Dany Carrel

actrice française

Dany Carrel est une actrice et chanteuse française née le à Tourane, en Indochine française (aujourd'hui Đà Nẵng, au Viêt Nam).

Dany Carrel
Description de cette image, également commentée ci-après
Dany Carrel en 1952 (Studio Harcourt)
Nom de naissance Yvonne Suzanne Chazelles du Chaxel
Naissance [1] (92 ans)
Tourane, Annam, Indochine
Nationalité Drapeau de la France Française
Profession Actrice
Films notables Des gens sans importance
La Petite Vertu
Le Pacha
Un idiot à Paris
Pot-Bouille
Porte des Lilas

Elle a tourné dans une cinquantaine de films et téléfilms des années 1950, époque où elle est rapidement devenue célèbre, aux années 1990, et a aussi joué au théâtre.

Biographie

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Jeunesse et éducation

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Dany Carrel naît le à Tourane en Indochine française sous le nom d'état civil de « Yvonne Suzanne Chazelles du Chaxel »[1],[a], des amours de Marie Yves Aimé du Chaxel[2] (1879-1935), directeur général des douanes, avec une jeune Vietnamienne prénommée Kam[3]. Elle a ensuite une sœur Alice, d'un an et demi sa cadette[3]. Lors de sa naissance, Dany Carrel est déclarée sous le nom d'Yvonne Suzanne Chazelles ; elle portera ensuite le patronyme « Chazelles du Chaxel » à la suite de démarches administratives[4]. Après la mort de son père, alors qu'elle a deux ans et demi[5], Juliette du Chaxel née de Vriès (1880-1973)[2], sa veuve, qui s'est fait nommer tutrice, l'emmène en France, laissant sa petite sœur Alice à sa mère. Elle lui affirme qu'elle est sa mère et exige qu'elle l'appelle maman[6]. Ses origines maternelles lui valent très tôt le surnom d'« Annamite » (mot désignant alors les Vietnamiens). Elle ignorera longtemps la raison de ce qu'elle considère plus comme un sobriquet que comme une marque d'affection. Après avoir vécu une année à Combs-la-Ville chez une dame qu'on lui fait appeler mémé[7],[b], elle est placée par la veuve de son père, dans l'orphelinat Saint-Joseph tenu par des sœurs de Saint Vincent de Paul, établissement situé dans le hameau des Voisins à Louveciennes[8]. Elle reste à l'orphelinat jusqu'à ses 13 ans[9]. Le curé de la paroisse de Louveciennes, l'abbé Bel, est son directeur spirituel et lui révèlera vers ses 15 ans[8] que Juliette du Chaxel n'est pas sa vraie mère[10],[6]. Elle apprendra également que sa mère biologique (Kam) s'étant mariée avec un Indochinois, elle a eu, en plus de sa sœur Alice, deux demi-frères[11].

Elle va pour la première fois au cinéma grâce à la sœur cadette de Juliette du Chaxel qui, de temps en temps, la sort de son orphelinat et l'emmène voir Arènes sanglantes[12].

Elle quitte l'orphelinat pour aller vivre à Marseille, rue Sainte[13], avec Jeanne du Chaxel, où elle est scolarisée au collège Anatole-France[8]. Sa sœur Alice l'y retrouve quelques mois avant d'être renvoyée subitement au Vietnam à l'instigation de Jeanne du Chaxel[14]. Dany Carrel se jure alors de retrouver sa sœur[15].

Elle part ensuite vivre à Paris avec Juliette du Chaxel et suit les cours du lycée Edgar-Quinet, puis suit une formation de secrétaire au cours Bobillot[8], près de la place d'Italie, où elle est pensionnaire chez les religieuses[16].

Décidée à devenir comédienne après avoir vu, à la Comédie-Française, une adaptation du roman L'Ami Fritz, des écrivains lorrains Erckmann-Chatrian, et encouragée par l'abbé Bel, elle prend des cours du soir auprès de Mme Bauer-Thérond[8], aux côtés notamment de Roger Carel et de Roger Hanin, tout en travaillant comme secrétaire pour financer ses leçons. Après de la figuration, elle commence par des rôles dans le théâtre classique, en jouant les ingénues (L'École des femmes, La Double Inconstance). Et c'est au cours d'une audition au théâtre de la Potinière qu'elle est remarquée par Fabien Colin, l'assistant[17] du cinéaste Henri Decoin[18],[8].

