Religion romaine
La religion romaine était la religion de la Rome antique.
C'était une religion polythéiste, c'est-à-dire qu'elle avait plusieurs dieux. Ces dieux étaient nombreux, car les rites les honorant correspondaient à chaque circonstance de la vie. Le but essentiel de la religion romaine était de maintenir la neutralité des dieux envers Rome. La religion romaine ne se préoccupait pas de la vie dans l'au-delà ; beaucoup de Romains en ressentaient un manque d'où le succès croissant des divinités promettant une autre vie après la mort, au fur et à mesure que les Romains entraient en contact avec d'autres peuples (comme Isis chez les Égyptiens, Mithra dans le monde militaire ou le christianisme...). Les Romains bâtissaient de nombreux temples qui témoignaient de l'importance qu'ils accordaient à leurs dieux. Au fil de leurs conquêtes, les Romains intègraient certains des dieux des peuples conquis, favorisant ainsi la romanisation de l'Empire, dans le cadre d'un certain syncrétisme. Les Romains n'avaient cependant pas pour objectif de supprimer les religions des peuples conquis. À partir du IVe siècle, le christianisme, qui s'est diffusé dans toute la Méditerranée, devient la religion officielle de l'Empire.
Les Romains, en plus de leurs divinités propres, admettaient souvent l'existence de celles des autres peuples et trouvaient des équivalences avec les leurs. Ils adoptèrent ainsi au fil de leur histoire de nombreux mythes issus des religions des peuples qu'ils ont conquis, et en particulier la mythologie grecque.
HistoireModifier
L'histoire de la religion romaine commence avec le mythe de la fondation de Rome au VIIIe siècle av. J-C. Selon la légende, elle aurait été fondée par deux frères, Rémus et Romulus, à l'endroit où ils avaient passé leur enfance.
La ville est ensuite peuplée par des bergers des environs, des guerriers et des bannis des autres cités. Comme il y a parmi eux très peu de femmes, ils enlèvent alors des jeunes filles d'une cité voisine, les Sabines.
Évidemment, cela provoque une guerre entre les Sabins et les Romains, mais un jour, les femmes s'interposent, certaines d'entre-elles décidant de rester à Rome. Suite à la réconciliation des deux peuples, certains Sabins s'installent à Rome et c'est l'un d'entre eux, Numa, qui sera le second roi et qui organisera le culte religieux.
Il s'agit d'un mythe, qui ne correspond pas totalement à la réalité historique de la fondation de Rome, mais il est important : il insiste sur le fait que dès le début, Rome est issu du mélange de plusieurs peuples, avec des cultures différentes et leurs dieux propres.
Les premiers dieux de Rome semblent avoir été Quirinus, puis Mars et Jupiter. Mais au début de la République romaine, c'est la triade Jupiter, Junon, Minerve qui prend de l'importance.
Junon est un exemple de l'« adoption » des dieux dans la religion romaine. Elle était la déesse tutélaire de la cité voisine de Veies. Lors de la conquête de cette ville, les Romains utilisent des rites pour inviter Junon à quitter son domicile et à venir à Rome où un temple lui est alors construit.
Les mythes se rapportant aux dieux romains sont à l'époque de la République largement inspirés de la mythologie grecque : Jupiter est considéré comme similaire à Zeus, Minerve à Athéna, etc.
À l'époque de l'Empire romain, à partir du Ie siècle av. J-C, des correspondances sont également établies avec les divinités des peuples conquis : le dieu gaulois Teutatès est par exemple assimilé à Mars. D'autres, comme la déesse égyptienne Isis, sont adoptés avec leurs particularités parmi les dieux romains. Réciproquement, quand une ville est conquise, un temple dédié à la triade capitoline (Jupiter, Junon, Minerve) y est construit.
Au Ie siècle?, le christianisme commence à se répandre dans l'Empire romain. L'idée d'un Dieu unique, qui serait le seul pouvant être honoré, entre en conflit avec tous les principes de la religion romaine. Cette nouvelle religion est donc interdite, mais continue cependant à s'étendre.
En 312, un empereur romain, Constantin, se convertit au christianisme. L'ancienne religion romaine perd alors son statut et son rôle de religion officielle. L'empereur Théodose fait en 379 du christianisme la religion de l'empire.
