tag:theconversation.com,2011:/ca-fr/environnement/articles Environnement – La Conversation Canada 2025-01-07T18:16:58Z tag:theconversation.com,2011:article/242067 2025-01-07T18:16:58Z 2025-01-07T18:16:58Z Voici comment aménager des villes plus durables, pour les humains, et aussi pour tous les écosystèmes <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/635650/original/file-20241202-23-8a9fze.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=56%2C0%2C6240%2C4147&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Scène hivernale sur le Mont Royal, à Montréal. Rapprocher la nature des citadins, et la protéger est l&#39;une des clés du concept d&#39;Une seule santé urbaine.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Au Canada, les <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220209/dq220209b-fra.htm">trois quarts</a> des citoyens vivent en ville, et c’est <a href="https://www.un.org/uk/desa/68-world-population-projected-live-urban-areas-2050-says-un">plus de la moitié</a> dans le monde. C’est donc dire que la qualité de l’air, de l’eau ainsi que la biodiversité dans nos villes sont essentielles pour assurer la santé de leurs habitants.</p> <p>Ce sont les gouvernements locaux et les municipalités qui sont en première ligne pour affronter les crises actuelles, climatiques, migratoires, socio-économiques. La gouvernance locale sera cruciale pour aider les municipalités à relever ces défis sanitaires contemporains.</p> <p>C’est ainsi qu’est venue la <a href="https://oneurbanhealth.ca">proposition de décloisonner deux concepts en santé publique</a>, celui de « Villes en Santé », qui reposent sur la mise en place de politiques publiques favorables à la santé et la qualité de vie, et s’appuient sur des stratégies d’autonomisation et de participation citoyenne, et celui d’« Une seule santé », qui considère les santés des humains, animaux et écosystèmes comme étroitement liées.</p> <p>Nous arrivons ainsi à un nouveau terme : <a href="https://nouvelles.umontreal.ca/article/2023/11/27/l-approche-une-seule-sante-urbaine-necessite-une-transformation-de-nos-politiques/">« Une seule santé urbaine »</a>.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/limportance-de-lapproche-une-seule-sante-dans-la-prevention-et-la-preparation-aux-pandemies-173109">L’importance de l’approche « Une seule santé » dans la prévention et la préparation aux pandémies</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Depuis 2023, la nouvelle <a href="https://espum.umontreal.ca/recherche-et-reseaux/chaires-de-recherche/unite-de-recherche/ur/ur14544/sg/Chaire%20d%E2%80%99excellence%20en%20recherche%20du%20Canada%20sur%20la%20sant%C3%A9%20urbaine/">Chaire d’excellence en recherche du Canada Une seule santé urbaine</a>, à l’Université de Montréal, se penche notamment sur les mécanismes de gouvernance au sein de la ville, afin d’aider les municipalités à contribuer à la santé urbaine, à sa biodiversité, et au bien-être des citadins.</p> <p>Respectivement titulaire de la Chaire, professeures en médecine vétérinaire et enseignant en santé urbaine, nous proposons de vous présenter cette nouvelle démarche.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos villes d’hier à demain.</strong> Le tissu urbain connait de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et — tout particulièrement en cette année électorale — politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p> <h2>Les villes-santé</h2> <p>La promotion de la santé est apparue officiellement en 1986 avec la <a href="https://iris.who.int/handle/10665/349653">Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé</a> de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Son programme des <a href="https://shs.cairn.info/revue-l-information-geographique-2011-2-page-99">villes-santé</a> est né la même année, pour appliquer localement ces nouveaux principes de promotion de la santé.</p> <p>La charte recommandait une démarche socio-écologique, ciblant autant le cadre de vie socio-économique que naturel. L’un des principes directeurs de la Charte était de prendre soin de la nature environnante, localement et mondialement.</p> <p>Mais la santé publique a progressivement privilégié les <a href="https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2011/11-202-06.pdf">déterminants sociaux</a> de la santé, délaissant le volet écologique de nos cadres de vie, que ciblent aujourd’hui les chercheurs en <a href="https://www.uottawa.ca/faculte-medecine/bureau-internationalisation-sante-mondiale/sante-planetaire">santé planétaire</a> et en <a href="https://books.openedition.org/quae/36485">écosanté</a>.</p> <h2>Une seule santé</h2> <p>Le <a href="https://theconversation.com/limportance-de-lapproche-une-seule-sante-dans-la-prevention-et-la-preparation-aux-pandemies-173109">concept d’« Une seule santé »</a> souligne depuis les années 2000 l’interdépendance et l’interconnexion entre la santé de la nature (les animaux et les écosystèmes) et la santé des êtres humains. La grippe aviaire <a href="https://theconversation.com/la-prochaine-pandemie-les-animaux-la-vivent-deja-la-grippe-aviaire-decime-de-nombreuses-especes-225744">nous rappelle que la santé humaine n’est pas indépendante de la santé des animaux</a> (domestiqués et sauvages).</p> <p>Autrement dit, il n’y a qu’une <a href="https://www.unep.org/topics/chemicals-and-pollution-action/pollution-and-health/unep-one-health">seule santé</a>, celle de la nature et celle des êtres vivants, humains compris, au sein d’un même environnement, la planète. Selon <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/one-health">l’OMS</a>, les activités humaines, telles que l’agriculture et l’élevage, les industries extractives, le changement climatique, la fragmentation des habitats, l’urbanisation viennent dégrader les écosystèmes planétaires et créent de nouveaux risques d’émergence et de propagation de maladies.</p> <p>Le virus du Nil occidental, la dengue ou le chikungunya, sont transmis par des moustiques (les vecteurs) qui migrent vers le nord au profit des changements climatiques. Leur présence <a href="https://www.gers.gouv.fr/Actions-de-l-%C3%89tat/Securite-et-Protection-de-la-Population2/Campagnes-de-prevention/Le-moustique-tigre">oblige des villes européennes</a> à faire des campagnes de prévention. Au Canada, les <a href="https://link.springer.com/article/10.1186/s12889-022-13222-9">promeneurs doivent prendre garde</a> à certaines tiques qui transmettent la <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/maladie-lyme/surveillance-maladie-lyme.html">maladie de Lyme</a>.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/pour-preserver-la-biodiversite-il-faut-rendre-les-villes-plus-compactes-circulaires-et-vertes-196079">Pour préserver la biodiversité, il faut rendre les villes plus compactes, circulaires et vertes</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Mais « Une seule santé » demeure principalement axée sur la virologie et la prévention des maladies. Il faudrait donc <a href="https://link.springer.com/article/10.17269/s41997-024-00872-y">élargir le concept à une démarche de la santé plus positive</a>, en ciblant davantage le bien-être et comment rester en bonne santé, soit <a href="https://www.inspq.qc.ca/jasp/la-pertinence-des-approches-positives-pour-l-amelioration-des-actions-de-sante-publique">l’approche salutogénique</a> (du latin salus, santé et genesis, origine.).</p> <h2>Une seule santé urbaine</h2> <p>« Une seule santé urbaine » propose de transposer en ville le concept d’« Une seule santé », en ciblant l’interaction humains-nature, mais en élargissant la portée du concept en intégrant la promotion de la santé positive (telle qu’appliquée dans le concept des « villes en santé »). Cela va au-delà de la prévention des maladies, en replaçant notamment l’écologie et la santé de la nature au cœur des stratégies en santé publique.</p> <p>Il s’agit de la pollution de l’air, source de mortalité et de morbidité, qui pourrait coûter 1 % du PIB mondial d’ici 2060, selon <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/environment/les-consequences-economiques-de-la-pollution-de-l-air-exterieur_9789264262294-fr">l’OCDE</a> ; les inondations après des pluies torrentielles <a href="https://donneesclimatiques.ca/les-changements-climatiques-et-les-orages/">liées aux changements climatiques</a> ; la résistance aux antibiotiques de certaines bactéries, notamment en raison de l’élevage intensif.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>À cela s’ajoutent les <a href="https://theconversation.com/exposition-alimentaire-au-plastique-mefions-nous-des-fausses-solutions-de-remplacement-196894">nanoplastiques</a> dans l’eau, qui pénètrent dans le corps humain, les <a href="https://theconversation.com/voici-ce-que-vous-devez-savoir-sur-les-pfas-que-lon-surnomme-polluants-eternels-194583">PFAS</a>, les polluants éternels présents dans la chaîne alimentaire, qui entraînent de graves effets sur la santé.</p> <p>« Une seule santé urbaine » revient en fait aux sources de la nouvelle santé publique, où l’écologie était aussi primordiale que le social.</p> <p>La démarche rejoint finalement les objectifs d’une santé durable : « un esprit sain dans un corps sain, dans un milieu de vie et un environnement sains, sur une planète en santé » selon <a href="https://www.alliancesantequebec.com/quest-ce-que-la-sante-durable/">l’Alliance Santé Québec</a>, un regroupement autour de l’Université Laval d’établissements de santé et de services sociaux de la région de Québec.</p> <h2>Chaire de recherche Une seule santé urbaine</h2> <p>L’objectif de notre <a href="https://oneurbanhealth.ca/publications/">équipe transdisciplinaire</a> à la Chaire « Une seule santé urbaine » est d’explorer comment la gouvernance locale peut contribuer à aménager des villes plus saines — plus vertes, durables, innovantes, résilientes — en intégrant l’écologie urbaine et la <a href="https://www.ofb.gouv.fr/la-biodiversite-lassurance-sante/les-bienfaits-de-la-biodiversite-sur-notre-sante">biodiversité</a> à la panoplie d’outils en santé publique.</p> <p>Différentes pistes de recherches ont d’ores et déjà été identifiées, dont une cartographie de la biodiversité en ville pour étudier le rapport avec l’état de santé des habitants selon leur quartier ; l’écopâturage urbain, dans le <a href="https://www.biquette-eco.org/le-repaire-de-biquette">parc Maisonneuve</a> ; la phytoremédiation (dépolluer par les plantes) dans des friches industrielles à Pointe-aux-Trembles ; les écoquartiers à Montréal et le développement de stratégies durables pour préserver la biodiversité de <a href="https://nouvelles.umontreal.ca/article/2024/04/19/deux-millions-pour-proteger-la-sante-humaine-et-les-ecosystemes-dans-les-parcs-periurbains/">parcs nature péri-urbains tout en promouvant la santé humaine</a>.</p> <p>D’autres projets de recherches se pencheront sur d’autres facettes de l’écosystème urbain : la justice et l’équité dans les transports en fonction des lieux d’habitation, au centre-ville ou en banlieue par exemple, comment aménager des <a href="https://chetre.squarespace.com/s/Healthy-Airports-Report_CHETRE_web.pdf">aéroports en santé</a> et comment les grands immeubles interconnectés peuvent contribuer à la santé urbaine (la ville verticale).