Le Clergé en Espagne


ESPAGNE.




LE CLERGÉ.


Le clergé espagnol peut se diviser en haut et bas clergé. La première classe se compose du corps épiscopal, des dignitaires et chanoines des cathédrales, des curés des grandes villes, des professeurs des universités et des religieux rentés, appelés monges, tels que les bénédictins, bernardins, hyéronimites, chartreux, etc. C’est dans cette classe, généralement instruite, que se trouve la portion du clergé qui, avant la révolution, avait adopté les idées philosophiques modernes, surtout en matière de gouvernement.

À la mort de Charles iii, le corps épiscopal en Espagne se composait des hommes les plus respectables. Sous le règne de son fils, et malgré la corruption introduite par le prince de la Paix dans toutes les branches de l’administration, les dignités ecclésiastiques ne furent jamais conférées qu’à des sujets dignes de les obtenir. À peine pourrait-on citer deux prélats, pendant cette période, dont l’élévation n’ait pas eu l’assentiment général, soit que le favori ait respecté en ce point l’autorité royale, dont il exerçait toutes les fonctions, soit que, par une exception unique, qui ferait honneur au clergé espagnol, les hauts dignitaires de ce corps se fussent préservés de la contagion générale. Les évêques étaient choisis sur une liste triple, présentée par la section du conseil de Castille appelée la camara. C’était le ministre de grâce et justice qui proposait la nomination au roi, et à l’exception de deux individus, ainsi que nous l’avons déjà dit, tous les évêques se montrèrent dignes du haut rang qu’on leur avait destiné. Il en fut à peu près de même pour les canonicats, quoique cependant la faveur ait souvent tenu lieu de mérite. D’ailleurs, plusieurs riches bénéfices appartenaient à divers patronats, et étaient, par conséquent, indépendans de l’élection royale. Il arrivait fréquemment que les grands seigneurs usaient de leur privilége en faveur des enfans de leurs domestiques ; voilà pourquoi le clergé se trouvait divisé en deux classes, entièrement distinctes sous le rapport des lumières et de la régularité des mœurs. Les choix faits par le roi, sur la présentation de la camara, tombaient presque toujours sur les hommes de mérite : la faveur ne pouvait protéger qu’un des trois candidats présentés, et on vient de voir comment il était presque impossible que ces trois candidats ne fussent pas à peu près irréprochables.

D’autres places ecclésiastiques, telles que les principales chaires des universités et quelques grandes cures, s’obtenaient au concours. Cette forme d’élection écartait les concurrens incapables, et n’éloignait pas des prétendans qu’une certaine manière de voir en théologie aurait fait exclure dans d’autres contrées. On a souvent entendu de savans ecclésiastiques espagnols témoigner leur étonnement de ce que les systèmes de leurs casuistes avaient occasionné tant de disputes en France, tandis qu’en Espagne il n’y avait même pas le quart du clergé qui connût leur nom.

Cet aperçu explique la distinction que nous avons établie dans le clergé espagnol, et rend moins incroyable l’assertion souvent contestée, qu’une partie de ce corps, évaluée au tiers environ, est aussi recommandable par ses lumières que par ses vertus. Il faut aussi comprendre dans cette classe la presque totalité des monges, surtout les bénédictins. Les jésuites, dont la tradition, pour le dire en passant, est totalement perdue en Espagne, étaient généralement fort instruits. Après leur destruction, un petit nombre d’entre eux, s’étant soumis aux conditions imposées, purent rentrer dans le royaume. Le fameux père Isla avait été jésuite, et il n’a pas peu contribué, par ses écrits, à répandre les lumières. La hardiesse de ses pensées, et le talent avec lequel il les présentait, lui ont mérité une place remarquable parmi les écrivains espagnols du 18e siècle. C’est à la même corporation qu’appartenait le célèbre critique Méusda.