Les cultes de la religion romaine antique sont interdits à Rome en 391, et dans l'ensemble de l'empire l'année suivante. Certaines de ses pratiques survivront cependant longtemps dans les traditions populaires.
La Maison Carrée, un temple romain préservé à Nîmes en France.
Reconstitution d'un sanctuaire dédié à Mithra.
La notion de Paix des dieuxModifier
La puissance des dieux inquiète, il faut donc vivre en bonne entente avec eux, en reconnaissant leur supériorité, et donc en leur rendant un culte par les rites. La religion est simplement de la « diplomatie » avec les dieux : on recherche la paix des dieux (la pax deorum).
Lors de la fondation de la cité par Romulus, les dieux sont censés avoir donné leur accord en envoyant un signe favorable à Romulus. Cet accord signifie que les dieux sont favorables à Rome, donc que les Romains sont en paix avec les dieux, qui leur assurent leur soutien. Cette faveur des dieux est bien sûr essentielle, et il importe donc de la maintenir. Tant que les dieux sont favorables à Rome, ils aident constamment les Romains. Ainsi, tout événement défavorable subi par Rome, que ce soit une catastrophe naturelle ou une défaite, est interprétée comme la suite d'une offense faite aux dieux, qu'il convient donc de réparer. La supplicatio était l'ensemble des prières solennelles destinées à apaiser les dieux à la suite d'une faute grave commise par la cité. Elle est ouverte sur le rapport d'un magistrat et le sénat en fixe la durée, souvent quatre jours. Tous les dieux sont concernés aussi tous les temples restent ouverts afin que le peuple puisse défiler pour prier. Les statues des dieux étaient placées sur des lits de parade (les lectisternes) et les Romains participaient aux banquets qu'ils offraient aux dieux. Le préteur urbain décide de la date des prières.
Les Romains ne pensent pas que leurs dieux sont forcément les plus forts, mais plutôt qu'ils doivent avoir les meilleurs rites pour s'attirer leur appui. Les Romains semblent passer un marché avec leurs dieux: "si tu me donnes ceci (la victoire le succès dans mes entreprises), je te donnerai ceci (ma vie, un temple...)
Le culte rendu aux dieux est très ancien car ce sont les premiers rois légendaires (Romulus, Numa Pompilius et Ancus Martius) qui en ont fixé les grandes règles. Pour les Romains il n'est pas question de changer quoi que ce soit, ni les formules ou les gestes rituels. Si au cours des cérémonies, un oubli ou une modification est apporté, généralement involontairement, il faut recommencer l'exercice. C'est donc une religion très conservatrice.
Pourtant à côté du maintien des rites ancestraux, les Romains utilisent des techniques étrangères pour dialoguer avec leurs dieux. Ils adoptent l'examen des entrailles des animaux sacrifiés ou de leur comportement qui est d'origine étrusque, ils utilisent les Livres sibyllins contenant des prophéties selon une coutume grecque.
Attitude face à la mortModifier
Les Romains honoraient par un culte dans leur maison les lares, esprits protecteurs du foyer et les mânes des ancêtres. Ce sont des divinités particulières à chaque famille. Pour obtenir leur protection, on leur consacrait un autel dans la maison, le Lararium, où on leur offrait des aliments.
La religion officielle ne se préoccupe pas de consoler l'homme des malheurs qui lui arrivent sur terre, car il doit tout faire pour que les dieux le laissent en paix. Elle ne lui fournit pas plus de réponses satisfaisantes sur une possible survie après la mort et ce qu'il faut faire pour la passer le mieux possible. Ce n'est qu'au contact avec des peuples qui se posaient ces questions que les Romains vont se préoccuper de ces problèmes. Les mystères d'Éleusis vont séduire les esprits attirés par la civilisation grecque, ils se recrutent surtout dans les milieux cultivés. Le culte de Mithra, originaire d'Orient, par l'intermédiaire des militaires va être introduit à Rome. La conquête du monde hellénistique, en particulier celle de l'Égypte des Ptolémées, va faire connaitre les mystères du culte d'Isis, qui promet la résurrection à ses adeptes. Plus tardivement le christianisme va se développer grâce à l'action missionnaire et organisatrice des apôtres Pierre et Paul.
