Étymologie

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(XVe siècle)[1] Étymologie discutée :
  1. Issu du croisement de ricaner et d’une onomatopée tchic[2] exprimant quelque chose de petit → voir chiche, chicot, chichi et chichiter ou de chic[3], au sens initial de « habileté à mener des procédures », qui n’est pas attesté avant le xviiie siècle.
  2. Dénominal de chicane que Gilles Ménage tire de l’espagnol chico (« petit »)[4] ; Diez approuve cette étymologie[4] ; et Génin, la complétant (car il faut rendre raison de chicane signifiant « jeu de mail »), dit que le jeu a été ainsi nommé de la petite boule qui en fait le sujet et que l’on a comparée à quelque chose de petit (chico). Mais cette étymologie ne peut se soutenir en présence du bas-grec qui vient du persan چوگان, čowgân (« crosse, maillet, polo »)[4][5][6] dont dérive le turc çevgen (« maillet de polo, polo »), étymon qui rend raison de l’affixe -ane. Dès lors la série des sens est : « jeu de mail », puis « action de disputer la partie », et enfin « manœuvres processives[4] ». Contre cette hypothèse, le fait que le sens de « mail » est peu ou pas attesté en français et que le mot manque en occitan ou italien, intermédiaires attendus pour un mot grec ou persan.
  3. Apparenté à chique (« bille »), chiquenaude (« coup de pouce pour envoyer la bille »), pour le sens de « jeu de boule, mail », du moyen bas allemand schicken (« envoyer »)[7] ; les premières attestations en moyen français étant « renvoyer/intenter un procès » et, pour chicane, « procès, procédure », apparenté au néerlandais schikking (« règlement, arrangement [judiciaire] »).

chicaner \ʃi.ka.ne\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se chicaner)

  1. (Droit) Soulever, dans un procès, un point mineur de droit pour embrouiller l’affaire.
    • Item, à maistre Jehan Cotard,
      Mon procureur en Court d’Eglise,
      Devoye environ ung patard,
      Car à present bien m’en advise,
      Quant chicanner me feit Denise,
      Disant que l’avoye mauldite;
      Pour son ame, qu’ès cieulx soit mise!
      Ceste Oraison j’ay cy escripte.
      — (François Villon, Le Grand Testament, 1461)
  2. (Militaire) Créer des difficultés.
    • Chicaner le terrain, le disputer pied à pied.
  3. (Marine) Serrer le vent le plus près possible, comme en lui disputant, parce qu’il est défavorable, une pleine action sur les voiles.
    • Chicaner le vent, gouverner au plus près du vent, presque à ralinguer.
    • Un navire qui chicane le vent diminue son sillage et augmente sa dérive.
  4. (Par extension) Se servir de subtilités captieuses, contester sans fondement, en quelque matière que ce soit.
    • Il chicane, ergote sur tout, à propos de tout.
    • Quelles gens ! disait-il, bon Dieu ! quelles gens ! Avec les uns il faut finir par se battre ; les autres ergotent comme des pédans, chicanent comme des procureurs, et puis s’endorment. — (Julie de Quérangal, Philippe de Morvelle, dans Revue des Deux Mondes, T. 2,4, 1833)
  5. (Transitif) Chercher noise à quelqu’un.
    • Cet homme chicane tous ses voisins.
    • Monsieur, vous avez mangé de la mortadelle, vos papiers d’identité, s’il vous plaît ! Je leur ai donc dit que quand on avait dîné comme ils avaient dîné, on ne venait pas chicaner les gens pour une rondelle de saucisson et leur demander les papiers d’identité… — (Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs, 1944, réédition Cercle du Bibliophile, page 36)
  6. (Transitif) (Par extension) Reprendre, critiquer mal à propos et sur des bagatelles.
    • Cessez de le chicaner à tout propos.
    • La feue Reine-mère, de son côté, ne vivoit pas trop bien avec le Roi : elle le chicanoit en toutes choses. — (Gédéon Tallemant des Réaux, Henri IV, dans Les Historiettes, texte établi par Monmerqué, de Chateaugiron, Taschereau, Paris : chez A. Levavasseur, 1834, tome 1, page 11)
  7. (Pronominal) Se chamailler, se quereller.
    • Ils ne cessent de se chicaner.
    • Ici, les enfants se chicanent pour des bêtises, pas pour autre chose. — (Léon Frapié, Les deux mères, dans Les contes de la maternelle, éditions Self, 1945, page 22)
    • Imaginez un enfant qui se chicane avec ses parents le matin à table. Il emmagasine ainsi du stress, de l’énergie dans le ventre. — (François Cardinal, Perdus sans la nature - Pourquoi les jeunes ne jouent plus dehors et comment y remédier, Québec Amérique, 2010)
    • Eh ! conscience ou esprit, qu'importe ! Ne chicanons pas sur les mots, je vous prie. — (Jean Richepin, La Glu, édition de 2010 chez José Corti (originale de 1881), page 226)
  8. (Québec) Gronder, admonester, enguirlander.
    • «J'ai comme eu l'impression qu'on retourne dans les années 1950, à l'époque du "Speak White", où on se faisait chicaner parce qu'on parlait en français», lance la députée Ruba Ghazal. — (TVA Nouvelles, « Services en anglais: «Le temps presse» », Le journal de Montréal, 18 novembre 2020)

Synonymes

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Se quereller

Dérivés

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Traductions

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Prononciation

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Anagrammes

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Références

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  1. Voir la citation de François Villon
  2. « chicaner », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  3. Jean Mathieu-Rosay, Dictionnaire étymologique, nouvelles éditions Marabout, 1985.
  4. a b c et d Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
  5. Étienne Marc Quatremère, Makrizi, Histoire des Sultans Mamlouks de l'Égypte, Paris, 1845, p. 132
  6. Antoine-Paulin Pihan, Glossaire des mots français tirés de l'arabe, du persan et du turc, Paris, 1866, pages 114-115
  7. (En anglais) Douglas Harper, Online Etymology Dictionary, 2001–2020 → consulter cet ouvrage
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