foutre
Étymologie
modifier- (Date à préciser) Du latin populaire *fŭttĕre (avec redoublement expressif de t), en latin classique futuere (« baiser une femme, copuler »), infinitif du verbe futuo.
- On trouve dans — (Du Cange) : futuare : scilicet coire.
Verbe
modifierfoutre \futʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se foutre)
- (Vulgaire) (Vieilli) Baiser ; posséder sexuellement.
Elle foutit saintement avec ce saint homme pendant deux ans et le mit au tombeau. Cependant, il la dota …
— (Nicolas Edme Restif de La Bretonne, L’Anti-Justine ou Les Délices de l’amour, 1798)Pourvu que je foutisse un jeune con, que m’importait ?… J’allai nu au lit ; je trouvai des tétons naissants, un conin qui tressaillait. Je dépucelai…
— (Nicolas Edme Restif de La Bretonne, L’Anti-Justine ou Les Délices de l’amour, chapitre VI, 1798)Parmi les principaux verbes de la quatrième conjugaison, il est inutile de citer foutre, je fous, je foutais, je foutrai, que je foutisse, foutant, foutu. La conjugaison de ce verbe est intéressante mais on vous grondera plutôt de la connaître que de l’ignorer.
— (Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, 1926)Je fous à tout va !
- (Très familier) (Vulgaire) Faire.
– Tu es Français, et puis ? Qu’est-ce que tu veux que ça nous foute ?
— (Pierre Benoit, Le Lac salé, Albin Michel, 1921, réédition Le Livre de Poche, page 58)Nom de Dieu ! Feempje, qu’est-ce que tu fous ? s’informa joyeusement un passant en lui bourrant l’épaule d’une tape.
— (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 43)Faute de renseignements plus précis, personne, à commencer par moi, ne savait ce que j’étais venu foutre sur terre.
— (Jean-Paul Sartre, Les Mots, 1964, collection Folio, page 76)Ça me prend la tête de remplir des fiches, qu'est-ce qu'ils croivent ces pédales de profs, que j'ai que ça à foutre ? Tous les ans depuis la cinquième, je me coltine Lamine et chaque fois, c'est la même histoire.
— (Habiba Mahany, Kiffer sa race: roman, Éditions J.-C. Lattès, 2008, page 29)Je m’impatientais ; qu'est-ce que je foutais là, à perdre mon temps dans le but de plaire à une vieille fille qui faisait la baboune ? C'était ridicule à la fin... J'ai sacré mon camp.
— (Louise Dubuc, Les Chenilles du brigadier, Éditions Leméac, 2008, page 145)
- (Transitif) (Familier) Placer ; mettre.
Eh bien, monsieur le duc, j’ai toujours remarqué au cours de ma longue carrière […] que quand on a envie d’une fille, si on y va carrément, neuf fois sur dix elle ne vous dit rien, mais si on relève tout doucement ses jupes pour regarder ce qu’il y a dessous, le plus souvent, elle vous fout en correctionnelle.
— (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942, page 62)- Avec votre ferraille
On forge ces engins
Qui foutront la pagaille
Parmi ceux du voisin — (Boris Vian, Le Petit Commerce, 1955) Je lui en ai foutu plein la vue…
— (Jo Barnais [Georges Auguste Charles Guibourg], Mort aux ténors, chapitre XII, Série noire, Gallimard, 1956, page 111)— Revenez-y ! Et je vous fous les gendarmes aux trousses !
— (Bernard Clavel, Les Fruits de l’hiver, chapitre 67, Robert Laffont, 1968)Voilà la nouvelle Julia de ces dernières semaines. À foutre la frousse, comme répète Anouchka.
— (Éric-Emmanuel Schmitt, Le Poison d’amour, éditions Albin Michel, Paris, 2014, page 135)
- (Transitif) (Très familier) Faire, travailler.
Les maîtres de stage se plaignent alors de n'avoir à faire qu'à des fainéants qui passent leur temps à poser des questions et qui ne foutent rien, tandis que les stagiaires se plaignent d'être « exploités » par des maîtres […].
— (Paul Jorion & Geneviève Dalbos, La transmission des savoirs, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1990, p. 93)— Qu'est-ce que tu fous à regarder mes fenêtres ? continue celui-ci sans abaisser son arme.
— (Jenifer Donaldson, Je sais que tu te souviens, chap. 14, traduit de l'anglais (USA) par Pauline Vidal, Éditions New Way/Hugo, 2019)
- (Transitif) (Vulgaire)[1] (France) / (Familier) (Québec) Accorder de l’importance à, prendre en considération (spécialement pour en souligner l’absence).
- Tes problèmes, il n’en a rien à foutre.
