Pinot noir (cépage)

cépage

Pinot

Pinot noir
Pinot noir (cépage)
Caractéristiques phénologiques
Débourrement 2 jours après le chasselas
Floraison ...
Véraison ...
Maturité 1re époque, 1/2 semaine après le chasselas
Caractéristiques culturales
Port ...
Vigueur ...
Fertilité ...
Mode de taille taille courte (gobelet, cordon de Royat) ou longue (guyot simple ou double)
Mode de conduite ...
Productivité ...
Exigences culturales
Climatique continental
Pédologique argilo-calcaire
Pathologique ...
Potentiel œnologique
Potentiel alcoolique ...
Potentiel aromatique Cerise et mûre, framboise, cerise noire, cassis, prune, groseille, violette, rose, cannelle, poivre, réglisse, sous-bois, cuir, café, cacao, fumée

Le pinot noir ou pinot[N 1] est un cépage de vigne français.

Historique

modifier

Le pinot est vraisemblablement originaire du Nord-Est de la France et connu de très longue date en Bourgogne, comme le montre, par exemple, la variabilité génétique de ce cépage. Il pourrait provenir de vignes sauvages sélectionnées et cultivées au moment de l'arrivée des Romains[1], il aurait été répandu ensuite dans toute l’Europe par ces derniers sous le nom Allobrogica, vin des Allobroges.

Les Romains trouvèrent des plantations lorsqu'ils occupèrent la Gaule ; les écrivains Columelle et Pline l'Ancien les citèrent avec éloge[2]. Le premier cite par ailleurs le cépage vitis allobrogica, ainsi nommé car cultivé par les Allobroges dans une région allant du Dauphiné au lac Léman. Ce cépage a été vu par l'ampélographe Louis Levadoux comme un ancêtre de la mondeuse noire (proto-mondeuse) et de la syrah[3]. Or, les travaux de l'équipe de Jean-Michel Boursiquot de l'INRA de Montpellier, ont démontré que le pinot noir est « l'arrière-grand-père » de la syrah[4] et le « père » du chardonnay B et du gamay R[5]. Ainsi, le pinot noir est à la base de 2 familles de cépages : les Sérines et les Noiriens. Dans la première famille nous trouvons les cépages tels syrah, roussanne, marsanne, mondeuse. Les membres de la deuxième famille sont, entre autres, le chardonnay, le gamay, le romorantin[6]. Si ces études ne permettent pas d'affirmer l'existence du pinot dès l'époque romaine, elles permettent de prouver son antériorité sur nombre de cépages de cette région dont il est le géniteur[N 2].

Au Moyen Âge, son histoire se confond avec celle des monastères clunisiens qui contribuèrent à la plantation et à la sélection du vignoble bourguignon et champenois.

Sous le règne des quatre derniers ducs de Bourgogne (1364-1477) furent édictés des règles destinées à favoriser la qualité des vins. En l'an 1395, le duc Philippe II le Hardi interdit la culture du « vil et déloyal gamay » au profit du pinot noir dans ses terres.

Chaque village conserve jalousement sa variété de pinot, créant au fil des mutations une grande variété de familles. Au cours de sa diffusion, il a été croisé avec d'autres cépages donnant une multitude de cépages qui sont toujours cultivés actuellement. La diffusion de ce cépage dans les régions d'influence germanique (Allemagne, Suisse (1420), Autriche, Alsace, Roumanie, Belgique, etc.) date de cette époque.

L’introduction du plan de pinot noir (ou ses variétés Clevner, Blauburgunder, Samtrot, Spatburgunder) dans les nouveaux pays viticoles (Australie, États-Unis…) est lié à l'émigration germanique dans ces pays.

Le pinot tire son nom de la forme en pomme de pin des grappes de raisin[7].

 
Grappe de pinot noir à Saint-Martin-sous-Montaigu (AOC mercurey).

Répartition

modifier

Caractères ampélographiques

modifier
 
Grappe et feuille de pinot noir.
 
Jeunes feuilles duveteuses.

