Étymologie

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Du latin fallere (« faillir ») d’après la troisième personne faut (latin fallit) sur le modèle de valoir, de valere.
(Vers 1160) petit en falt que « peu s’en faut que » ; (Vers 1180) molt po de chose s’an failloit (que) ; de ces tournures passives, le verbe a fini par exprimer le besoin, la nécessité : Et il plus a, et plus li faut ; (XVe siècle) il faut que « il est inévitable que ».

falloir \fa.lwaʁ\ transitif impersonnel 3e groupe, défectif (voir la conjugaison)

  1. Être de nécessité, de devoir, d’obligation, de bienséance.
    • Rabalan se sentit troublé. Du moment que le maire affirmait d’une façon aussi autoritaire qu’il était sorcier, il fallait le croire… Ça l’étonnait pourtant. — (Octave Mirbeau, Rabalan,)
    • Les prairies, émaillées de saxifrages, sont clôturées de murs en pierres sèches qu'il nous faut franchir à tout instant. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 35)
    • …mais l’on n’était qu’en juin et, sauf pour les poires de moisson qui mûrissent en août, il fallait encore attendre longtemps avant de savourer concurremment les pommes du verger et la vengeance désirée. — (Louis Pergaud, Une revanche, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • La malheureuse était grise et il allait falloir bientôt la transporter dans une salle du premier pour l'y laisser cuver son vin. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • En vain l’ambassadeur de France tenta de fléchir les négociateurs américains. Ils se montrèrent implacables. Il fallait se soumettre ou faire banqueroute. — (Camille Aymard, Devons-nous payer l’Amérique ?, Éditions Ernest Flammarion, 1932, page 119)
    • Il eût fallu hurler pour échanger la moindre phrase. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Hier, en France, il fallait être humanitaire, kantien, philosémite. Actuellement, la mode, chez nous, penche vers un christianisme édulcoré. — (Louis Thomas, Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1816-1882), Paris : Mercure de France, 1941, page 43)
    • Puisqu’il fallait qu’elle suât, elle devait boire beaucoup. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • À une époque où les artistes de jazz apparaissent de plus en plus souvent sur scène, il peut sembler surprenant qu'il ait fallu attendre 1956 pour voir réalisé un microsillon contenant l'enregistrement d'un récital de Garner. — (Boris Vian, « Errol Garner … sur scène », dans Derrière la zizique, Paris : C. Bourgois, 1976, Le Livre de Poche, 2012)
    • Non mais, qu’est-ce qu’ils venaient nous casser les pieds, tous ces Parisiens, avec leurs modes modernes, que tu savais jamais ce qu’il fallait faire pour qu’on se foute pas de ta poire ? — (Paul Fabre, Le solitaire de Costejourdes, Éditions L’Harmattan, 2013, page 35)
    • Il fallut qu’Abdel Latif insistât, et elle accepta enfin, comme à regret. — (Out-el-Kouloub, Nazira, dans Trois contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Les gros livres reliés de cuir où il eût fallu puiser les dates des batailles, les manuscrits jaunis desquels il eût fallu tirer la concordance des personnages, les bibles couvertes de toiles d'araignée qu'il eût fallu sortir de leur sommeil, tous ces objets, […], ne pouvaient servir car les ours en avaient lacéré les pages. — (Jean-Christophe Duchon-Doris, Les Ours polaires, Paris : chez Seghers, 1991)
    • (Mathématiques) Il faut et il suffit que… « si et seulement si » ou équivalence.
    • Encore faut-il que… il est du moins nécessaire, malgré tout, que…
    • Ni le docteur ni Thérèse ne rient de ma plaisanterie. Il faut qu’ils ne l’aient pas comprise. — (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; éditions Le Livre de Poche, 1967, page 207)
  2. Être ce dont on a besoin.
    • Pour que l’apothicaire du roi fût heureux, il lui faudrait que le roi eût un estomac et délicat et fort, qu'il eût en même temps besoin de beaucoup de médecines, et qu'en même temps il pût en bien supporter l'effet. — (Amans-Alexis Monteil, Histoire des Français des divers états, tome II : XVe siècle, livre 2, Bruxelles : chez Wouters, Raspoer & Cie, 1843, page 127)
    • Les gazelles et les outardes ne manquent pas non plus, mais il faudrait organiser des battues pour s’en emparer. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 123)
    • Je maintiens, et il est impossible de me démentir, que personne ici ne peut dire approximativement ce qu'il faudra; ce qui est certain, c’est qu’il faudra une somme considérable. — (Emmanuel Arago, « Assemblée nationale législative : séance du 19 avril 1850 », dans les Comptes rendus des séances de l’Assemblée nationale législative, tome 7 (8 avril - 15 mai 1850), Paris : chez Panckouke, 1850, page 210)
    • Quelles sont donc les causes de ces insuccès ? Il n’y en a qu’une : c’est que ces sociétés n’ont pas le directeur qu’il leur faut. Sans un directeur qui joue le rôle d’entrepreneur, ils ne peuvent pas réussir. — (Maurice Block, Les progrès de la science économique depuis Adam Smith, éditions Guillaumin, 1890, page 309)
    • — Si ça vous dit, Monsieur Duprez, je peux préparer un couscous pour ce soir ? J’ai tout. Seulement faudrait pas trop tarder à me le dire, pour le bouillon. — (André Pierrard, Le janissaire, Dunkerque : Éditions des Beffrois-Westhoek, 1983)
  3. Ce que l’on doit donner d’argent à quelqu’un pour un prix, pour un salaire.
    • — Mais combien vous faut-il pour votre voyage ? Je vous dis que je ne suis pas en fonds. — (Walter Scott, « Les aventures de Nigel », chapitre 34, traduit de l’anglais, Œuvres complètes de Sir Walter Scott, tome 48, Liége : chez Fr. Lemarié, 1828, page 191)
    • Misérable, maître chanteur, quelle somme vous faut-il pour que vous me laissiez mon enfant ? — (Éveline Le Maire, La maison d'émeraude, Paris : Librairie Plon, 1926, chapitre 26)
    • Il demande plus qu’il ne lui faut.