Qu’est-ce que j’en ai à foutre que tu sois là ou pas ?
- (Pronominal) (Vulgaire) (France) / (Familier) (Québec) Se désintéresser ou être totalement indifférent de la chose ou personne en question.
On ne tient pas à fabriquer de la marmaille et l’on se fout, contrefout, archifout de l’avenir de la race.
— (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 78)- Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics,
Bancs publics, bancs publics,
En se foutant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes — (Georges Brassens, « Bancs publics », in Le Vent, 1953) Elle s’en foutait, la gueuse : cachée dans un conte de Mérimé, La Vénus d’Ille, elle attendait que je le lusse pour me sauter à la gorge.
— (Jean-Paul Sartre, Les Mots, 1964, collection Folio, page 83)Paul était dur, égoïste, et Julien se foutait pas mal de ce que pouvaient faire les vieux.
— (Bernard Clavel, Les Fruits de l’hiver, Robert Laffont, 1968)« Cet accord « tope-là » a été validé par le préfet, mais quelques-uns ne le respectent pas. Je ne veux pas jeter l’opprobre, mais certains s’en foutent royalement », se désespère Gilles Benest, de FNE.
— (Guillaume Clerc, « Dans le Doubs, la faune et la flore broyées par des « casse-cailloux » », Reporterre, 4 mai 2020)
- (Pronominal) (Vulgaire) Se moquer de quelqu’un. → voir se foutre de la gueule.
Non mais, qu’est-ce qu’ils venaient nous casser les pieds, tous ces Parisiens, avec leurs modes modernes, que tu savais jamais ce qu’il fallait faire pour qu’on se foute pas de ta poire ?
— (Paul Fabre, Le Solitaire de Costejourdes, Éditions L’Harmattan, 2013, page 35)
Variantes orthographiques
modifier- f (abréviation)
Synonymes
modifier- Tous les sens sauf (1)
- ficher
Faire l’amour
Montrer de l’indifférence
- se ficher de
- se sacrer de (Québec)
Dérivés
modifier- aller se faire foutre
- archifoutre
- avoir rien à foutre
- contrefoutre
- défoutre
- envoyer faire foutre
- être bien foutu
- être mal foutu
- fout-la-merde
- foutage
- foutaise
- foutant
- foutée
- fouterie
- fouteur
- fouteur de merde
- foutinette
- foutographe
- foutoir
- foutologie
- foutral
- foutre à couillons rabattus
- foutre à cul nu
- foutre à la bouche
- foutre à la dragonne
- foutre à la lourde
- foutre à la papa
- foutre à la paresseuse
- foutre à la porte
- foutre à ressaut
- foutre au rancart
- foutre bas (démolir)
- foutre comme un âne débâté
- foutre comme un dieu
- foutre dedans
- foutre en aisselle
- foutre en artilleur
- foutre en con
- foutre en cuisses
- foutre en cul
- foutre en cygne
- foutre en espalier
- foutre en épicier
- foutre en l’air
- foutre en levrette
- foutre en main
- foutre en téton
- foutre la paix
- foutre la trouille
- foutre la vérole dans le chantier
- foutre le camp
- foutre le feu
- foutre le tour
- foutre les pieds
- foutre les poils
- foutre par les yeux
- foutre par l’oreille
- foutre son billet
- foutre son petit camp
- foutre son poing dans la gueule de quelqu’un
- foutreau
- foutredieu
- foutre Dieu
- foutrement
- foutriquet
- foutu
- jean-foutre
- jean-foutrerie
- je-m’en-foutisme
- je-m’en-foutiste
- je t’en fous
- n’avoir rien à foutre
- ne pas foutre une rame de
- n’en avoir rien à foutre
- refoutre
- rien à foutre
- se foutre de la gueule
- s’en foutre
- s’en foutre comme de l’an quarante
- s’en foutre comme de sa première chaussette
Proverbes et phrases toutes faites
modifierVocabulaire apparenté par le sens
modifierTraductions
modifierCopuler
- Allemand : ficken (de)
- Anglais : to fuck (en) (Vulgaire), to screw (en) (Argot), to futter (en) (Désuet) (Archaïsme)
- Breton : fouzhañ (br)
- Catalan : fotre (ca)
- Croate : jebati se (hr)
- Espagnol : joder (es), follar (es), culiar (es)
- Espéranto : fiki (eo)
- Grec : γαμώ (el) gamó
- Grec ancien : βινέω (*) binéô
- Italien : fottere (it)
- Néerlandais : neuken (nl)
- Occitan : fotre (oc)
- Portugais : foder (pt)
- Roumain : fute (ro)
- Russe : ебать (ru)
- Slovène : fukati (sl)
- Suédois : knulla (sv)
- Turc : amana koydum (tr)
Ne pas attacher d’importance
- Allemand : es ist mir scheiss egal (de)
- Anglais : not to give a damn (en) (Je m'en fous! = I don't give a damn.) ; not to give a fuck (en) (très vulgaire) ; Screw it! ; not to give a shit (en)
- Breton : ober foeltr foutr' (br)
- Croate : ne mariti (hr)
- Néerlandais : niets van aantrekken (nl), er niet om geven (nl), niet kunnen schelen (nl)
- Occitan : se fotre (oc)
- Portugais : não se importar (pt)
- Slovène : ne brigati (sl)
- Suédois : inte bry sig (sv)
Nom commun
modifierfoutre \futʁ\ masculin (Indénombrable)
- (Vulgaire) (Vieilli) Sécrétion des organes sexuels.
