Fenouillèdes

région naturelle française des Pyrénées-Orientales

Le Fenouillèdes est une région naturelle et culturelle française des Pyrénées-Orientales et de l'Aude, située dans la région Occitanie.

Fenouillèdes
(oc) Fenolhedés / (ca) Fenolleda
Image illustrative de l’article Fenouillèdes

Subdivision administrative Occitanie
Subdivision administrative Pyrénées-Orientales, Aude
Villes principales Saint-Paul-de-Fenouillet
Coordonnées 42° 48′ 36″ nord, 2° 29′ 24″ est
Superficie approximative 438 (PO) + 245 (Aude) km2
Production Vin, vergers, forêts, élevage
Communes 28 (PO), 13 (Aude)
Population totale 11 425 hab. (2011)
Régions naturelles
voisines
Corbières
Pays de Sault
Conflent
Ribéral
Plaine du Roussillon Donezan Capcir.

Image illustrative de l’article Fenouillèdes
Localisation

L'une de ses principales particularités est d'être culturellement un territoire de langue occitane dans les Pyrénées-Orientales. Ce département est partout ailleurs de langue catalane et forme la Catalogne française, dont le Fenouillèdes est donc exclu. Il couvre une superficie de 438 km2 soit 10,6 % des 4 116 km2 de ce département.

Comme toutes les régions « naturelles », le Fenouillèdes présente des limites floues ; il pourrait se définir comme la partie des Pyrénées-Orientales qui appartenait déjà au royaume de France (Languedoc) avant le traité des Pyrénées ; ou comme la partie de ce département dont la langue est l’occitan. Cet article traite en majorité de la région culturelle communément acceptée comme étant un ensemble de vingt-huit communes du nord-ouest des Pyrénées-Orientales. Cette description n'est pas toujours partagée, car plus d'un tiers du Fenouillèdes, soit 13 communes, est situé dans le département de l'Aude (partie orientale de l'ancien canton d'Axat).

Toponymie

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Le Fenouillèdes est la forme française dérivée du vocable occitan « Fenolhedés » désignant le pays de Fenouillet. Il s'agit d'un substantif masculin singulier issu de la forme adjective latine Fenoliotensis / Fenioletensis employée dans les actes médiévaux pour désigner le territoire ou pays relevant de la juridiction politique et militaire du château de Fenouillet (territorium Fenoliotensis, pagus Fenoliotensis dans les actes des IXe – Xe siècles, vicomté de Fenouillet à partir du XIe siècle).

De la même manière, le pays de Razès (pagus Redensis) désignait le territoire soumis à la juridiction de l’ancienne cité de Rennes-le-Château (Redae), le Pérapertusès (suburbium Petrapertusensis) le territoire dépendant du château de Peyrepertuse, le Roussillon (pagus Rossilionensis) le pays de l’antique oppidum de Ruscino (aujourd’hui Château-Roussillon, comm. de Perpignan), le Carcassès (pagus Carcassensis) le pays de la cité de Carcassonne, etc. Tous ces noms territoriaux sont donc formés par l’adjonction du suffixe ethnique et/ ou géographique latin –ensis à un radical qui, en l’occurrence, est le nom de la cité ou de l’oppidum constituant le chef-lieu éponyme du pays. C’est donc à tort que certains auteurs modernes et contemporains ont interprété la désinence finale de Fenolhedès / Fenouillèdes comme résultant d’une forme plurielle et ont contribué à diffuser l’usage malencontreux qui amène une partie de la population à désigner le territoire sous l’appellation « Les Fenouillèdes ». Il n’y a en effet qu’un seul pays de Fenolhedès (pagus Fenoliotensis)[1].

