Marie de France (poétesse)
Marie de France | |
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Marie de France d'après une enluminure. | |
Naissance | 1160 |
Date de décès | 1215 |
Lieu de décès | Angleterre |
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Marie de France (née vers 1160 et morte vers 1215) était une poétesse, probablement née en France, qui vécut en Angleterre vers la fin du XIIe siècle. Elle a vécu et écrit au sein d'une cour qui n'a jamais été identifiée avec certitude. On sait néanmoins que son travail était reconnu à la cour du roi Henri II d'Angleterre. Sa vie est un mystère, même son nom et sa spécification géographique ("de France") sont incertains. Elle est considérée par les chercheurs comme la première femme connue à écrire des vers francophones1.
Sa langue d'expression est du francien (français médiéval de Paris) avec une certaine influence anglo-normande. Elle maîtrisait le latin, comme la plupart des auteurs et des érudits de cette époque, ainsi que le moyen anglais et peut-être même le breton. Ses œuvres principales sont les Lais de Marie de France. Elle a également traduit les fables d'Ésope du moyen anglais vers le français anglo-normand et a écrit L'Espurgatoire Seint Partiz (La Légende du purgatoire de saint Patrick) à partir d'un texte latin. Depuis peu, elle est identifiée comme l'autrice d'une hagiographie (biographie d'un saint), la La Vie Seinte Audree. Ses lais étaient et sont toujours très lus et ont influencé le développement ultérieur du genre romanesque.
Sa vieModifier
Elle signait ses fables du prénom de Marie et elle a précisé dans certains textes qu'elle était de France. À part cela, on ne sait pas qui elle est, et on n'a pas de détails sur sa vie, le lieu où elle est née et celui où elle est morte. On n'est même pas sûr qu'elle ait été vraiment française : peut-être a-t-elle écrit cela simplement par amour de la France.
Au fil du temps, on a essayé de trouver qui elle était, et beaucoup d'hypothèses, c'est-à-dire de suppositions, ont été faites. Une spécialiste du Moyen Âge, Carla Rossi2, pense qu'il s'agit en fait d'une anglaise, Marie Becket, sœur de l'archevêque Thomas Becket, qui serait née entre 1125 et 1130. En effet, dans ses poèmes et contes, Marie de France montre qu'elle avait des liens avec un groupe d'écrivains anglais.
Son œuvreModifier
Marie de France a écrit trois grandes œuvres, toutes en anglo-normand (une langue de la famille romane parlée en Normandie, mais aussi en Grande-Bretagne, qui avait été conquise par les Normands) :
- un recueil de 103 fables, qu'on appelle aussi des isopets ou ysopets, inspirées des fables de l'Antiquité (en particulier des fables d’Ésope). Ces fables ont une morale3 ;
- un livre religieux, L'Espurgatoire de saint Patrice, qui imagine un voyage dans le monde après la mort, comme les chrétiens l'imaginent ;
- douze contes merveilleux assez courts, des lais (ou lays), qui s'inspirent de contes populaires de Bretagne. Ils datent sans doute de la fin du XIIe siècle?, entre 1164 et 1170, et sont écrits pour un noble reis, c'est-à-dire un « noble roi », peut être le roi d'Angleterre Henri II. On y parle de chevaliers et de nobles dames, et plus d'amour que de guerre. Dans un de ces lais, le lay d'Yvonec (ou Yvonet, ou Yonec), on parle de la femme d'un seigneur jaloux, enfermée dans une tour ; elle tombe amoureuse d'un chevalier, qui apparaît à sa fenêtre sous la forme d'un oiseau. Lorsque le secret est dévoilé, l'amoureux-oiseau meurt, pris au piège du mari. Ce conte a été repris plus tard par une écrivaine du XVIIe siècle?, Madame d'Aulnoy, sous le nom de L'Oiseau bleu.
Ce qu'elle apporte de nouveauModifier
À l'époque où Marie de France écrit a lieu une sorte de Renaissance dans la littérature, avant la grande Renaissance qui aura lieu du XIVe au XVIe siècles?. Les écrivains essaient d'adapter les textes des Grecs et des Romains de l'Antiquité, mais ils s'intéressent aussi au folklore des Celtes, les anciens peuples de l'Europe, ancêtres par exemple des Bretons.
À ce moment aussi, de nombreux écrivains, comme Marie de France, se libèrent de l'influence de la religion officielle : ils parlent d'amour, des pouvoirs des femmes, d'un autre monde où il y a des fées (hommes et femmes-fées)... : ce sont les troubadours qui créent la littérature courtoise.
Extrait d'un texte de Marie de FranceModifier
Voici un extrait du lai d'Yvonec. C'est le chevalier-oiseau qui parle :
- d'abord dans le texte original :
- Jeo vus ai lungement amé
- E en mun quor mut desiré ;
- Unques femme fors vus n'amai
- Ne jamés autre ne amerai.
- puis, traduit en français d'aujourd'hui :
- Je vous ai longtemps aimé
- Et en mon cœur vous ai désiré
- Aucune femme n'a jamais aimé aussi fort
- Et aucune autre n'aimerai.
BibliographieModifier
- Fables de Marie de France, traduction et présentation de Françoise Morvan, Babel-Actes sud.
- Lais de Marie de France, traduction et présentation de Françoise Morvan, Babel-Actes sud.
- Oeuvres de Marie de France, édition de Philippe Walter, Folio Classique, édition bilingue.
- Philippe Walter, Naissances de la littérature française, IXe-XVe siècle - Anthologie. Ellug Éditions, 1998.
- Ses oeuvres en ligne, sur Wikisource.
Lien externeModifier
Notes et référencesModifier
- ↑ https://www.babelio.com/auteur/Marie-de-France/10224
- ↑ Carla Rossi, Marie de France et les érudits de Cantorbéry, Paris. Classiques Garnier, 2009. 233 p. ISBN 978-2-8124-0042-1
- ↑ Fables traduites par Legrand d’Aussy, 1829
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