Les jeunes feuilles sont de couleur verte ou jaune. Les feuilles adultes sont de couleur vert foncé à très foncé, entières, à 3 ou 5 lobes avec un sinus pétiolaire peu ouvert ou fermé, des lobes s'opposant vers la face inférieure en « crête de coq », des dents courtes, un limbe tourmenté fortement bullé et, en face inférieure, une faible densité de poils couchés.

L'extrémité du jeune rameau présente une densité moyenne à forte de poils couchés. Les rameaux ont des entre-nœuds à raies rouges.

Les baies sont arrondies ou légèrement elliptiques. La grappe est petite et compacte.

Composés phénoliques

modifier
Composés phénoliques du pinot noir[16]
Phénols tot.
(mg/L)
Flavonoïdes tot.
(mg/L)
Anthocyanes tot.
(mg/L)
Resvératrol
(μg/kg)
39,68 30,18 4,98 42,1

Aptitudes

modifier
  • Culturales : cépage qui nécessite un terroir qui affaiblit sa vigueur. Il nécessite un ébourgeonnage soigné pour limiter la production de grapillons.
  • Sensibilité : c'est un cépage sensible aux maladies, particulièrement au mildiou, à la pourriture grise et aux cicadelles.
  • Technologiques : les grappes et baies sont de petite taille. Cépage exigeant sur les conditions pédologiques et climatiques, il affectionne le climat continental et les sols argilo-calcaires. Il produit des vins rouges de grande qualité alliant finesse, puissance, intensité et complexité aromatique. Il stocke bien le sucre, mais son acidité est parfois un peu juste à pleine maturité. Sa couleur est peu intense mais se maintient bien au vieillissement. Il peut être utilisé pour l'élaboration de vin de base pour vin effervescent (champagne, crémant de Bourgogne).

Cycle végétatif

modifier
 
Cépage Pinot noir en Bourgogne.

La durée du cycle végétatif est fonction de la température extérieure, mais on observe généralement une période de 223 jours entre le débourrement printanier et la chute des feuilles en automne. De manière générale, au cours d’une saison sans extrême, il est possible de dire que son cycle débute lorsque la température moyenne de l’atmosphère franchit les 10 °C. Le pinot noir possède un débourrement précoce (traditionnellement entre fin avril et première semaine de mai) ce qui le rend, aux latitudes de la Champagne, très sensible aux gelées de printemps. Ces gelées ont pour conséquences la destruction du bourgeon principal, le bourgeon secondaire prenant alors le relais avec une grappe de moitié plus petite. Le pinot noir est un cépage à maturité précoce, c’est-à-dire que ces grains de raisin atteignent leur maturité (composition optimale en sucre, acidité, anthocyanes ou aux composés phénoliques) à peu près 45 jours après la véraison (phénomène au cours duquel les grains de raisin se colorent)[17][réf. non conforme].

Génétique

modifier

Ce cépage présente une variabilité forte, liée à sa longue histoire. Cinquante clones sont agréés, dont quinze réellement multipliés.