</p> <h2>Éco-centrisme</h2> <p>Ainsi, la Chaire « Une seule santé urbaine » vise à contribuer à un changement de paradigme sur la place de l’humain dans l’univers.</p> <p>À l’ère de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/anthropocene-25399">l’anthropocène</a>, il faudrait peut-être remettre l’écologie et les écosystèmes au centre des préoccupations. Par exemple, l’idée du <a href="https://www.corridorecologiquedarlington.org/">corridor écologique Darlington</a> dans le quartier Côte-des-Neiges, à Montréal, a germé au départ en 2014 pour faciliter le déplacement des animaux comme le renard, en reliant le parc du Mont-Royal à une voie de chemin de fer. Le projet offrira aussi des espaces verts, et des lieux de détente et de loisir aux résidents.</p> <p>Un exemple qu’une nature en meilleure santé est aussi bonne pour le bien-être physique, mental et social des êtres humains.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/242067/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Evelyne de Leeuw holds a professorship and CERC Chair in One Urban Health</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cécile Aenishaenslin a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada, de l&#39;Agence de la santé publique du Canada, du Conseil de recherche en sciences naturelles et génie, des Fonds de recherche du Québec et d&#39;autres organisations partenaires de la recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hélène Carabin a reçu des financements des instituts de recherche en santé du Canada, de l&#39;Agence de Santé publique du Canada, du Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada, des Fonds de Recherche du Québec, d&#39;Affaires Mondiales Canada et des National Institutes of Health. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charles-Antoine Rouyer ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p> Une nouvelle démarche décloisonne deux concepts en santé publique afin d’aider les municipalités à contribuer à la biodiversité urbaine et au bien-être des citadins. Evelyne de Leeuw, Titulaire, Chaire d'excellence de recherche du Canada 'Une Seule Santé Urbaine', Université de Montréal Cécile Aenishaenslin, Professor in One Health, Université de Montréal, Université de Montréal Charles-Antoine Rouyer, Professeur associé, Pôle Études des environnements urbains, Université de l'Ontario français Hélène Carabin, Canada Research Chair and Full Professor, Epidemiology and One Health, Université de Montréal Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/234852 2024-12-10T18:27:00Z 2024-12-10T18:27:00Z Les microbilles fabriquées à partir de déchets de brasserie peuvent contribuer à un avenir sans plastique <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/607950/original/file-20240718-17-w72xc5.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=36%2C647%2C6045%2C3401&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les déchets de brasserie peuvent être utilisés comme alternative au plastique</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les microbilles de plastique, ces minuscules perturbateurs trouvés dans les produits de soins personnels du début des années 1990 à la fin des années 2010, font des ravages dans l’environnement. Plus petits qu’une graine de sésame, ils échappent aux stations d’épuration et <a href="https://doi.org/10.1126/science.abg5433">s’accumulent dans les océans et les rivières</a> où ils constituent une menace pour la vie marine.</p> <p>Heureusement, les savons et les gommages contenant ces perturbateurs sont aujourd’hui introuvables dans les rayons des magasins. Ces dernières années, de nombreux pays ont reconnu que ces microbilles étaient une source de pollution marine par le plastique et les ont interdites dans les produits d’hygiène personnelle. <a href="https://www.beatthemicrobead.org/">L’interdiction des microbilles</a> laisse la place à des substituts plus respectueux de l’environnement, permettant aux consommateurs de continuer à ressentir la sensation satisfaisante du nettoyage en profondeur sans nuire à l’environnement.</p> <p>Au lieu de s’appuyer sur les plastiques synthétiques, la recherche montre qu’un trésor de possibilités se cache dans les déchets biologiques. L’un de ces joyaux est la drêche de brasserie (dont l’acronyme anglais est BSG), c’est-à-dire les restes de la fabrication de la bière. Peu coûteux et abondant, le BSG est utilisé dans l’alimentation animale, la production de biogaz, le compost et les engrais.</p> <p>Plus récemment, les drêches de brasserie ont été utilisées comme ingrédient riche en protéines et en fibres dans les craquelins, les pains et les biscuits.</p> <p>Nos recherches ont montré que le BSG est bien adapté à une utilisation dans les <a href="https://doi.org/10.1002/pol.20230613">produits d’hygiène personnelle sous forme de microbilles exfoliantes durables</a>.</p> <figure> <iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/uAiIGd_JqZc?wmode=transparent&amp;start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe> <figcaption><span class="caption">La chaîne YouTube « L’histoire des objets » se penche sur les microbilles de plastique.</span></figcaption> </figure> <h2>Propriétés chimiques de la cellulose</h2> <p>La cellulose – la principale molécule constitutive des parois cellulaires des plantes – est un composant clé des drêches de brasserie. Depuis <a href="https://www.sciencehistory.org/stories/magazine/celluloid-the-eternal-substitute/">plus d’un siècle</a>, les scientifiques préparent de grandes quantités de matériaux à base de cellulose en transformant les arbres par un processus chimique relativement simple. Les arbres sont abattus, écorcés, déchiquetés, réduits en pâte et blanchis, puis la cellulose restante est façonnée dans la forme finale souhaitée.</p> <p>Les fibres de cellulose ne se dissolvent pas dans la plupart des solvants, et c’est heureux, car les t-shirts en coton seraient autrement emportés par la pluie et les tissus imbibés d’acétone fondraient au lieu d’enlever le vernis à ongles.</p> <p>Dans l’industrie de transformation de la cellulose, <a href="https://doi.org/10.1016/j.biortech.2016.12.049">peu de produits chimiques sont disponibles</a> pour surmonter la résistance de la cellulose. La plupart des options sont mal réputées en raison de leur <a href="https://doi.org/10.1021/bk-2010-1033">instabilité, de leur toxicité élevée, de leur coût élevé ou de leur faible recyclabilité</a>.</p> <p>Cependant, l’hydroxyde de sodium dissous dans l’eau à différentes concentrations constitue une option plus durable. En outre, avec l’hydroxyde de sodium, la cellulose peut être reconvertie en solide par une simple réaction de neutralisation.</p> <p>Ce processus à base d’alcali permet d’obtenir des microbilles de cellulose pure, qui ont été <a href="https://doi.org/10.1021/cr300242j">préparées pour la première fois il y a une dizaine d’années</a>. La pâte de cellulose est dissoute dans de l’hydroxyde de sodium aqueux, puis neutralisée, une goutte à la fois, dans un bain d’acide. Lorsque le bain d’acide est évacué, il reste des microbilles sphériques à base de cellulose.</p> <h2>Affiner le processus</h2> <p>Notre recherche visait à déterminer si l’abondance des déchets biologiques à base de cellulose générés par les industries agroalimentaires pouvait générer des microbilles. Avec le BSG comme matériau de départ riche en cellulose et les microbilles exfoliantes comme objectif, nous avons commencé à expérimenter en laboratoire.</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/605841/original/file-20240709-17-mz9s5m.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="une boîte métallique qui alimente un seau en grains séchés" src="https://images.theconversation.com/files/605841/original/file-20240709-17-mz9s5m.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/605841/original/file-20240709-17-mz9s5m.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/605841/original/file-20240709-17-mz9s5m.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/605841/original/file-20240709-17-mz9s5m.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/605841/original/file-20240709-17-mz9s5m.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/605841/original/file-20240709-17-mz9s5m.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/605841/original/file-20240709-17-mz9s5m.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">Peu coûteuses et abondantes, les drêches de brasserie sont utilisées dans l’alimentation animale, la production de biogaz, le compost et les engrais.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span> </figcaption> </figure> <p>Le BSG représentait un défi pour la création de microbilles de cellulose pure en raison de la complexité de sa composition. Outre la cellulose, le BSG contient de l’hémicellulose, de la lignine, des protéines, des lipides et de petites quantités de cendres, tous soigneusement imbriqués pour créer différentes structures de cellules végétales.</p> <p>Pour surmonter cet obstacle, l’hydrolyse acide diluée détache la cellulose et les autres fibres (hémicellulose et lignine) du BSG. Une filtration grossière élimine les sucres simples et les protéines, laissant derrière elle une pâte enrichie en cellulose et en lignine.</p> <p>Les étapes suivantes consistent à affiner la solution d’hydroxyde de sodium. Ce n’est qu’à des <a href="https://doi.org/10.1515/zpch-1939-4324">températures et des concentrations spécifiques</a> que les solutions d’hydroxyde de sodium sont plus fortes que les liens qui maintiennent les fibres cellulosiques ensemble : cela est également vrai pour les pâtes BSG plus complexes.</p> <p>Nos expériences ont révélé une fenêtre de traitement étroite où la pâte BSG se dissout complètement, aidée par de petites quantités d’oxyde de zinc. Ensuite, l’introduction de ces solutions BSG, goutte à goutte, dans un bain d’acide a permis d’atteindre simultanément nos objectifs de mise en forme et de solidification.</p> <p>Après quelques heures, le bain d’acide a été vidé et des microbilles lisses et sphériques à base de BSG ont été conservées.</p> <p>Enfin, des tests de résistance et de stabilité ont prouvé que les microbilles de BSG avaient la résistance nécessaire pour tenir tête à leurs homologues en plastique conventionnel. Lorsqu’elles sont incorporées dans des savons, les microbilles à base de BSG <a href="https://doi.org/10.1002/pol.20230613">sont plus performantes que les autres microbilles en plastique</a> actuellement disponibles, telles que les coques de noix de coco broyées et les noyaux d’abricot.</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/605539/original/file-20240708-19-3ze61h.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="une couche de gel rose avec de minuscules perles rouges sur un fond blanc" src="https://images.theconversation.com/files/605539/original/file-20240708-19-3ze61h.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/605539/original/file-20240708-19-3ze61h.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/605539/original/file-20240708-19-3ze61h.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/605539/original/file-20240708-19-3ze61h.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/605539/original/file-20240708-19-3ze61h.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/605539/original/file-20240708-19-3ze61h.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/605539/original/file-20240708-19-3ze61h.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">Les microbilles de plastique, autrefois populaires dans les produits de soins personnels du début des années 1990 à la fin des années 2010, sont néfastes pour l’environnement.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span> </figcaption> </figure> <h2>Des solutions créatives</h2> <p>La transformation des déchets de brasserie en microbilles exfoliantes représente une nouvelle étape vers un avenir plus durable. En exploitant les propriétés de la cellulose et de la lignine présentes dans les BSG, cette innovation démontre le potentiel des déchets à contribuer à des solutions durables.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Ce succès souligne l’importance de la recherche et de l’innovation dans la transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Enfin, elle encourage à explorer d’autres possibilités similaires pour réduire notre empreinte écologique.</p> <p>S’il est possible de transformer les déchets d’une brasserie en un précieux composant de produits d’hygiène personnelle, il suffit d’imaginer les autres possibilités que l’on peut trouver dans les poubelles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/234852/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Ce travail a été financé par le programme MITACS Accelerate, le Ministère de l&#39;Agriculture, des Pêcheries et de l&#39;Alimentation du Québec, et le Partenariat Agricole Canadien (Innov&#39;action grant no. IA119014).</span></em></p> Les drêches de brasserie, principal déchet de l’industrie brassicole, peuvent être utilisées pour produire des microbilles, qui remplacent le plastique dans les produits d’hygiène personnelle. Sébastien Cardinal, Professeur en chimie organique, Université du Québec à Rimouski (UQAR) Amy McMackin, Doctoral Researcher, Sustainable Food Processing, Swiss Federal Institute of Technology Zurich Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/245214 2024-12-04T21:46:07Z 2024-12-04T21:46:07Z Les hivers plus chauds favorisent les proliférations d’algues dans les Grands Lacs <p>Bien qu’elles aient généralement lieu l’été, les proliférations d’algues peuvent se prolonger jusqu’à l’automne. À la fin du mois d’octobre 2024, <a href="https://www.toledoblade.com/local/environment/2024/10/15/western-lake-erie-algal-bloom-still-found-across-80-square-miles/stories/20241015113">on pouvait encore en observer</a> sur les rives méridionales du lac Érié.</p> <p>Par temps chaud, les gens affluent vers les petits lacs de l’Ontario pour nager, faire du canot ou simplement jouir de la tranquillité des berges. Chaque année, les zones riveraines se transforment en centres économiques animés, avec des chalets, des magasins de crème glacée, des cafés et des restaurants qui tirent profit des vues qu’ils offrent.</p> <p>Toutefois, ce cadre idyllique est gâché lorsque des algues vertes malodorantes s’échouent sur le rivage. Que ce soit en été ou en automne, les proliférations d’algues nous empêchent de savourer pleinement les moments passés près de l’eau ou sur l’eau.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis.</strong> Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !</em></p> <hr> <p>Certaines proliférations peuvent même devenir toxiques, c’est-à-dire <a href="https://www.health.ny.gov/environmental/water/drinking/bluegreenalgae/faq.htm">nocives pour l’être humain</a> et même pour les <a href="https://www.cdc.gov/harmful-algal-blooms/prevention/preventing-pet-and-livestock-illnesses.html">animaux domestiques</a>.</p> <p><a href="https://doi.org/10.1038/s41561-023-01257-5">Nos récentes recherches menées à l’Université de Waterloo</a> indiquent que les changements climatiques pourraient contribuer à la détérioration de la qualité de l’eau, et que la situation risque de continuer à se détériorer. Il pourrait en résulter une augmentation des proliférations d’algues peu esthétiques et potentiellement nocives dans les lacs ontariens.</p> <p>Si ce phénomène se produit <a href="https://doi.org/10.1007/698_2020_513">chaque année</a> dans des endroits comme le bassin occidental du lac Érié et certaines parties du lac Ontario, les recherches montrent que les proliférations deviendront plus fréquentes dans les petits et grands lacs de la province. Les régions de Muskoka et des lacs Kawarthas, réputées pour attirer les villégiateurs, sont particulièrement menacées.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Cette situation est préoccupante, car les proliférations algales peuvent avoir un <a href="https://doi.org/10.1002/etc.3220">impact négatif sur l’environnement</a>, la <a href="https://www.cdc.gov/harmful-algal-blooms/about/index.html">santé humaine</a> et l’<a href="https://oceanservice.noaa.gov/facts/why_habs.html">économie</a>. Elles peuvent également augmenter les coûts de traitement de l’eau. De plus, elles limitent la possibilité de jouir des lacs et des rivières pour la baignade, la navigation de plaisance et la pêche. En entraînant une diminution du nombre de visiteurs, elles occasionnent une <a href="https://www.researchgate.net/publication/333984835_Estimating_the_economic_costs_of_algal_blooms_in_the_Canadian_Lake_Erie_Basin">perte de retombées économiques</a> pour les industries locales.</p> <p>Le Canada doit s’attaquer sérieusement aux causes des proliférations d’algues dans un monde en réchauffement.</p> <h2>D’où viennent les proliférations d’algues ?</h2> <p>Les algues sont un élément naturel et essentiel des <a href="https://www.noaa.gov/education/resource-collections/marine-life/aquatic-food-webs">réseaux alimentaires aquatiques</a>. Cependant, une hausse de <a href="https://www.nrdc.org/stories/freshwater-harmful-algal-blooms-101">nutriments tels que l’azote et le phosphore peut créer un déséquilibre</a> qui engendre une multiplication rapide des algues.</p> <p>Les nutriments qui se retrouvent dans les masses d’eau proviennent de diverses sources dans le bassin versant, notamment le <a href="https://doi.org/10.1029/2021EF002571">ruissellement agricole</a>, le rejet <a href="https://doi.org/10.1029/2021EF002571">d’eaux usées et pluviales</a>, ainsi que le <a href="https://doi.org/10.1029/2020WR029316">phosphore résiduel des anciennes pratiques d’utilisation des sols</a>.</p> <p>Les proliférations algales se produisent généralement <a href="https://www.ontario.ca/fr/page/les-algues-bleues">tard en été</a>, car, comme pour toute plante, la température et la lumière influencent la croissance des algues.</p> <p>Ces <a href="https://hab.whoi.edu/species/species-life-cycle/cyanobacteria/">proliférations finissent par se résorber</a> lorsque les conditions deviennent défavorables. Les algues en décomposition constituent alors une source de nourriture pour les bactéries. C’est ce qui peut engendrer une odeur d’œuf pourri. Les bactéries se multiplient et <a href="https://ciglr.seas.umich.edu/wp-content/uploads/2019/12/HABs-Hypoxia-Fact-Sheet.pdf">aspirent l’oxygène de l’eau</a>, causant l’asphyxie des poissons et d’autres organismes aquatiques.</p> <p>On sait désormais que les <a href="https://doi.org/10.1038/nature.2017.21884">changements climatiques exacerbent l’intensité et la fréquence des proliférations d’algues dans le monde entier</a>. Les scientifiques s’accordent à dire que le réchauffement entraîne une réduction de la couverture glaciaire, une hausse de la température de l’eau et une augmentation du ruissellement des nutriments en raison de tempêtes plus fréquentes et plus violentes.</p> <p>Ce qu’on sait moins, c’est comment les changements climatiques affectent les conditions hivernales, ce qui pourrait entraîner davantage de proliférations au cours des mois chauds. Notre recherche visait à faire la lumière sur cette question.</p> <h2>Hausse des concentrations de phosphore</h2> <p>Nous avons analysé 300 cours d’eau du bassin des Grands Lacs et avons observé que les concentrations de phosphore dissous augmentaient partout et avaient presque doublé dans certains d’entre eux ces dix dernières années.</p> <p>Le phosphore dissous est particulièrement inquiétant, car c’est sous cette forme que les algues peuvent l’assimiler plus facilement. Alors que nous nous attendions à des hausses dans les zones agricoles, nous en avons aussi remarqué dans les bassins versants urbains et forestiers. Fait intéressant, les hausses les plus importantes ont été constatées dans les zones forestières.</p> <p>Nos modèles ont également révélé que le taux de croissance est plus élevé dans le nord, probablement parce que le climat s’y réchauffe plus rapidement.</p> <p>Avec les changements climatiques, les hivers sont plus doux et le sol dégèle plus tôt, libérant du phosphore (<a href="https://doi.org/10.1016/j.jglr.2024.102452">ou de l’azote</a>) qui, autrement, demeurerait piégé jusqu’au printemps ou à l’été. Mais les plantes étant en dormance pendant l’hiver, le phosphore s’écoule dans les cours d’eau et les lacs, où il reste jusqu’à ce que les températures augmentent, fournissant ainsi des nutriments pour la prolifération des algues. Cette situation diffère de ce qu’on observait avant, quand le phosphore n’était pas libéré avant le printemps et l’été, de sorte que les plantes pouvaient l’absorber pour leur croissance et qu’il ne s’écoulait pas dans les cours d’eau.</p> <p>Ainsi, les proliférations d’algues seront non seulement plus hâtives et plus fréquentes, mais elles se produiront aussi dans les plans d’eau de tout le bassin des Grands Lacs, y compris dans ceux qui n’avaient pas encore été touchés, tels que les réservoirs et les petits lacs d’eau pure.</p> <p>On observe déjà des proliférations dans des endroits inhabituels, comme le <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-des-proliferations-dalgues-observees-pour-la-1ere-fois-dans-le-lac-superieur-240498">lac Supérieur</a>, où l’on n’en voyait jamais auparavant. Il s’agit d’une nouvelle inquiétante pour les communautés de villégiature de l’Ontario.</p> <p>Pour limiter les proliférations algales, nous devons non seulement réduire le ruissellement des engrais agricoles, mais aussi diminuer les émissions de gaz à effet de serre afin de protéger la qualité de l’eau des milliers de petits lacs de l’Ontario. Nous devons prendre des mesures proactives.</p> <p>En adoptant des stratégies de gestion innovantes et en nous engageant à réduire les émissions de carbone, nous pouvons préserver la beauté et la santé de nos lacs et de nos plages pour les générations futures.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/245214/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Nandita Basu reçoit des fonds du CRSNG et de l&#39;ECCC</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nancy Goucher reçoit des fonds de l&#39;ECCC et siège au conseil d&#39;administration de Freshwater Future Canada.</span></em></p> Les proliférations d’algues sont généralement associées aux conditions météo estivales, mais les hivers plus chauds dus au changement climatique les rendent plus fréquentes sur de plus longues périodes. Nandita Basu, Professor and Tier I Canada Research Chair of Global Water Sustainability and Ecohydrology, University of Waterloo Nancy Goucher, Knowledge Mobilization Specialist, Water Institute, University of Waterloo Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/239786 2024-11-25T15:16:30Z 2024-11-25T15:16:30Z Des vents de plus en plus violents menacent les érablières. Comment y faire face ? <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/633407/original/file-20241120-17-jqw6j.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=4%2C4%2C994%2C661&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les productrices et producteurs acéricoles s’interrogent sur l’évolution d&#39;évènements de vents violents dans un contexte de crise climatique et sur les pistes d&#39;action possibles.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Avec une production annuelle de 132 millions de livres de sirop d’érable dont la valeur est estimée à près de 393 millions de dollars, le Québec compte pour 89 % de la production canadienne des <a href="https://ppaq.ca/app/uploads/2024/10/2023_Statistiques_acericoles-VF.pdf">produits de l’érable</a>.</p> <p>Or, les vents violents qui ont balayé le sud du Québec dans les cinq dernières années ont causé des dégâts inquiétants pour les <a href="https://journalhautsaintfrancois.com/2024/01/29/meme-dans-le-haut-saint-francois-des-erablieres-ont-subi-des-degats-lors-des-dernieres-tempetes-de-neige/">érablières et la production acéricole</a>.</p> <p>Dans certains secteurs, les érablières ont perdu jusqu’à 20 % de leurs arbres. Et ces arbres perdus sont souvent les <a href="https://www.laterre.ca/productions/acericulture/dur-lendemain-de-veille-pour-des-acericulteurs-de-lestrie/">érables matures utilisés pour la production de sirop</a>.</p> <p>Ces évènements météorologiques extrêmes semblent être de plus en plus fréquents. Ils réduisent le nombre d’érables qui peuvent être exploités pour la production acéricole, endommagent les systèmes de tubulures qui transportent la sève vers le lieu de récolte, et obligent finalement à réorganiser les entailles et les lignes de transport de la sève.</p> <p>Les pertes en revenu et en équipement sont <a href="https://www.rcinet.ca/fr/2019/09/06/plus-de-15-000-erables-arraches-par-les-vents-le-long-du-fleuve-saint-laurent/">importantes</a>, surtout quand les tempêtes surviennent à l’approche de la saison des sucres.</p> <p>Les productrices et producteurs acéricoles s’interrogent sur l’évolution de tels évènements dans un contexte de <a href="https://www.ouranos.ca/sites/default/files/2022-07/proj-201419-rforest-houle-docvulgarisation.pdf">crise climatique</a> et sur les pistes d’action possibles.</p> <p>Chercheurs spécialisés en écologie forestière et en biomécanique de l’arbre, nous proposons d’apporter un éclairage sur la nature de ce risque et les moyens d’y faire face. La mise en oeuvre de cet article est issue d'un travail de collaboration réalisé à l'Université du Québec à Chicoutimi.</p> <h2>Quels sont les dégâts causés aux arbres par le vent ?</h2> <p>Les dommages que peuvent infliger les vents forts aux arbres sont <a href="https://doi.org/10.1016/j.plantsci.2016.01.006">multiples</a>. Dans un premier temps, les feuilles et des branches peuvent être arrachées, soit directement par des bourrasques ou indirectement à la suite de collisions avec des arbres voisins. La perte de feuilles et de branches n’est pas mortelle pour les arbres et peut même leur être bénéfique puisqu’elle réduit leur exposition au vent.</p> <p>Par contre, lorsque la force du vent dépasse la résistance engendrée par l’ancrage des racines, l’arbre est <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1288899/vents-violents-detruisent-20-000-erables-chaudiere-appalaches">déraciné et meurt</a>. C’est ce qu’on appelle un chablis, soit un arbre renversé. Dans les cas plus dramatiques, les chablis peuvent concerner une grande partie ou la majorité des arbres d’un peuplement (un ensemble d’arbres comme une érablière, par exemple).</p> <p>Si la résistance mécanique du tronc est dépassée avant celle des racines, il casse. On parle alors de volis. Cependant, il arrive que des arbres survivent grâce aux bourgeons qui se développent chez certaines espèces à partir de la souche ou de racines restées ancrées dans le sol.</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/633413/original/file-20241120-19-vocj8r.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="arbre déraciné au sol" src="https://images.theconversation.com/files/633413/original/file-20241120-19-vocj8r.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/633413/original/file-20241120-19-vocj8r.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/633413/original/file-20241120-19-vocj8r.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/633413/original/file-20241120-19-vocj8r.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/633413/original/file-20241120-19-vocj8r.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/633413/original/file-20241120-19-vocj8r.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/633413/original/file-20241120-19-vocj8r.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">Lorsque la force du vent dépasse la résistance engendrée par l’ancrage des racines, l’arbre est déraciné et meurt. C’est ce qu’on appelle un chablis.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span> </figcaption> </figure> <h2>Vulnérabilité face au vent</h2> <p>La vulnérabilité d’un arbre exposé au vent dépend du rapport entre le chargement mécanique induit par le vent et la résistance de l’arbre (engendrée par l’ancrage des racines dans le sol ou par la résistance du tronc).</p> <p>Le chargement dépend de la vitesse du vent et de la morphologie de l’arbre. Plus l’arbre a de feuilles et de branches, plus il est exposé au vent. Et plus l’arbre est haut, plus l’effet de levier démultiplie la force exercée par le vent.</p> <p>Ainsi, les arbres sont moins vulnérables au vent lorsque leur exposition au vent est faible et que leur résistance est forte.</p> <p>À l’échelle d’un peuplement, la vulnérabilité augmente fortement après un changement brusque de son exposition au vent. Ce changement peut être dû à une <a href="https://doi.org/10.4267/2042/58173">ouverture, artificielle ou non, de la canopée</a>. Par exemple, la chute des feuilles à l’automne réduit l’exposition au vent. En milieu tempéré, les tempêtes hivernales causent donc souvent plus de dégâts chez les conifères, puisque ces arbres gardent leurs aiguilles.</p> <h2>Quels sont les principaux facteurs de vulnérabilité ?</h2> <p>Au Québec, le <a href="http://dx.doi.org/10.4236/ojf.2012.22011">bouleau jaune et l’érable sont les espèces feuillues les plus résistantes au déracinement par le vent</a>. Les érables les plus vulnérables au chablis sont ceux dont les racines ne sont pas ancrées profondément dans le sol, par exemple lorsque le sol est mince ou mal drainé. De façon générale, un mauvais drainage engendre un sol gorgé d’eau, ce qui affaiblit l’ancrage des racines. C’est pour cette raison qu’une tempête accompagnée de fortes pluies provoque davantage de chablis. En revanche, un sol gelé renforce l’ancrage racinaire.</p> <p>Dans un peuplement dense, où le vent pénètre peu, les arbres sont peu exposés au vent. Mais ils ont généralement un tronc fin et des branches concentrées au sommet. Cette forme rend les arbres vulnérables face au vent si la charge mécanique augmente soudainement. Au-delà d’une certaine hauteur, un peuplement dense peut subir de graves dégâts en cas de tempête. La chute d’un arbre entraîne celle de ses voisins, et ainsi de suite, ce qui augmente l’exposition des arbres restants. Cela mène souvent à la <a href="https://doi.org/10.1016/j.agrformet.2015.07.010">création de couloirs d’arbres abattus</a>.</p> <p>L’éclaircie est une pratique sylvicole qui consiste à réduire la densité du peuplement en abattant un certain nombre d’arbres pour stimuler la croissance des arbres restants. Cependant, elle <a href="https://doi.org/10.1016/j.foreco.2021.119878">facilite aussi la pénétration du vent</a>, et donc accroît les risques, <a href="https://doi.org/10.1093/forestry/cpt046">surtout dans les premières années après l’éclaircie</a>. Cette augmentation des risques est néanmoins temporaire, puisque l’acclimatation est l’un des atouts majeurs des arbres pour faire face au vent.</p> <h2>Quels seront les impacts des changements climatiques ?</h2> <p>Un effet direct du réchauffement climatique est la prolongation de la période sans gel. Conséquence ? <a href="https://doi.org/10.1016/j.foreco.2010.06.001">L’ancrage du système racinaire des arbres sera affaibli</a> au début et à la fin de l’hiver, les rendant plus vulnérables au déracinement.</p> <p>Dans son <a href="https://www.ipcc.ch/assessment-report/ar6/">sixième rapport</a>, le Groupe international d’experts sur le climat (GIEC) commence à faire des pronostics sur la fréquence et l’intensité des tempêtes pour certaines régions du monde. En Amérique du Nord, les évènements venteux extrêmes garderont la même fréquence, mais seront plus puissants.</p> <p>La saison des orages va s’allonger aux États-Unis, et possiblement au sud du Canada. Il y aura notamment plus d’orages au printemps, au moment de la pousse des feuilles, ce qui augmentera le risque de dégâts pour les feuillus. Les cyclones extratropicaux qui touchent l’Amérique du Nord et l’Europe seront accompagnés de plus fortes précipitations, ce qui pourrait affaiblir l’ancrage racinaire des arbres.</p> <p>Selon les observations d’<a href="https://www.ouranos.ca/fr">Ouranos</a>, le sud du Québec n’est pas à l’abri des tornades, qui se concentrent particulièrement dans les mois de juin et juillet et qui ont déjà causé des dommages importants <a href="https://www.ledevoir.com/societe/817060/tornade-brossard-saint-hippolyte-portneuf-environnement-canada">aux infrastructures et aux paysages</a>.</p> <p>La combinaison de ces changements annoncés met en lumière l’enjeu de la résistance au vent des peuplements.</p> <h2>Quelles pratiques sylvicoles pour réduire le risque vent ?</h2> <p>Les forêts denses avec des arbres élancés finissent par être très vulnérables aux tempêtes. D’un autre côté, les éclaircies <a href="https://doi.org/10.1093/forestry/cpt046">augmentent temporairement les risques de casse et de déracinement</a>. Le défi est donc d’élaborer de nouvelles pratiques sylvicoles qui minimisent les risques à tous les stades de développement d’un peuplement. L’éclaircie pourrait par exemple être pratiquée de façon précoce lorsque les arbres sont jeunes afin de minimiser l’augmentation du risque lié au vent.</p> <p>La crise climatique engendre d’autres menaces telles que les sécheresses et les attaques d’insectes. Les premières victimes des insectes sont souvent des arbres affaiblis par la sécheresse ou partiellement déracinés par le vent. Pour atténuer les effets des sécheresses, on pratique parfois des <a href="https://doi.org/10.1002/eap.1373">éclaircies très fortes et tardives</a>. Cette technique réduit la compétition pour l’eau entre les arbres, mais augmente subitement leur exposition au vent.</p> <p>D’autre part, la récolte de la sève pour la production de sirop d’érable prive l’arbre d’une partie de ses sucres, ce qui diminue les ressources disponibles pour se renforcer face au vent.</p> <p>Les risques ne sont donc pas indépendants les uns des autres et devraient être considérés simultanément. Une réflexion globale est nécessaire, ainsi que des avancées scientifiques sur la question des aléas multiples, successifs ou non.</p> <p>La forêt a la capacité de s’acclimater aux aléas. Les professionnels impliqués se doivent de favoriser cette acclimatation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/239786/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Félix Hartmann a reçu des financements du Centre d&#39;étude de la forêt (Canada) et de l&#39;Agence Nationale de la Recherche (France, projet CEMACam, ANR-22-CE13-0034).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sergio Rossi a reçu des financements de Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie (FRQNT), Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), Ministère des Ressources naturelle et des Forêts (MRNF), et Créneau d&#39;excellence Acéricole.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Dlouha Jana ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p> Les événements de vent violent arrivent d’une façon cyclique chaque hiver, avec des fréquences de plus en plus inquiétantes, et produisent des dégâts importants pour les producteurs acéricoles. Félix Hartmann, ingénieur de recherche en modélisation de la croissance des plantes, Inrae Dlouha Jana, Chargée de recherche en biomécanique de l'arbre et thigmomorphogénèse, Inrae Sergio Rossi, Professor, Département des Sciences Fondamentales, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/243990 2024-11-21T16:00:57Z 2024-11-21T16:00:57Z COP29 : le Canada doit lancer un vrai débat sur les marchés internationaux du carbone <p>Dans un monde confronté à des reculs en matière d’environnement et à la réélection de Donald Trump aux États-Unis, l’importance croissante des marchés internationaux du carbone pourrait bien être la bonne nouvelle que nous attendions. Et le Canada devrait en prendre note.</p> <p>Plus de <a href="https://unfccc.int/resource/docs/convkp/kpfrench.pdf">dix ans après l’effondrement</a> du <a href="https://unfccc.int/fr/process-and-meetings/the-kyoto-protocol/what-is-the-kyoto-protocol">protocole de Kyoto</a> en 2012, la réunion actuelle de la Conférence mondiale des parties (COP29) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) semble connaître d’importantes avancées. On y retrouve, notamment, une décision sur un <a href="https://cop29.az/en/media-hub/news/cop29-opens-in-baku-with-breakthrough-on-global-carbon-markets">nouveau mécanisme de compensation carbone de l’ONU</a> en vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris, et la finalisation des règles pour l’échange de droits d’émission se poursuit.</p> <p>De même, en Amérique du Nord, les <a href="https://www.seattletimes.com/seattle-news/politics/initiative-2117-voters-supporting-was-carbon-market/">électeurs de l’État de Washington ont rejeté le 5 novembre une initiative qui aurait annulé les efforts de l’État en matière d’atténuation des changements climatiques</a>. Cette décision ouvre la voie à la mise en place d’un projet qui <a href="https://ecology.wa.gov/about-us/who-we-are/news/2024-news-stories/california-quebec-and-washington-to-begin-linkage-agreement-discussions#:%7E:text=California%20and%20Qu%C3%A9bec%20have%20operated,California%2DQu%C3%A9bec%20market%20last%20year.">lie le système d’échange de droits d’émission de l’État avec ceux de la Californie et du Québec</a>.</p> <p>Dans un rapport, le <a href="https://icapcarbonaction.com/en/publications/emissions-trading-worldwide-2024-icap-status-report">Partenariat international d’action sur le carbone</a> souligne que les systèmes d’échange d’émissions sont en plein essor. Les États de New York et du Maryland développent des marchés du carbone qui pourraient avoir intérêt à se lier à ceux de Californie-Québec-Washington. Le même rapport indique que des économies émergentes, telles que l’Inde, le Brésil et l’Indonésie, élaborent également des systèmes d’échanges.</p> <p>Cependant, le <a href="https://publications.gc.ca/collections/collection_2022/eccc/En4-460-2022-fra.pdf">Plan de réduction des émissions pour 2030 du gouvernement fédéral canadien</a> fait à peine mention des marchés internationaux du carbone.</p> <p>Avec le réchauffement de la planète, il est urgent de discuter de la manière dont le Canada peut s’engager sur les marchés internationaux du carbone. Plus qu’un simple moyen de diminuer les coûts de l’atténuation des changements climatiques, ces marchés constituent une forme de coopération internationale. Ils permettent de répartir les coûts liés à la lutte contre le réchauffement entre les États participants.</p> <h2>Marchés du carbone 101</h2> <p>Il existe deux types de marchés du carbone : <a href="https://www.routledge.com/Emissions-Trading-Principles-and-Practice/Tietenberg/p/book/9781933115313">l’échange de droits d’émission</a> et les <a href="https://www.equiterre.org/fr/ressources/geste-geste-du-mois-davril-2019-mieux-comprendre-la-compensation-carbone">compensations carbone</a>.</p> <p>L’échange de droits est basé sur des inventaires d’émissions au niveau des entreprises qui sont agrégés par le gouvernement pour former un plafond absolu qui est réduit au fil du temps. Les compensations carbone sont des projets individuels dans le cadre desquels le responsable d’un projet affirme que les émissions diminueront par rapport à un scénario de référence. Ce scénario contre-factuel reflète ce à quoi correspondraient les émissions si on n’investissait pas dans le projet.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/les-credits-carbone-sont-utiles-pour-stabiliser-le-climat-mais-sont-ils-utilises-efficacement-220258">Les crédits carbone sont utiles pour stabiliser le climat… mais sont-ils utilisés efficacement ?</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Les systèmes d’échange de droits offrent aux entreprises la possibilité de réduire leurs émissions au moindre coût. Celles qui sont en mesure de les réduire en deçà d’un quota imposé par le gouvernement — le plafond — peuvent vendre leur excédent à celles qui ne peuvent le faire. Les gouvernements exigent que les émissions globales sur un territoire diminuent au fil du temps. Ce système permet d’établir un prix du carbone, mesuré par tonne d’équivalent dioxyde de carbone (tCO2e).</p> <p>Les entreprises peuvent faire des échanges de droits à l’intérieur du même territoire administratif, mais des territoires différents peuvent aussi lier leurs marchés du carbone, rendant ainsi possibles des échanges transfrontaliers. C’est ce que font la Californie et le Québec depuis 2014.</p> <p>Les coûts de réduction des émissions varient considérablement d’un endroit à l’autre en fonction de divers facteurs. Par exemple, les recherches indiquent que les coûts de décarbonisation sont relativement <a href="https://www.cdhowe.org/sites/default/files/attachments/research_papers/mixed/commentary_307.pdf">plus élevés au Canada qu’aux États-Unis</a>. Les marchés internationaux du carbone pourraient contribuer à répartir ces coûts. Les <a href="https://www.imf.org/en/Publications/staff-climate-notes/Issues/2021/10/29/Not-Yet-on-Track-to-Net-Zero-The-Urgent-Need-for-Greater-Ambition-and-Policy-Action-to-494808">différences importantes entre les coûts de décarbonisation</a> rendent un marché du carbone interconnecté encore plus attrayant.</p> <p>Le <a href="https://www.imf.org/en/Publications/staff-climate-notes/Issues/2021/10/29/Not-Yet-on-Track-to-Net-Zero-The-Urgent-Need-for-Greater-Ambition-and-Policy-Action-to-494808">Fonds monétaire international a avancé</a> que les objectifs de l’Accord de Paris pourraient être atteints si on fixait un prix mondial uniforme du carbone d’environ 104 dollars canadiens par tCO2e d’ici 2030. C’est nettement inférieur au montant de <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/changements-climatiques/fonctionnement-tarification-pollution/tarification-pollution-carbone-modele-federal-information.html">170 dollars auquel la taxe carbone du gouvernement fédéral canadien</a> devrait être portée d’ici la même année.</p> <figure> <iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/m5ych9oDtk0?wmode=transparent&amp;start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe> <figcaption><span class="caption">Vidéo de <em>The Economist</em> expliquant le fonctionnement des marchés du carbone.</span></figcaption> </figure> <p>La compensation carbone, quant à elle, tend à se limiter aux émissions dans des secteurs difficiles à mesurer ou dans des pays en développement où la capacité d’échange de droits d’émission est insuffisante. Les organisations qui développent des projets de compensation carbone sont <a href="https://doi.org/10.1007/s10584-016-1685-2">chargées de collecter des informations de référence à partir desquelles sont mesurées les réductions d’émissions de leurs projets</a>.</p> <p>La perspective que des promoteurs manipulent les données de référence <a href="https://www.foreignaffairs.com/world/false-promise-carbon-offsets">soulève des inquiétudes</a>. Cependant, des scénarios contre-factuels sont <a href="https://www.elgaronline.com/display/book/9781802209204/ch42.xml">régulièrement utilisés</a> dans le cadre de la coopération au développement.</p> <h2>Le Canada face à des vents contraires</h2> <p>Les Canadiens devraient sérieusement envisager un système de marché du carbone qui lie diverses juridictions — que ce soit à l’intérieur du Canada, avec des États américains ou avec d’autres pays.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Le gouvernement de Justin Trudeau a commencé à « infléchir la courbe », les émissions du Canada ayant <a href="https://institutclimatique.ca/news/les-experts-sattendent-a-une-legere-baisse-des-emissions-en-2023/">baissé de 1 % en 2023 par rapport à 2022</a>. Mais pour atteindre l’objectif de réduction fixé par le gouvernement fédéral pour 2030, à savoir <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/changements-climatiques/emissions-gaz-effet-serre/inventaire.html">28 % relativement au niveau de 1990</a>, le Canada devra diminuer ses émissions d’au moins 5 % chaque année d’ici 2030.</p> <p>Cependant, le soutien à la politique climatique canadienne semble diminuer.</p> <p>Si la popularité croissante du parti conservateur ne peut être attribuée à un seul facteur, la <a href="https://doi.org/10.1111/2047-8852.12458">promesse de Pierre Poilievre d’« abolir la taxe » a fait mouche</a>. Cela n’a rien de surprenant. Les recherches sur l’opinion publique montrent que le <a href="https://doi.org/10.1111/ropr.12439">soutien à la politique climatique décline au fur et à mesure que le prix du carbone augmente</a>.</p> <p>En revanche, au Québec, les principaux partis politiques parlent peu du marché du carbone de la province. L’une des raisons est que les prix actuels du marché du carbone sont deux fois moins élevés que ceux de la taxe fédérale sur le carbone (40 $ contre 80 $). <a href="https://www.theglobeandmail.com/opinion/article-its-time-quebec-started-paying-the-same-carbon-tax-as-the-rest-of/">Nombreux sont ceux qui, hors du Québec, ont décrié cet écart</a> qu’ils jugent injuste. Il faut plutôt y voir une attitude habile sur le plan politique.