Adoration des mages

épisode biblique et thème artistique

L’Adoration des mages d'après un épisode de l'Évangile selon Matthieu (2, 1-12) est un thème iconographique chrétien populaire d'un épisode de la vie du Christ, la visite des Rois mages lors de sa nativité. Dans l'Occident chrétien, cette scène est commémorée à l'Épiphanie tandis que l'Église orthodoxe la place le .

Les Très Riches Heures du duc de Berry, ms.65, folio 52r, vers 1411-1416, musée Condé, Chantilly.

Sources littéraires

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Selon Mathieu, des mages (astronomes) se présentent devant Hérode, en Judée, à la recherche d'un nouveau-né dont une étoile leur a indiqué la naissance et le destin royal. Hérode les dépêche à la recherche de l'enfant. Suivant l'étoile, les mages arrivent près de Jésus qu'ils adorent et auquel ils offrent l'or, l'encens et la myrrhe. « Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnent leur pays par un autre chemin. » (2, 12). Les évangiles apocryphes mentionnent l'épisode en y ajoutant des détails[1]. De ce récit, c'est l'épisode de l'adoration des mages qui a été le plus souvent représenté.

Ce récit biblique légendaire ne s'éclaire que par une lecture mythique et un jeu d'intertextualité avec le Psaume 72[2], voulant que la nature messianique de Jésus soit reconnue par des personnages importants, les mages, comme par le petit peuple, les bergers[3].

L'évangéliste ne précise pas le nombre des mages. Il semble que ce soit Origène (185-224) qui le premier en fixe le nombre à trois[1], information reprise par Maxime de Turin et Léon le Grand[4]. Tertullien en fait des rois en s'appuyant sur une prophétie tirée des psaumes de David (67, 30)[1], ce que confirme Césaire d'Arles[1]. Enfin c'est sans doute au IXe siècle qu'apparaissent les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar dans le Liber Pontificalis de Ravenne[1].

Iconographie

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Sarcophage chrétien, IVe siècle.
 
Vers 1220, Codex Bruchsal 1, Bl. 11r, Karlsruhe

Le thème apparaît dans l'art des catacombes en liaison avec celui de la nativité[1], puis de façon autonome. Il s'agit d'un des thèmes les plus populaires de l'iconographie chrétienne. Les premières représentations ne distinguent guère les trois mages. Elles figurent le Christ et Marie, les mages portant les présents, l'étoile qui les a guidés et les chameaux qui leur ont servi de monture, plus tard des chevaux. Le Christ accepte les présents ou bénit le mage qui s'incline devant lui. Les deux autres mages regardent la scène ou observent l'étoile.

Elles apparaissent ensuite dans l'art monumental, dans l'enluminure (missels, livres d'heures). À partir du XIVe siècle, les représentations peintes, fresques puis plus tard toiles, de l'adoration des mages se multiplient dans les églises, popularisées au théâtre par les mises en scène des mystères médiévaux. Peu à peu ces représentations deviennent plus pathétiques, insistant sur le contraste entre le dénuement de Marie et Joseph et la richesse des costumes des rois mages, ainsi que sur l'inversion de la scène d'hommage d'ordinaire rendue aux rois, mais ici rendue par des rois à un simple nouveau-né. Les trois hommes représentent très tôt les trois âges de la vie[1]. Le nouveau-né complète d'ailleurs la série des trois âges qui deviennent ainsi quatre. C'est le roi ou le mage le plus âgé qui est représenté agenouillé devant l'enfant, formant avec lui un couple symbolique, l'articulation du passé et du futur.

 
Giacomo Serpotta, Adoration des mages (détail), église du Saint-Esprit, Agrigente.

Selon une autre interprétation, les trois rois représentent les trois parties du monde alors connues : Europe, Asie et Afrique, d'où la présence, notamment chez les peintres nordiques et plus tardivement italiens, d'un roi africain.

Le nouveau-né est généralement assis sur les genoux de Marie derrière laquelle se tient souvent Joseph. Un ange (Giotto) les accompagne parfois. Les trois rois se tiennent devant l'enfant. De nombreux détails anecdotiques (voire ésotériques dans le cas de Jérôme Bosch), se multiplient dans les représentations.

Rappel des éléments iconographiques qui définissent l'Adoration des mages
  • Présence des membres de la sainte Famille : Jésus, la Vierge Marie et plus tardivement Joseph
  • Présence des trois Rois mages, leur symbolique propre et leur présents: myrrhe, or et encens, leur cortège.
  • À partir de la Renaissance : le lieu même de la Nativité (étable ou architecturée) et son entourage proche :
    • la mangeoire
    • les animaux (le bœuf et l'âne)
    • le paysage environnant, campagne ou villes, ou même ruines antiques
  • ...

Tableaux célèbres

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XIVe siècle

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XVe siècle

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Détail du retable de l'Adoration des mages de Gentile da Fabriano, 1423.
 
L'Adoration des mages de Raffaello Botticini, c. 1495.

XVIe siècle

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Adoration des mages, Peter Paul Rubens, (1624), musée royal des Beaux-Arts d'Anvers.
  • Pieter Brueghel l'Ancien a représenté trois fois ce thème :
    • une version de 1556-1562 est conservée dans les musées royaux des beaux-arts de Belgique (inv. 3929) ;
    • 1564 : une version se trouve à la National Gallery de Londres ;
    • 1567 : la plus originale, L'Adoration des mages dans un paysage de neige (Winterthour, Fondation Oscar Reinhart), accentue l'enracinement de la scène dans la réalité géographique, culturelle et climatique du spectateur de l'époque en marginalisant le sujet biblique à peine visible dans un coin du tableau, selon un procédé cher à Bruegel.

XVIIe siècle

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XVIIIe siècle

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Giovanni Battista Tiepolo a réalisé plusieurs versions sur ce thème :

Source d'inspiration

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Notes et références

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  1. a b c d e f et g La Bible et les saints, guide iconographique, Gaston Duchet-Suchaux et Michel Pastoureau, 1990.
  2. Ps 72. 10-11.
  3. René Laurentin, Les évangiles de l'enfance du Christ, Desclée de Brouwer, , p. 431.
  4. Origine des fêtes sur Balade sur toile.
  5. La volée de marches, ornée de motifs typiques de le Renaissance (dauphins, sphinx, lions ailés, fleurs), mène à l'autel couvert d'une toiture en bois faisant office de baldaquin. Après leur voyage en bateau, les mages et leur suite, les uns à pied, les autres à cheval, apportent des présents. Botticini introduit une girafe Médicis et des allégories animales : paon juché sur une poutre, symbole de la résurrection ; singe en laisse, symbole du démon ; chien blanc qui représente la foi conjugale que doivent observer les fidèles vis-à-vis de Dieu. Au XVe siècle, les ruines évoquent le temple de la Paix à Rome abritant une statue de Romulus qui s'effondra la nuit de la naissance du Christ. Cf (en) Christopher Lloyd, Margherita Andreotti, Larry J. Feinberg, Martha Wolff, Italian Paintings Before 1600 in the Art Institute of Chicago. A Catalogue of the Collection, Art Institute of Chicago, , p. 52.
  6. Alte Pinakothek
  7. National Gallery of Art
  8. Notice du Metropolitan
  9. « Amahl and the night visitors », sur youtube, (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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