Géographie

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Panorama sur le Fenouillèdes et les Pyrénées, depuis le château de Quéribus

Localisation

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Carte physique du Fenouillèdes dans les Pyrénées Orientales

Le Fenouillèdes est un territoire pyrénéen situé à cheval sur les actuels départements des Pyrénées-Orientales (ex-cantons de Saint-Paul-de-Fenouillet, de Sournia et de Latour-de-France) et de l'Aude (canton d'Axat) à l'ouest de Perpignan, entre le massif des Corbières et le bassin de la Têt. Le Fenouillèdes correspond au bassin supérieur du fleuve côtier Agly et à la rive droite du haut bassin de l'Aude (Canton d'Axat). Il est délimité au nord par le Pérapertusès et les Corbières, au nord-ouest par le Razès (dont le Fenouillèdes faisait partie du temps de l'ancien comté du Razès), à l'est par le Roussillon, au sud par le Conflent (vallée de la Têt), et au sud-ouest par le pays de Sault[2].

C'est une région connue pour son vin (vin doux). Quelques usines et carrières de production de feldspath et de dolomie ont constitué les dernières industries (Lesquerde-Maury, Sainte-Colombe s Guette).

Le point culminant du Fenouillèdes est, dans le département de l'Aude, le pic de Madrès culminant à 2 469 m.

Structure

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D'un point de vue altitudinal, dans les Pyrénées Orientales, le Fenouillèdes peut être scindé en deux parties, aux caractéristiques légèrement différentiables :

 
La vallée de l'Agly à Ansignan. En arrière-plan, le Haut Fenouillèdes
 
Le village de Maury, dans le synclinal du Fenouillèdes. En arrière-plan, les Corbières et le château de Quéribus
 
Paysage depuis le Haut-Fenouillèdes.
  • Le Haut-Fenouillèdes, à l'ouest, entre Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès-de-Fenouillèdes, Sournia et Rabouillet, domaine de la forêt, et dont l'altitude est comprise entre 300 et 1 542 m. Son point culminant dans les Pyrénées Orientales est situé à la pointe sud-ouest de la commune de Rabouillet à la limite du département de l'Aude et de la source de la Font del Pal et de la forêt de la Salvanère.
  • Le Bas-Fenouillèdes, à l'est, où la vigne domine, entre Saint-Paul-de-Fenouillet, Millas et Vinça, dont l'altitude est comprise entre 60 et 800 m d'altitude.

La Direction régionale de l'Environnement du Languedoc-Roussillon a éclaté dans son Atlas des paysages régionaux le Fenouillèdes des Pyrénées -Orientales en 5 unités géographiques qui suivent globalement une vallée :

  • le synclinal du Fenouillèdes, correspondant au « couloir » des vallées de la Boulzane et du Maury. Il s'étend sur 2 km de large et une trentaine de kilomètres de long entre la Haute vallée de l'Aude à l'ouest et la confluence entre Agly et Verdouble, dans la plaine d'Estagel, à l'est. Il est bordé au nord par une grande barrière rocheuse marquant à la fois le début des Corbières et la limite administrative avec le département de l'Aude. On y trouve entre autres le village de Saint-Paul-de-Fenouillet, le plus peuplé du Fenouillèdes, et y passe la D 117 reliant Perpignan à Foix[3].
  • les coteaux viticoles, étagés entre 100 et 500 mètres d'altitude autour de la vallée de l'Agly et du lac de Caramany, qui comme cette dénomination un peu arbitraire l'indique, sont marqués par l'activité agraire dominante distinguée par des AOC, mais aussi par une faible densité de population et un isolement certain[4].
  • la plaine d'Estagel, élargissement de la vallée de l'Agly entre le village du même nom et Latour-de-France, à la confluence du Verdouble et du Maury. Il s'agit d'une petite cuvette circulaire d'environ 4 km de diamètre, délimitée au nord par des bas reliefs encadrant la vallée de l'Agly (424 mètres à la Tourèze de Latour-de-France) d'une part et le synclinal du Fenouillèdes d'autre part, et le massif de Força Réal (507 m) au sud. Elle s'ouvre à l'ouest sur la basse vallée de l'Agly, filant vers la Salanque et la mer[5].
  • le Haut-Fenouillèdes, très boisé, sur les parties hautes des vallées de la Desix au sud et de la Matassa au nord. Comme son nom et ses altitudes l'indiquent, il forme la partie la plus élevée de la région et la plus proche des hauts sommets pyrénéens, tant en distance qu'en similarité du relief[6].
  • le plateau de Ropidera, entre 400 et 600 mètres d'altitude, autour du village de Montalba-le-Château, surprenant sur la route entre Sournia et Ille-sur-Têt par sa soudaineté, mais aussi sa brièveté. Isolé, il est dominé par le massif du Sarrat d'Espinet au nord, qui le sépare de la vallée de l'Agly, et surplombe au sud la vallée de la Têt et le lac de Vinça[7].

