Jallikattu
Le jallikattu (en tamoul : ஜல்லிக்கட்டு), parfois désigné de er tajuvudhal (ஏறு தழுவுதல்) ou de manju virattu (மஞ்சு விரட்டு), est une pratique tauromachique, plus largement sociale voire religieuse, propre à certaines régions du sud-est de l'Inde, dans l'actuel État du Tamil Nadu. Il consiste en un lâcher d'un taureau sur une place où des athlètes tentent de maîtriser, à mains nues, l’animal à l'intérieur d'une limite de distance.
Il est particulièrement célébré lors de la fête du Pongal, où l'on honore le bétail pour son labeur, le soleil (la divinité solaire, ou Surya) et généralement l'agriculture. Ce rituel constitue l'attraction du troisième jour de fête et l'enjeu de paris. Le taureau peut montrer ainsi la sacralité de sa puissance ; il doit être adulte et bien portant. Il s'agit toujours d'un taureau d'élevage spécifique, issu de races réputées, surtout le Pulikulam ou plus rarement le Kangeyam. Beaucoup de ses animaux de compétitions appartiennent à des "haras" de temples hindous voire d'églises catholiques, et sont ainsi désignés de kōyil kāḷai (கோயில் காளை) ou « taureau de temple ». La femelle du taureau, est pour les Hindous « Mère Vache, ou Mère Douceur » (Gaya Mâtâ en hindi, puisque ce sont là les deux significations de gaya). Le taureau, qui est la monture du dieu Shiva, s'appelle Nandi, « celui qui porte bonheur » : il n'est évidemment pas question de faire du mal au taureau (et encore moins de porter des armes face à lui), mais de prouver sa dévotion envers Shiva qui peut ainsi purifier les fautes des hommes courageux, car tuer un tel animal (ou n'importe quel animal, même un insecte) constitue toujours un péché, variant en degré, selon les Lois de Manu.
Étymologie
modifierJallikattu est un mot composé issu de ஜல்லி (jalli), « pièce » en français, et de கட்டு (kaṭṭu), « bandage », et signifie littéralement « bandage de pièces ». En effet, les participants au Jallikattu tentent notamment de saisir un butin de pièces attachées aux cornes du taureau.
Er tajuvudhal est un ancien nom trouvé essentiellement dans la littérature tamoule ancienne dite "Sangam", et signifie « embrassade du taureau ». Tandis que Manju virattu est une dénomination contemporaine dans le langage formel, soutenu.
Variantes
modifierLe jallikattu se décline en plusieurs variétés avec des règles spécifiques[1] :
- Vadi manjuviraṭṭu : C'est la catégorie de jallikattu la plus commune. Un taureau est relâché d'un enclos appelé le vadivasal, et les participants tentent de s'accrocher à la bosse de l'animal, à la force de leurs bras ou de leurs mains. Une personne seulement est autorisée par tentative, elle doit parvenir à se maintenir sur le taureau sur une distance ou une période donnée afin de gagner. C'est un jallikattu plutôt populaire dans les districts de Madurai et de Theni, et dans les marges de ceux de Thanjavur et de Salem.
- Vēli viraṭṭu : Dans cette variante, l'approche avec le taureau se distingue du fait que celui-ci est directement relâché sur le terrain de jeu. Les règles sont les mêmes que celles du Vadi manjuviraṭṭu, les compétiteurs se mesurant dans la maîtrise de l'animal. Le Vēli viraṭṭu est surtout observé dans les districts de Madurai et de Sivaganga.
- Vaṭam manjuviraṭṭu : Dans ce jallikattu, une corde de 15 mètres de long est attachée au taureau, seule entrave physique sur l'animal, qui est libre de mouvement. En l'espace de 30 minutes au maximum, des équipes de compétiteurs s'affrontent pour contrôler le bovidé en tension en saisissant sa corde. C'est à cette occasion qu'une récompense en jalli (« pièce ») est nouée sur les cornes de l'animal, qui peut être saisie par une des équipes, composées de 7 à 9 personnes.
Histoire
modifierDes artéfacts ou des écrits se référant à la tauromachie peuvent être remarqués à des périodes très anciennes de l'histoire de l'Inde et du Tamil Nadu, notamment durant la civilisation de la vallée de l'Indus. Néanmoins, le jallikattu est une pratique marquée géographiquement et socialement, se rattachant aux anciennes régions du Maduré (autour de Madurai et de Tirunelveli) et du Marava (autour du Ramnad et de Pudukkottai), peuplées en partie par les Mukkulathor (en), un ensemble de communautés dominantes.
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jalikattu » (voir la liste des auteurs).
- (en) « How jallikattu is different from kambala », The Times of India, (ISSN 0971-8257, lire en ligne, consulté le )
Lien externe
modifier- [vidéo] « Jallikattu 2008 », sur YouTube