Le bas clergé, d’après l’espèce de statistique ecclésiastique que nous venons d’établir, se composait du bas chœur des chapitres cathédraux, des curés du second ordre, des moines de toutes les espèces, appelés frayles, et de cette foule innombrable de prêtres attachés aux églises comme desservans, ou pourvus de petits bénéfices, connus sous le nom de capellanias, d’un très-mince revenu, et dépendant, pour la plupart, des familles dont les ancêtres les avaient fondées. Tel grand d’Espagne, par les revenus des majorats accumulés dans sa famille, avait à sa nomination plusieurs centaines de bénéfices simples, toujours donnés aux gens de sa maison. On peut citer à ce sujet le duc de Médinacéli, qui pouvait certainement placer en canonicats, cures, provendes, chapellenies, aumôneries, etc., plus de mille sujets, plusieurs de ces bénéfices n’exigeant point que les titulaires fussent prêtres. Mais il était rare qu’ils ne le devinssent pas, afin de ne point se trouver inhabiles à d’autres fonctions de leur état où cette condition était de rigueur. Les jeunes gens, que leurs parens, presque tous pauvres, destinaient à l’état ecclésiastique étaient obligés de fréquenter les universités au moins pour la forme ; ils s’y rendaient à l’époque des cours, et encombraient les villes où elles étaient situées. Ils vivaient dans un état de misère et de dénuement qui avait fait passer en proverbe l’expression hambriento como un estudiante (affamé comme un étudiant). Les anciennes comédies ainsi que les romans espagnols parlent souvent de cette classe de jeunes gens, qui se distinguaient peu des mendians. Les plus heureux étaient ceux qui pouvaient entrer en qualité de pages chez quelques grands et chez des évêques, où ils demeuraient sur un pied de domesticité absolue, sauf la livrée. Ceux-là finissaient toujours par obtenir de leurs patrons des bénéfices souvent considérables. Le célèbre Lorenzo, qui est mort cardinal, évêque de Tolède, et qui avait été grand-inquisiteur, commença par être page. Son seul mérite le fit parvenir aux premières dignités de l’Église, et il les honora par de grands talens et d’éminentes vertus. Les archidiacres, ainsi que les chanoines de quelques cathédrales fort riches, telles que Tolède, Séville et Valence, avaient aussi des pages en soutane. Nous avons dîné dans cette dernière ville, en 1805, chez un dignitaire de la métropole, et le service de la table y était fait par de jeunes ecclésiastiques. Le reste de ces étudians vivait dans la plus profonde misère, et lorsqu’ils avaient obtenu leurs licences, ils retournaient chez eux, attendre de leurs protecteurs une chapellenie, ou quelque vicariat de village. Ceux qui pouvaient réunir la petite somme nécessaire pour être admis dans un couvent embrassaient la vie religieuse ; mais il était rare qu’ils prissent ce parti, car les moines ayant le privilége de donner les grades des écoles, dans leur propre couvent, ne recherchaient point ces novices de nécessité. Les monastères se recrutaient en général dans les campagnes et parmi les artisans des petites villes, qui trouvaient assez commode d’assurer à l’un de leurs enfans une existence exempte de soucis.

Il est très-remarquable que l’Espagne, le pays de l’Europe où le clergé passe pour avoir la plus grande influence, soit celui où ce corps n’est généralement composé que des classes inférieures de la nation. On ne citerait peut-être pas deux exemples de maisons de grands d’Espagne dont quelque membre ait été revêtu de l’épiscopat, et à peine rencontre-t-on des prêtres dont on connaisse les familles. Il ne faut cependant pas en conclure que tous les prêtres espagnols soient nés dans les dernières classes de la société ; cette conséquence serait fort inexacte pour des provinces telles que les Asturies, la Biscaye, la Navarre et une grande partie de la Vieille-Castille, où la presque totalité de la population est noble par droit de naissance. Il est seulement vrai que les classes aisées ou éclairées ne songent guère à faire embrasser à leurs enfans la carrière ecclésiastique, malgré les avantages qu’elle présente. Les espérances de placement ne sont pas assez prochaines pour déterminer les jeunes gens qui se sentent quelque capacité, à consacrer les plus belles années de leur jeunesse à des études tout-à-fait inutiles dans les autres professions. L’éloignement des familles a d’ailleurs un autre motif. Il n’y avait pas en Espagne, avant la révolution, des abbayes et des prieurés comme il en existait en France, et qui exigeaient la résidence. Ces bénéfices appartenaient exclusivement aux quatre ordres militaires de Saint-Jacques, de Calatrava, d’Alcantara et de Montésa. Les titulaires étaient tous ou avaient été officiers de l’armée de terre et de mer. Les corporations ecclésiastiques qui dépendaient de ces ordres, étaient de vrais couvens ; en un mot, on ne connaissait pas de feuille des bénéfices. Il fallait nécessairement passer par la camara du conseil de Castille, et rien de moins certain que le succès de cette candidature.

Toutefois il y eut quelques exceptions, surtout sous le règne de Charles ix ; mais elles ont été trop peu nombreuses pour contredire ces observations.

Pendant la faveur, ou pour mieux dire, pendant le règne du prince de la Paix, une partie des bénéfices ecclésiastiques et particulièrement les canonicats furent demandés et obtenus par des personnes qui n’appartenaient point à l’Église. Tel solliciteur qui courait après une intendance ou un corrégidorat, obtenait un canonicat et changeait sans difficulté l’uniforme ou la toge contre la soutane. On nomme, entr’autres, un habitant de Burgos, qui, à son retour de Paris, où il avait été envoyé comme commissaire du gouvernement espagnol auprès du bureau des longitudes, reçut un canonicat en récompense ; il paraît même qu’il a été depuis évêque de Badajoz. Tous ces bénéficiers d’occasion prenaient ordinairement la prêtrise dans l’année de leur nomination ; c’était plus gênant que les abbayes commendataires de France avant la révolution, dont plusieurs titulaires étaient colonels, comme le chevalier de Boufflers, qui commandait à la fois à des moines et à des dragons.

Le clergé espagnol possédait d’immenses propriétés outre les dîmes. Ses revenus ne s’élevaient cependant pas aussi haut qu’on l’a cru, et les trésors qu’on lui a supposés étaient imaginaires. Quant aux dîmes, les diverses portions que les rois s’en étaient adjugées sous le nom de Tercias reales, Noveno et Caso excusado, réduisaient la part du clergé au tiers, tout au plus, de leur produit réel. Les évêchés, dont plusieurs n’étaient pas richement dotés, se trouvaient, pour la plupart, grevés de pensions, et dans des circonstances que le gouvernement avait l’habileté de faire naître, le clergé se taxait assez généreusement pour ôter au gouvernement le regret de le faire lui-même. Les biens possédés par les monastères étaient, sans contredit, les mieux cultivés de toute l’Espagne, et il faut avouer que ce fut une grande faute au gouvernement de Joseph, et en dernier lieu à celui des cortès, que d’avoir voulu brusquement rendre à la circulation les propriétés ecclésiastiques. Une pareille mesure était prématurée dans un pays où la population ne sera pas de long-temps proportionnée à l’étendue du territoire. Ce n’est que peu à peu, et sans blesser les intérêts du clergé existant, que les réformateurs de l’Espagne auraient dû réaliser leur système. Le prétexte d’attacher le peuple au nouvel ordre des choses n’est pas admissible, car cette classe de la nation n’avait pas les facultés nécessaires pour acheter une si grande masse de terreins. Ce ne sera donc que graduellement que l’état trouvera à s’en défaire avec avantage. On doit regarder comme illusoire la prétendue possibilité de vendre les biens ecclésiastiques à des capitalistes. Comme ils voudraient certainement placer leurs capitaux d’une manière profitable, il faudrait, pour cela, changer le genre de culture, et se servir de colons au lieu des paysans, qui, de père en fils, sont fermiers de ces biens, et à un prix très-modique.

