Famille d'Abbadie d'Arrast
La famille d'Abbadie d'Arrast (autrefois de Menvielle puis d'Abbadie), est une famille subsistante d'ancienne bourgeoisie originaire du pays de Soule au pays basque français.
Famille d'Abbadie d'Arrast | |
Armes | |
Blasonnement | D'azur à une maison flanquée de deux tourelles d'argent, le tout ouvert et maçonné de sable, accompagnée de trois étoiles d'or, deux en chef et une en pointe |
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Devise | Quis ut Deus |
Période | XVIIe siècle - à nos jours |
Pays ou province d’origine | Soule |
Demeures | Château d'Elhorriaga, château d'Etchaux, château d'Abbadia |
Charges | Conseiller général, maire |
Récompenses civiles | Ordre national de la Légion d'honneur, ordre de Saint-Grégoire-le-Grand |
Récompenses militaires | Médaille militaire, Croix de guerre 1914-1918, Croix de guerre 1939-1945 |
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Elle a notamment donné deux explorateurs, Antoine d'Abbadie (1810-1897), maire d'Hendaye, qui fit construire le château d'Abbadia à Hendaye et Arnauld Michel d'Abbadie d'Arrast (1815-1893).
Histoire
modifierPierre-Marie Dioudonnat indique que la famille d'Abbadie d'Arrast est une famille d'ancienne bourgeoisie originaire de Soule où ses membres laboureurs devenus notaires possédaient à la fin de l'Ancien Régime une terre d'Arrast[1].
Gustave Chaix d'Est-Ange écrit au sujet de cette famille : « La famille d'Abbadie d'Arrast est anciennement et honorablement connue dans le pays de Soule. Elle a possédé dans ce pays l'abbaye, ou abbadie, laïque d'Arrast[Note 1] dont elle a gardé le nom. Cette abbadie n'était pas du nombre des maisons nobles qui donnaient à leurs possesseurs l'accès aux États du pays et les membres de la famille d'Abbadie d'Arrast ne figurent avec les qualifications nobiliaires dans aucun acte antérieur à la Révolution. De toute ancienneté la maison, ou abbadie, d'Arrast était de la directe de la maison noble et seigneurie d'Espès à qui elle devait chaque année un certain nombre de redevances »[2].
Il ajoute « Arnaud d'Abbadie, abbé laïque d'Arrast, né en 1646, eut pour fille aînée et pour héritière Catherine, dame d'Abbadie d'Arrast, femme de Jean de Menvielle, laboureur du village d'Angous, en Béarn. Jean de Menvielle prit, selon l'usage du pays, le nom de sa nouvelle possession et fut l'auteur de la famille d'Abbadie d'Arrast actuellement existante »[2].
Le petit-fils de Jean de Menvielle, maître Jean-Pierre d'Abbadie, abbé laïque d'Arrast, né le 4 octobre 1731, décédé le 20 fructidor an VII (6 septembre 1799) fut notaire royal au pays de Soule et le père d'Arnaud-Michel d'Abbadie, né en 1772[2].
Arnaud-Michel d'Abbadie émigra lors de la Révolution française> Il s'installa d'abord en Espagne, puis en Angleterre et en Irlande où il devint armateur et fit l'importation de vins d'Espagne. Il épousa le 18 juillet 1807 à Thurles dans le comté de Tipperary, Eliza Thompson of Park (1779-1865), fille d'un médecin[3]. Il mourut à Paris du choléra en 1832. Il eut trois fils[2] :
- Antoine d'Abbadie, né à Dublin en 1810, explorateur, membre de l'Académie des sciences en 1867, membre du bureau des longitudes en 1878, décédé sans postérité à Paris en 1897[2].
- Arnauld Michel d'Abbadie d'Arrast, né à Dublin en 1815, explorateur, marié en 1864 à Virginie Young, dont la descendance professe la religion catholique[2].
- Charles d'Abbadie d'Arrast, né à Toulouse en 1821, conseiller général des Basses-Pyrénées, marié à Marie Coulomb, dont la descendance professe la religion protestante[2].
Ajout légal du nom d'Arrast en 1891 :
En 1861, dans une lettre adressée à son frère Arnaud, Antoine d'Abbadie indique avoir consulté les archives de sa famille et en avoir étudié la généalogie des abbés laïques d'Arrast[4]. Il exprime sa nostalgie en écrivant dans ses notes: « Sans ce malheureux Concordat je signerais le présent écrit par les mots "Abbé lai d’Arrast en Soule" »[5].
Michel Arnaud et Charles Jean d'Abbadie, frères, nés en 1815 et 1821 et Arnaud Michel d'Abbadie, né en 1860 demandent le 7 août 1883 à joindre à leur nom patronymique le nom d'Arrast, afin de s'appeler légalement à l'avenir d'Abbadie d'Arrast[6]. Cette demande est autorisée par jugement du 21 février 1891 du tribunal de Saint-Palais[1].
Philippe du Puy de Clinchamps dans À quel titre? indique que La famille d'Abbadie d'Arrast n'appartient pas à la noblesse française[7].
L'abaddie d'Arrast et ses propriétaires
modifierJean-Baptiste Orpustan dans Les noms de maisons issues du latin abbatia dans le Pays Basque médiéval écrit « Si le nom de l'abbadie d'Arrat est attesté avec quelque régularité depuis le début du XVe siècle (après une citation de croisade en 1187, et trois citations du XIVe siècle, dont un acte de 1365 sur un “Bernard d’Abbadie d’Arrast” traduit et recopié en 1765), la généalogie n’est à peu près suivie qu’à partir du XVIe. Tout ceci inviterait à situer la naissance d’une maison “Abadie” à Arrast à la fin du Moyen Age, au temps de l’expansion démographique »[5].
On peut suivre les divers propriétaires de l'abbadie d'Arrast depuis Guilhem-Arnaud, qualifié sieur de l'Abbadie d'Arrast dans un acte de 1516, dont la fille et héritière, décédée avant 1517, avait épousé Johannot, sieur de la maison de Sunhary, à Arrast, et dont le petit fils, Guillaume-Arnaud, héritier des maisons de l'Abbadie et de Sunhary d'Arrast, épousa, le 31 juillet 1518, Marquésine, fille de noble homme Guilhem de Vignerte, abbé lai de Larrouy. La descendance masculine de Guillaume Arnaud s'éteignit avec Raymond d'Abbadie d'Arrast, archiprêtre de Saint-Blancard en 1656. Espagne d'Abbadie, sœur aînée de celui-ci, avait épousé à une date inconnue Arnaud d'Ayhartze qui se qualifie sieur adventice de la maison d'Abbadie d'Arrast dans un acte du 17 juin 1623. Leur petit-fils, Arnaud d'Abbadie, abbé laïque d'Arrast, né en 1646, eut pour fille aînée et pour héritière Catherine, dame d'Abbadie d'Arrast, femme de Jean de Menvielle, laboureur du village d'Angous, en Béarn[2].
Un relevé des pièces du Parlement de Navarre aux Archives Départementales (I séries B1 et B2) permet de noter toute une série de procès : 1689 : Armand d’Abbadie, abbé laïque d’Arrast contre Pierre d’Abbadie-Sarlus; 1693 : Armand d’Abbadie, abbé laïque d’Arrast contre Marie de Loustau d’Oloron; 1699 : Marie de Larsaval, femme d’Armand d’Abbadie abbé laïque d’Arrast contre Arnaud de Larsabal; et Arnaud d’Abbadie. etc. contre Bernard de "Suhary"; 1701 : Arnaud d’Abbadie. etc. contre Etienne de Paget greffier de Soule; 1702 : Arnaud d’Abbadie abbé laïque d’Arrast contre Jacques Casemayor vicaire de Chéraute; 1704 : Arnaud sieur d’Abbadie abbé laïque d’Arrast contre Jean-Pierre de Saubiat; 1709 : Daniel de Fondevialle contre Arnaud d’Abbadie abbé laïque d’Arrast; puis en 1720 deux procès ("Saint-Jean de Minvielle sieur d’Abbadie d’Arrast), en 1725 encore "Jean-Pierre d’Abbadie, prêtre". En 1753 "Pierre d’Abbadie curé d’Arrast engage un"autre procès...) etc. Les Basques d’Ancien Régime étaient, et dès le Moyen Age, très procéduriers, et les Souletins apparemment plus que tous les autres. Le procès de la liasse datée 1734-1738 (B. 4502) offre un intérêt particulier: il oppose Arnaud de Sunhary d’Arrast à Arnaud d’Abbadie "sur la préséance à l’église"[5].