</p> <p><a href="https://doi.org/10.1111/ropr.12440">Le Québec a diminué ses coûts de réduction des émissions en s’associant à la Californie</a>, où il est relativement moins cher de le faire. Si l’on tient compte des <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/changementsclimatiques/rapport-atteinte-cible-reduction-emission-ges-qc-2020.pdf">quotas d’émission importés de Californie, le Québec a en fait atteint son objectif de réduction des émissions pour 2020, soit 27 % de moins que les niveaux de 1990</a>.</p> <p><a href="https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2334539">Certains observateurs se sont inquiétés des sorties de capitaux du Québec vers la Californie</a>. Cependant, les entreprises québécoises <a href="https://cirano.qc.ca/files/publications/2017RB-01.pdf">soutiennent généralement le marché du carbone</a>, et ce, à juste titre.</p> <p>La modélisation économique révèle que si le Québec cherchait à atteindre son objectif de réduction des émissions pour 2030 de manière unilatérale, sans lien avec la Californie, le <a href="https://decarbonisation.uqam.ca/wp-content/uploads/sites/10/2024/11/Purdon_2024-1.pdf">prix du carbone devrait augmenter d’au moins 300 dollars</a>. Cela signifie que les Québécois subiraient une forte hausse du prix du carbone payé à la pompe, qui passerait d’environ 9 cents à 57 cents par litre. Une telle hausse ne manquerait pas de susciter de la grogne.</p> <h2>Le marché du carbone : une bonne idée</h2> <p>Dans l’ensemble, l’expérience du Québec montre que le marché international du carbone peut fonctionner tant à l’échelle mondiale qu’à l’intérieur du Canada.</p> <p>Les marchés du carbone suscitent des inquiétudes fondées qui portent sur des questions telles que <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/ac0749">l’étouffement de l’innovation, la « dissuasion en matière d’atténuation »</a>, les <a href="https://doi.org/10.1007/978-94-017-2047-2_2">failles administratives</a> ou encore les <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/royal-institute-of-philosophy-supplements/article/abs/carbon-trading-unethical-unjust-and-ineffective/C6F4EC116F98AC017A12E52DDDAE081C">préoccupations morales</a> liées à la « vente d’indulgences ».</p> <p>Tout débat sérieux devrait prendre en compte ces préoccupations, même si plusieurs d’entre elles relèvent sans doute davantage de la politique économique néolibérale, <a href="https://doi.org/10.1038/s41558-020-0739-7">qui a vu sa légitimité s’éroder</a>. Une politique industrielle verte pourrait contribuer à <a href="https://doi.org/10.1017/S0260210524000421">dissiper bon nombre de ces craintes</a>.</p> <p>Pour jeter des ponts entre les marchés du carbone et la politique industrielle, on pourrait <a href="https://global.oup.com/academic/product/the-political-economy-of-climate-finance-effectiveness-in-developing-countries-9780197756836">fixer des prix planchers pour le carbone</a>. Ceux-ci permettraient aux pays acheteurs d’éviter la fuite de capitaux, tandis que les pays vendeurs pourraient s’assurer que les entrées de financement climatique sont suffisamment élevées pour mener à des transformations.</p> <p>Les marchés internationaux du carbone sont un moyen pour le Canada d’assumer la responsabilité de ses émissions tout en soutenant les réductions d’émissions ailleurs dans le monde. Quel que soit le gouvernement en place à Ottawa dans les années à venir, il est impératif qu’il les prenne au sérieux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/243990/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Mark Purdon a reçu des fonds de diverses organisations de recherche universitaire, dont le CRSH, le CRDI, le CGIAR, MITACS, Energy Modeling Initiative, le Réseau de recherche en économie circulaire, ainsi que l&#39;UQAM, qui a soutenu les travaux de la Chaire en décarbonisation. Il a été consulté sur les questions de financement et de politique climatique par des organisations telles que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l&#39;Agence canadienne de développement international (ACDI), le gouvernement du Cameroun, The Gold Standard, Transparency International, Equiterre, Ouranos et le gouvernement du Québec.</span></em></p> Le moment est venu de développer la participation du Canada aux marchés internationaux du carbone. Mark Purdon, Professor, École des sciences de la gestion & Holder, Chair in Decarbonization, Université du Québec à Montréal (UQAM) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/242969 2024-11-13T15:28:54Z 2024-11-13T15:28:54Z Vous avez vu une méduse près du quai ? Vous ne rêvez pas : elles sont de plus en plus nombreuses dans nos lacs <p>Ces dernières années, sachant que les lacs font partie de mon domaine de recherche, plusieurs personnes m’ont demandé si les méduses pouvaient vivre dans des lacs. Certaines ont pensé qu’elles avaient eu des visions, ou que leurs amis ou leur famille en avaient eu. J’ai même entendu parler de disputes conjugales à ce sujet !</p> <p>Alors, y a-t-il les méduses dans les lacs canadiens ?</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis.</strong> Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !</em></p> <hr> <p>Des méduses sont bel et bien présentes dans nos lacs. Elles sont apparentées aux méduses d’eau salée (Cnidaria), mais sont beaucoup plus petites. Si de plus en plus de gens prennent soudain conscience de leur existence, c’est tout simplement parce qu’elles sont de plus en plus nombreuses en raison des changements climatiques.</p> <p>En bref, les méduses d’eau douce existent, et les Canadiens doivent s’habituer au fait qu’il y en aura de plus en plus dans nos lacs à mesure que la planète se réchauffe.</p> <h2>Hausse du nombre de Craspedacusta</h2> <p>À l’heure actuelle, on observe surtout le genre Craspedacusta dans de nombreuses régions du monde, y compris au Canada, <a href="http://dx.doi.org/10.4081/jlimnol.2009.46">l’espèce la plus courante étantCraspedacusta sowerbii</a>. On l’appelle simplement <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/natcan/2017-v141-n1-natcan02711/1037937ar/">« méduse d’eau douce »</a> et, en anglais, <a href="https://theconversation.com/how-the-peach-blossom-jellyfish-is-spreading-across-north-america-213120">peach blossom jellyfish</a>.</p> <p>Cette espèce a été décrite et nommée scientifiquement pour la première fois en 1880 aux Jardins botaniques royaux de Londres. Il s’agit d’une espèce introduite venant à l’origine de Chine et <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-02525-3">qu’on retrouve sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique</a>.</p> <p>Ces méduses ne nous piquent pas — il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter si on les rencontre en nageant. Elles mesurent de un à deux centimètres et demi de diamètre et sont habituellement transparentes. Elles peuvent être très abondantes au moment de leurs « éclosions », se comptant alors par centaines, voire par milliers. Cependant, ces éclosions ne durent généralement qu’une semaine ou deux — juste le temps nécessaire pour qu’elles puissent se reproduire sexuellement.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Les méduses d’eau douce sont présentes depuis longtemps dans certains lacs du sud du Canada. À notre connaissance, la <a href="https://www.nature.com/articles/141515a0">première observation a eu lieu dans un lac du Québec en 1938</a>. Mais pourquoi n’en entend-on parler que maintenant ? On peut invoquer deux raisons principales.</p> <h2>Une présence invisible</h2> <p>La méduse d’eau douce demeure la majeure partie de son <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ivb.12308">cycle de vie</a> sous la forme d’un minuscule polype mesurant de un à deux millimètres de long. Les méduses peuvent survivre pendant des années dans cette phase asexuée, se reproduisant par bourgeonnement.</p> <p>Sous cette forme, elles sont fixées à la végétation, aux rochers et à d’autres surfaces près du fond des lacs et sont difficiles à voir. Elles se nourrissent d’organismes qui passent, principalement de petits crustacés <a href="https://theconversation.com/comprendre-lincidence-de-lactivite-humaine-sur-le-zooplancton-est-essentiel-pour-la-protection-des-eaux-des-lacs-233415">appelés zooplancton</a>, et en particulier de ceux qui vivent près des bords des lacs. Lorsque l’environnement se refroidit et que la nourriture est moins abondante, elles entrent dans une phase de dormance appelée podocyste.</p> <p>Mais ce sont des méduses gélatineuses en forme de cloche, semblables aux créatures marines que nous connaissons tous (et que nous essayons d’éviter lorsque nous nageons), qui sont de plus en plus souvent observées. Pourquoi ?</p> <p>La forme mature de la méduse d’eau douce n’apparaît que dans certaines conditions. Les températures chaudes semblent être un élément déclencheur essentiel. Lorsque la température de l’eau <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ivb.12308">dépasse 25 °C</a>, des méduses adultes peuvent subitement se manifester en grandes quantités.</p> <p>L’espèce y vit déjà sous forme de polype, parfois depuis des années, et soudain des méduses à l’allure fantomatique apparaissent comme sorties de nulle part, formant d’abondantes proliférations dans un lac.</p> <h2>Un envahisseur invisible</h2> <p>On pense que la première apparition de la méduse de lac la plus commune provient de plantes chinoises importées dans les Jardins botaniques royaux ; des plantes auxquelles des polypes ou des podocystes auraient pu être fixés. C’est souvent ainsi que des <a href="https://theconversation.com/les-especes-envahissantes-modifient-les-ecosystemes-des-lacs-239458">espèces aquatiques envahissantes</a> sont transportées un peu partout sur la planète.</p> <p>Les déplacements et les migrations des oiseaux aquatiques peuvent aussi jouer un rôle dans la manière dont ces espèces <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-94-011-0884-3_1">voyagent entre les lacs et les continents</a>. Plus localement, elles peuvent être répandues par des plaisanciers <a href="https://theconversation.com/how-the-invasive-spiny-water-flea-spread-across-canada-and-what-we-can-do-about-it-227546">qui ne nettoient pas correctement leur équipement</a> en changeant de plan d’eau. Des processus naturels sont également à l’œuvre, les polypes et les podocystes étant transportés par des animaux et les eaux qui s’écoulent d’un lac à un autre. Au fur et à mesure que de nouveaux lacs seront colonisés, les observations de méduses se multiplieront.</p> <p>Tel que mentionné précédemment, le réchauffement de l’eau semble être le principal déclencheur de la forme mature de la méduse d’eau douce. L’habitat d’origine de ces organismes est l’Asie tropicale et subtropicale. Par conséquent, à mesure que les changements climatiques réchauffent les eaux des lacs tempérés du nord, nous verrons davantage d’éclosions de méduses d’eau douce, et ces créatures pourront remonter de plus en plus vers le nord, comme l’a montré une <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-021-02525-3">récente modélisation</a>.