Colorant alimentaire

additif alimentaire modifiant la couleur d'un aliment

Les colorants alimentaires sont utilisés pour ajouter de la couleur à une denrée alimentaire, ou pour simuler la couleur originale si celle-ci a été altérée par les procédés de transformation utilisés dans l'agroalimentaire.

Colorant alimentaire dans la confiserie.

Histoire

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L'ajout de colorants aux aliments est une pratique ancienne, mentionnée dès 1500 av. J.-C. en Égypte, où les confiseurs ajoutent des extraits naturels et du vin pour améliorer l'apparence de leurs produits[1]. Des papyrus mentionnent également l'ajout de curcuma et de safran aux plats pour les rendre plus appétissants. Au Moyen-Âge et sous le féodalisme, les paysans produisent leur propre nourriture et les aspects esthétiques sont considérés comme sans importance par la vaste majorité d'une population globalement très pauvre[2]. La situation change avec le début des temps modernes et l'urbanisation croissante : d'une part, le commerce des épices au XIVe siècle permet l'accès à des substances exotiques très colorantes, d'autre part les citadins ne produisant pas leur propre nourriture, le commerce des denrées alimentaires connaît un essor conduisant à un besoin de vendre au mieux les aliments, et donc de les présenter sous leur meilleur jour. L'une des premières lois passées sur la nourriture, à Augsbourg en 1531, concerne les épices et colorants et punit sévèrement la contrefaçon : le but est alors d'empêcher la compétition commerciale déloyale dans ce domaine très rentable[2].

Déjà au XVIIIe siècle, la situation commence à poser des problèmes de santé, comme en témoigne Tobias Smollett en 1771[3] :

« The bread I eat in London is a deleterious paste, mixed up with chalk, alum and bone ashes, insipid to the taste and destructive to the constitution. The good people are not ignorant of this adulteration; but they prefer it to wholesome bread, because it is whiter than the meal of corn [wheat]. Thus they sacrifice their taste and their health… to a most absurd gratification of a misjudged eye; and the miller or the baker is obliged to poison them and their families, in order to live by his profession. […] Perhaps, you will hardly believe they can be so mad as to boil their greens with brass halfpence, in order to improve their colour; and yet nothing is more true […]. »

— Tobias Smollett, The Expedition of Humphry Clinker

« Le pain que je mange à Londres est une pâte délétère, mélangée de craie, d'alun et de cendres d'os, insipide au goût et destructive pour la constitution. Les bonnes gens n'ignorent pas cette adultération ; mais ils la préfèrent au bon pain car elle est plus blanche que l'original fait de farine de blé. Ils sacrifient ainsi leur goût et leur santé… à la plus absurde satisfaction du plaisir de leur courte vue ; et tant le meunier que le boulanger doit s'obliger à les empoisonner de peur de faire faillite. […] Peut-être ne voudriez-vous pas croire qu'ils peuvent être assez fous pour faire bouillir leur légumes avec des pièces de laiton, pour en améliorer la couleur ; et pourtant rien n'est plus vrai […]. »

— The Expedition of Humphry Clinker

Avec l'arrivée de la révolution industrielle, la population s'est encore davantage urbanisée, et surtout les nouveaux citadins, issus de la classe ouvrière, ont besoin que les denrées qu'ils ne peuvent produire leur soit vendues à bas prix. La nourriture est de plus en plus souvent adultérée au XIXe siècle, d'autant qu'il n'y a alors que peu de lois l'interdisant et très peu de moyens scientifiques de détecter sûrement l'altération. Le lait est coupé d'eau puis recoloré, le thé réutilisé… Les vendeurs de l'époque proposent alors plus de 80 colorants artificiels, certains destinés initialement à la teinture des tissus[4]. Nombre d'entre eux sont toxiques, sans qu'on le sache nécessairement à l'époque. Parmi les exemples les plus notables :

  • de l'oxyde de plomb (Pb3O4, rouge) et du cinabre (HgS, vermillon) sont utilisés pour colorer les fromages et pâtisseries, alors que les métaux lourds qu'ils contiennent (plomb et mercure) sont très toxiques ;
  • du vert de Scheele, tout aussi nocif (hydrogénoarsénite de cuivre, CuHAsO3), est utilisé pour re-colorer les feuilles de thé usagées pour pouvoir les revendre. Le pigment a également causé au moins deux morts lorsqu'il a été utilisé pour colorer un dessert en 1860[4] ;
  • en 1851, environ 200 personnes sont empoisonnées (17 mortellement) à la suite de l'ingestion de pastilles pour la toux adultérées[2].

