantins et assiégeaient Constantinople, que les négociateurs de Bayezid Ier comparurent dans le camp de Timour et exigèrent le retour de leur sultan. Le chaos qui surgit alors au sein de l'Empire ottoman laisse aux Grecs un dernier répit. L'Empire byzantin n'avait plus la possibilité d'éviter le coup de grâce des Ottomans en raison du retrait de la base territoriale et des ressources nécessaires, la seule voie qui restait envisageable était celle de la diplomatie. Les pertes territoriales se poursuivent car les puissances européennes ne parviennent pas à s'entendre sur un plan d'action pour venir en aide à Byzance. Ils n'en voyaient pas non plus la nécessité, surtout depuis 1402, alors que l'empire turc autrefois puissant semblait être dans un état de délitement total - cette erreur fatale leur a fait perdre l'occasion unique d'éliminer le danger posé par la dynastie ottomane.

Le sultan Mourad II, sous lequel prit fin la phase de consolidation de l'interrègne ottoman, reprit la politique expansionniste de ses prédécesseurs. Après avoir assiégé sans succès Constantinople en 1422, il envoya un raid contre le despotat de Morée, territoire impérial du sud de la Grèce. En 1430, il annexa une partie de l'Épire, alors dominée par les Francs, et prend Janina tandis que le prince Carlo II Tocco, en tant que suzerain local, dut se rabattre sur Árta (partie restante de l'Épire, jusqu'à ce que la famille Tocco soit complètement éliminée par les Ottomans en 1480). La même année, il occupa Thessalonique, qui était sous la domination des Vénitiens depuis 1423 lorsqu'elle fut achetée par ces derniers à Andronic Paléologue, fils de l'empereur Manuel, qui pensait ne pas pouvoir tenir la ville seul face aux envahisseurs turcs. Le sultan affronta ensuite le royaume de Serbie du prince Đurađ Branković, qui était formellement déjà vassal de la Sublime Porte, car ce dernier avait refusé de donner sa fille Mara en mariage au sultan.

 
Le siège de Constantinople par le sultan turc Mehmed II en 1453 d'après une illustration de Bertrandon de la Broquière (Lille, 1455).

Lors d'une expédition ottomane punitive vers le Danube en 1439, la forteresse serbe de Smederovo fut détruite mais Belgrade fut assiégée sans succès en 1440. Le revers ottoman à Belgrade a amené ses ennemis chrétiens sur le devant de la scène. Sous la direction du pape Eugène IV, qui vit son objectif atteint avec l'union des églises décidée au concile de Ferrare en 1439, une nouvelle croisade contre les « infidèles » fut planifiée. La Hongrie, la Pologne, la Serbie, l'Albanie et même l'émirat turc des Karamanides, en Anatolie, ont conclu une alliance pour former une coalition anti-ottomane mais l'issue des batailles de Varna en 1444 menée par Ladislas, roi de Pologne, de Hongrie et de Croatie, puis celle de Kosovo, en 1448, menée par le régent hongrois Jean Hunyadi, anéantirent définitivement tous les espoirs chrétiens de sauver l'Empire byzantin de l'annexion ottomane.

Fin de ByzanceModifier

Voir aussi : Chute de Constantinople

Le 29 mai 1453, après presque deux mois de siège, la capitale impériale tomba aux mains de Mehmed II. Le dernier empereur byzantin, Constantin XI, est mort en défendant la ville.

Le 29 mai est encore aujourd'hui considéré comme un jour de malchance pour les Grecs car il a marqué le début de la longue domination turque au cours de laquelle, après l'adoption de la langue turque par une partie de sa population, seule la religion leur a permis de conserver leur identité. Les dates de début et de fin d'existence de l'Empire byzantin, 395-1453, ont longtemps été considérées comme marquant les limites temporelles du Moyen Âge. En conséquence de la chute de Constantinople, les autres États d'origine byzantine furent rapidement conquis : le despotat de Morée en 1460, l'empire de Trébizonde en 1461 et la principauté de Théodoros en 1475. Seule Monemvasia, qui passa sous protectorat vénitien en 1464, échappa à la domination turque jusqu'en 1540. En droit international, la ville représentait ce qu'il restait de « l'Empire romain » au fil des siècles.

La chute de Byzance a été l'un des tournants historiques d'importance mondiale. L'Empire byzantin, qui s'est avéré être l'un des plus anciens de l'histoire du monde, s'est ainsi politiquement effondré (culturellement, il vit encore de par l'impact qu'il continue d'avoir de nos jours). Avec lui, une ère de plus de 2 000 ans a pris fin. Cependant, en raison de la conquête de l'Empire byzantin et du blocus du Bosphore et de la route terrestre vers l'Asie par les Turcs ottomans, une nouvelle ère commença, celle des grandes découvertes et de la Renaissance (facilitée par les érudits byzantins fuyant vers l'Europe occidentale après la chute de Constantinople).

L'empereurModifier

Articles à lire : Basileus et Liste des empereurs byzantins.

L'empereur jouait un rôle aussi pratique que symbolique. En effet, outre la totalité des pouvoirs dont il jouissait, l'empereur, qui à partir de 641 est désigné par le titre hellénique de basileus, est considéré comme étant le « lieutenant de Dieu sur terre ». Pour confirmer le caractère divin et sacré, l'empereur est couronné par le patriarche de Constantinople, généralement dans la grande basilique Sainte-Sophie, et porte la couronne, le sceptre, les chausses rouges (les kampagia) et est protégé par la garde impériale, la garde varangienne. À son couronnement, l'empereur passe devant la foule qui l'acclame — pour susciter l'enthousiasme chez le peuple, les soldats jetaient généralement des pièces d'or dans la foule — et est béni par le patriarche.

Cependant, l'empereur est un poste instable et convoité. Le basileus est en effet proie des complots, des révoltes populaires et des mutineries de l'armée ; et les coups d'État ne sont pas rares. Parmi les quatre-vingt-huit empereurs byzantins, vingt-neuf d'entre eux ont effectivement péri violemment ; et les mutilations, quand ce n'était pas la mort, étaient courantes chez les empereurs détrônés. Mais, dans une grande partie des cas, les empereurs étaient simplement exilés ou emprisonnés ; et ils rechaussaient parfois les kampagia pourpres plus tard, à l'image de Jean V Paléologue qui, renversé successivement par son genre, son fils et son petit-fils, a su récupérer sa couronne à chaque fois et la détenait encore à sa mort. D'autres, comme Justinien II, se sont faits mettre des prothèses pour masquer leurs mutilations ; Justinien II s'est mis une prothèse d'or pour cacher son nez coupé.

Certains empereurs byzantins ont pourtant été très populaires, tel Basile II qui a sauvé son peuple de la menace bulgare, ou encore Manuel II Paléologue, qui a fait de nombreux voyages en Occident pour chercher de l'aide — aide qui ne viendra pas. Le dernier empereur byzantin, Constantin XI Paléologue, était très apprécié par les ultimes sujets de l'Empire. Après la chute de Constantinople, le sultan ottoman Mehmed II fait des « Romains » un milet, un peuple sous son autorité. Mehmed II en effet, dont la mère était byzantine, se considère comme le successeur des empereurs byzantins et, tout comme ces derniers, il nomme le patriarche de Constantinople, Georges Scholarios. Néanmoins, cette volonté de poursuivre l'Empire romain d'Orient dans l'Empire ottoman ne se maintiendra pas.

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  Article mis en lumière la semaine du 18 février 2019, la semaine du 27 septembre 2021.
  Pays ou organisation internationale mis en lumière le mois de janvier 2022.
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