s’en falloir

  1. Manquer. Note : Il se conjugue avec l’auxiliaire être.
    • Les plus nombreux et les plus considérables ont été tirés des célèbres carrières d’Œningen, que je décris au chapitre des Reptiles trouvés dans les schistes, et qui passent généralement pour n'offrir que des restes d'animaux du pays, quoiqu'il s’en faille beaucoup que cette assertion soit exacte. — (Frédéric Cuvier, « De quelques Rongeurs fossiles », dans Recherches sur les Ossemens fossiles de Quadrupèdes, Paris : chez Deterville, 1812, tome 4, page 5)
    • Bien qu’on m’appelle le magister, je ne suis pas un savant, hélas ! il s’en faut de tout. — (Hector Malot, Sans famille, 1878)
    • Ce n’était point une sotte que l’institutrice, il s’en fallait de tout, et elle ne se laisserait interroger ni directement ni indirectement sur un pareil sujet. — (Hector Malot, En famille, 1893)
    • — Monsieur, dit Cogolin, il s’en faut d’une bonne demi-heure. Seulement, quand il s’agit du dîner ou du souper, mon estomac avance toujours. — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)
    • « Il s’en est fallu de guère que je ne vienne pas t’appeler ! » — (Marcel Pagnol, Le château de ma mère, 1958, collection Le Livre de Poche, page 137)
    • Il s’en fallut de très peu qu'il s'abandonnât à nouveau à ses rêveries et à sa somnolence. — (Didier Cornaille, Le Périple du chien, éditions Albin Michel, 2013, chapitre 5)
    • Nous avons réussi à sortir de la guerre froide sans nous anéantir les uns les autres, même s’il s’en est fallu de peu en deux ou trois occasions. — (Jason Matthews, Le Moineau rouge, traduit de l’anglais par Hubert Tézenas, Éditions du Cherche Midi, 2015)

Variantes

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Dérivés

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Proverbes et phrases toutes faites

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Verbe défectif qui ne s’utilise qu’à la troisième personne du singulier.

Traductions

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Traductions à trier
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Prononciation

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Références

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falloir *\Prononciation ?\ (voir la conjugaison)

  1. Variante de faillir.
    • Petit s'en faut que mes cuers ne se desment de corroux. — (Psautier, XIIIe siècle)
      Il s’en est fallu de peu que mon cœur ne succombe au courroux.
    • Son bien ne faudra point d'augmenter entre ses mains. — (Étienne de la Boétie, XVIe siècle)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)

Dérivés dans d’autres langues

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Références

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