Benoît IX

pape de l’Église catholique romaine

Benoît IX (Teofilatto dei conti di Tuscolo), né vers 1012 dans le Latium et mort entre le et le à Grottaferrata, est pape à trois reprises : du à et 145e pape de l'Église catholique, du au et 147e pape puis du au et 150e pape, pour une durée totale de douze ans.

Benoît IX
Image illustrative de l’article Benoît IX
Portrait imaginaire, basilique Saint-Paul-hors-les-Murs (mosaïque du milieu du XIXe siècle).
Biographie
Nom de naissance Teofilatto dei conti di Tuscolo
Naissance Vers 1012
Latium
Père Albéric III de Tusculum
Mère Emmelina
Décès Vers 1055–1056
Grottaferrata
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat 1.
2.
3.
Fin du pontificat 1.
2.
3.

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Premier pontificat

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Issu de la puissante famille des Théophylactes, il est le fils d'Albéric III de Tusculum, l'influent comte de Tusculum, et le neveu des papes Benoît VIII et Jean XIX, lesquels étaient frères. À la mort de ce dernier, Albéric III fait élire son fils pape. Laïc, Théophylacte est également très jeune. Selon Raoul Glaber (Histoires, IV, 5), il aurait douze ans à sa montée sur le trône pontifical. L'affirmation est acceptée par Louis Duchesne (1843–1922)[1] mais est mise en doute par la plupart des historiens contemporains : les mœurs dont l'accusent les chroniqueurs ultérieurs supposent qu'il a au moins atteint la puberté[2]. Quoi qu'il en soit, Benoît IX est certainement l'un des plus jeunes papes de l'histoire avec son lointain parent Jean XII, devenu pape aux alentours de 18 ans. Il est couronné dès le lendemain de son élection.

Benoît continue la politique d'apaisement ébauchée par son prédécesseur vis-à-vis de la noblesse : son père se retire partiellement de la vie politique, peu à peu remplacé par son frère, Grégoire II, comte de Tusculum. Les contacts avec l'empereur du Saint-Empire ne commencent pas avant la décision de Conrad II le Salique, en 1037, de déposer Aribert d'Intimiano, archevêque de Milan. Contrairement aux espoirs impériaux, Benoît n'approuve pas immédiatement cette décision, mais attend l'année suivante pour excommunier Aribert, comme demandé. Il fait également preuve de son indépendance en cassant en 1044 la décision imposée par Conrad II à Jean XIX au sujet du patriarcat d'Aquilée.

En matière ecclésiastique, Benoît IX soutient les ordres monastiques contre les ordinaires. Sur l'initiative du cardinal Pierre Damien, il dépose deux évêques considérés comme simoniaques. Il canonise Siméon de Trèves, mort en ermite à Trèves en Allemagne.

En , une émeute contre les Théophylactes, menée par les Stephani — une branche des puissants Crescentii, rivaux des Théophylactes — le force à fuir Rome. Poussés par les Stephani, les Romains élisent Giovanni de Crescenzi Ottaviani, évêque de Sabine en au terme d'une lutte féroce. Il est intronisé le sous le nom de Sylvestre III. Benoît IX réagit par une excommunication immédiate.

Deuxième pontificat

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Trois mois plus tard, Benoît IX parvient à prendre Rome et retrouve le trône pontifical le . Il devient alors un simple pion dans l'échiquier politique romain, où s'affrontent les grands clans familiaux. Le , il se démet en faveur de son oncle, Giovanni Graziano (Jean Gratien), qui est élu sous le nom de Grégoire VI. Les raisons de cette démission restent obscures : Benoît IX aurait été pris de remords après avoir été poussé à la papauté par sa famille, ou aurait voulu épouser l'une de ses cousines[3]. De larges sommes sont également échangées à cette occasion pour dédommager le clan des Théophylactes[4]. Benoît IX se retire sur ses terres familiales et ne paraît plus en public.

Troisième pontificat

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En 1046, l'empereur du Saint-Empire Henri III, appelé à mettre fin à l'anarchie, se rend en Italie. Grégoire VI convoque le synode de Sutri. Sylvestre III est condamné mais Grégoire VI ne peut pas nier qu'il a acquis sa tiare par simonie : il se voit contraint d'abdiquer le 20 décembre.

