Virilité

Ensemble des caractéristiques physiques et sexuelles de l'homme adulte

La virilité désigne les caractéristiques physiques de l'homme adulte, au sens biologique, le comportement sexuel de l'homme, en particulier sa vigueur et sa capacité à procréer (en ce sens, les caractères moraux de l'homme, en tant que genre, qui lui sont culturellement associés). En histoire culturelle, on différencie la masculinité (l'ensemble des caractères propres à l'homme) de la virilité, notamment via l'évolution culturelle des attributions du masculin : la notion de virilité varie selon les époques et les cultures.

Histoire

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Jean-Jacques Courtine

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La virilité a bien une histoire, mais on s'y est d'autant plus intéressé qu'elle est devenue problématique. Longtemps, elle a été considérée comme quelque chose de naturel, et donc, d'une certaine manière, sans histoire : les hommes étaient des hommes, et de préférence des « vrais ».
  • « Jean-Jacques Courtine: "la virilité est affichée quand elle est incertaine" », Jean-Jacques Courtine, propos recueillis par Bernard Poulet, L'Express, 21 décembre 2010 (lire en ligne)


Lucile Peytavin

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Les comportements virils sont malheureusement valorisés dans notre société. Nous en sommes tous victimes. Les hommes répondant à ces injonctions veulent prouver leur force, ils vont davantage se mettre en danger, en ayant des comportements pathologiques avec l’alcool, les drogues ou la vitesse. De plus, ils possèdent trois fois plus de risque de décéder avant 65 ans, d’une mort évitable !
  • « Interview de Lucile Peytavin, auteure du livre Le coût de la virilité », Lucile Peytavin, citée par Celles qui osent, Celles qui osent, 29 mars 2021 (lire en ligne)


Il faudrait éduquer les garçons comme les filles, développer davantage leurs sentiments, l’empathie, leur faire respecter les règles. Valoriser les valeurs féminines et arrêter de penser qu’être femme est dégradant. La solution réside dans l’éducation.
  • « Interview de Lucile Peytavin, auteure du livre Le coût de la virilité », Lucile Peytavin, citée par Celles qui osent, Celles qui osent, 29 mars 2021 (lire en ligne)


Revue Challenges : Comment définissez-vous cette "virilité" si coûteuse ?
Lucile Peytavin : Ça vient du Sanskrit "vira" qui définit le héros, les attributs de force et de puissance, c’est ce qui définit un vrai "homme" au sens social. Cela repose notamment sur des comportements asociaux, des démonstrations de force. La "masculinité toxique" découle de cette virilité. Il est important que l’on comprenne que les hommes n’ont pas ces comportements par nature, c’est une construction sociale, en majeure partie issue de l’éducation.
  • « La virilité coûte 95,2 milliards par an à la société française, selon Lucile Peytavin », Lucile Peytavin, propos recueillis par Challenges, Challenges, 14 mai 2021 (lire en ligne)


Les hommes représentent 83% des 2 millions d’infractions pénales traitées chaque année par les parquets, 86% des mis en cause pour meurtre, 99% des auteurs de viols, 95% des mis en cause pour vols violents avec arme. Et même 92% des élèves sanctionnés pour atteinte aux biens et aux personnes au collège, cela commence tôt ! Deux mécanismes invisibilisent ces résultats : on considère comme normal que les hommes se comportent ainsi et le masculin représente la norme. Les pouvoirs publics ont ces chiffres sous les yeux depuis des années, mais il n’y a pas de déclic.
  • « La virilité coûte 95,2 milliards par an à la société française, selon Lucile Peytavin », Lucile Peytavin, propos recueillis par Challenges, Challenges, 14 mai 2021 (lire en ligne)