Carrière d'actrice

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Son nom de scène est suggéré par Henri Decoin qui l'engage pour son film Dortoir des grandes, car il juge le sien « Chazelles du Chaxel » bien trop long pour une affiche de cinéma. C'est à partir d'un manuscrit sur la vie du docteur Alexis Carrel présent sur son bureau, qu'il propose le nom de Carrel. Et l'actrice choisit le prénom de « Dany » qui ne permet aucun diminutif, à la différence des « Vovonne » ou « Vonnette » qui l'ont poursuivie durant son enfance[19]. Le film la place dans un internat de collège où se côtoient des personnalités troubles. Il sort en 1953.

Immédiatement après, le réalisateur Jean Gourguet lui confie le premier rôle dans deux films : Maternité clandestine où elle incarne une jeune femme enceinte désespérée et La Cage aux souris. où elle est à nouveau une collégienne, cette fois prise dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Puis, elle figure dans la distribution des Chiffonniers d'Emmaüs de Robert Darène, qui relate l'aventure de l'abbé Pierre : elle y est la fille de Madeleine Robinson qui lui servira de modèle le long de sa carrière[8].

Pour la première fois, elle croise Gérard Philipe, lieutenant de dragons, dans la distribution des Grandes Manœuvres, sorti en 1955, où elle est une prostituée amoureuse du lieutenant.

En 1957, dans Porte des Lilas de René Clair, elle côtoie Pierre Brasseur, Georges Brassens — pour la seule apparition du chanteur au cinéma — et Henri Vidal, puis, dans Pot-Bouille de Julien Duvivier d'après Zola, elle retrouve Gérard Philipe qui est Octave Mouret, son amant.

Mais, ayant tourné sous la direction de réalisateurs classiques, elle est déconsidérée par les critiques de la Nouvelle Vague qui investissent alors le cinéma français ; parmi eux, seul Truffaut s'excusera ultérieurement[8]. Ainsi, un temps écartée des productions françaises, elle part à Rome-Cinecittà pour deux films mineurs en 1958 (Femmes d'un été) et 1960 (Le Moulin des supplices), et apparaît dans une production de la Columbia[8] tournée en Europe, sortie en 1960 : Le Général ennemi.

Elle tourne de nombreux films jusqu'à la fin des années 1960 qui lui offrent des premiers ou des seconds rôles importants : Quai du Point-du-Jour, Du grabuge chez les veuves, Piège pour Cendrillon, Le Pacha, la Prisonnière ou Clérambard. Elle est ainsi la partenaire d'acteurs ou actrices aussi réputés que Gérard Philipe, Danielle Darrieux, Jean Gabin, Jean Marais ou Philippe Noiret.

Sur les conseils de Gérard Philipe[20], elle joue également au théâtre, notamment par l'entremise des tournées Herbert-Karsenty.

À partir du début des années 1970, elle se fait beaucoup plus rare au cinéma mais est plus présente à la télévision et au théâtre[8].

Dany Carrel se retire du monde du spectacle, en 1996, après la réalisation et la diffusion d'un téléfilm en 1995 intitulé L'Annamite, réalisé d'après son autobiographie.

Vie privée

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Dany Carrel a épousé à Antibes François Mosser[2], un administrateur de sociétés. Ils ont eu une fille, Laurence, née le [21].

En , Dany Carrel publie son autobiographie, L'Annamite, chez Robert Laffont dans la collection « Vécu ». Elle y révèle qu'elle s'est battue avec détermination contre un cancer du sein découvert en 1988[22]. Son livre sera adapté pour la télévision par Thierry Chabert[23]. Elle y évoque notamment son enfance et sa souffrance de ne pas connaître sa « vraie » mère, son père étant en outre mort lorsqu'elle avait à peine 3 ans. La publication de cette autobiographie va offrir l'occasion à Jean-Pierre Foucault[24], dans le cadre de son émission Sacrée Soirée, de faire entrer en contact la mère et la fille, pour la première fois[8].

