Société des Nations

La Société des Nations (ou SDN) est une organisation internationale créée en 1920, par les pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Elle est la concrétisation d'une idée exposée en janvier 1918, par Woodrow Wilson.

Wilson tendant le rameau d'olivier à la colombe de la paix. Dessin du journal humoristique britannique Punch en mars 1919.

Le but de la SDN est le maintien de la paix mondiale et la coopération entre les peuples du monde. Le moyen d'action est l'arbitrage entre les États. La SDN peut désigner le pays agresseur et prononcer des sanctions. Mais la SDN ne dispose pas de troupes pour faire appliquer ses décisions. Elle doit compter sur la bonne volonté des pays. Les États-Unis ne seront jamais membres de la SDN.

Dans les années 1930, la SDN sera impuissante à régler les conflits provoqués par les politiques agressives de l'Allemagne nazie, de l'Italie fasciste ou du Japon.

En 1946, après la Seconde Guerre mondiale, la SDN sera remplacée par l'ONU (décision prise à la conférence de Yalta en 1945).

Sa créationModifier

Le 8 janvier 1918, le président Woodrow Wilson dans ses quatorze points expose les buts de guerre des Alliés. Le point numéro 14 suggère la création d'une organisation internationale chargée d'éviter une guerre future. Wilson reprend une idée déjà émise par Léon Bourgeois (qui sera le premier président de la SDN et prix Nobel de la paix en 1920).

Le 28 avril 1919, à la Conférence de la paix qui se tient à Paris, après en avoir discuté avec des alliés, le président Wilson fait adopter le projet de la SDN. La charte ou pacte constitutif de la SDN, est inclus(e) dans tous les traités de paix signés entre les Alliés et les puissances battues (Allemagne, Autriche, Hongrie, Turquie et Bulgarie). L'existence de la SDN est effective dès janvier 1920.

La SDN est fondée par 31 membres (les pays vainqueurs) auxquels viennent s'ajouter 10 pays neutres. Les États-Unis refusent d'adhérer (le sénat américain rejette le traité de Versailles). Les pays non-membres à l'origine peuvent adhérer. Ils sont admis si les deux-tiers des membres en sont d'accord. L'Allemagne devient membre de la SDN en 1926 (elle devient alors membre permanent du conseil), la Turquie en 1932, l'URSS en 1934.

La SDN reçoit également le contrôle des territoires mis sous mandat et confiés à un pays membre. Elle doit également protéger les minorités ethniques, nombreuses dans beaucoup de pays.

La SDN pouvait également être chargée de réviser les traités de paix de 1919-1920.

Son fonctionnementModifier

 
Réunion de l'Assemblée générale de la SDN en 1926

La SDN siège à Genève en Suisse, qui est un pays neutre. La SDN n'a eu ni drapeau, ni logo (sauf en 1939). Les langues de travail étaient l'anglais, l'espagnol et le français.

L'assemblée générale de la SDN, comprend tous les pays adhérents. Chaque pays dispose d'une voix quelle que soit son importance économique ou démographique. L'Assemblée tient une session par an. Pour certaines décisions il fallait l'unanimité des pays membres.

Le conseil de la SDN est composé de quatre membres permanents (France, Italie, Japon, Royaume-Uni) (cinq à partir de 1926, après l'adhésion de l'Allemagne) et de membres non-permanents élus pour trois ans (d'abord 4 puis 8 membres en 1926). Il se réunit trois fois par an. Pour qu'une de ses décisions devienne effective il fallait une majorité de 9 puis de 15 membres).

Le secrétaire général de la SDN, est chargé du travail administratif.

Divers organismes sont rattachés à la SDN. En particulier, la Cour permanente de justice internationale qui siège à La Haye aux Pays-Bas, l'Organisation internationale du Travail (OIT), la Banque des règlements internationaux (BRI), un comité sur l'opium, un autre sur les réfugiés, un autre sur l'esclavage...

Ses moyens d'actionModifier

Pour garantir la paix, les États membres se garantissaient l'un à l'autre leur indépendance politique et leur intégrité territoriale : c'est la sécurité collective.

Les États s'engagent à désarmer et à ne pas recourir à la guerre. En cas de conflit ils acceptent l'arbitrage de la SDN. Si, malgré les engagements pris, un conflit armé éclate, la SDN peut désigner un agresseur et décider contre lui des sanctions.

Les sanctions peuvent être économiques, financières ou militaires. Mais la SDN ne dispose pas de forces armées qui lui permettraient d'imposer ses décisions à un État refusant l'arbitrage (Wilson était opposé à la création d'une force internationale).

Ses succèsModifier

Malgré les difficultés qu'elle rencontre, car les États voient d'un mauvais œil une limitation de leurs décisions, la SDN réussit à mener à bien quelques actions.

La SDN apporte de l'aide aux réfugiés fuyant les troubles en Russie et en Turquie. Elle aide financièrement les nouveaux États de l'Europe centrale nés du démembrement de l'Autriche-Hongrie et qui doivent réorganiser totalement leurs relations économiques.

L'organisation était aussi capable de régler des conflits territoriaux, pacifiquement (sans avoir recours aux armes). Par exemple, le cas de l'archipel Aaland.

  • L'archipel Aaland est composé de milliers d'îles et est situé juste entre la Suède et la Finlande. A l'exception de la première moitié du 18ème siècle, Aaland avait toujours fait partie de l'empire suédois. Mais après sa militarisation russe pendant la Première Guerre mondiale, les habitants de Aaland, parlant le suédois, étaient favorables à la réunification avec la Suède. Mais la Finlande voulait que Aaland soit rattaché à leur pays. Son principal argument était que si les îles rejoignaient la Finlande, elles auraient un statut autonome. En Juin 1921 la Société des Nations est intervenue et a attribué les îles au Royaume finlandais, et a précisé que les habitants pouvaient garder leur langue et leurs traditions, comme ils l'avaient demandé. Cela est d'ailleurs toujours valable de nos jours avec un traité plus récent de 1993, ce qui montre un succès de la Société des Nations pour mener des actions concrètes par le biais de la diplomatie.

Ses échecsModifier

En 1926, le Brésil se retire de la SDN.

En 1932, mécontent d'avoir été condamné pour son agression contre la Chine en Mandchourie, le Japon quitte la SDN.

En 1937, la SDN condamne l'Italie pour son agression contre l'Éthiopie. Mais ces sanctions sont contournées avec la complicité des états fournisseurs et clients de l'Italie. L'Italie quitte la SDN en 1937.

Dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler abandonne la SDN, montrant par là-même qu'il allait contester les frontières que le traité de Versailles avait donné à l'Allemagne. La SDN ne peut réagir contre le réarmement allemand (1934), ni contre la remilitarisation de la Rhénanie en 1936, ni contre l'Anschluss de 1938 qui rattache l'Autriche à l'Allemagne. La SDN ne peut agir contre le démembrement de la Tchécoslovaquie consécutif aux accords de Munich de 1938. En 1939, elle ne peut rien faire contre la crise de Dantzig qui aboutit à la Seconde Guerre mondiale.

À la fin de la guerre d'Espagne en 1939 l'Espagne franquiste quitte la SDN.

L'agression soviétique contre la Finlande (Guerre d'Hiver) fin 1939, aboutit à l'exclusion de l'URSS.

La faillite de la SDN aboutit à sa dissolution en avril 1946. Ses biens et ses missions sont remis à une nouvelle organisation l'ONU. Mais le fonctionnement de cette dernière est revu afin de la rendre plus efficace.

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