Clones de Pinot Noir
Clones Provenances Agréments TAVP[N 3] Remarques[18]
111 Colmar 1973 Plus ou très peu diffusés
112 Plus ou très peu diffusés
113 Colmar 1971 Rendement moyen, irrégulier. Vins équilibrés avec des tannins peu marqués.
114 Colmar 1975 élevé Vins tanniques, production irrégulière.
Pour assemblages.
115 Colmar 1975 élevé Production régulière, clone de qualité.
162 Colmar 1972 Plus ou très peu diffusés
163 Cosne-Cours-sur-Loire 1972 Plus ou très peu diffusés
164 Cosne-Cours-sur-Loire 1972 Plus ou très peu diffusés
165 Cosne-Cours-sur-Loire 1972
236 Villeneuve-lès-Maguelone 1973 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
292 Dijon 1973 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
372 Dijon 1973 Plus ou très peu diffusés
373 Dijon 1975 Plus ou très peu diffusés
374 Dijon 1975 Plus ou très peu diffusés
375 Mâcon 1975 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
386 Épernay 1975 moyen Pour crémants, rendement élevé, baies charnues
388 Épernay 1975 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
389 Épernay 1975 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
459 Dijon 1976 Rendement élevé
460 Dijon 1976 Plus ou très peu diffusés
461 Dijon 1976 Plus ou très peu diffusés
462 Dijon 1976 Plus ou très peu diffusés
521 Épernay 1976 moyen Pour crémants
528 Cosne-Cours-sur-Loire 1976 Plus ou très peu diffusés
583 Dijon 1978 Rendement élevé
617 Cosne-Cours-sur-Loire 1979 Plus ou très peu diffusés
665 Épernay 1980 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
666 Épernay 1980 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
667 Dijon 1980 élevé
668 Épernay 1980 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
743 Épernay 1981 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
777 Dijon 1981 élevé Clone de très bonne qualité, faible rendement
778 Dijon 1981 Plus ou très peu diffusés
779 Épernay 1981 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
780 Épernay 1981 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
792 Épernay 1984 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
828 Mâcon 1985 élevé Faible rendement
829 Mâcon 1985 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
870 Épernay 1986 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
871 Épernay 1986 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
872 Épernay 1986 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
927 Épernay 1988 Rendement élevé, adaptés pour l’élaboration de vins effervescents.
943 Dijon 1989 élevé Rendement inférieur, précoce. Pour assemblages.


Voir aussi

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

modifier
  1. Avec un problème d'homonymie : voir Pinot.
  2. Voir les articles famille des Sérines et famille des Noiriens.
  3. Titre alcoométrique volumique potentiel.

Références

modifier
  1. a et b Rühl, Schmid et Schumann, Editions Eugen Ulmer, 1997 (ISBN 2-84138-059-9).
  2. Marcel Lachiver, Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français, Librairie Arthème Fayard, , 714 p. (ISBN 2-213-02202-X), p. 36.
  3. Louis Levadoux, Jacques André, « La vigne et le vin des Allobroges », Journal des savants, vol. 3, no 3,‎ , p. 169-181 url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1964_num_3_1_1078.
  4. José Vouillamoz, « Arbre généalogique de la Syrah », Académie internationale du vin, (consulté le ).
  5. Michel de PRACONTAL, « Vins, les saveurs du métissage », Le nouvel observateur,‎ (lire en ligne).
  6. « Pinot Noir », sur les vins personnalisés (consulté le ).
  7. Henriette Walter et Pierre Avenas, La Majestueuse Histoire du nom des arbres : du modeste noisetier au séquoia géant, Paris, Robert Laffont, , 576 p. (ISBN 978-2-221-13622-5).
  8. Julien Lefour, « Les cépages de tradition française donnent-ils des vins californiens ? », Communications, vol. 77, no 1,‎ , p. 149–165 (DOI 10.3406/comm.2005.2267, lire en ligne, consulté le )
  9. « Le merlot "sérieux" et l'effet "Sideways" qui perdure », sur Le commerce des boissons, (consulté le )
  10. (en-US) « The Best Pinot Noir in California?: Tasting at Pinot Days 2008 », sur Vinography, (consulté le )
  11. [1].
  12. « New Zealand Pinot Noir: tasting 25 of the best », sur www.wineanorak.com, (consulté le )
  13. [2].
  14. [3].
  15. Le vin, issu de ce cépage, est commercialisé depuis 1953. Le pinotage du domaine Kanonkop a donné à l'Afrique du sud une notoriété internationale en remportant le trophée du meilleur vin rouge au concours international des vins et spiritueux de Londres de 1991.
  16. (en) « Phytochemical profiles and antioxidant activities of wine grapes », Food Chemistry, vol. 116, no 1,‎ , p. 332–339 (ISSN 0308-8146, DOI 10.1016/j.foodchem.2009.02.021, lire en ligne, consulté le )
  17. « Le pinot noir », sur Reflet des Bulles (consulté le )
  18. « Société de Viticulture du Jura - Fédération des ODG des AOC des Vins du Jura - SV Jura », sur https://www.sv-jura.com (consulté le )
  NODES
INTERN 3
Note 4