Dattātreya
Dattâtreya (sanskrit : दत्तात्रेय, Dattātreya : « donné » (datta) — « fils d'Atri » (atreya)) est un rishi (« sage »), et une divinité hindoue en tant qu'avatar de Vishnou[1], et c'est ainsi qu'il incarne aussi la trimūrti, trinité composée de Brahmā, Vishnou et Shiva[2].
Période d'activité |
IVe siècle av. J.-C. |
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Biographie et symbolique
modifierLe nom « Dattâtreya » signifie « donné » (datta) — « fils d'Atri » (atreya)[2], c'est-à-dire « issu d'Atri »[3]. Atri est un sage (rishi) qui est aussi le père de Dattatreya. Encore jeune garçon, ce dernier quitta son foyer familial pour chercher l'Absolu, vivant nu et se comportant comme un fou. Il vivait sur les bords de la Narmadā. Il est le patron des lettrés (paṇḍit)[2],[3].
Il est toujours représenté avec quatre chiens qui symbolisent les quatre Védas[2]. Il est cité dans des textes parmi les plus anciens de l'hindouisme, notamment les Upanishads, le Mahabharata, le Ramayana et certains Purana[4].
Le Bhagavata Purana (Srimad Bhagavatam, Livre XI) mentionne vingt-quatre gurus (« maîtres »)[2] qui, selon la tradition hindoue, furent ses maîtres :
- La terre
- l'air
- l'espace ou éther
- l'eau
- le feu (Agni)
- le soleil
- la lune
- un cobra
- un pigeon
- l'océan
- un papillon-mite
- une abeille
- un éléphant
- un ours
- un daim
- un poisson
- un martin-pêcheur
- un enfant
- une jeune fille
- Pingala la prostituée, courtisane
- un forgeron
- un serpent
- une araignée
- une guêpe.
Culte
modifierIl est célébré au cours du mois de kārttika (sous le nom de Guru Datta). Mais sa fête anniversaire a lieu durant le mois de mārgashīrsha, lors de la Pakayajna (en), fête durant laquelle on offre de la nourriture cuite[3]. Un sanctuaire lui est consacré sur le mont Gurushikhara (le « mont du Guru » — c'est-à-dire de Dattâtreya[6]) dans la chaîne des Aravalli (Rajasthan)[3], et on y voit aussi un autre temple consacré, lui, à sa mère, Anasuya[7].
Par ailleurs, il est vénéré au Mahârâshtra, où il est vu comme l'incarnation de la trimūrti, et associé à la plante udumbara[3].
Œuvre
modifierOn lui attribue deux œuvres majeures[2]: l'Avadhuta Gita, qui serait une distillation de sa pensée et qui est profondément lié à l'advaïta védanta, ainsi que le Tripurā Rahāshaya (« La doctrine secrète de la déesse Tripura »). Selon Michel Hulin la Tripurā Rahāshaya appartient à la littérature tantrique ou shaktique — le shaktisme étant un courant du tantrisme privilégiant la forme féminine de l'Absolu. Mais contrairement au genre de la littérature tantrique, on n'a pas affaire ici au dialogue entre le Seigneur Suprême et la Déesse (qui est sa Parèdre) mais à une discussion — entremêlée de récits — entre un maître humain, Dattâreya, et son disciple Parashurâma. Mais ce sont là, selon M. Hulin, de « de pures figures mythologiques, au demeurant très célèbres »[9].
La Dattatreya Upanishad (en), qui porte le numéro 101 et fait partie du corpus des upaniṣad mineures, section des « Upaniṣad.s de Shiva », lui est aussi attribuée[2].
Notes et références
modifier- Porte 2012, p. 11
- « Dattatreya » in 108 upanishads, trad. et notes par Martine Buttex, Paris, Dervy, 2012, p. 1164-1165. (L'upanishad elle-même est traduite p. 683-685)
- « dattātreya » in Gérard Huet, The Sanskrit Heritage Dictionary [lire en ligne (page consultée le 5 décembre 2024)]
- (en) Hariprasad Shivprasad Joshi, Origin and Development of Dattātreya Worship in India. The Maharaja Sayajirao University of Baroda, 1965
- Shri Vasudevananda (1854-1914), Shridattareya Shodashavatar Charitanee
- (en) « Guru Shikhar — Highest Point of Aravali in Rajasthan », sur Mount Abu Official website (sur web.archive.org), (consulté le )
- (en) « Dattatreya Temple Guru Shikhar, Atri Rishi Temple », sur pilgrimaide.com (consulté le )
- (en) « Dattatreya Temple Guru Shikhar, Atri Rishi Temple », sur pilgrimaide.com (consulté le )
- Hulin 1979, p. 10; 11
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Alain Porte (Traduction et présentation), Avadhûta Gîtâ. Ma nature est béatitude - Je suis libre, Paris, Accarias - L'Originel, , 95 p. (ISBN 978-2-863-16191-3)
- Michel Hulin (Traduction du sanskrit avec introduction et notes), Tripurarahāsaya. La doctrine secrète de la déesse Tripurā (Section de la Connaissance - Jñānakhaṇḍa), Paris, Fayard, coll. « Documents spirituels » (no 20), , 232 p. (ISBN 978-2-213-00812-7, lire en ligne)
Article connexe
modifierLien externe
modifier- Dattātreya Upaniṣad, texte traduit en français à partir de la version anglaise de K. Narayanasvami Aiyar [lire en ligne (page consultée le 5 décembre 2024)]