Aurora consurgens

traité d'alchimie médiéval

L’Aurora consurgens (littéralement l'aube naissante) est un traité d'alchimie en latin médiéval autrefois attribué à Thomas d'Aquin, enluminé de 37 miniatures à l'aquarelle. Le plus ancien manuscrit (Zürich Zentralbibliothek MS. Rhenoviensis 172), incomplet, date de ~1420. Une version complète date d'environ 1450 (Prague, Universitni Knihovna, MS. VI. Fd. 26). Il est redécouvert par Carl Gustav Jung en 1936.

Aurora consurgens
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Date de création
XVe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata

L'ouvrage

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Le texte est en grande partie[1] un commentaire d'un traité arabe du Xe siècle, la Tabula Chemica de Senior Zadith Filius Hamuel (ou Senior Zadith, ou encore simplement Senior), c'est-à-dire l'alchimiste arabe Ibn Umail. Une mauvaise traduction latine en avait été faite dès le XIe ou le XIIe siècle[1]. Ce texte est la description (ekphrasis) des fresques de la chambre souterraine d'une pyramide, dans laquelle se trouve une table de marbre ou d'émeraude, gravée de symboles supposés hiéroglyphiques, reposant sur les genoux d'Hermès Trismégiste, le fondateur mythique de l'alchimie[2]. Les illustrations ont été ensuite rajoutées pour illustrer le texte dans sa version de l'Aurora consurgens. Selon la Tabula chemica, les pictogrammes furent copiés, ce qui garantit l'intégrité et la véracité de l'enseignement d'Hermès. L'Aurora consurgens est donc l'expression visuelle du mythe, important à la Renaissance, de la redécouverte du savoir antique - la transmission de ce savoir, d'origine divine, sous forme de pictogrammes hiéroglyphiques lui permet d'échapper aux déformations de l'interprétation humaine et verbale[3].

L'ouvrage est réédité en 2017 par les Éditions Mimésis (en français). En préface, un commentaire de Roberto Revello, docteur en philosophie de la religion à l’université de l'Insubrie, explique l'attribution possible de l'Aurora Consurgens à Thomas d'Aquin. D'abord, l'ouvrage est « écrit dans un style semblable à celui du Doctor Angelicus »[4], puis les visions qui le parsèment sont dites très proches de « l'expérience intérieure que [Thomas d'Aquin] vécut dramatiquement comme une véritable crise et qui le conduisit à interrompre la rédaction de la Summa Theologiae dans les derniers mois de sa vie. »[5] Cette édition rassemble douze chapitres et sept illustrations (huit avec la page couverture).

Découverte

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L'Aurora consurgens est redécouvert et remis en circulation par Carl Gustav Jung. Il constitue le troisième et dernier volume, terminé en 1957, du Mysterium Coniunctionis (en). La philosophie hermétique et naturelle occupaient une place centrale dans les recherches de Jung autour des années 1930 . Jung travaille à ce moment sur Le Secret de la fleur dorée (en) (1929) et Artis Auriferae (1572), ce dernier faisant mention d'un ouvrage qui lierait ensemble le lapis philosophorum et le Christ lui-même. Toutefois, cette référence ne précise ni l'auteur ni le titre de l'ouvrage en question. Jung, alors résidant à Küsnacht, débute la recherche de ce manuscrit et le trouve à la Bibliothèque centrale de Zurich (MS. Rhenoviensis 172), bien que la première section de l'ouvrage soit manquante. De nouvelles recherches sont conduites, cette fois-ci pour trouver une copie complète. Après de longues recherches à la British Library, il annonce, en 1936, lors des conférences Eranos à Yale, qu'il existe un manuscrit complet de l'Aurora Consurgens à la Bibliothèque nationale de France[6].

Analyse

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Umberto Eco sollicite l'élève de A. J. Greimas, Claude Zilberberg, sémioticien et ancien codirecteur du Séminaire intersémiotique de Paris, pour mener une lecture détaillée de l'Aurora. Zilberberg publie deux articles dans un numéro du magazine italien Versus (1993) dans lesquels il analyse en profondeur la quatrième des huit paraboles. Zilberberg détaille un faire alchimique, les processus alchimiques et la mise en œuvre de leurs principes notamment en repérant trois tendances, (i) ouverture et fermeture, (ii) exclusion ou tri et participation ou mélange, (iii) concentration et diffusion. Il analyse l’association et la séparation, le chauffage et l’humidification, la dissolution et l'amalgamation, la fusion et le mélange, etc. L'entreprise de ces deux articles, que Donald Maddox complète avec sa contribution, vise à prouver que ce faire alchimique est la mutation de deux états, que leur transformation à la fois indépendante et reliée est aussi un discours initiatique, parabolique. Les modalités de ce discours sont volontairement obscures.

