Petite Fille dans un fauteuil bleu

Petite Fille dans un fauteuil bleu (en anglais : Little Girl in a Blue Armchair) est une peinture à l'huile réalisée en 1878 par l'Américaine Mary Cassatt. Amie du groupe des impressionnistes avec qui elle a tissé des liens lors de son séjour à Paris, ce tableau fut exposé à la quatrième exposition du groupe en 1879. Ce portrait correspond au thème de prédilection de l'artiste : les portraits de femmes et d'enfants dans la vie quotidienne. À ce titre, ce tableau est reconnu comme l'un de ses plus réussis1. À travers ce tableau, l'influence de Edgar Degas sur l'artiste est particulièrement visible (asymétrie de la composition, pose naturelle, choix du sujet), Degas a également participé directement à cette toile en travaillant l'arrière-plan, ce qu'atteste une lettre de l'artiste en 19032.

DescriptionModifier

 
Degas au porte-fusain autoportrait de Degas qui était un grand ami de l'artiste à ce moment-là et dont l'influence est visible sur ce tableau. En outre, Mary Cassatt fut quelques fois le sujet de certaines de ses peintures comme Mary Cassatt au Louvre

Une petite fille est assise dans une bergère turquoise au premier plan richement coloré, deux autres fauteuils identiques et un canapé de la même couleur sont disposés autour. Sa posture est avachie sur le fauteuil, ce qui détonne avec ses vêtements, typiquement bourgeois. Son regard est baissé et distant symbolisant l'ennui et l'indifférence du personnage vis-à-vis du spectateur. Elle semble vaguement regarder le chien endormi sur un fauteuil à côté (un griffon bruxellois offert à l'artiste par Degas). La jeune fille se détache clairement, par des trais épais et irréguliers, du décor quasiment bicolore (fauteuil bleu et moquette dans les tons gris-brun) et impersonnel. Cette représentation de l'enfant est assez moderne : la jeune fille n'est pas représentée en tant que poupée ou idéal social, mais bel et bien comme une enfant qui n'a pas encore tous les codes de son milieu social3.

Analyse du tableauModifier

 
Alfred Cluysenaar, Une vocation, 1875, huile sur toile, 111 x 81,5 cm

Traditionnellement comme l'éducation des enfants étant réservée aux femmes, il y avait assez peu de représentation de bébés ou d'enfants par des peintres hommes. Dans le même temps, les rares femmes peintres ne pouvaient pas peindre certains grands genres comme la peinture historique ou bien peindre un nu et sont cantonnées à la représentation de la sphère domestique. Ici, Mary Cassatt au lieu de représenter une fille en train de faire sa toilette, comme Édouard Manet ou Degas, choisit de faire de la petite fille le sujet de son tableau et pas simplement un corps. En effet, la pièce semble ici être peinte d'après la perception de l'enfant (point de vue bas, déformation des distances et des hauteurs notamment). A travers ce tableau on retrouve également l'influence japonaise (notamment des estampes) des impressionnistes : aplats de couleurs presque monochromatique, motifs floraux de petits tailles sur les fauteuils, changement de point de vue entre le sol et le reste de l'œuvre, composition tronqués , liberté au niveau de la perspective.

 
Petit-déjeuner au lit, vers 1897, huile sur toile, 65 × 73.6 cm

Il est a noté qu'un portrait similaire dans la pose, présenté par le belge Alfred Cluysenaar et titré Une vocation fut admis dans le pavillon belge de l'Exposition universelle. Toutefois, même si la pose est similaire, l'enfant dans le portrait de Cluysenaar a un regard plus direct sur le spectateur, là où celui de Mary Cassatt a un regard plus évasif, signe d'indépendance. Pour certains historiens de l'art, la représentation des enfants dans les tableaux de Cassatt serait une évocation de la sexualité féminine via l'expression de la maternité comme dans son œuvre Petit-déjeuner au lit. Ce thème est assez récurent chez l'artiste, quant bien même elle n'aura jamais eu d'enfant et est restée célibataire.

De nombreux historiens de l'art donne ainsi une analyse féministe de ce tableau à travers sa représentation de la maternité et l'émancipation des codes du genre par l'artiste qui présente les femmes dans des poses naturelles et non stéréotypé pour plaire au regard masculin.

HistoriqueModifier

A partir de 1877, Mary Cassatt entre en conflit avec le milieu de la peinture académique après que ses œuvres furent rejeté par le Salon. Edgard Degas l'invite alors à rejoindre la même année, le groupe des impressionnistes, qui ont été comme elle rejeté par le Salon. L'exposition de 1878 est reporté à 1879 afin de ne pas concurrencer l'Exposition universelle à Paris la même année. Lors de l'exposition impressionniste au printemps 1879 Mary Cassatt expose une dizaine de peintures, dont probablement la Petite Fille dans un fauteuil bleu. Elle avait précédemment soumis cet œuvre pour le pavillon américain à l'exposition universelle de 1878, mais il fut rejeté. A travers une lettre de l'artiste à Ambroise Voillard on apprend la contribution importante de Degas à cet toile (le modèle du tableau est la fille d'amis de Degas). La peinture fut acquise par Voillard en 1903 pour sa galerie d'art avant qu'elle ne soit vendu à Hector Brame à Paris puis à un couple d'entrepreneur américain en 1963 qui l'offrirent définitivement en 1983 à la National Gallery of Art.

RéférencesModifier

SourcesModifier

Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Petite Fille dans un fauteuil bleu de Wikipédia.

Liens externesModifier

Voir aussiModifier

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