La mauvéine, le premier pigment artificiel, est synthétisée en 1856, et le développement de couleurs vives à bas prix, accompagné d'un effet de mode, répand l'usage de colorants dans la nourriture à travers l'Europe et les États-Unis dans de nombreuses préparations populaires, y compris le ketchup, la moutarde, les gelées et le vin[5].

Des inquiétudes sur la dangerosité des denrées alimentaires altérées conduisent à l'apparition de règlementations, nationales puis internationales. En Allemagne, une loi signée en 1882 interdit l'ajout de certains métaux dans la nourriture (notamment l'arsenic, le cuivre, le chrome, le mercure, le plomb et le zinc, souvent utilisés dans les colorants)[6]. Aux États-Unis, le Pure Food and Drug Act de 1906 réduit la liste des colorants autorisés de 700 à seulement 7 colorants. La première directive européenne réglementant l'usage des colorants (62/2645/EEC) date de 1962 et liste 36 colorants autorisés (20 naturels et 16 synthétiques)[7]. Elle a depuis été remplacée[8].

Règlementation

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Du roucou ( E160b ) , une plante qui est couramment utilisée en tant que colorant alimentaire dans certains fromages tels que le cheddar

Principe

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Les premières lois règlementant l'usage de certaines substances dans la nourriture listent les ingrédients interdits, contrairement aux règlementations actuelles dont les listes sont positives et listent les ingrédients permis - tout ingrédient non explicitement autorisé est supposé interdit. Leur but reste cependant le même : d'abord assurer la protection des consommateurs, ensuite ne pas entraver l'intérêt commercial. Lorsqu'un colorant s'avère nocif, il est retiré des listes autorisées ou sa dose journalière admissible est abaissée de manière à ne pas exposer les consommateurs à des doses dangereuses de ces matières.

La règlementation permet également de définir précisément les colorants dans un cadre légal. La directive européenne 94/36/EC[9] définit ainsi les colorants :

« […] on entend par « colorants » des substances qui ajoutent ou redonnent de la couleur à des denrées alimentaires; il peut s'agir de constituants naturels de denrées alimentaires ou d'autres sources naturelles, qui ne sont pas normalement consommés comme aliments en soi et ne sont pas utilisés habituellement comme ingrédients caractéristiques dans l'alimentation. »

Différents organismes fixent les listes de colorants autorisés en fonction des pays : en Europe, c'est le parlement européen et le conseil, sur avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), aux États-Unis c'est la FDA. Par ailleurs, le codex Alimentarius élaboré collectivement et édité par les Nations unies définit un cadre qui, sans être légalement contraignant, sert de base à la plupart des règlementations nationales actuelles.

Aux États-Unis, le sigle « FD&C » (indique que l'additif est approuvé comme colorant alimentaire, pour les médicaments et cosmétiques) suivi du nombre considéré est donné pour les composés artificiels, tandis que l'Union européenne utilise le préfixe E[10] suivi du numéro international (INS adopté par la commission du codex Alimentarius[11]).

Les colorants alimentaires sont testés par différents organismes à travers le monde qui donnent parfois des avis différents sur leur innocuité, menant à des règlementations différentes. Ainsi, le Rouge citrus n°2 est interdit en Europe, autorisé aux États-Unis, alors que l'Amarante est autorisée en Europe et interdite aux États-Unis. La règlementation évolue aussi avec le temps : certains colorants autrefois autorisés ont été interdits lorsque leur nocivité a été avérée. Pour qu'un nouveau colorant puisse être listé, il doit maintenant faire la preuve de son innocuité.

Bien que des études de 1999 et 2002 n'aient montré aucun lien entre le trouble déficitaire de l'attention / hyperactivité et les colorants alimentaires[12],[13], une étude de 2008 suggère que six colorants (E102 Tartrazine, E104 Jaune de quinoléine, E110 Jaune orangé, E122 Azorubine, E124 Rouge cochenille A et E129 Rouge allura[14]) pourraient, lorsqu'ils sont associés à des conservateurs du type benzoates (E210 acide benzoïque, E211 benzoate de sodium, etc.), modifier les paramètres d'attention des enfants diagnostiqués TDAH. Les personnes souffrant de TDAH seraient touchées au même titre que le reste de la population[15]. En 2008, l'EFSA ne tient cependant pas entièrement compte de ces études, invoquant un manque de rigueur dans la recherche[16] : ces colorants doivent être assortis en France et en Allemagne d'une mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants », mais restent autorisés.

En 2007, la Commission européenne a interdit l'utilisation du colorant rouge alimentaire Rouge 2G (E128) car son innocuité pour la santé n'était plus prouvée[17].

Familles

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Il existe plusieurs types de colorants alimentaires autorisés en alimentation : les colorants naturels (ex. : le vert de la chlorophylle), les colorants dérivés des colorants naturels (modifiés par le processus d'extraction ou un traitement chimique ultérieur, comme la norbixine ou les chlorophyllines), les colorants de synthèse fabriqués par l'industrie chimique qui comprend les colorants « identique nature » (qui existent dans la nature, mais produits industriellement, comme l'astaxanthine) et les colorants artificiels (qui n'ont pas d'équivalent dans la nature et sont généralement dérivés de la pétrochimie).

Liste des colorants alimentaires affectés d'un numéro E

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La première liste des colorants alimentaires leur attribuant un numéro E se trouve à l'annexe I de la directive 62/2645/EEC de 1962. Les colorants sont alors « triés », d'abord par couleur :

  • jaune ↔ E10x ;
  • orange ↔ E11x ;
  • rouge ↔ E12x ;
  • bleu ↔ E13x ;
  • vert ↔ E14x ;
  • brun ↔ E150 ;
  • noir ↔ E15x ;
  • nuances diverses ↔ E16x ;
  • matières colorantes pour la coloration en surface seulement ↔ E17x ;
  • matières colorantes pour certains usages seulement ↔ E18x.

À cette liste se sont ajoutées d'autres substances, dont certaines figuraient alors à l'annexe II (liste des matières colorantes dont l'usage était temporairement autorisé pour un délai de trois ans en raison de leur usage de fait — durée supposée être de transition). Par exemple, l'érythrosine, depuis affectée du numéro E127. D'autres n'ont reçu de permission que temporairement : ainsi le jaune chrysoïne S (alcannine) est inscrit aux deux annexes : à l'annexe I (substance autorisée) figure le « jaune chrysoïne S » sous le numéro E103, à l'annexe II (substance temporairement autorisée pour trois ans) figure l'orcanette, extrait de la racine d'alcanna tinctoria. C'est pourtant la même substance, finalement interdite en 1978 pour l'usage alimentaire car toxique.

No  Nom(s) Couleur(s) Commentaire(s)
E100 Curcumines
 
La curcumine est le pigment principal du curcuma, tous les deux peuvent être utilisés comme additifs dans de nombreuses préparations[18].
E100(i) Curcumine Jaune La curcumine désigne le composé chimique purifié.
E100(ii) Curcuma Jaune Le curcuma est la plante dont est extraite la curcumine.
E101 Riboflavines
 
Également appelée lactoflavine, cette vitamine est autorisée dans de nombreuses préparations[19]. Sa DJA est de 0,5 mg/kg mc[20].
E101(i) Riboflavine (vitamine B2) Jaune Obtenue par synthèse chimique
E101a(ii) Riboflavine-5′-phosphate Jaune Dérivé phosphaté de la vitamine, également produit in vivo à partir de la riboflavine par réaction enzymatique. La forme sodique porte le numéro E106.
E101(iii) Riboflavine Jaune Produite par fermentation bactérienne à partir de bacillus subtilis.
E102 Tartrazine
 