Toutefois, le territoire est presque exclusivement regroupé dans le sous-ensemble départemental des « contreforts pyrénéens ».

Le Fenouillèdes apparaît donc comme un espace marqué par une continuité géographique (étagement végétal et économique par exemple) mais quelques facteurs de diversité, dans le relief notamment.

Géologie

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Dans les Pyrénées Orientales, le Fenouillèdes, partagé entre schistes, micaschistes, marnes, granites et gneiss[2], est enserré de collines calcaires de 350 m à 1 231 m d'altitude environ à la végétation chiche qui constituent les derniers contreforts des Corbières.

Au nord la barre calcaire est percée par l'Agly dans les majestueuses et profondes Gorges de Galamus. Après Saint-Paul-de-Fenouillet et le confluent avec la Boulzane, la barre calcaire parallèle est percée par les Gorges de la Fou. Une source, la Font Cauda (prononcer [ˌfuŋˈkawðɔ]) surgit à l'entrée de ces gorges à une température de 27°. Elle est classée parmi les eaux minérales sulfurées calciques. Autrefois exploitée par des établissements thermaux, elle est, à présent fréquentée par les habitants de Saint-Paul-de-Fenouillet et des communes voisines.

Dans les Pyrénées-Orientales, le climat du Fenouillédes est typiquement méditerranéen, légèrement atténué par l'altitude, la proximité des vallées pyrénéennes, et l'éloignement de la mer vers Caudiès-de-Fenouillèdes ou Rabouillet. On parle alors de climat méditerranéen semi -montagnard.Dans la partie audoise du Fenouillèdes, le climat méditerranéen a une importante influence atlantique.

On observe une flore majoritairement de type méditerranéenne dans la partie du Fenouillèdes situé dans les Pyrénées Orientales, partagée entre trois grands ensembles : la garrigue, la forêt d'altitude se partageant entre les influences méditerranéenne et atlantique, comme la forêt de Boucheville entre 500 et 1 300 m, ou la forêt communale du Vivier entre 700 et 1 000 m), le paysage agricole méditerranéen (vigne principalement).

La végétation de garrigue et forêt méditerranéennes est caractérisée par de petits arbres tels les oliviers, les amandiers, les figuiers, les chênes verts, des arbustes tels que les cistes, les buis, des plantes telles l'euphorbe, la lavande papillon, la fougère, le fenouil, l'asperge sauvage, la valériane (souvent appelée lilas d'Espagne)...

La faune rencontrée est spécifique à celle du pourtour méditerranéen. Les sangliers sont nombreux dans le Fenouillèdes, et il n'est pas rare d'en croiser dans les massifs, ou de voir leurs traces caractéristiques dans les chemins et leurs dégâts dans les vignes.

Un ours aurait été aperçu il y a quelques années dans la région, mais rien n'est sûr. De même, on a un témoignage de jeune adulte lynx vu début décembre 2007.

zones naturelles protégées

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la ZNIEFF 910011276 Fenouillèdes audois, couvre la partie ouest du Fenouillèdes[8].

Le site Natura 2000 FR9101490 - Fenouillèdes s'étant sur les 2 communes de Montalba-le-Château et Rodès[9].

Le site Natura 2000 FR9101470 - Haute vallée de l'Aude et bassin de l'Aiguette s'étant sur la partie audoise du Fenouillèdes[10].

Population

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Principales villes

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Il n'existe pas de villes dans le Fenouillèdes. Saint-Paul-de-Fenouillet n'atteint pas 2 000 habitants et Latour-de-France n'est qu'un gros bourg.

Les premières villes se situent plus bas, dans la plaine du Roussillon ou la vallée de la Têt : Rivesaltes, Ille-sur-Têt, Prades, et Quillan sur les bords de l'Aude.