Publication

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Filmographie

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Cinéma

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Télévision

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Théâtre

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Discographie

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Notes et références

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  1. En fonction des indications ci-dessous extraites du livre de Dany Carrel (L'Annamite), son nom à la naissance aurait été « Yvonne Suzanne Chazelles », probablement sur déclaration de sa mère. Ensuite, probablement après la mort de son père, des démarches administratives ont ensuite été entreprises par sa tutrice et « marâtre » Juliette du Chaxel, pour lui ajouter le nom exact du père « du Chaxel » à son nom de naissance existant, d'où le nom complet de naissance depuis enregistré « Yvonne Suzanne Chazelles du Chaxel ».
  2. Probablement quand même sa grand-mère paternelle car elle est déclarée comme étant la mère de Jeanne du Chaxel.

Références

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  1. a et b Les Gens du cinéma, « Fiche de Yvonne Suzanne Chazelles du Chaxel, alias Dany Carrel », sur www.lesgensducinema.com (consulté le ) : « Extrait de naissance n° 1934.MUN..00006. reçu du ministère des Affaires étrangères »
  2. a b et c Archives de Paris, mairie du 13e arrondissement, « Acte de décès no 189, cote 13D 468, vue 20/31 », sur archives.paris.fr (consulté le ) : « 
    Le à 20 h 30, est décédée en son domicile, 60 rue Vergniaud, Juliette de Vriès, née à Paris 9e, le , sans profession, fille de Aâran de Vriès et de Marianne Wafelman, époux décédés, veuve de Marie Yves Aimé du Chaxel, dressé le à 14 h 10, sur la déclaration de Yvonne du Chaxel, femme Mosser [il s'agit donc de Dany Carrel elle-même], 40 ans, sans profession […] »
  3. a et b Carrel Jaubert, p. 355, lettre de Huân, frère utérin de Dany Carrel à sa demi-sœur : « Maman a rencontré votre père lorsqu'elle avait dix-neuf-ans. Un jour, une superbe voiture s'est arrêtée juste devant la maison de maman, rue Hûng-Vuong. Maman est sortie pour la contempler. Votre père a aussitôt remarqué maman et l'a regardée avec un certain sentiment. Il était directeur général des douanes. Il a demandé à un ami vietnamien de lui présenter maman. Ainsi a commencé leur grand amour et leur vie conjugale... Maman avait vingt ans à la naissance d'Yvonne et dix-huit mois plus tard est née Alice. »
  4. Carrel Jaubert, p. 122 : « Nous allâmes à la préfecture avec mon acte de naissance. Il y était indiqué : père et mère inconnus. Je devins donc Yvonne Chazelles du Chaxel, fille d'Aimé du Chaxel. »
  5. Carrel Jaubert, p. 17 : « Ma mère (en réalité la femme de mon père) m'avait dit aussi que mon père était très bon et qu'il était mort brusquement alors que nous étions en Indochine. J'avais alors deux ans et demi. »
  6. a et b Carrel Jaubert, p. 74 : « Bien sûr que si, je suis ta mère, ma chérie ! M. le curé s'est trompé. »
  7. Carrel Jaubert, p. 10 : « Lorsque Juliette, ma mère, et Jeanne m'avaient accompagnée ici à Combs-la-Ville, elles m'avaient dit en me désignant la vieille dame : « Tu l'appelleras Mémé ! » Mémé n'était pourtant pas ma grand-mère, elle n'était que la mère de Jeanne [du Chaxel, probablement la sœur de son père, donc la belle-sœur de Juliette du Chaxel, née de Vriès]. »
  8. a b c d e f g h i j et k Yvan Foucart, « Dany Carrel (1932) [biographie] », lien brisé, consulter l'archive mentionnée ci-contre [archive du ], sur encinematheque.fr, (consulté le ).
