Palissandre
L'appellation palissandre regroupe différentes essences de bois, du genre Dalbergia (famille des Fabaceae), poussant sous les tropiques, notamment au Brésil, en Inde, en Amérique ou à Madagascar, parmi lesquelles l'espèce la plus recherchée est Dalbergia nigra appelée en France « palissandre de Rio » et au Brésil Jacaranda da Bahia (qui n'a pas de lien avec le genre Jacaranda). Sa densité est comprise entre 0,85 et 1,00, de sorte qu'il flotte à peine[1].
Description et historique
modifierLes palissandres sont des bois très denses, très durs et résistants à l'humidité et à la vermine, pouvant présenter différentes couleurs. Leurs grandes qualités tant mécaniques et acoustiques qu'esthétiques en ont fait des bois très recherchés dès le XVIIIe siècle pour réaliser notamment des meubles haut de gamme et des instruments de musique (le basson français est en palissandre de Rio, le corps, les éclisses et la touche d'un grand nombre de guitares, certaines clarinettes, les chevilles, le cordier et le bouton de certains violons, altos, violoncelles, contrebasses, les lames de certains xylophones et de marimbas également). On rencontre aussi souvent des quenas (flûte des Andes) intégralement en palissandre[2], ou mixtes : corps en palissandre et tête en os[3].
C'est aussi un bois souvent utilisé pour réaliser des sculptures puisque, malgré sa solidité, il est assez facile à sculpter. Les pièces « noires » des jeux d'échecs haut de gamme sont ainsi souvent réalisées en palissandre.
En raison de son aspect proche bien que généralement plus clair, l'espèce Libidibia ferrea est surnommée "palissandre de Santos", bien que n'étant pas du genre Dalbergia.
Protection
modifierLe commerce du palissandre de Rio, victime de la surexploitation, est désormais[Depuis quand ?] totalement interdit pour tous les spécimens coupés après 1992. Le dalbergia de Madagascar est une essence protégée depuis et depuis sous embargo commercial international[4],[5]. Un permis est exigé pour pouvoir voyager avec des objets en palissandre, afin de prouver qu'ils ont été produits avant l'entrée en vigueur de l'interdiction. En 2019, la CITES instaure une exception pour les instruments de musique, qui ne représentent que 5% du volume des palissandres commercialisés[6].
Utilisation
modifierLe palissandre étant très coûteux, il fut surtout utilisé en placage pour le mobilier depuis le XVIIe siècle en Europe occidentale (bien que l'on trouve des meubles en bois massif, en particulier dans le mobilier anglais). La finition est le plus souvent vernie (au tampon), ce qui met en valeur les contrastes de la veine de ces bois sombres.
La touche des manches de guitares électriques et acoustiques est souvent de palissandre, alors que beaucoup d'autres instruments à cordes, tels le violon, utilisent plutôt l'ébène pour la touche, plus dur que le palissandre, mais nécessitant un certain entretien pour éviter les fissures.
Du fait de l'interdiction des palissandres de Rio et de Madagascar, la rareté des stocks et le prix astronomique des rares planches apparaissant sur le marché ont conduit les luthiers à se tourner vers le palissandre indien (Dalbergia latifolia) et beaucoup de guitares classiques possèdent des éclisses et un fond en palissandre indien.
Symbolique
modifierDans la liste des anniversaires de mariage, les noces de palissandre sont célébrées après 65 ans de mariage.
Notes et références
modifier- Rappelons que d'autres essences de bois précieux, telles le cocobolo, le bois de violette (eux aussi du genre Dalbergia, famille des Fabaceae), le gaïac (genre Guaiacum, famille des Zygophyllacées), ou encore l'ironwood ou « bois de fer » (nom parfois donné au gaïac, mais aussi à d'autres essences comme l'Ostryer de Virginie, etc.) ont une densité supérieure à 1,0, celle de l'eau, et de ce fait coulent (Voir la section Densité et flottabilité).
- on pourra voir ici de belles quenas en divers bois dont le palo santo et le palissandre : (en + es) « Quena of wood » [« Quena de bois »], sur Kaypacha (consulté le ).
- on verra ici une belle quena de l'atelier Un mundo de Bambú, au corps en palissandre de Bolivie, le jacarandá, tête en os et encoche en ébène : « Quena professionnelle Bolivienne Jacaranda Ébène », sur Amazon.fr (consulté le ).
- « La fièvre de l'or rouge saigne la forêt malgache », Univers Maoré, numéro 13, juin 2009, p. 8-15
- Laurence Caramel, « Bolabola l'arbre qui saigne », Le Monde, 25-26 janvier 2015
- Jacques Carbonneaux, « Les instruments de musique à la 18ème conférence des parties de la CITES, à Genève – 17 – 28 août 2019 », sur laguitare.com,
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Liste des essences forestières tropicales
- Bois de rose
- Dalbergia cochinchinensis
- Dalbergia nigra
- Dalbergia sissoo
- CITES
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :