En germe dès les années 1920 sous le nom d'Ordre et Tradition, la Ligue vaudoise développe un projet politique néotraditionaliste à partir des conceptions thomiste et maurrassienne. Son dirigeant Marcel Regamey propose pour le canton de Vaud, communauté formée par l'histoire et nation à part entière, des institutions comme un gouverneur et des chambres corporatives (Corporatisme). Le mouvement est fondé en 1933 afin de rassembler les forces fédéralistes contre un impôt sur les vins indigènes et pour occuper le terrain face aux fronts avec lesquels il cherche sans succès à s'allier. La Ligue vaudoise lutte dès lors contre toute centralisation, perçue comme une atteinte à l'essence du Pays de Vaud, au nom d'un fédéralisme intégral. Hors partis, elle rassemble autour de son journal La Nation une centaine de collaborateurs et un millier de membres en 1940. Rencontrant des sympathies dans la classe moyenne et les professions libérales, elle peut compter à cette date sur dix députés au Grand Conseil vaudois, un conseiller d'Etat et deux conseillers nationaux appartenant aux partis libéral et radical. Elle s'oppose au Code pénal fédéral en 1938 et soutient le retour à la démocratie directe en 1945. Ayant marqué sa préférence pour les régimes autoritaires avant et durant la Deuxième Guerre mondiale, elle oriente son action dans le contexte anticommuniste des années 1950 vers la défense des valeurs traditionnelles et de l'indépendance de la Suisse. Elle s'est opposée notamment à l'adhésion à l'ONU (1986 et 2002) et à l'EEE (1992).
Sources et bibliographie
- R. Butikofer, Le refus de la modernité, 1996
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