Traductions notables

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Ce texte a notamment été traduit et commenté, Aurora Consurgens le lever de l'aurore (1966), par la psychologue Marie-Louise von Franz, collaboratrice du psychanalyste Carl Gustav Jung[7].

Listes des manuscrits

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À ce jour, on connaît dix exemplaires du manuscrit[8], tous conservés dans des bibliothèques européennes :

Enluminures

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Références dans des œuvres récentes

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  • Aurora consurgens est le titre d'un album de power metal du groupe brésilien Angra sorti en 2006 ; l'illustration de couverture est dérivée de l'illustration de tête du manuscrit, deux siamois dans les griffes d'un aigle noir.
  • Aurora consurgens est également le titre d'un roman italien d'Angelo Vetturini publié en 2012 ; l'illustration de couverture est la joute du Soleil et de la Lune extraite de l'exemplaire de Zurich.
  1. a et b Présences d’Hermès Trismégiste Albin Michel - Cahiers de l’Hermétisme. Visages d'Hermès Trismégiste (documents iconographiques), Antoine Faivre, p. 49
  2. Stapleton, H.E.: 1933, Three Arabic Treatises on Alchemy by Muhammad bin Umail (10th Century A.D.). Memoirs of the Asiatic Society of Bengal, XII, Calcutta. : "I saw on the roof of the galleries a picture of nine eagles with out-spread wings […] On the left side were pictures of people standing... having their hands stretched out towards a figure seated inside the Pyramid, near the pillar of the gate of the hall. The image was seated in a chair, like those used by the physicians. In his lab was a stone slab. The fingers behind the slab were bent as if holding it, an open book. On the side viz. in the Hall where the image was situated were different pictures, and inscriptions in hieroglyphic writing [birbawi]"
  3. Barbara Obrist Visualization in Medieval Alchemy International Journal for Philosophy of Chemistry, vol. 9, No.2 (2003), p. 131-170 en ligne
  4. Thomas d'Aquin, Aurora Consurgens : le lever de l'aurore, Italie, Éditions Mimésis, , 66 p. (ISBN 978-88-6976-099-0), p. 7
  5. Thomas d'Aquin, Aurora Consurgens : le lever de l'aurore, Italie, Éditions Mimésis, , 66 p. (ISBN 978-88-6976-099-0), p. 10
  6. (en) « C.G. Jung's Quest for the "Aurora consurgens." », sur Academia.edu, The Journal of analytical psychology, (consulté le )
  7. Aurora Consurgens, le lever de l'aurore sur le site cgjung.net
  8. (de + en + fr + it) Université de Zurich, Suisse, « Ms-Rh-0172 », sur e-codices - Bibliothèque virtuelle des manuscrits en Suisse, (DOI 10.5076/e-codices-zbz-Ms-Rh-0172, consulté le )
  9. Traités d'alchimie. (lire en ligne)

Bibliographie

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  • Aurora Consurgens (1966) édité par Marie-Louise von Franz.
  • Aksel Haaning, « La quête de Jung de l'Aurora Consurgens », Revue de Psychologie Analytique, vol. 2, no. 2, 2013, p. 73-103. revue.
  • Barbara Obrist, Les débuts de l'imagerie alchimique (XIV-XVe siècles), Le Sycomore, coll. « Féodalisme », (revue par William Newman Medieval Academy of America 1985)
  • Claude Zilberberg, « Aurora Consurgens. Quatrième Parabole : de la foi philosophique qui consiste dans le nombre trois », Versus: Quaderni di Studi Semiotici, vol. 64, Jan. 1993, p. 67-74. (ISBN 88-452-2123-7)
  • Claude Zilberberg, «  Tris et melanges dans la Quatrième Parabole », Versus: Quaderni di Studi Semiotici, vol. 64, Jan. 1993, p. 25-65. (ISBN 88-452-2123-7)
  • Donald Maddox, « Aurora Consurgens : opérations et initiation dans la Quatrième Parabole », Versus: Quaderni di Studi Semiotici, vol. 64, Jan. 1993, p. 3-23. (ISBN 88-452-2123-7)

Liens externes

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