La religion dans la vie quotidienneModifier
Pour les Romains, c'est beaucoup plus les rites que la foi qui compte. Dans la vie quotidienne, la religion n'est pas distincte de la vie civile : elle est la pietas (piété) qui consiste en un respect de l'ordre établi, et donc de rites pour le perpétuer. La pietas inclut le respect dû aux parents, le respect de la patrie, le culte domestique des dieux comme le culte civique.
La multiplicité des dieux n'était pas un système complexe pour les Romains. Le divin était présent partout, mais ils rendaient un culte aux dieux qui les concernaient, en fonction du groupe auquel ils appartenaient : le culte privé des dieux du foyer (le père de famille en étant l'unique prêtre), le culte public de leur cité (les magistrats élus assistés de différents prêtres accomplissent les rites nécessaires à la "bonne marche" de la Cité) et de ceux protecteurs de leur profession ou de leurs associations.
Restes de la tour de Vésone, un temple gallo-romain en Dordogne.
Les fêtesModifier
Le calendrier romain est divisé en jours fastes et jours néfastes : Pendant les jours fastes chacun peut vaquer aux activités humaines et travailler. Les jours néfastes sont consacrés aux dieux, il s'agit de 109 jours dans l'année, dont 61 jours de fêtes publiques, des jeux par exemple.
Les Romains célébraient une fête presque un jour sur deux : elles donnaient lieu soit à des cérémonies avec sacrifices, soit à des rites parfois étranges, soit à des jeux.
Les fêtes, manifestations vivantes de la religion, étaient inscrites dans le calendrier. À chaque étape de la vie de la cité correspondait une fête.
Parmi ces fêtes figuraient les Saturnales : aux alentours du solstice d'hiver, du 17 au 24 décembre, les hommes et les femmes portaient des guirlandes autour du cou et s'offraient toutes sortes de cadeaux. Elles étaient célébrées en l'honneur du dieu Saturne, et accompagnées de grandes réjouissances pendant lesquelles les esclaves jouissaient d'une apparente liberté et où tout était permis. Les esclaves devenaient les maîtres et inversement.
Ces fêtes devinrent au IIIe siècle? la fête du « soleil invaincu » célébrant Mithra, une des divinités solaires représentée par un enfant nouveau-né.
La religion romaine et les autres religionsModifier
La religion romaine était un polythéisme généralement tolérant. Cependant, elle avait un rôle important de religion d'État, et c'est le gouvernement romain qui déterminait au cas par cas si un autre culte était licite, ou pas.
Le judaïsme, bien que très particulier et difficile à comprendre des Romains en raison de son monothéisme, obtint un statut de religion licite. Les juifs, au lieu d'offrir des sacrifices à l'empereur divinisé et aux dieux romains, avaient obtenu le droit de faire ces offrandes pour Rome et l'empereur, à leur propre Dieu, dans leur temple. Par contre, ils ne pouvaient pas forcément accéder à toutes les fonctions officielles, car beaucoup obligeaient à participer à des cérémonies religieuses.
D'autres cultes furent par contre interdits, comme au IIe siècle? celui des Bacchanales, dédiées à Bacchus et qui était prétexte à des orgies.
Le christianisme à ses débuts fut également un culte interdit. En effet, les chrétiens refusaient de participer au culte de la religion romaine et se tenaient donc à l'écart de la vie publique de la cité. De plus, ils se réclamaient d'un homme condamné à mort par les Romains pour rébellion. On lui reprochait de miner l'ordre social et former un État dans l'État. Ce n'est que pendant le règne de Constantin (306-337) que le christianisme fut autorisé (313 - édit de Milan). Petit à petit la religion polythéiste fut supplantée par un christianisme de plus en plus influent dans l'Empire, jusqu'à devenir une religion d'Etat. Ainsi, de nombreux temples romains furent christianisés en les transformant en églises (ce fut le cas du Panthéon et des Thermes de Dioclétien par exemple).
SourcesModifier
BibliographieModifier
- Histoire des croyances et idées religieuses, Mircea Eliade, 1989
- L'Empire romain et le christianisme, Claude Lepelley, 1969
- Rome et l'Empire romain, Francis Dieulafait, 2009
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