Démographie

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Évolution de la population par commune entre 1999 et 2006 (source INSEE) pour la partie du Fenouillèdes située dans les Pyrénées Orientales.

Liste des communes

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Carte des communes du Fenouillèdes situées dans les Pyrénées Orientales.

Saint-Paul-de-Fenouillet est considérée comme la "capitale" du Fenouillèdes.

Dans les Pyrénées-Orientales, le Fenouillèdes regroupe selon les chiffres 2006 du recensement de l'INSEE 7 234 habitants[11], contre 6 762 habitants en 1999[12].

Les 7 234 habitants se répartissent donc sur 28 communes qui sont historiquement les communes qui forment le Fenouillèdes :

Ansignan1 - Bélesta2 - Campoussy3 - Caramany4 - Cassagnes5 - Caudiès-de-Fenouillèdes6 - Feilluns7 - Fenouillet8 - Fosse9 - Lansac10 - Latour-de-France11 - Lesquerde12 - Maury13 - Montalba-le-Château14 - Pézilla-de-Conflent15 - Planèzes16 - Prats-de-Sournia17 - Prugnanes18 - Rabouillet19 - Rasiguères20 - Saint-Arnac21 - Saint-Martin-de-Fenouillet22 - Saint-Paul-de-Fenouillet23 - Sournia24 - Trévillach25 - Trilla26 - Vira27 - Le Vivier28

Dans l'Aude, les 13 communes du Fenouillèdes sont : Lapradelle - Puilaurens (Lapradèla- Puèglaurenç), Salvezines (Salvesinas), Gincla (Ginclar), Montfort-sur-Boulzane (Montfòrt- de- Bolsana), Axat, Artigues (Artigas), Cailla (Calhan), Saint-Martin-Lys (Sant-Martin-de-Lis), Sainte-Colombe -sur-Guette (Santa-Colomba-d'Aigueta) et Counozouls (Conòsols) ainsi que les communes du Roquefortès et de l'Escouloubrez qui appartiennent au Fenouillèdes historique.

Les Communes du Roquefortès sont : Roquefort-de-Sault (Ròcafòrt), Le Bousquet (Le Bosquet).

L'Escouloubrez ne comprend qu'une seule commune : Escouloubre (Escolobra).

Le Roquefortès et l'Escouloubrez ont maintenant une double appartenance, le Pays de Sault les reconnaissant aussi comme des communes de son territoire, formant son troisième plateau. En revanche, certains habitants du Roquefortès et de l'Escouloubrez revendiquent toujours leur appartenance au Fenouillèdes,

Dans l'Aude, le Fenouillèdes regroupe 1468 habitants (chiffres de 2016).

Donc en additionnant les habitants du Fenouillèdes dans les Pyrénées-Orientales et dans l'Aude, cela donne moins de 10 000 habitants et même un peu moins de 9 000 habitants pour un total de 41 communes.

Les numéros renvoient à la carte ci-contre

Fenouillèdes naturel et Fenouillèdes historique

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Montner, village catalan

Certaines communes limitrophes, de par leur proximité paysagère notamment, sont parfois associées au Fenouillèdes, alors qu'elles n'en font pas partie historiquement et linguistiquement. Ces communes sont Tarerach, Arboussols (comarque historique de Conflent), Calce, Estagel et Montner (comarque historique du Roussillon). Ainsi, le Centre régional de la propriété forestière du Languedoc-Roussillon décrit le Fenouillèdes comme étant la zone géographique comprenant la majeure partie des 28 communes déjà citées, mais excluant la bordure septentrionale (la barre rocheuse des Corbières) et le massif forestier de Boucheville, à l'ouest, intégré au pays de Sault, et intégrant les hauteurs des communes catalanes de Montner, Calce, Baixas et Cases-de-Pène[13].

De plus, il est admis que certaines communes situées dans le département de l'Aude : vallée de la Boulzane (de Montfort-sur-Boulzane en amont à Lapradelle-Puilaurens en aval), secteur d'Axat (Axat, Cailla, Artigues, Saint Martin-Lys), vallée de l'Aiguette (Sainte Colombe sur Guette, Counozouls,) ainsi que la rive droite de la vallée de l'Aude entre Escouloubre et Axat et la partie nord du massif du Madrès jusqu'à son sommet (Roquefort de Sault et le Bousquet), font partie historiquement du Fenouillèdes[14].