Sous la pression d'Henri III, le synode élit le pape, le 24 décembre 1046, Suidger von Morsleben und Hornbur, évêque de Bamberg, qui prend le nom de Clément II. Ce dernier meurt moins d'un an plus tard, le . Les Théophylactes profitent de l'occasion pour réinstaurer Benoît IX sur le trône de Pierre.

Il accède ainsi une troisième fois au siège pontifical, du au . Un parti romain proteste auprès de l'Empereur, qui se prononce contre Benoît IX et fait élire à la fin de 1047 le Bavarois Poppo von Brixen, qui prend le nom de Damase II. Ce dernier ne sera pape que 23 jours : il meurt à Palestrina de la malaria.

Cependant, Benoît IX a pris la fuite après qu'Henri III a envoyé à Rome le marquis Boniface de Canossa. Celui-ci fait alors élire le lorrain Bruno von Eguisheim-Dagsburg qui prend le nom de Léon IX. Avec l'aide de l'Empereur, le nouveau pape combat les Théophylactes et ravage leurs fiefs. Refusant de répondre aux accusations de simonie pesant contre lui, Benoît IX est excommunié, de même que ses proches.

À la mort de Léon IX, le 19 avril 1054, Benoît IX tente une nouvelle fois de monter sur le trône pontifical, en vain. Après cet ultime échec, il se retire dans l'abbaye territoriale Sainte-Marie de Grottaferrata, qui appartient à la sphère d'influence des Théophylactes. Il y meurt entre le et le , et est inhumé dans l'église abbatiale.

Jugements sur Benoît IX

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La réputation de ce pontife est une des pires de celles que nous ont transmis les chroniqueurs contemporains. Saint Bonizóne[5], évêque de Sutri, dit qu'il avait l'habitude de commettre des « lâches adultères et des homicides ». Dans le troisième livre de ses dialogues, le pape Victor III (1086–1087) écrit que Benoît « … se consacrait au plaisir et était beaucoup plus enclin à vivre comme épicurien que comme un pontife », et il le peignait comme un des pires pontifes qui aient jamais existé. La critique moderne ne peut pas s'écarter beaucoup de cette image. La Catholic Encyclopedia le décrit par exemple comme « … un malheur pour la chaire de saint Pierre », et Ferdinand Gregorovius, protestant par ailleurs très critique de la papauté, écrit que c'est avec Benoît IX que la papauté toucha le fond de la décadence morale « … il menait tranquillement au Latran la vie d'un sultan oriental[6] ».

En ce qui concerne son aspect physique, Raffaello Giovagnoli le déduit, dans son roman Benoît IX[7], de gravures dues à Bartolomeo Platina : « … le visage oblong, la peau de la plus grande blancheur, des pupilles turquoise, des cheveux blonds, bouclés et un peu dégarnis, souffrant d'un léger strabisme et avec un nez aquilin, bien rasé. Il revêt de préférence une tunique de soie blanche, toute travaillée avec des ornements d'or et serrée à la taille au moyen d'une large ceinture de cuir constellée de pierres précieuses […], un caleçon étroit de soie de Reims très fin et de couleur bleu clair […], un petit bonnet de soie fort gracieux, d'une couleur bleue rappelant celle de son caleçon et sur lequel s'agitait une plume blanche ».

Si des sources postérieures dépeignent Benoît IX comme un homme de mœurs dissolues, selon Luc, septième abbé de Grottaferrata, il aurait fait pénitence sur la fin de ses jours et se serait fait moine.

Notes et références

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  1. Les premiers temps de l'État pontifical, « La maison de Théophylacte », p. 305-324.
  2. F. Donald Logan, A history of the church in the Middle Ages, Routledge, p. 102.
  3. F. Donald Logan, A history of the church in the Middle Ages, Routledge, p. 103.
  4. Klaus-Jürgen Herrmann, Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, p. 205.
  5. Un court article lui est consacré dans l'Encyclopédie Treccani.
  6. Claudio Rendina, I papi. Storia e segreti, p. 365, Newton&Compton editori, Ariccia, 2005.
  7. Raffaello Giovagnoli, Benedetto IX, storia di un pontefice romanzo 1040–1049, P. Carrara, Milan, 1899.

Bibliographie

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  • K.-J. Herrmann, Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-618577).
  • (it) A. Mathis, « Il pontefice Benedetto IX. Appunti critici di storia medievale », La Civiltà cattolica no 66 (1915), p. 549–571.
  • (it) S. Messina, Benedetto IX, pontefice romano, 1032–1048 : studio critico, Catania, 1922.

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