Jaune
Colorant azoïque de synthèse, la tartrazine est autorisée, d'après le codex Alimentarius, à hauteur de 50 mg/kg dans les soupes et potages. Sa DJA est de 7,5 mg/kg de mc/jour. Elle a été un temps interdite dans certains pays, mais la plupart ont levé cette interdiction à la suite des effets de la mondialisation[21]. Son usage doit s'accompagner en France de la mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants ».
E103 Chrysoïne S Jaune L'alkannine, ou jaune chrysoïne S, est un colorant naturel brun-rouge extrait de l'orcanette des teinturiers. Toxique, il est interdit depuis 1978.
E104 Jaune de quinoléine Jaune Le jaune de quinoléine est un colorant de synthèse. Sa DJA est de 10 mg/kg mc. Il est interdit au japon et dans l'alimentation aux États-Unis[22]. Son usage doit s'accompagner en France de la mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants ».
E105 Jaune solide Jaune Le jaune solide est un colorant azoïque de synthèse. Toxique (et notamment allergisant), il n'est plus utilisé ni en Europe, ni aux États-Unis[23].
E106 5'-Phosphate sodique de riboflavine Jaune Voir aussi E101a(ii) : Il s'agit de la forme sodique du phosphate de riboflavine, plus soluble dans l'eau.
E107 Jaune 2G Jaune Le jaune 2G est un colorant azoïque de synthèse. Fortement allergisant, son usage est interdit.
E110 Jaune orangé S
 
Orange
Colorant de synthèse, le jaune orangé sunset est autorisé dans de nombreux produits d'après le codex Alimentarius, à hauteur de 400 mg/kg au maximum. Sa DJA est de 2,5 mg/kg mc[24]. Son usage doit s'accompagner en France de la mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants ».
E111 Orange GGN,

orange d'α-naphtol

Orange Colorant issu de la chimie du pétrole, il est interdit d'usage alimentaire depuis 1978 en raison de la découverte de sa toxicité.
E120 Acide carminique

(ou carmin)

 
Rouge
Aussi appelé rouge de cochenille, ce colorant d'origine naturelle est utilisé dans un grand nombre de préparations. Le composé lui-même peut être préparé par synthèse chimique, mais le colorant alimentaire autorisé est extrait d'insectes.
E121 Rouge citrus n°2 Rouge Ce colorant synthétique azoïque est encore utilisé aux États-Unis pour colorer la peau des oranges, mais il est interdit dans l'Union européenne.
E122 Azorubine

(ou carmoisine)

Rouge Colorant de synthèse, sa DJA est de 4 mg/kg mc. Son usage doit s'accompagner en France de la mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants ». Il est interdit aux États-Unis[25].
E123 Amarante Rouge Colorant azoïque synthétique, l'amarante est interdite aux États-Unis en raison de sa toxicité. En Europe, sa DJA a été abaissée à 0,15 mg/kg mc en 2010[26].
E124 Ponceau 4R,

rouge cochenille A

Rouge Ce colorant azoïque de synthèse remplace parfois le rouge de cochenille (E120) car il est moins cher. Sa DJA a été revue à la baisse à 0,7 mg/kg mc en Europe, il est interdit aux États-Unis, et son usage doit s'accompagner en France de la mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants »[27].
E125 Ponceau SX,

écarlate GN

Rouge Ce colorant synthétique toxique est maintenant interdit pour l'usage alimentaire.
E126 Ponceau 6R Rouge Colorant azoïque synthétique, le ponceau 6R est interdit dans l'Union européenne depuis 1977.
E127 Érythrosine Rouge Colorant de synthèse, sa DJA est de 0,1 mg/kg mc[28]. Elle est autorisée à hauteur de 200 mg/kg au maximum dans les cerises confites d'après le codex Alimentarius.
E128 Rouge 2G Rouge Colorant azoïque de synthèse, il est maintenant interdit en raison de sa toxicité.
E129 Rouge allura AC
 
Rouge
Colorant azoïque issu du pétrole, sa DJA est de 7 mg/kg mc[29]. Il est autorisé par le codex Alimentarius à hauteur de 300 mg/kg dans de nombreuses préparations.
E130 Manascorubine

(ou bleu d'indanthrène)

Bleu Colorant synthétique issu de l'anthracène, il est interdit depuis 1977.
E131 Bleu patenté V
 
Bleu
Colorant issu de la pétrochimie, il n'est pas listé par le codex Alimentarius. Il est autorisé en Europe, mais pas aux États-Unis.
E132 Carmin d'indigo

(indigotine)

 
Bleu
Le carmin d'indigo est le dérivé synthétique (par sulfonation) d'un composé naturel extrait de l'indigo, l'indigotine. Sa DJA est de 5 mg/kg mc[30].
E133 Bleu brillant FCF
 
Bleu
Colorant synthétique, sa DJA est de 6 mg/kg mc (elle a été deux fois revue à la baisse, en 1984 et en 2010)[31]. Il est notamment employé dans certaines confiseries et dans le curuaço.
E140 Chlorophylles et chlorophyllines
 
Vert
Les chlorophylles sont les pigments naturels des plantes, qui leur servent à la photosynthèse.
E140(i) Chlorophylles Vert Colorant naturel extrait de plantes vertes
E140(ii) Chlorophyllines Vert Obtenues par saponification des chlorophylles, pour les rendre plus solubles dans l'eau.
E141 Complexes cuivre-chlorophylles et chlorophyllines Vert Les complexes cuivriques sont obtenus à partir des chlorophylles et chlorophyllines par addition de sels de cuivre, de manière à les stabiliser. La chlorophylline naturel chélate un ion magnésium, celui-ci est remplacé par du cuivre. Leur DJA est de 15 mg/kg mc.
E141(i) Chlorophylles Vert Dérivé au cuivre du colorant naturel extrait de plantes vertes.
E141(ii) Chlorophyllines Vert Dérivé au cuivre des chlorophyllines.
E142 Vert acide brillant BS, vert lissamine Vert Colorant de synthèse, sa DJA est fixée à 5 mg/kg mc en Europe[32]. Il est interdit au Canada, aux États-Unis et au Japon. Il n'est pas listé aux codex Alimentarius.
E143 Vert solide FCF
 
Vert - bleu
Colorant de synthèse, il est listé au codex comme pouvant être ajouté à hauteur de 100 mg/kg dans de nombreuses préparations, et jusqu'à 600 mg/kg dans les compléments alimentaires. Il est en revanche interdit dans l'Union européenne[33].
E150 Caramel
 
Nuances orangé à marron
Le colorant caramel est à distinguer du caramel naturel, les procédés d'obtention industriels pouvant largement différer de la simple cuisine. Les quatre types existant diffèrent tant par la couleur que par le procédé d'obtention. La DJA est de 300 mg/kg mc pour l'ensemble de ces colorants[34].
E150a Caramel ordinaire Jaune orangé Préparé par chauffage de glucides, éventuellement en présence de soude ou d'acides.
E150b Caramel de sulfite caustique Jaune orangé Préparé par chauffage de glucides, en présence de sulfites, et éventuellement également de soude ou d'acides. Sa DJA est de 160 mg/kg mc.
E150c Caramel ammoniacal Gris - marron Préparé par chauffage de glucides, en présence de composés d'ammonium, et éventuellement également de soude ou d'acides. Sa DJA est de 100 mg/kg mc.
E150d Caramel au sulfite d'ammonium Gris - marron Préparé par chauffage de glucides, en présence de composés d'ammonium et de sulfites, et éventuellement également de soude ou d'acides. C'est la classe la plus utilisée (plus de 70 % de la production). Sa DJA est de 200 mg/kg mc.
E151 Noir brillant BN, noir PN Noir Colorant de synthèse issu du pétrole, il est autorisé dans l'Union européenne mais non listé au codex Alimentarius (et interdit par défaut aux États-Unis). Sa DJA est de 5 mg/kg mc[35].
E152 Noir de carbone
 
Noir
Colorant issu du pétrole, il est interdit pour l'usage alimentaire.
E153 Charbon végétal
 
Noir
Charbon actif obtenu par calcination de matières végétale, c'est un colorant autorisé dans l'alimentation biologique.
E154 Brun FK
 
Noir
D'usage d'abord restreint en raison d'absence de preuve de son innocuité, ce mélange de colorants synthétiques a été réintroduit en Europe à la suite de l'harmonisation de la règlementation européenne, puis de nouveau abandonné pour son peu d'intérêt commercial[36]. Avant son abandon, il n'était pratiquement utilisé que pour la coloration des harengs fumés (Kipper).
E155 Brun chocolat HT Noir Colorant azoïque synthétique issu de la pétrochimie, sa DJA est de 1,5 mg/kg mc en Europe[37]. Il est interdit aux États-Unis et au Canada.
E160 Caroténoïdes
 