Dans la commune d'Arrast une maison face à l’église porte le nom d’Abbadia[8].
Propriétés
modifier- Château d'Elhorriaga à Ciboure construit à la demande d'Arnauld Michel d'Abbadie d'Arrast par l'architecte Lucien Cottet (le château est occupé par le Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale et est détruit en 1985 pour faire place a un projet immobilier)[9]
- Château d'Etchaux, acheté en 1848-1850 par Charles d'Abbadie d'Arrast. En 1976, Eleanor Boardman, actrice hollywoodienne et veuve d'Harry d'Abbadie d'Arrast, vend le château pour retourner aux États-Unis
- Château d'Abbadia à Hendaye, construit par Eugène Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit en style style néogothique entre 1864 et 1879 à la demande d'Antoine d'Abbadie. Classé monument historique et Maison des illustres. Les riches collections scientifiques, d'archives et de mobiliers sont d'origine et représentent un considérable patrimoine culturel représentatif du XIXe siècle.
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Le château d'Elhorriaga
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Le château d'Etchaux
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Le château d'Abbadia
Armes
modifier- D'azur à une maison flanquée de deux tourelles d'argent, le tout ouvert et maçonné de sable, accompagnée de trois étoiles d'or, deux en chef et une en pointe[2].
Personnalités
modifier- Antoine d'Abbadie (1810-1897), voyageur, géographe, linguiste, astronome, maire de Hendaye (1871-1875), mécène, membre de l'Académie des sciences dont il est le président en 1892 et président la même année de la Société de Géographie. Il fonde avec M. de Charencey la Société de linguistique de Paris dont il est le premier président[10]. Il fait construire le château d'Abbadia à Hendaye. En 1892, il reçoit un makila d'honneur et le surnom d'« Euskaldunen Aïta » ou « Père du peuple basque ». Ce makila est enterré avec lui dans la crypte du château d'Abbadia[11],[12]. Il épouse en 1859 Virginie Vincent de Saint-Bonnet. Chevalier de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. En 1850, il reçoit avec son frère Arnaud, la médaille d'or de la société de géographie[13].
- Arnauld Michel d'Abbadie d'Arrast (1815-1893), explorateur connu pour ses voyages en Éthiopie avec son frère aîné Antoine. Arnauld est géographe, ethnologue, linguiste, familier des polémarques abyssins et témoin actif de leurs batailles et de la vie de leurs Cours. Il est l'auteur de Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie. Chevalier de la Légion d'honneur. Il est écrit Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie. Le prince de Godjam lui décerne le titre honorifique de ras Mikaël. Il est le troisième européen à fouler la source du Nil Bleu. Un boulevard de la ville de Ciboure porte son nom.
- Charles d'Abbadie d'Arrast (1821-1901), conseiller général (canton de Saint-Étienne-de-Baïgorry).
- Marie d'Abbadie d'Arrast née Coulomb (1837-1913), épouse de Charles d'Abbadie d'Arrast, femme de lettres, visiteuse de prison, militante des Droits humains et féministe.
- Henri d'Abbadie d'Arrast (1897-1968), réalisateur et scénariste. Il arrive à Hollywood en 1922 et travaille avec notamment Charlie Chaplin qui séjourne en 1925, 1926 et 1931 au château d'Etchaux. Il épouse l'actrice Eleanor Boardman (1898-1991).
- Charles d’Abbadie d’Arrast (1908-1940), pilote. Il s’engage dans l’aviation en novembre 1928 et est admis à l’École militaire de l’air en 1932. Affecté en Indochine en 1936, il rejoint la France le 19 mai 1940 pour participer à la Bataille de France avec le groupe de chasse 2/2 sur Morane 406. Le 8 juin 1940, il est abattu en attaquant des chars allemands dans la région de Forges-les-Eaux. Chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de guerre 39/45 avec deux citations. Parrain de la promotion 1992 de l'École militaire de l'air (EMA)[14].
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Antoine d'Abbadie d'Arrast (1810-1897)
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Virginie Vincent de Saint-Bonnet (1828-1901)
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Arnauld Michel d'Abbadie d'Arrast (1815-1893)
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Charles d'Abbadie d'Arrast (1821-1901)
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Marie d'Abbadie d'Arrast, née Coulomb (1837-1913)
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Eleanor Boardman (1898-1991), veuve d'Henri d'Abbadie d'Arrast
Alliances
modifierLes principales alliances de la famille d'Abbadie d'Arrast sont[2] : Thompson of Park (1807), Glais-Bizoin (1833), Cluzeau de Cléran, Bernard de Saint-Affrique, de Casamajor, de Perpigna, Coulomb (1857), Vincent de Saint-Bonnet (1859), West Young (1864), Lasserre (1894), d'Allemagne (1895), Boardman, de Lasteyrie du Saillant.
Postérité
modifier- Boulevard Arnauld Michel d'Abbadie d'Arrast, à Ciboure
Notes et références
modifierNotes
modifier- L'institution de ces abbés laïcs remontait, par delà les croisades, jusqu'à Charlemagne, qui les avait créés pour défendre la frontière contre les Sarrasins. Les abbés laïcs vivaient la lance au poing dans les abbayes du pays basque ; ils avaient le droit de percevoir les dîmes, et prenaient part à la nomination des curés en les désignant au choix de l'évêque. Le nom même d'Abbadie n'a pas été à l'origine un nom de famille ; il s'appliquait à la fonction (abbatia, abbadia).
Le père de Michel Arnauld, Jean-Pierre d'Abbadie (1731-1799) était le dernier abbé laïc d'Arrast. La tradition orale de la famille rapporte qu'en 1799, à la suite de violentes émeutes à Mauléon, où Jean-Pierre en tant que défenseur de l’Église risquait la peine de l'échafaud, son médecin, pour lui épargner d’être guillotiné, le saigna, à son insu, dans son bain.
Références
modifier- Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-nobiliaire français, Sedopols, 2002, page 31.
- Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. t.XVII, Évreux, impr. de C. Hérissey, (lire en ligne), p. 311-312.
- Manex Goyhenetche, « Antoine d’Abbadie intermédiaire social et culturel du Pays Basque du XIXe siècle? », dans Jean-Louis Davant et al., Antoine d'Abbadie 1897-1997 : Congrès International 1997, Hendaye, Sare, Eusko Ikaskuntza, (ISBN 9788489516717, lire en ligne), pages 197-208.
- M. Goyhenetche, Antoine d’Abbadie intermédiaire social et culturel du Pays Basque du XIXe siècle? in Antoine d’Abbadie (1897-1997), actes du congrès International, 1997, Eusko Ikaskuntza, (lire en ligne), p. 201.
- Jean-Baptiste Orpustan, « Les noms de maisons issues du latin abbatia dans le Pays Basque médiéval (Labourd, Basse-Navarre et Soule », UPRESA 5478 du CNRS - Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, , pages 481 à 492 (lire en ligne)
- « Annonces judiciaires », Le Moniteur des Pyrénées, , p. 4 (lire en ligne sur Gallica).
- Charondas, À quel titre? Les cahiers nobles, 1971.
- J.-B. Hiriart-Urruty, 2011.
- « Une vigie de l'histoire », Sud-Ouest.
- « Société de linguistique de Paris », sur Le Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (CTHS).
- « Annuaire prosopographique : ABBADIE d'ARRAST Antoine d', Antoine Thomson » , sur https://cths.fr/ Comité des travaux historiques et scientifiques, (consulté le )
- « Antoine d'Abbadie (1810-1897) » , sur Archives du château d'Abbadia, (consulté le )
- P. Daussay, rapporteur, « Rapport de la Commission du concours au prix annuel pour la découverte la plus importante en géographie », Bulletin de la Société de Géographie, vol. 14, no 84, , p. 10-28 (lire en ligne sur Gallica).
- « Biographies résumées des parrains des promotions de l'Ecole Militaire de l'air (EMA) » , sur https://www.traditions-air.fr/index.htm (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. t.XVII, Évreux, impr. de C. Hérissey, (lire en ligne), p. 311-312.
- Éloi Ficquet, Dictionnaire des orientalistes de langue française, Paris, IISMM-Karthala, 2008.
- Numa Broc, Dictionnaire des explorateurs français du XIXe siècle, T.1, Afrique, CTHS, 1988, p. 1.
- François Angelier, Dictionnaire des voyageurs et explorateurs occidentaux du XIIIe au XXe siècle, Pygmalion, Paris, 2011 (ISBN 978-2-7564-0156-0), p. 13-15.