</p> <h2>Conséquences</h2> <p>Que se passera-t-il dans les réseaux trophiques des lacs lorsque la méduse apparaîtra plus souvent dans sa forme adulte, s’alimentant de plancton dans la colonne d’eau et non plus seulement près des bords du lac ? Cela demeure largement inconnu. Nous avons beaucoup à apprendre sur ces organismes et leurs effets, car ils sont complexes à étudier. Il est difficile de les cultiver en laboratoire, et nous ne pouvons prédire quand une prolifération se produira.</p> <p><a href="https://doi.org/10.1093/plankt/fbaa047">Des travaux de laboratoire ont montré que la forme mature peut consommer 16 fois plus de plancton que les polypes</a>. On ignore encore si ce phénomène peut entraîner une perte de zooplancton lacustre significative, étant donné que les éclosions sont souvent de courte durée et que les taux de reproduction du zooplancton sont relativement élevés dans les eaux chaudes.</p> <p>Le zooplancton est une proie importante pour certaines espèces de poissons, en particulier les juvéniles. Mais pour l’instant, la période où les eaux sont suffisamment chaudes pour produire des méduses matures (entre le milieu et la fin de l’été) et celle où l’on trouve de jeunes poissons (au début de l’été) ne coïncident pas. Il reste à voir si elles coïncideront davantage à mesure que le climat se réchauffera, car les espèces s’adapteront probablement à des rythmes différents.</p> <p>Plus les eaux des lacs tempérés du nord demeureront chaudes longtemps, plus les méduses d’eau douce seront présentes dans le réseau alimentaire estival. Cela pourrait réduire la disponibilité des proies pour des espèces de poissons comme le <a href="https://www.michiganseagrant.org/topics/ecosystems-and-habitats/native-species-and-biodiversity/cisco-lake-herring/">cisco (Coregonus)</a>, dont le repas principal est constitué de zooplancton.</p> <p>Par conséquent, avec les changements climatiques, on s’attend non seulement à voir de plus en plus de méduses d’eau douce, mais aussi à ce que leur incidence sur les réseaux alimentaires lacustres s’accroisse.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/242969/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Beatrix Beisner reçoit des fonds du CRSNG et du FRQNT. Elle est codirectrice du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL), un réseau de recherche regroupant 12 universités québécoises.</span></em></p> Les méduses d’eau douce sont de plus en plus nombreuses dans les lacs et les rivières du Canada. Les raisons en sont complexes, mais le changement climatique en est le principal responsable. Beatrix Beisner, Professor, Aquatic ecology; Co-Director, Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL), Université du Québec à Montréal (UQAM) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/232648 2024-11-11T16:02:08Z 2024-11-11T16:02:08Z La nouvelle réglementation sur les zones inondables au Québec devra répondre à des enjeux éthiques <p>Récemment, la Communauté métropolitaine de Montréal a révélé <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2108388/cartes-preliminaires-zones-inondables-cmm">sa nouvelle cartographie</a> de zones inondables : environ 19 000 logements de son territoire s’y retrouvent désormais.</p> <p>L’impact sur les propriétaires et les municipalités sera grand. On s’attend à une importante perte de la valeur foncière et à des difficultés pour assurer ces propriétés. Sans surprise, les <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2024-09-30/revision-de-la-cartographie/deux-fois-plus-de-batiments-en-zone-inondable-dans-le-grand-montreal.php">revendications</a> commencent à se faire sentir.</p> <p>En réalité, La CMM ne fait que suivre les principes adoptés par le gouvernement québécois pour <a href="https://consultation.quebec.ca/processes/modernisation-cadre-reglementaire-milieux-hydriques-ouvrages-protection-contre-inondations/f/366/">moderniser</a> la réglementation des zones inondables.</p> <p>Présentées comme une <a href="https://consultation.quebec.ca/processes/modernisation-cadre-reglementaire-milieux-hydriques-ouvrages-protection-contre-inondations/f/368/">adaptation aux changements climatiques</a>, les nouvelles cartes classent les zones inondables en quatre catégories de risques (faible, modéré, élevé et très élevé) et intègrent beaucoup plus de données que les précédentes.</p> <h2>La majorité des Québécois vivent près de l’eau</h2> <p>Cette modernisation est certes nécessaire eu égard aux dommages causés par les inondations. Au Québec, les inondations sont fréquentes et coûteuses. La majorité de la population vit près de l’eau, rendant environ <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1972899/inondations-quebec-gestion-climat-gouvernance">80 % des municipalités</a> vulnérables. Les inondations de <a href="https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/inondations-2017-bilan-et-perspectives-ameliorer-collectivement-la-resilience-du-quebec">2017</a> et <a href="https://www.journaldemontreal.com/2024/06/11/zones-inondables-77-000-logements-au-quebec-pourraient-etre-affectes">2019</a> ont forcé l’évacuation de milliers de personnes et causé plus <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/814658/trois-fois-plus-quebecois-zones-inondables">d’un milliard de dollars</a> en dommages. </p> <p>En <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1975614/debordement-pont-camping-charlevoix-riviere">2023</a>, près de 300 propriétés dans Charlevoix ont été touchées. Cette année, des précipitations associées à la tempête Debby ont inondé des milliers de sous-sols, entraînant environ <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2098287/pluies-inondations-reclamations-assurances-debby">70 000 réclamations d’assurance</a>.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/nouvelle-cartographie-des-zones-inondables-quatre-solutions-pour-mieux-accompagner-les-residents-et-les-municipalites-225976">Nouvelle cartographie des zones inondables : quatre solutions pour mieux accompagner les résidents et les municipalités</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Nos travaux au sein de l’<a href="http://www.grif.umontreal.ca/observatoire/index.html">Observatoire universitaire de la vulnérabilité, de la résilience et de la reconstruction durable</a> et du <a href="https://riisq.ca/fr/accueil/">Réseau Inondations InterSectoriel du Québec</a> nous permettent de mieux comprendre les causes et les conséquences de ces changements réglementaires.</p> <h2>La mise sur pied d’un régime transitoire suscite des problèmes</h2> <p>En attendant de finaliser le nouveau cadre normatif permanent, la gestion des risques d’inondation repose sur un <a href="https://www.quebec.ca/gouvernement/politiques-orientations/plan-de-protection-du-territoire-face-aux-inondations/gestion-rives-littoral-zones-inondables/regime-transitoire/a-propose-transitoire/a-propos">régime transitoire</a>, en vigueur depuis mars 2022.</p> <p>Ce cadre remplace les anciennes <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/rives/index.htm">politiques de protection des rives et des zones inondables</a> et fait partie intégrante du Plan de protection du territoire face aux inondations, élaboré après les désastres de 2017 et 2019.</p> <p>Or, ce régime transitoire rencontre plusieurs défis. Il impose un <a href="https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/environnement/gestion-rives-littoral-zones-inondables/fiche-explicative-preseance-reglementation-municipale.pdf">cadre uniforme</a> à toutes les municipalités, interdisant les rénovations ainsi que toute nouvelle construction dans les zones à haut risque.</p> <p><a href="https://www.asf-quebec.org/portfolio-items/cohabiter-avec-leau/">Certains spécialistes</a> suggèrent, toutefois, que plusieurs travaux de rénovation pourraient, en effet, augmenter la résilience des maisons face aux inondations.</p> <p>D’autres observateurs ont critiqué le manque de clarté des processus juridiques. <a href="https://fqm.ca/wp-content/uploads/2022/11/me_commentaires_inondations_2021.pdf">La Fédération québécoise des municipalités</a> a souligné la nécessité de préciser les aspects où le régime transitoire remplace les réglementations municipales. De nombreuses municipalités restent incertaines quant à leurs rôles et responsabilités. <a href="https://www.upa.qc.ca/en/producteur/recherche/regime-transitoire-mobilisation-oui-acceptabilite-non">L’Union des producteurs agricoles</a> à son tour s’inquiète des restrictions sur les terres agricoles, notamment les « zones tampons », qui réduisent les terres cultivables et augmentent les coûts de production pour les agriculteurs.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>En mars 2023, le gouvernement du Québec a annoncé des <a href="https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/ajustement-du-regime-transitoire-quebec-veut-donner-plus-dautonomie-aux-municipalites-dans-la-gestion-des-zones-inondables-des-rives-et-du-littoral-46434">ajustements</a> pour accorder plus d’autonomie aux municipalités. Désormais, elles peuvent délivrer des permis pour rénover ou démolir des bâtiments en zones inondables sans approbation ministérielle, clarifiant ainsi leurs responsabilités et simplifiant les processus.</p> <p>Malgré ces ajustements, des préoccupations persistent quant à la clarté des mesures, leur application dans divers contextes, les conflits avec les réglementations existantes, et la prise en compte des particularités locales.</p> <h2>Les résidents sur la corde raide</h2> <p>L’impact sur les <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/politique/prisonniers-des-zones-inondables/2024-04-03/le-combat-de-suzanne-leblanc.php">résidents</a> et les restrictions imposées aux propriétaires suscitent également des inquiétudes. L’incertitude par rapport à la réponse des <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/quebec-new-flood-zone-mapping-1.7231126">compagnies d’assurance</a> demeure. Déjà cette année, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2024-02-21/achats-de-maisons-dans-des-zones-inondables/la-fin-du-financement-de-desjardins-une-bombe-dit-l-opposition.php">le Mouvement Desjardins</a> a annoncé son intention de restreindre les services hypothécaires pour les maisons situées en zones inondables.</p> <p>En réponse à tous ces problèmes, <a href="https://theconversation.com/nouvelle-cartographie-des-zones-inondables-quatre-solutions-pour-mieux-accompagner-les-residents-et-les-municipalites-225976">certains chercheurs</a> proposent l’introduction de certificats de résilience pour les bâtiments, la mise en place d’un programme de relocalisation pour les habitations en zones à haut risque, ainsi qu’une compensation pour les municipalités touchées par la perte de revenus fiscaux. L’organisme Architectes sans frontières recommande également <a href="https://www.asf-quebec.org/portfolio-items/cohabiter-avec-leau/">l’adoption de mesures adaptatives</a>, favorisant une architecture résiliente et des pratiques de construction plus innovantes.</p> <p>Au Québec, diverses stratégies ont été mises en œuvre pour éviter les relocalisations forcées. Le gouvernement québécois propose aux résidents de réparer leur maison avec une <a href="https://www.quebec.ca/securite-situations-urgence/urgences-sinistres-risques-naturels/obtenir-aide-sinistre/aide-financiere-proprietaires-locataires">aide financière</a> ou d’accepter une compensation pour démolir et se relocaliser.