Nuances rouge et orange
Les caroténoïdes sont une famille de pigments naturels que l'on retrouve entre autres dans les abricots, les carottes ou les langoustes.
E160a β-carotène Orange Le β-carotène est un caroténoïde courant, que l'on retrouve notamment dans les carottes. Le classement i-iv précise l'origine du colorant.
E160a(i) β-carotène Orange Produit par synthèse, isomère tout-trans avec de faibles quantités d'impuretés. DJA 5 mg/kg mc[38].
E160a(ii) Caroténoïdes extraits de légumes Orange Extrait de légumes (carottes, luzerne, autres végétaux comestibles)
E160a(iii) β-carotène Orange Extrait du champignon de type moisissure Blakeslea trispora. DJA de 5 mg/kg mc[38].
E160a(iv) β-carotène Orange Extrait par huile essentielle d'algues Dunaliella salina.
E160b Rocou (ou annatto)
 
Orange
Le rocou est une plante riche en caroténoïdes et apocaroténoïdes. Son huile et ses dérivés, la bixine et la norbixine, sont admis en agriculture biologique[39]. Sa DJA est de 0,6 mg/kg mc.
E160b(i) Bixine (rocou) Orange La bixine est extraite du rocou par solvants.
E160b(ii) Norbixine (rocou) Orange La norbixine est produite à partir de la bixine du rocou par hydrolyse alcaline.
E160c Extrait de paprika
 
Orange
L'oléorésine de paprika, riche en capsanthéine et capsorubine (colorants rouge orangé) est parfois aussi utilisée comme arôme.
E160d Lycopène
 
Orange
Ce colorant d'origine naturelle peut éventuellement être obtenu à partir de sources OGM[40].
E160d(i) Lycopène Orange Synthétique
E160d(ii) Lycopène Orange Extrait par solvants à partir de tomates rouges
E160d(iii) Lycopène Orange Extrait de Blakeslea trispora (champignon de type moisissure)
E160e Caroténoïde Piment ou Apocaroténal 8' (C30) Rouge Colorant considéré comme sans danger, il est utilisé dans une large gamme de préparations culinaire. Son mode de préparation est incertain, il peut être produit par synthèse ou par extraction. Sa DJA est de 0,3 mg/kg mc[41].
E160f Ester éthylique de l'acide -apocaroténique-8' (C30) Orange Dérivé du E160e, sa DJA est de 5 mg/kg mc[42].
E161 Xanthophylle Jaune Les xanthophylles sont une famille de colorants de type caroténoïde. Ils peuvent être synthétiques ou extraits de plantes.
E161a Flavoxanthine Jaune Colorant naturel d'usage limité, non listé dans l'Union européenne ou dans le codex Alimentarius.
E161b Lutéine Jaune La lutéine est un colorant jaune que l'on retrouve notamment dans les œufs.
E161b(i) Lutéine purifiée Jaune Composé purifié issu de Tagetes erecta (rose d'inde)
E161b(ii) Extrait brut Jaune Extrait brut de Tagetes erecta
E161c Cryptoxanthine Jaune D'origine naturelle, elle est peu utilisée comme colorant (et non listée tant au codex que dans l'Union européenne), davantage comme complément alimentaire[43].
E161d Rubixanthine Jaune D'origine naturelle, elle est peu utilisée comme colorant (et non listée tant au codex que dans l'Union européenne).
E161e Violaxanthine Jaune Colorant naturel d'usage limité, non listé dans l'Union européenne ou dans le codex Alimentarius.
E161f Rhodoxanthine Rouge Colorant naturel d'usage limité, non listé dans l'Union européenne ou dans le codex Alimentarius.
E161g Canthaxanthine Orange Bien que la canthaxanthine existe dans la nature, c'est la forme synthétique qui est utilisée comme colorant alimentaire. Sa DJA est de 0,03 mg/kg mc, mais l'apport alimentaire est plutôt du aux compléments alimentaires qu'à sa présence comme colorant[44].
E161h Zéaxanthine Orange rouge La zéaxanthine est un colorant similaire à la lutéine. De fait elle est davantage utilisée comme complément alimentaire que comme colorant.
E161h(i) Zéaxanthine Orange rouge Obtenu par synthèse
E161h(ii) Zéaxanthine Orange rouge Origine naturelle, riche en extrait de Tagetes erecta.
E161i Citranaxanthine Orange rouge Colorant d'origine naturelle, elle n'est pas utilisée dans l'alimentation humaine, mais peut être ajoutée à l'alimentation animale, spécialement des volailles, pour en colorer les produits[45].
E161j Astaxanthine Rose L'astaxanthine est produite industriellement à partir de micro-algues, éventuellement OGM. Elle n'est pas utilisée directement dans l'alimentation humaine, mais peut être ajoutée à l'alimentation animale, notamment pour colorer la chair des saumons.
E162 Rouge de betterave, bétanine Rouge
E163 Anthocyanes
 
Dépendant du pH - rouge à violacé aux pH rencontrés dans l'alimentaire.
Pigments naturels de fleurs, de feuilles, de fruits. La lettre spécifie le composé chimique, le classement i-v précise l'origine du colorant. La couleur du colorant peut dépendre des conditions physico-chimiques (notamment le pH). Si les molécules elles-mêmes sont des anti-oxydants auxquels on soupçonne des propriétés bénéfiques pour la santé humaine, le colorant alimentaire est également autorisé sous forme de laque aluminique, et peut contenir une grande quantité de sulfites[46].
E163(i) Origine non spécifiée
E163(ii) Extrait de peaux de raisin, c'est le seul colorant E163 répertorié par le codex Alimentarius. Sa DJA est de 2,5 mg/kg mc.
E163(iii) Extrait de cassis
E163(iv) Colorant du maïs pourpre
E163(v) Colorant du chou rouge
E163a Cyanidine Pigment relativement instable présent dans les fruits rouges.
E163b Delphinidine
E163c Malvidine
E163d Pélargonidine
E163e Péonidine Le nom de ce colorant vient de la pivoine, dont il est l'un des pigments.
E163f Pétunidine Colorant d'abord identifié dans le pétunia, bien qu'il ne joue pas un rôle déterminant dans sa couleur.
E164 Jaune de gardénia
 
Jaune orangé
Colorant naturel de type caroténoïde composé de crocine et de crocétine, on le retrouve entre autres dans le safran - c'est le principal responsable de la couleur de celui-ci. Il n'est pas autorisé dans l'Union européenne.
E165 Bleu de gardénia Bleu
E166 Bois de santal
 
Rouge
Le bois de santal n'est pas listé comme additif par l'Union européenne, il est cependant autorisé aux États-Unis et au Canada.
E170 Carbonate de calcium
 
Blanc
Les carbonates de calcium sont des pigments minéraux blancs, issus de la craie, dont l'usage dans les denrées est relativement ancien - comme en témoigne Tobias Smollett, on l'utilisait déjà au XVIIIe siècle pour blanchir le pain.
E170(i) Carbonate de calcium Blanc
E170(ii) Carbonate acide de calcium Blanc
E171 Oxyde de titane,

dioxyde de titane,

 
Blanc
Le dioxyde de titane est un colorant minéral blanc qui, outre ses applications comme colorant alimentaire, a des applications en cosmétique (notamment dans les crèmes solaires) et produits pharmaceutiques. Il n'a pas de dose journalière admissible, mais son innocuité est de plus en plus remise en cause.
E172 Oxyde et hydroxyde de fer Blanc, rouge, argent, or (diverses)
E172(i) Oxyde de fer Noir
E172(ii) Oxyde de fer(III)
 
Rouge
E172(iii) Oxyde de fer Jaune
E173 Aluminium
 
Métal
E174 Argent
 
Métal
E175 Or
 
Or
En raison de son prix, l'or est peu utilisé dans l'agroalimentaire, il est cependant listé au codex et autorisé dans l'Union européenne dans l'enrobage de confiseries, les décorations de chocolat, et dans les liqueurs[47]. Sa toxicité est mal connue sous ces formes ingérées : il est chimiquement très peu réactif sous sa forme métallique, mais susceptible d'être bio-accumulé.
E180 Lithol-rubine BK Rubis Colorant azoïque synthétique, la lithol-rubine BK n'est autorisée pour usage alimentaire que dans les croûtes de certains fromages. Elle a des applications en cosmétique, notamment dans les rouges à lèvres.
E181 Tannin, acide tannique
 
Rouge brun
E182 Orcéine
 
Rouge violet

Notes et références

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  1. (en) Harry Meggos, Food colours: an international perspective, The Manufacturing Confectioner, , p. 59–65.
  2. a b et c (en-GB) « Foods Colours Legislation - full article - NATCOL », sur NATCOL, (consulté le )
  3. (en) « The Expedition of Humphrey Clinker », sur Project Gutenberg (consulté le )
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