  9. Dans ses mémoires, Dany Carrel révèle une relation saphique alors qu'elle est en pension, voir Carrel Jaubert, p. 103 : « Nos relations devinrent de plus en plus intimes. Moi-même maintenant, j'aimais véritablement Francine et lui demandais de venir me rejoindre. Un jour Francine me fit découvrir ce qu'était la jouissance. Avais-je été un peu bruyante ? L'une des filles du box ne supporta pas longtemps nos relations et nous dénonça. » Ce qui lui valut peut-être son renvoi.
  10. Carrel Jaubert, p. 59 : « Tu sais , en fait, on t'a confiée à une dame qui est responsable de toi, une tutrice. »
  11. Carrel Jaubert, p. 187 : « Notre mère s'était mariée avec un Indochinois fort cultivé qui parlait parfaitement le français. Ils avaient deux garçons et une petite fille qui mourut à trois ans, pendant le séjour d'Alice ».
  12. Carrel Jaubert, p. 48 : « Ma tante m'emmena même au cinéma des Vallées. C'était la première fois que j'entrais dans une salle. On projetait Arènes sanglantes. »
  13. Carrel Jaubert, p. 72.
  14. Carrel Jaubert, p. 85-87.
  15. Carrel Jaubert, p. 92 : « Mais je retrouverai ma sœur ! »
  16. Carrel Jaubert, p. 99.
  17. Carrel Jaubert, p. 125 : « Après quelques minutes d'attente, un homme se présente : « Bonjour, je suis Fabien Colin, l'assistant d'Henri Decoin. Nous recherchons des jeunes filles afin de jouer le rôle de collégiennes dans un film. Pourriez-vous passer au bureau de production pour y rencontrer Henri Decoin ? »
  18. Carrel Jaubert, p. à préciser.
  19. Carrel Jaubert, p. 127 : « — Quel est ton nom ? — Je m'appelle Chazelles du Chaxelles. — Non, mon petit, si tu fais le rôle, il faut changer de nom, le tien est beaucoup trop long : il prendrait une ligne entière sur une affiche ! Comment pourrais-tu t'appeler », dit-il en bougeant les papiers accumulés sur sa table. Devant lui est posé un manuscrit sur la vie du Dr Alexis Carrel. Il lit : « — Carrel... Ça ne te dirait pas, Carrel ?... C'est joli... — Carrel, j'aime bien. — Et le prénom ? — Oh, j'aimerais changer de prénom. Je m'appelle Yvonne, mais toute mon enfance on m'a appelée « Vovonne, Vonnette », c'est horrible... Je voudrais un prénom qui ne permette aucun diminutif. J'aimerais m'appeler Dany. C'est tellement court qu'on ne pourra tout de même pas dire « Dada » ou « Nini »... »
  20. Carrel Jaubert, p. 200 : « Mais fais du théâtre, hein Dany ! Surtout, fais du théâtre ! »
  21. Paris-Presse, L'Intransigeant, , p. 21 : « Dany Carrel a une fille, Laurence. »
  22. Carrel Jaubert, p. 315 : « Quelques jours après mon arrivée, en cet automne 1988, alors que je me prélassais dans mon bain, je sentis une petite boule sous mon bras... Sans angoisse, sans panique, je me tâtai à nouveau, je touchai aussi mon sein. Oui, il y avait une petite boule ! »
  23. Libération, 13 janvier 1995.
  24. Propos recueillis par S. Lag, « Souvenirs, souvenirs », sur DHnet, (consulté le ) : « Il y a également Dany Carrel, qui n'avait jamais vu sa maman ! Elle avait quitté l'Indochine sans connaître sa mère. On lui a montré une vidéo où sa maman lui parlait. C'était terrible. Elle a ensuite pris l'avion pour aller la voir. »
  25. L'actrice évoque ce film lors d'une interview donnée à François Chalais en 1960 au cours du festival de Cannes. Blessé par son partenaire, elle laisse son rôle à Magali Vendeuil. Dany Carrel à Cannes, sur ina.fr.
  26. Carrel Jaubert, p. 317 : « J'aimais les défis, chanter m'amusait, pourquoi ne pas tenter ? Je chantais « Les Je t'aime », j'avais la voix juste, mais je ne m'aimais pas plus en chanteuse que je ne m'étais aimée en actrice la première fois ou je m'étais vue sur un écran. Je décidai donc d'arrêter ma carrière de chanteuse après mon premier disque. Et pourtant, il était prévu que Gainsbourg écrive pour moi. Je préférai retourner à ma véritable passion : le cinéma. »

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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