Si la virilité est la cause majeure des violences, elles vont diminuer avec le changement d’éducation. Cela permettra aussi à la société française d’économiser de l’argent : 95,2 milliards d’euros par an au total !
  • « La virilité coûte 95,2 milliards par an à la société française, selon Lucile Peytavin », Lucile Peytavin, propos recueillis par Challenges, Challenges, 14 mai 2021 (lire en ligne)


Les sciences sont très claires sur le sujet. Il n'y a rien dans la nature, dans la biologie des hommes, qui les pousseraient à avoir ces comportements agressifs. Dans les hormones non plus d’ailleurs ! Les études récentes sur le sujet ont montré que des niveaux de testostérone élevés chez un même individu peuvent être aussi bien liés à des comportements agressifs qu'à des comportements altruistes. Et c'est plus en adoptant un comportement agressif que ce taux d'hormones augmente. Donc, on voit que la testostérone n'est pas à l'origine de l'agressivité ou de comportements de domination. C'est absolument faux. Et d'ailleurs, les hommes sont responsables de leurs actes.
  • « La déconstruction de la virilité : questionner la notion de masculinité », Lucile Peytavin, propos recueillis par Radio France, Radio France, 5 septembre 2022 (lire en ligne)


Sociologie

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Olivia Gazalé

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Selon moi, le féminisme est un humanisme. Il ne s'agit plus de défendre un sexe contre l'autre mais de se libérer du sexisme pour émanciper les deux sexes. Et l’éveil de la conscience masculine à l'égard du sexisme et de ses effets délétères – y compris sur le masculin – est un espoir pour sortir de la guerre des sexes. Par ailleurs, c'est parce que le féminin est dégradé que l'effémination est considérée comme dégradante. Et, de ce point de vue, l'homophobie ou la transphobie découlent en partie de la gynéphobie.
  • « Entretien. Olivia Gazalé : « L’homme ne naît pas viril mais le devient » », Olivia Gazalé, propos recueillis par Amnesty International, Site d'Amnesty International, 8 mars 2018 (lire en ligne)


Si, comme l'a montré Simone de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient », je dirais que l’homme ne naît pas viril mais le devient. Il s’agit d’une construction. Être homme, c’est se conformer à un modèle qui valorise la force, le goût du pouvoir, la compétitivité, le sens de l'honneur, le mépris des émotions, de la souffrance et de la mort. Un ensemble d’injonctions coercitives, discriminatoires et paradoxales. Non seulement, ce modèle asservit le féminin mais il exclut tous les hommes qui ne portent pas les attributs de cette virilité triomphale et conquérante. Tout se passe comme si cette virilité avait toujours besoin d'être validée.
  • « Entretien. Olivia Gazalé : « L’homme ne naît pas viril mais le devient » », Olivia Gazalé, propos recueillis par Amnesty International, Site d'Amnesty International, 8 mars 2018 (lire en ligne)


La perpétuation de la violence sexiste est liée à la persistance des stéréotypes féminins : la femme tentatrice, maléfique, séductrice, diabolique avec la référence à Lilith, Pandore, Eve…. Ainsi qu'au maintien des stéréotypes masculins : un homme affirme son pouvoir par sa performance sexuelle, la force, la brutalité et sa capacité à vaincre la résistance féminine. C'est l'idée de la fanfaronnade. Un homme n'est viril que s'il se vante de ses conquêtes.
  • « Entretien. Olivia Gazalé : « L’homme ne naît pas viril mais le devient » », Olivia Gazalé, propos recueillis par Amnesty International, Site d'Amnesty International, 8 mars 2018 (lire en ligne)


« La virilité est à la fois un privilège et un piège » disait fort justement Pierre Bourdieu, car la domination opère une discrimination à l'intérieur de la gente masculine. La norme viriliste est mutilante, aliénante et limitative pour les hommes.
  • « Entretien. Olivia Gazalé : « L’homme ne naît pas viril mais le devient » », Olivia Gazalé, propos recueillis par Amnesty International, Site d'Amnesty International, 8 mars 2018 (lire en ligne)


Liens externes

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