Histoire

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Préhistoire

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L'occupation humaine de la région est très ancienne, comme le prouve le site archéologique de la Caune de l'Arago, situé sur la commune de Tautavel, connue pour son célèbre squelette préhistorique daté d'il y a environ 300 000 à 450 000 ans BP, et retrouvé en 1971 à quelques kilomètres au nord d'Estagel, au pied des Corbières[15].

Antiquité

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La présence d'une tribu celte dans le territoire du futur comté du Razès (correspondant aux actuels Razès, Pays de Sault, Donezan, Capcir, Termenès, Peyrepertusès et Fenouillèdes) est envisagée, car les toponymes celtes y sont nombreux et davantage présents que dans les territoires alentour. Sa capitale aurait été l'oppidum de "Rhedae" (l'actuel Rennes-le-Château).

Sous l'occupation romaine, le territoire du Fenouillèdes fait partie, dès -120, de la province Narbonnaise. De cette présence romaine restent des vestiges, dont le plus connu est vraisemblablement l'aqueduc d'Ansignan.

Moyen Âge

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Pour la période féodale voir Vicomté de Fenouillèdes

 
Une ancienne borne-frontière près de Bélesta

Les Wisigoths envahissent la région au Ve siècle. Le territoire est alors situé au sud de leur royaume, la Septimanie. Les Francs, menés par Pépin le Bref, délogent les musulmans, en 711, qui ont à leur tour envahi l'endroit. La construction de sites religieux, tels que le Chapitre de Saint-Paul-de-Fenouillet, est encouragée, notamment par Charlemagne. La Septimanie est divisée en 842 sous Charles le Chauve, laissant le Fenouillèdes partie intégrante du Razès (dont la capitale était Rennes-le-Château) dans une entité appelée marche d'Espagne. Le premier vicomte de Fenouillèdes est installé au château de Fenouillet dès le Xe siècle.

Le Fenouillèdes (« Pagus Fenolietensis », à savoir pays des foins) fait partie du Languedoc et de l'Occitanie. Son histoire est intimement liée à ses voisins catalans, voire espagnols (voir Nuno Sanche de Roussillon). Les « châteaux cathares » de Quéribus, Fenouillet, Puilaurens attestent de ce passé tumultueux.

Le Fenouillèdes a vécu l'histoire des Cathares. Saint-Paul-de-Fenouillet conserve avec son Chapitre, les vestiges de l'ancienne abbaye de Saint-Paul qui fut dotée par le Comte Sunifred au Xe siècle. Elle dépendait du diocèse de Narbonne puis fut rattachée en 1318 à l'évêché d'Alet.

L'abbaye de Saint-Martin-Lys entre 850 et 1070 a rayonné jusqu'à Caudiès avant d'être rattachée à celle de Saint-Pons-de-Thomières.

La région devient un asile pour les cathares persécutés par le pouvoir français et l'Église. Le vicomte est contraint de s'exiler dans le Roussillon voisin. Aragonais au XIe siècle, possession du comte de Besalú[16], le Fenouillèdes est intégré au royaume de France par le traité de Corbeil (1258), signé entre le roi Louis IX et Jacques Ier d'Aragon, qui fixe la frontière avec l'Aragon au sud du Fenouillèdes. Cette frontière courait au sud des communes d'Escouloubre à Monfort-sur-Boulzane (aujourd'hui audoises)[16], puis au sud des communes de Rabouillet et Sournia jusqu'au sud de la commune de Bélesta-la-Frontière, pour finir à l'est de Latour-de-France. De nombreuses bornes-frontières témoignant de la frontière séparant la couronne française du Roussillon appartenant au royaume d'Aragon sont visibles encore de nos jours, notamment près de Bélesta ou de Montner. Cet accord est un moyen de clarifier les possessions de chaque camp, puisque le territoire était jusqu'alors morcelé en nombreuses enclaves[17].