</p> <h2>On ne se relocalise pas en criant ciseau</h2> <p>Cependant, cette approche pose aussi certains problèmes. En effet, de nombreux résidents, en particulier les aînés et ceux ayant hérité de propriétés familiales, ont des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11069-021-04832-4">liens profonds avec leur territoire</a>, leur communauté et leurs modes de vie.</p> <p>De plus, la reconstruction peut causer à son tour des nouveaux impacts environnementaux, surtout en termes d’émissions de <a href="https://click.endnote.com/viewer?doi=10.1080%2F1523908x.2014.927755&amp;token=WzM5NjcwNjQsIjEwLjEwODAvMTUyMzkwOHguMjAxNC45Mjc3NTUiXQ.POlj8W0hsQJxGqesGIkF_rz-qrU">gaz à effet de serre</a> et en termes d’étalement urbain si les habitants sont relocalisés en périphérie des villes (où, souvent, les terrains sont moins chers et disponibles).</p> <p>Enfin, le <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/cmhc-report-quebec-housing-crisis-2024-1.7101783">manque de logements</a> au Québec, récemment accentué, rend plus difficile la relocalisation des habitants dans des logements abordables, non situés en zone inondable.</p> <h2>Que faire avec les sites patrimoniaux ?</h2> <p>Il faut aussi noter que plusieurs zones inondées comprennent des sites patrimoniaux. En <a href="https://www.journaldequebec.com/2019/10/24/demolitions-denoncees">Beauce</a>, la réponse aux inondations de 2019 comprenait la démolition de plusieurs propriétés, dont certaines à <a href="https://www.ledevoir.com/culture/565649/patrimoine-destruction-massive-de-maisons-anciennes-en-beauce">caractère patrimonial</a>. L’organisation de protection du patrimoine (<a href="https://ici.radio-canada.ca/info/videos/1-8169051/un-moratoire-est-reclame-a-sainte-marie-pour-sauver-patrimoine-bati">GIRAM</a>) et d’autres opposants ont accusé le gouvernement d’agir trop rapidement sans envisager d’autres solutions comme l’élévation des maisons ou la construction de digues.</p> <p>La période transitoire permet au gouvernement de comprendre les risques et d’évaluer les stratégies à mettre en place. Elle permet aux chercheurs de produire des <a href="https://www.puq.ca/catalogue/livres/les-inondations-quebec-4082.html">connaissances pertinentes</a>. <a href="https://www.openscience.fr/Risques-d-inondation-opportunites-et-resilience-Comment-assurer-la-mise-en">Certains</a> d’entre eux estiment que ce régime, à la fois strict et flexible, facilite la coordination entre ministères et avec d’autres institutions.</p> <p>Or, plusieurs défis demeurent, tels que l’intégration des nouvelles données climatiques, les lacunes dans la cartographie, l’accès limité aux informations, la répartition inefficace des responsabilités et le manque de ressources parmi les autorités locales.</p> <h2>Tirer des leçons</h2> <p>Les lois temporaires ont été utilisées aussi dans d’autres pays pour la gestion des risques et catastrophes. Mais ailleurs, comme ici, elles posent des problèmes de mise en œuvre. <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=911603">Un chercheur</a> de l’Université Harvard, par exemple, note que les lois temporaires permettent des réponses rapides et flexibles, mais qu’elles peuvent entraîner également des coûts de transaction plus élevée, des charges administratives accrues et des contradictions dans les politiques.</p> <p>Alors que le Québec met à jour son cadre de gestion des risques d’inondation, il est essentiel de tirer des leçons de la période de transition pour construire un meilleur cadre permanent. Il sera essentiel d’évaluer les implications politiques et les ressources qui seront nécessaires pour atteindre les changements souhaités.</p> <h2>Enjeux environnementaux, mais aussi éthiques</h2> <p>Le succès dépendra de la capacité à surmonter les défis pratiques et à répondre aux besoins des communautés locales, tout en révisant les normes et les pratiques de construction actuelles. <a href="https://theconversation.com/inondations-faut-il-en-finir-avec-les-sous-sols-236990">Une réflexion</a> sur l’usage des sous-sols et leur construction dans des nouveaux projets, par exemple, devient de plus en plus indispensable. Avec les changements climatiques et l’augmentation des désastres associés au Canada et dans le monde, des <a href="https://www.undrr.org/gar/gar2022-our-world-risk-gar">nouvelles approches</a> sont nécessaires.</p> <p>Très souvent, les pratiques actuelles ne prennent pas suffisamment en compte les <a href="https://pum.umontreal.ca/catalogue/la_qualite_en_architecture_urbanisme_et_paysage">coûts environnementaux et sociaux, ainsi que la dimension morale de nos décisions</a>. Le problème des inondations est, au Québec comme ailleurs, un problème politique. Il doit donc passer par une réflexion sur la justice sociale, sur les gagnants et les perdants des décisions prises, ainsi que sur la dimension éthique de nos actions individuelles et collectives.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/232648/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Fatma Ozdogan a reçu des financements de Fonds de recherche du Québec (FRQ) en tant que boursière du programme de bourses Action climatique 2023-2024. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gonzalo Lizarralde a reçu, à plusieurs reprises, des financements de fonds de recherche du Canada (CRSH, CRDI) et du Québec (FRQ et ministères), ainsi que des contrats avec des entités municipales. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Gachon a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec (FRQ), du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), et de la Fondation Canadienne pour l&#39;Innovation (FCI).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Manel Djemel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p> Avant d’adopter un nouveau cadre juridique sur la gestion des inondations, Québec a mis en place un régime transitoire. Il faudra en tirer des leçons, notamment sur le plan éthique. Fatma Ozdogan, PhD Student & Researcher, Université de Montréal Gonzalo Lizarralde, Professeur titulaire - Faculté de l'aménagement, Université de Montréal Manel Djemel, Directrice développement et partenariats au RIISQ (Réseau Inondations InterSectoriel du Québec), Université de Montréal Philippe Gachon, Professeur d'hydroclimatologie, directeur du RIISQ (Réseau Inondations InterSectoriel du Québec), Université du Québec à Montréal (UQAM) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/232775 2024-11-05T14:54:02Z 2024-11-05T14:54:02Z Le clonage de l’érable à sucre, une opportunité économique à saisir ? <p>Nous produisons du sirop d’érable parce que la sève des érables est naturellement sucrée. Pourtant, si elle l’était encore davantage, nous pourrions en produire plus et à moindre coût. Le prix du sirop d’érable baisserait aussi dans les supermarchés ! </p> <p>Cependant, tous les érables ne sont pas égaux ; certains sont bien « plus sucrés » que d’autres. Alors, pourquoi ne pas cloner ces arbres exceptionnels ?</p> <p>L’érable occupe une place prépondérante dans une histoire qui unit <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0215511">famille, savoir-faire artisanal et nature</a>. Au Québec, au-delà des quatre saisons habituelles, il s’en découvre une cinquième, sorte d’intermède sucré entre la froide étreinte de l’hiver et la tendre floraison du printemps – la tant attendue saison des sucres.</p> <p>Cependant, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0378112709006720">production de sirop est aussi une composante essentielle de l’économie québécoise</a>, puisqu’elle génère des emplois et apporte des revenus significatifs. C’est pourquoi, en tant qu’écophysiologiste forestier, je m’engage à soutenir ce secteur face aux défis du changement climatique et des évolutions des marchés. Pour cette raison, dans le cadre de mes travaux de recherche à l’Université du Québec à Chicoutimi, j’examine les possibilités de cloner les érables afin d’augmenter la productivité et de réduire les coûts de production.</p> <h2>Le clonage végétal : Un héritage ancien</h2> <p>Ne vous inquiétez pas : notre sirop d’érable n’aura pas besoin d’une étiquette OGM !</p> <p>Dès qu’on entend parler de « clonage », on peut être tenté de s’imaginer des laboratoires haute technologie modernes, voire carrément des scènes de science-fiction. En réalité, il s’agit ici de quelque chose de beaucoup plus naturel et ancien. Nous parlons d’une forme de clonage dite de <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/agricultural-and-biological-sciences/vegetative-reproduction">propagation végétative</a>, soit une méthode pour cultiver de nouvelles plantes à partir de fragments de plantes existantes, ainsi que des techniques qui copient une espèce végétale sans en modifier l’ADN.</p> <p>Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’idée de propager des espèces végétales n’est pas récente, bien au contraire ! Pour certaines espèces, le clonage par propagation végétative était déjà une pratique ancienne même à l’époque de l’Antiquité, comme en témoignent les écrits <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4757-9492-2_19">d’Aristote (384-322 av. J.-C.) et de Pline l’Ancien (23-79 ap. J.-C.)</a>.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Cette technique inclut le greffage, la bouture ou la culture de tissus pour produire des copies génétiques exactes – ou clones – d’une plante sans altérer son ADN. La propagation végétative permet de conserver le patrimoine génétique naturel de l’espèce tout en reproduisant des traits désirables.</p> <p>Un exemple clair est donné par les variétés modernes de pommes. Après de longs processus de sélection, votre variété de pomme préférée, qu’il s’agisse d’une Granny Smith acidulée, d’une Fuji juteuse, ou d’une McIntosh sucrée, <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-030-74682-7_6">provient d’un seul arbre mère cloné et recloné par greffage</a>.</p> <p>C’est ainsi que, pour nos espèces d’érables, nous pouvons également chercher à reproduire des caractéristiques particulièrement intéressantes, comme une sève particulièrement sucrée.</p> <h2>Pourquoi cloner les érables ?</h2> <p>Tout comme les humains, les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0378112723001299">érables présentent des variabilités</a> dans certains traits, ce qui intéresse particulièrement les productrices et producteurs de sirop. Ces derniers sont conscients de cette variabilité au sein de leur érablière, où certains arbres ont non seulement une sève plus abondante, mais également plus sucrée que d’autres. La <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1043452608006049">teneur en sucre de la sève</a> est un trait tout particulièrement recherché.</p> <p>Vous êtes-vous déjà demandé quelle quantité de sève est nécessaire afin de produire votre bouteille de sirop d’érable préférée ? La réponse pourrait vous surprendre : <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1043452608006049">il faut environ 40 litres de sève pour obtenir un seul litre de sirop</a> !</p> <p>Cela s’explique par la composition de la sève, laquelle est majoritairement composée d’eau, avec une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1043452608006049">concentration en sucre soluble de 2 à 5 %</a>. Plus la teneur en sucre est basse, plus il faut de sève pour obtenir du sirop. