désintéressement
Étymologie
modifier- De désintéresser et du suffixe -ment.
Nom commun
modifierSingulier | Pluriel |
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désintéressement | désintéressements |
\de.zɛ̃.te.ʁɛs.mɑ̃\ |
désintéressement \de.zɛ̃.te.ʁɛs.mɑ̃\ masculin
- Qualité de celui qui est désintéressé.
Dès que les jeunes gens furent mariés, Mouret comprit qu’il devait quitter Plassans, s’il ne voulait pas entendre chaque jour des paroles désobligeantes sur sa femme et sur sa belle-mère. Il partit, il emmena Ursule à Marseille où il travailla de son état. D’ailleurs, il n’avait pas demandé un sou de dot. Comme Pierre, surpris de ce désintéressement, s’était mis à balbutier, cherchant à lui donner des explications, il lui avait fermé la bouche en disant qu’il préférait gagner le pain de sa femme.
— (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. II ; réédition 1879, p. 60)Qu'est-ce que la vertu ? Au sens où l'entend son restaurateur, c'est sans doute la probité et le désintéressement, c'est ce genre d’intégrité qui rend un fonctionnaire ou un mandataire inaccessible à toutes les tentations, à toutes les corruptions […].
— (Anatole Claveau, La Vertu, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e éd., page 43)Dans vingt ans, […], une héritière d’un million, ce sera rare comme le désintéressement chez un usurier.
— (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)Son désintéressement ne venait pas de fortune, il venait de son caractère ; car il n'est pas rare qu'un homme riche veuille s'enrichir.
— (Bernard le Bouyer de Fontenelle, Bourdelin.)Sans doute elle était obligée d’avouer que Swann ne tenait pas à l’argent, mais elle ajoutait d’un air boudeur : « Mais lui, ça n’est pas la même chose » ; et en effet, ce qui parlait à son imagination, ce n’était pas la pratique du désintéressement, c’en était le vocabulaire.
— (Marcel Proust, Un amour de Swann, 1913, réédition Le Livre de Poche, pages 77-78)
- Détachement de tout intérêt propre.
L'on y voit de si grands exemples de constance, de vertu, de tendresse et de désintéressement, de si beaux et de si parfaits caractères […]
— (Jean de la Bruyère, I)L'esprit républicain qui est un esprit de désintéressement.
— (Abbé Raynal, Historique phil. XIV, 45)Mais les révolutions sont toujours des sacrifices que le temps fait à l'avenir, et qui nécessitent de la part des peuples par qui elles s'accomplissent un grand désintéressement momentané.
— (Lamartine, Jacquard)Il suivit M. Paul Cambon qui parvint à édifier le célèbre accord entre la France et la Grande-Bretagne, impliquant notamment le troc de nos droits sur l'Égypte contre le désintéressement anglais au Maroc.
— (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)Le désintéressement, la démission pratique mêmes sont des décisions de partisans. La volonté d’être un clerc et seulement un clerc est moins un choix de l’homme éternel que l’élection du partisan.
— (Paul Nizan, Les chiens de garde, 1932, page 47)
Synonymes
modifier- manque d’intérêt
- détachement de tout intérêt propre
Apparentés étymologiques
modifierTraductions
modifier- Allemand : Uneigennützigkeit (de) féminin, Selbstlosigkeit (de) féminin
- Anglais : buying out (en) ; disinterestedness (en) ; paying off (en)
- Croate : nezainteresiranost (hr)
- Grec : ανιδιοτέλεια (el) féminin
- Latin : abstinentia (la)
Prononciation
modifier- Toulouse (France) : écouter « désintéressement [Prononciation ?] »
Références
modifier- « désintéressement », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
- Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (désintéressement)