Le traité des Pyrénées de 1659 mettra fin à cette situation avec l'annexion par la France du Roussillon, du Conflent et du Capcir.

C'est au cours du Moyen Âge que la vigne se développe dans la région[2].

Depuis la Révolution

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Pancarte d'opposition aux projets éoliens, ici en 2019.

Lors de la création des départements français en 1790, le Fenouillèdes est divisé en deux. Sa partie haute, environ un tiers de sa surface, à savoir les vallées de la Boulzane, de l'Aiguette et la rive droite de la vallée de l'Aude entre Axat et la partie nord du massif du Madrès est intégrée au département de l'Aude. Le reste du Fenouillèdes, sa plus grande partie, fut alors rattaché aux Pyrénées-Orientales.

Après une période moderne et un XIXe siècle encore partagés entre l'agriculture orientée vers l'élevage ovin et caprin, ainsi que la céréaliculture, et l'industrie métallurgique dont le dynamisme relatif est soutenu par l'exploitation forestière. L'exode rural touche très profondément le Fenouillèdes, dont une partie de la population reste pour perpétuer la culture de la vigne, dont la surface se réduit considérablement. Ce phénomène ralentit après la Seconde Guerre mondiale, reste présent, même si dans le même temps s'opère la mutation de la structure économique, notamment autour de l'activité viticole qui bénéficie des démarches de qualité et de labellisation à partir des années 1970[2].

En 2009, l'éventualité de la création d'un parc naturel régional regroupant la partie du Fenouillèdes situé dans les Pyrénées Orientales et une partie des Corbières a été émise. Les discussions sont en cours en 2012[18], et une étude de faisabilité a été lancée pour la période allant d'octobre 2012 à septembre 2013[19]. Un syndicat mixte de préfiguration est en place depuis 2015[20]. Le projet est validé début 2020, pour une labellisation effective avant 2022[21] Le Parc naturel régional Corbières-Fenouillèdes est finalement créé le .

À la même époque, le territoire est marqué par l'émergence de projets de parcs éoliens contestés par une partie de la population[22].

Économie

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Agriculture

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Carte des vins en Fenouillèdes

Sur les coteaux de schiste et dans les plaines, on cultive la vigne (Caramany, Maury, Cassagnes, Lesquerde, Latour-de-France, Caudiès-de-Fenouillèdes, etc.). Les principales appellations sont l'AOC "Côtes du Roussillon Villages" (vin rouge), comportant 4 terroirs réputés : Caramany, Tautavel, Latour-de-France et Lesquerde, le muscat de Rivesaltes, le Maury.

L'élevage et l'exploitation forestière sont développés en altitude.

Industrie

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La carrière de Lansac.

Le territoire a abrité plusieurs sites d'extraction minière (fer, gypse, cuivre...). La carrière de feldspath de Lansac constitue encore l'un des sites industriels les plus visibles dans le paysage.

Services

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Tourisme

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Bien qu'étant une région isolée, restée à l'écart des flux de circulation et pâtissant de sa situation d'arrière-pays d'une côte très touristique, le Fenouillèdes bénéficie depuis la fin du XXe siècle de l'essor du tourisme vert. La randonnée reste une des principales activités avec de très nombreuses boucles de promenade et randonnée (PR), un sentier de Grande randonnée de Pays (GRP) : Le Tour des Fenouillèdes, Des sentiers de Grande Randonnée (GR) : no 36 et 367, Sentier Cathare. Le Fenouillèdes bénéficie d'une mosaïque de paysages très divers depuis les collines sèches de l'est (Maury, Latour-de-France) jusqu'aux montagnes du sud-ouest densément boisées des secteurs pyrénéens et pré-pyrénéens du Madres, du Dourmidou, de la forêt de Boucheville. Le tout entrecoupé de magnifiques gorges (Galamus, La Fou, Saint-Jaume, la Pierre-Lys et Saint Georges) et avec quelques coins de baignade ou d’activités aquatiques dans l'Agly.

Tout le Fenouillèdes septentrional est parcouru par une voie ferrée touristique, le long de l'axe Agly-Boulzane jusqu'aux rives de l'Aude,qui connaît un réel succès : le "Train du Pays cathare et du Fenollèdes[23]".