Il n’a pas été publié de dénombrement ecclésiastique officiel en Espagne depuis 1797. C’est à cette source que M. de Laborde a puisé les renseignemens qu’il a publiés dans son itinéraire. Nous pensons que ce document est inexact. Le chiffre de 135,000 pour le clergé séculier et régulier des deux sexes était alors au-dessous de la réalité. Il doit l’être moins aujourd’hui, surtout pour les moines, dont le nombre diminue progressivement. Pendant l’espace de trente années, il s’est opéré beaucoup de changemens, et une foule de causes accidentelles ont modifié l’état du clergé. Pour compléter le tableau ci-dessus, il convient de le faire suivre de quelques considérations sur l’influence des prêtres espagnols, et sur la nature de cette influence à la fin du dernier siècle.

La religion des Espagnols est tout extérieure. Il en est résulté une conviction profonde que le salut dépendait de l’accomplissement rigoureux du précepte, et que ce précepte lui-même avait été établi par Dieu, pour effacer les fautes que la nature irrésistible de l’homme l’entraîne à commettre. Aussi ne trouve-t-on pas en Espagne des dévots qui tendent à la perfection ; et il est difficile de concevoir que dans la patrie de sainte Thérèse, et dans un climat qui doit exalter toute espèce de sentiment, il y ait si peu de ces ames ardentes et affectueuses qui font de l’amour de Dieu l’unique besoin de leur cœur ; l’on rencontre des personnes pieuses, mais rarement on découvrira chez elles la moindre tendance à cette dévotion tendre et désintéressée dont les exemples ne sont pas rares en France. Peut-être faut-il attribuer cette froideur dans la pratique très-exacte, minutieuse même des devoirs religieux, à l’inquisition, qui a fait des chrétiens espagnols, des catholiques qui semblent ne l’être que tout juste autant qu’il faut pour ne pas être damnés.

Il y a en Espagne une classe de dévotes qu’on appelle beatas, elles se distinguent des autres personnes de leur sexe par une plus grande assiduité aux exercices religieux ; mais leur piété est toute matérielle, et peu d’entre elles appartiennent aux classes élevées de la société. L’anecdote suivante qui nous a été racontée par une personne digne de toute confiance, prouvera mieux qu’une longue suite de raisonnemens la vérité de cette observation. Voici sa narration. « J’étais en 1806, dans une petite ville de la Vieille-Castille, et je vivais intimement avec le proviseur (grand-vicaire) de l’évêque diocésain. Ce grand-vicaire homme fort spirituel, avait une conversation pleine d’agrémens. Il connaissait à fond son pays, et m’avait souvent fait part d’observations dont il était impossible de ne pas reconnaître la justesse. Je dînais chez lui, lorsqu’une femme de la ville, et d’une réputation équivoque, força sa porte à une heure où personne ne reçoit de visite en Espagne, et entra dans la chambre où nous nous trouvions à table. Cette femme avait la physionomie fort animée, et sans se donner le temps de nous saluer, elle dit en élevant la voix : « Monsieur le proviseur, je viens dénoncer le père N…, religieux augustin, qui m’a refusé l’absolution, et m’empêche de communier demain, jour de sainte Anne, ma vénérée patronne, ce à quoi je n’ai jamais manqué depuis que j’ai l’âge de raison. Je vous demande une cédule qui l’y oblige. » Le proviseur tâcha de calmer cette femme, et voulut la faire passer dans son cabinet, supposant, lui dit-il, qu’il s’agissait de quelque cas réservé au grand pénitencier. Elle ne voulut pas avoir de conférence particulière, et nous dit que ses péchés étaient de la nature de ceux qui se commettaient le plus fréquemment ; mais que s’en étant confessée, comme notre sainte mère l’Église le prescrivait, elle prétendait recevoir l’absolution et communier. Le proviseur l’engagea à s’adresser à un autre prêtre ; ce fut en vain : elle menaça de faire un scandale public, et d’ameuter la populace devant le couvent des Augustins : « Je forcerai, nous dit-elle, ce juif de moine à m’absoudre. » Le proviseur l’invita à se retirer, et à revenir dans deux heures, lui promettant d’envoyer chercher le religieux. Elle sortit en effet, et le moine augustin fut appelé. Il vint sur-le-champ ; mais la femme, qui le guettait, monta avec lui, et voulut à toute force être présente à son entretien avec le proviseur. J’étais resté jusque-là par curiosité ; je me levai pour laisser vider la querelle hors de ma présence, mais cette femme me retint, et répéta sa plainte. Le religieux répondit qu’en effet il lui avait refusé l’absolution, espérant que la privation d’un acte religieux, qu’elle paraissait désirer vivement, l’engagerait à rompre un commerce criminel, auquel elle lui promettait depuis deux ans de renoncer. Le proviseur blâma fortement le religieux, et lui dit qu’après que la pénitente avait accompli le précepte et promis à Dieu, entre ses mains, de s’amender, il n’avait pas le droit de refuser de l’absoudre. J’étais dans le plus grand étonnement ; et quand le religieux et cette femme furent sortis, je le témoignai au proviseur, qui se contenta de me répondre : « Voilà comme on comprend la religion au-delà des Pyrénées. » — « Je ne m’étonne plus, dis-je, si j’ai si souvent entendu répéter en Espagne : Faire l’amour et voler par nécessité, ce n’est point pécher. »