Une gousse qui s’étend sur un lit en soixante-neuf sous une petite pucelle sans poils et qui lui fait minette et qui reçoit dans la bouche autant de foutre (et quel foutre !) qu’une nourrice peut donner de lait, tu peux croire qu’elle est excitée…
— (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre VI)Maintenant, dès qu’il s’apercevait de son état, il se disait : « Tu bronches ! » Et pour se reprendre en main il employait le langage troupier, avec le plus possible de foutre et de bougre. Il avait reconnu dans ces cas-là la haute valeur thérapeutique de ces mots simples.
— (Jean Giono, Le Hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 139)
- (Spécialement) Sperme.
Ne branlez pas sept ou huit petits paysans dans un verre pour boire le foutre avec du sucre. Cela vous donnerait mauvaise réputation dans le pays.
— (Pierre Louÿs, Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, 1926)Alexine se mit à crier comme une damnée et elle se tordit comme un serpent lorsque Mony lui lâcha dans le ventre son foutre roumain.
— (Guillaume Apollinaire, Les Onze Mille Verges, 1907)
Dérivés
modifierTraductions
modifier- Allemand : Wichse (de)
- Anglais : cum (en), jizz (en)
- Breton : laezh-paotr (br) masculin
- Croate : lučevina (hr) (1), sperma (hr) (2)
- Espagnol : esperma (es) masculin, corrida (es) féminin
- Italien : sperma (it) masculin, seme (it) masculin
- Néerlandais : sperma (nl) neutre, zaad (nl) neutre
- Portugais : esperma (pt) masculin
- Russe : сперма (ru) sperma féminin
- Turc : amana koydum (tr)
Interjection
modifierfoutre \futʁ\
- (Vulgaire) (Vieilli) Exclamation de surprise ou pour appuyer un discours.
Il est en train de se transformer en marmite à charbon de bois, et je me demande foutre comment ça se fait...
— (Boris Vian, L’écume des jours, éditions 10-18, 1963, page 127)— Foutre, tu n’y vas pas par quatre chemins.
— (René Fallet, Paris au mois d’août, Denoël, 1964, Le Livre de Poche, page 81)Merde alors ! Parce que je n’ai pas bougé de l’hiver, il se figure peut-être que je me suis endormi. Foutre non…
— (Bernard Clavel, Les Fruits de l’hiver, chapitre 68, Robert Laffont, 1968)Sinon il est foutre bien évident que cent mille intrigants viendront se payer notre poire et ils prendront en main, nos intérêts, d’une sale façon comme de juste… et nous serons encore obligés de les subir !
— (Jean Elleinstein, Histoire mondiale des socialismes, Armand Colin, 1984, page 354)
Traductions
modifierAdverbe
modifierfoutre \futʁ\ invariable
- (Populaire) Renforcement d’un énoncé négatif placé après le verbe.
Je n’en sais foutre rien.
« Je ne suis pas timide, disait mon père ; mais je ne voudrais foutre pas rester seul avec Mlle Matheix ! »
— (Sidonie-Gabrielle Colette, Le Képi, Fayard, 1943 ; éd. Le Livre de Poche, 1968, p. 122)- – Alors, qu’ils demandèrent. Et Karameraman ? Où qu’il est Karameraman ?
– Savons foutre pas, qu’on a fait. Faut attendre le Pollak Henri, qu’on a ajouté. — (Georges Perec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, Denoël, 2000, collection Folio, page 95)
Prononciation
modifier- La prononciation \futʁ\ rime avec les mots qui finissent en \utʁ\.
- France : écouter « foutre [futʁ] »
- France (Vosges) : écouter « foutre [Prononciation ?] »
- France (Toulouse) : écouter « foutre [Prononciation ?] »
- Canada (Shawinigan) : écouter « foutre [Prononciation ?] »
- Lyon (France) : écouter « foutre [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « foutre [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Références
modifier- ↑ « foutre », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage