Coupe au carré
La coupe au carré est une coupe de cheveux où les cheveux sont coupés court selon une ligne rectiligne autour de la tête ou au niveau de la mâchoire[style à revoir], parfois de façon asymétrique et souvent avec une frange sur le front.
À travers l'histoire, le terme a désigné différents types de coupes comme une variante classique de la coupe à la garçonne (dite carré garçonne), puis la coupe au bol.
Histoire
modifierCette coupe apparaît sous forme de perruque durant l'Antiquité. Au Moyen-Âge, cette coiffure est portée par les hommes[1].
Historiquement, les Occidentales ont habituellement porté les cheveux longs même si des jeunes filles, des actrices et quelques femmes « avancées »[pas clair] ou à la mode ont porté les cheveux courts avant la Première Guerre mondiale[2],[3],[4],[5]. En 1910, par exemple, l'actrice française Polaire est décrite comme ayant « une masse de courts cheveux sombres »[6], une coupe qu'elle avait adoptée au début des années 1890. Ce style n'était généralement pas considéré comme respectable[7], jusqu'à l'impulsion donnée par les inconvénients des cheveux longs pour les femmes engagées dans l'effort de guerre[8],[9]. La célèbre Lady Diana Cooper, qui avait eu une coupe « bob » quand elle était enfant, l'a conservée dans son adolescence, puis comme adulte en 1914. Mais avant la guerre, porter les cheveux courts est précurseur et peu à la mode[10].
Après la Première Guerre mondiale
modifierLa célèbre danseuse Irene Castle lance le « castle bob » auprès du public américain en 1915. À partir de 1920, ce style est rapidement devenu à la mode[11]. Cette coupe arrive alors au niveau de la mâchoire[12].
Rendu populaire par les stars du cinéma Colleen Moore et Louise Brooks dans les années 1920, il était alors encore considéré comme une sorte de déclaration d'indépendance des jeunes femmes, les personnes plus âgées étant habituées à voir les femmes en robes longues avec de lourdes coiffures. Ainsi, ce carré, dit « à la garçonne », est coupé au niveau des oreilles[13]. Celles qui portent alors une telle coupe affirment leur audace face aux conventions établies[14] et faire apparaitre sa nuque reste une forme d'érotisme, le tout adapté au style androgyne qui domine la mode et aux larges encolures des robes de l'époque[10].
Aux États-Unis, cette coupe est une marque de reconnaissance d'un style de vie revendicatif féministe : les flappers. Les coiffeurs, dont la formation consistait pour l'essentiel à apprendre à arranger et à faire boucler ces longs cheveux, ont été lents à réaliser que les coupes courtes étaient là pour durer et dans de nombreuses villes les femmes ont dû s'adresser aux coiffeurs pour hommes pour se faire couper les cheveux[15],[16]. Bien qu'étant une forme de rejet des coiffures compliquées d'avant-guerre, la coupe au carré nécessite malgré tout un entretien régulier chez le coiffeur, mais avec des séances plus courtes qu'à l'habitude[17],[14].
Bien que dès 1922, le spécialiste mode du Times ait suggéré que la coupe « bob » appartenait au passé[18], au milieu des années 1920 ce style était encore la coiffure féminine dominante dans le monde occidental (sous différentes formes, souvent avec une raie sur le côté, des boucles ou des ondulations, et sur la nuque « à la garçonne »), bien que parfois associé à des pratiques lesbiennes[10]. Il s'est même répandu au-delà, les femmes qui rejetaient leurs rôles traditionnel l'adoptant comme signe de modernité[19]. Les chapeaux cloches, également devenus populaires ne peuvent. être portés avec des cheveux longs. Ils sont portés notamment par les actrices américaines Clara Bow et Joan Crawford, ainsi que par la Néerlandaise Truus van Aalten.
Avec l'arrivée des années 1930, les femmes commencent à laisser à nouveau pousser leurs cheveux et les lignes nettes des coiffures courtes ont été abandonnées[20]. Celles qui gardent le carré le coupent au niveau des épaules[13].
Années 1960
modifierCette coupe a été adaptée et réutilisée par le coiffeur britannique Vidal Sassoon dans les années 1960 sous le nom de coupe « bob »[21]. Sa réactualisation des coupes des années 1920, qu'il réalise parfois asymétriques, courtes, carrées et sans mise en plis, en font un symbole d'une forme de coupe au carré[22].
Années 1980
modifierPour cette époque, cette coupe est coupée et coiffée de manière arrondie, et ressemble à une coupe au bol[13].
Retour dans les années 2000
modifierC'est l'époque du carré plongeant[13].
Types
modifierPour plusieurs coiffeurs, les cheveux jusqu'aux épaules sont mi-longs, au-delà, ils sont longs. Une coupe au carré est donc généralement mi-longue[23],[24].
Carré classique à la garçonne
modifierLe carré à la garçonne de Louise Brooks dans les années 1920-1930 reste la coupe de référence avec une frange nette au-dessus des sourcils et une raie centrale sur le dessus de la tête ; la limite de la frange est située au niveau de l'extrémité des sourcils et les boucles de cheveux viennent sur les joues. À l'arrière, les cheveux sont coupés en V[Information douteuse] au niveau des oreilles[13] et un rasage de la nuque est nécessaire[14].
Carré au bol
modifierSa caractéristique la plus notable est la frange[25].
Elle est associée au coiffeur Vidal Sassoon (en compagnie de nombreuses variantes du carré) qui en a créé une variante dans les années 1960 pour la styliste Mary Quant[26]. Rapidement adoptée par des célébrités britanniques, elle devient aussi à cette époque la coupe de Danièle Gilbert et Mireille Mathieu[26].
Après être relativement passée de mode, la coupe au bol revient au cours des années 2000 et 2010 en étant portée par, entre autres, Rihanna, Carey Mulligan et Agyness Deyn[27].
Carré classique droit
modifierDans cette coupe créée par Franck Provost et Jacques Dessange durant les années 1960, les cheveux sont coupés tout droit, sans asymétrie[28].
Carré plongeant
modifierÀ l'inverse du carré droit, les cheveux sont courts à l'arrière et plus longs devant, ce qui donne une impression circulaire à la coupe. Les différentes mèches, situées entre l'arrière et l'avant de la tête, sont ainsi coupées avec des longueur différentes. L'arrière peut être plus ou moins long selon le degré de plongeant recherché, la nuque pouvant être ou non tondue ou rasée[29].
Carré asymétrique
modifierCette coupe consiste à avoir un côté (droit ou gauche) coupé plus court que l'autre, créant ainsi une forme asymétrique au visage. Cette coupe peut aussi être coupée de façon droite ou en carré plongeant. Un sidecut peut parfois être ajouté afin d'augmenter davantage le côté asymétrique du carré.
Galerie
modifier-
Louise Brooks en 1922.
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Katy Perry en 2009.
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Anna Wintour en 2005.
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Rihanna en 2011.
Références
modifier- « La tête au carré, de Cléopâtre à nos jours », sur Le Temps (consulté le )
- L'auteure anglaise Mary Vivian Hughes (en) dit qu'elle avait « les cheveux ras » quand elle était professeure à l'école de filles de Kensington en 1890 ((en) M. V. Hughes, A London Home in the Nineties(1946), O.U.P.)
- Dans Les Hêtres rouges d'Arthur Conan Doyle(1892), on demande à une jeune gouvernante de couper sa luxuriante chevelure comme condition de son engagement. Bien que réticente, elle ne considère pas cette requête comme impensable, commentant « Beaucoup de gens s'améliorent en les portant courts, et peut-être que je devrais être de ce nombre » (Many people are improved by wearing it short, and perhaps I should be among the number.).
- (en) "The Outbreak in St. Petersburg", The Times, 31 janvier 1905, p. 3; Issue 37618; col. E. : Une femme de la noblesse russe raconte avoir été prise dans une émeute après le meurtre d'un général : « Je tombai juste au milieu d'une foule de voyous qui criaient Hourra ! Ils étaient presque sur moi, et… j'ai crié moi-même Hourra !, avec les yeux qui me sortaient de la tête de terreur. Sans aucun doute, à cause de mes cheveux courts, ils me prirent pour une étudiante, et certains des pires me sourirent d'un air encourageant. »
- The Times, 28 juillet 1911, p. 8, Issue 39649, col. A. Un journaliste couvrant le premier Congrès universel des races, un événement multiracial organisé à Londres, remarque l'allure décalée des délégués britanniques : « Je ne peux pas dire si les représentants des autres pays sont globalement normaux ou anormaux, mais il est évident que les anglo-saxons présents ici ne sont pas représentatifs de l'homme de le rue… Il y a des hommes aux cheveux longs, des femmes aux cheveux courts… »
- The Times, 8 mars 1910, p. 12
- Dans une nouvelle américaine de 1906 une femme ayant désespérément besoin d'argent est obligé de vendre sa chevelure. Elle craint la réaction de son mari, pensant qu'il va considérer sa coupe courte comme vulgaire : « Si Jim ne me tue pas, se dit-elle, avant de jeter un second regard sur moi, il dira que je ressemble à une des danseuses de revue de Coney Island. » (O. Henry, The Gift of the Magi,1906)
- The Times, 21 novembre 1916, p. 15, Issue 41330, col. G. Une anglaise conduisant des ambulances en Roumanie écrit : « Nous avons abandonné les jupes et vivons en culottes de cheval, blouse, tunique, bottes et caoutchoucs ; l'absence de chapeaux et les cheveux courts sont confortables. »
- The Times, 5 août 1918, p. 10; Issue 41860; col E. Article titré : 'The Girl On The Farm' : « La coupe "bob" de beaucoup de filles de la campagne et leurs sarraus répondent à cette description. »
- Fogg 2013, Le modernisme, p. 240.
- (en) New York Times, 27 June, 1920: ‘Vogue of bobbed hair’
- « Février 2019 – La controverse du carré », sur Lulu Wite (consulté le )
- « [Hair story] : l'évolution de la coupe au carré », sur jeanlouisdavid.com (consulté le )
- Fogg 2013, Le carré court - 1926 : la coiffure à la Garçonne, p. 227.
- « Original illustration »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) to FITZGERALD, F. S.:'Bernice Bobs Her Hair', Saturday Evening Post 1 May 1920
- En 1921, le New York Times a rapporté que les coiffeuses du Connecticut souhaitant faire des « bob » devaient obtenir une licence de barbier : New York Times, 23 août 1921
- Fogg 2013, Des vêtements populaires, p. 223.
- « La coupe « bob » a été incroyablement populaire ces dernières années ; elle se démode maintenant rapidement parce qu'elle est devenue commune. » The Times, jeudi 4 mai 1922, p. 11, no 43622, col E : « The Woman's View. Fashions In Hairdressing »
- En 1928, après l'échec de la tentative de coup d'état communiste à Canton, les femmes aux cheveux courts ont été visées par les représailles : « De nombreuses femmes aux cheveux courts ont été fusillées. Les jeunes communistes coupaient toutes leurs cheveux ; et dans de nombreux cas c'était accepté comme une preuve légitime de culpabilité » ; source : (en) The Times, 18 janvier 1928, p. 13
- Un critique commentant une collection de portraits pour le Times note : « Les coiffures sont dans une phase de transition. Il y a la coupe courte d'Eton, beaucoup de coupes à la garçonne et quelques têtes où on laisse pousser les cheveux. » The Times, 14 mai 1930, p. 19, Issue 45512, col. F.
- Coup de ciseau — Vidal Sassoon : coiffeur pour dames, Vanity Fair, 30 mars 2015.
- Steve Zdatny, « La coiffure dans les années 1950 et 1960 », pages 115 à 129, in : Dominique Veillon et Michèle Ruffat, La mode des sixties, Paris, Autrement, coll. « « Mémoires/Histoire » », , 280 p. (ISBN 978-2-7467-1015-3, présentation en ligne)
- « Parlez-vous le même langage que votre coiffeur ? », sur Madame Figaro, MadameFigaro, (consulté le ).
- « La différence entre cheveux longs et mi-longs », sur Cosmopolitan.fr (consulté le ).
- Description sur le site Les femmes aux cheveux courts.com
- « Le retour de la coupe au bol : les stars et les podiums s'y mettent », sur Puretrend.com (consulté le )
- « Rihanna, Carey Mulligan, Agyness Deyn : la coupe au bol Vidal Sassoon fait des émules : Les stars adoptent la coupe au bol - Beauté Plurielles.fr », sur Plurielles.fr (consulté le )
- « Carnet d'inspiration : des coupes au carré dans l'air du temps », sur marieclaire.fr, (consulté le ).
- « C’est quoi, cette folie du carré plongeant ? », sur Madame Figaro, (consulté le ).
Source
modifier- Marnie Fogg (dir.) et al. (trad. de l'anglais par Denis-Armand Canal et al., préf. Valerie Steele), Tout sur la mode : Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques, Paris, Flammarion, coll. « Histoire de l'art », (1re éd. 2013 Thames & Hudson), 576 p. (ISBN 978-2-08-130907-4)