C’est à cette pratique facile de la religion qu’il convient d’attribuer, en grande partie, l’influence du clergé, sur le peuple espagnol. Une autre cause ne paraît pas moins efficace : c’est la fréquentation habituelle du bas clergé et des moines non rentés avec le peuple ; car ce n’est que sur cette classe que le clergé est tout-puissant. Les autres, au contraire, éprouvent un éloignement qui, chez beaucoup de personnes, présente le caractère de l’aversion. Depuis long-temps, on ne voit presque plus de moines dans les maisons des gens aisés. Les ecclésiastiques éclairés n’ont pas plus de relations avec eux ; et il est à croire que, sans la révolution de 1820, les ordres monastiques auraient été tous graduellement supprimés, ou au moins réduits à un bien petit nombre de couvens.

L’inquisition a exercé peu d’influence en Espagne depuis le commencement de ce siècle ; elle y fut à peine aperçue. Le dernier grand-inquisiteur, D. Ramon de Arce, se montra un prélat fort éclairé ; sa tolérance était extrême. Il vivait en très-bonne intelligence avec le prince de la Paix, et avait su également gagner l’affection du Roi et de la Reine. D. Ramon de Arce, qui occupait l’archevêché de Saragosse, avec le titre de patriarche des Indes, embrassa la cause de Joseph et des Français. Il réside maintenant en France, où il se réfugia quelque temps avant la restauration de 1814.

Du reste, les évêques espagnols n’étaient pas généralement disposés à soutenir l’inquisition. Ils ne lui sont pas plus favorables aujourd’hui, et leur manière de penser à cet égard est facile à connaître ; nous avons vu des lettres adressées à un de nos généraux en chef, dans la dernière guerre d’Espagne, par plusieurs prélats qui sollicitaient avec mystère l’intervention de la France. Dans ces lettres, le rétablissement du tribunal du Saint-Office était regardé comme un des plus grands malheurs qui pût arriver au pays.

« … La France pourrait aujourd’hui nous rendre un grand service, écrivait l’un d’eux en 1825, si elle interposait son influence toute-puissante pour empêcher qu’on nous parle encore d’un tribunal dont, pour l’honneur de l’Espagne, le nom même ne devrait plus être prononcé ; êtes-vous moins hardis que la cour de Rome qui a positivement conseillé à notre Roi de ne pas accueillir les demandes qui pourraient lui être faites à ce sujet… etc.[1] ? »

Ce tableau paraîtra contredire des opinions généralement répandues. Cependant, comme nous n’avons rien avancé que sur des faits dont nous avons été nous-mêmes les témoins, il contribuera peut-être à modifier les idées peu favorables qu’on s’est formées jusqu’ici des prêtres espagnols, en confondant la totalité du clergé dans l’imputation d’ignorance, de fanatisme et d’irrégularité qui est le partage, sans doute, d’un grand nombre de ses membres, mais dont il faut distraire une portion imposante et honorable à beaucoup de ses titres.

D…


  1. Telle fut en effet la réponse de la cour de Rome au mémoire que lui avait envoyé le gouvernement espagnol quelque temps après la restauration de 1814.
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