Le patrimoine historique important mais peu exploité du Fenouillèdes est un autre facteur d'activité touristique. La présence d'un aqueduc romain ou gallo-romain à Ansignan, de tours et de châteaux féodaux (dont les châteaux dits « cathares » de Quéribus, Puilaurens et Fenouillet) en témoignent. Bélesta accueille dans le cadre du Réseau Culturel Terre Catalane un musée de préhistoire. Ce réseau comprend d'autres sites du Fenouillèdes et des communes limitrophes : le Prieuré de Marcevol et les Orgues d'Ille-sur-Têt.

Culture

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Christian Bourquin, président du conseil général des Pyrénées-Orientales, inaugurant en 2007 une plaque de signalisation annonçant l'entrée dans le Fenouillèdes en occitan ( Fenolhedés en occitan classique).

Le Fenouillèdes est la seule partie du département des Pyrénées-Orientales qui fait partie du Languedoc : cela signifie que la langue traditionnelle est l'occitan. Le reste des Pyrénées-Orientales est de langue catalane. Seules quelques communes, de l'est et du sud de la région ne font pas partie de l'aire occitane.

  • Nom des communes en occitan (NB : catalan à titre comparatif, puisque le F. est occitan)
  Nom français   Nom occitan   Nom catalan
Ansignan Ansinhan Ancinyà
Bélesta Belhestar Bellestar
Calce Calce
Campoussy Camporsin Camporsin
Caramany Caramanh Caramany
Cassagnes Cassanhas Cassanyes
Caudiès-de-Fenouillèdes Caudièrs de Fenolhedés Caudiers de Fenollet
Feilluns Felhuns Felluns
Fenouillet Fenolhet Fenollet
Fosse Fossa Fossa
Lansac Lançac Lançac
Latour-de-France La Tor de Trinhac ou
La Tor de França
La Tor de França
Lesquerde L'Esquèrda L'Esquerda
Maury Maurin Maurí
Montalba-le-Château Montalban del Castèl Montalbà del Castell
Montner Montner
Pézilla-de-Conflent Pesilhan de Conflent Pesillà del Conflent
Planèzes Planesas Planeses
Prats-de-Sournia Prats de Sornhan Prats de Sornià
Prugnanes Prunhanas Prunyanes
Rabouillet Rebolhet Rebollet
Rasiguères Rasiguèras Rasigueres
Saint-Arnac Çantarnac Centernac
Saint-Martin-de-Fenouillet Sant Martin de Fenolhet Sant Martí de Fenollet
Saint-Paul-de-Fenouillet Sant Pau de Fenolhet Sant Pau de Fenollet
Sournia Sornhan Sornià
Tarerach Tarerac
Trévillach Trevilhac Trevillac
Trilla Trilhan Trillà
Vira Viran Virà
Le Vivier Le Vivièr El Viver

Gastronomie

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Principales spécialités :

Armorial

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Sites religieux

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Sites naturels

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Sites gallo-romains

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  • Aqueduc d'Ansignan. Dans les arches basses, le long de l'Agly, des briques, incluses dans la structure ont été datées de 270 de notre ère (environ) par archéomagmétisme (travaux réalisés en 1990 par l'université de Rennes, rapport consultable à la mairie d'Ansignan). La partie haute (dix-sept arches) date de l'an 800 environ donc carolingienne.

Sites préhistoriques

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Châteaux et sites médiévaux

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Villages pittoresques

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Politique et administration

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Administration

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Administrativement, dans les Pyrénées Orientales le Fenouillèdes se compose :

L'ensemble des communes du Fenouillèdes dans les Pyrénées Orientales (sauf quelques communes du canton de Sournia) appartient au Pays de la Vallée de l'Agly.

Administrativement, dans l'Aude le Fenouillèdes Audois est compris dans ancien canton d'Axat (Canton de la Haute-Vallée de l'Aude), Communauté de communes des Pyrénées Audoises.

Remarque : dans l'"Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon" il est indiqué comme faisant partie du Fenouillèdes audois les communes d'Axat, de Belvianes-et-Cavirac, Puilaurens, Quillan, Saint-Julia-de-Bec, Saint-Louis-et-Parahou, Saint-Martin-Lys, Salvezines[24].

Politique

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Résultats des 5 principaux candidats dans les communes, du 1er tour de l'élection présidentielle du 22 avril 2007

En 2007, le Fenouillèdes a mieux résisté que le reste du département à la "vague bleue". Depuis quelques années[Quand ?], les Pyrénées-Orientales, basculent à droite. Ainsi, depuis la présidentielle de 1988, le candidat de la droite fait mieux que celui de la gauche. Une tendance qui ne s'observait pas encore ici, car le parti socialiste arrivait toujours en tête[25].

Galerie d'images

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Notes et références

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  1. Rodrigue Tréton, Les vicomtes de Fenouillet. Une dynastie aristocratique pyrénéenne.
  2. a b c et d Centre régional de la propriété forestière du Languedoc-Roussillon, Forêts privées du Fenouillèdes, orientation de gestion
  3. DREAL Languedoc-Roussillon - Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon, le synclinal du Fenouillèdes
  4. DREAL Languedoc-Roussillon - Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon, les coteaux viticoles de l'Agly et du Fenouillèdes
  5. DREAL Languedoc-Roussillon - Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon, la plaine d'Estagel
  6. DREAL Languedoc-Roussillon - Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon, le Haut Fenouillèdes
  7. DREAL Languedoc-Roussillon - Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon, le plateau de Ropidera
  8. ZNIEFF 910011276 - FENOUILLÈDES AUDOIS
  9. NATURA 2000 FR9101490 - FENOUILLÈDES
  10. NATURA 2000 FR9101470 - HAUTE VALLÉE DE L'AUDE ET BASSIN DE L'AIGUETTE
  11. Site de l'INSEE - Population des communes des Pyrénées-Orientales selon le recensement 2006
  12. Site de l'INSEE - Population des communes des Pyrénées-Orientales selon le recensement 1999
  13. CRPF Languedoc-Roussillon - Orientations de gestion des forêts privées du Fenouillèdes, 2001
  14. Communauté de communes Agly-Fenouillèdes - En savoir plus sur l'histoire des Cathares
  15. Lumley, H. de, Lumley, M.-A. de, Bada, J.L. et Turekian, K.K. (1977) - « The dating of the Pre-Neandertal remains at Caune de l'Arago, Tautavel, Pyrénées-Orientales, France », Journal of Human Evolution, 6, p. 223-224.
  16. a et b Maïté Lafourcade, La Frontière des origines à nos jours, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 1998
  17. Histoire du Roussillon, Le Traité de Corbeil : officialisation de la frontière franco-aragonaise.
  18. L'indépendant - Le Parc naturel Corbières Fenouillèdes en bonne voie, 21 mars 2012
  19. Communauté de communes Agly-Fenouillèdes - LETTRE D’INFORMATION no 1 DE l’ETUDE D’UN PARC NATUREL REGIONAL CORBIERES FENOUILLEDES, 2012
  20. « Avis du Conseil Economique Social et Environnemental Régional - Approbation des statuts du Syndicat Mixte de préfiguration du projet de Parc Naturel Régional des Corbières Fenouillèdes », sur laregion.fr, (consulté le )
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  22. Julie Carriat, « Municipales 2020 : l’opposition aux éoliennes, ces « ventilateurs pourris », pousse à faire de la politique dans les Pyrénées-Orientales », sur Le Monde, (consulté le ).
  23. Camille Bernetière, « Autonomisation, personnalisation : quelles stratégies spatio-communicationnelles dans les offices de tourisme ? », Mondes du tourisme, no 13,‎ (ISSN 2109-5671 et 2492-7503, DOI 10.4000/tourisme.1405, lire en ligne, consulté le )
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  25. Hebdomadaire départemental la Semaine du Roussillon[réf. incomplète]

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Lucien Bayrou, Entre Languedoc et Roussillon : 1258-1659 fortifier une frontière ?, publié par les Amis du Vieux Canet.

Articles connexes

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Liens externes

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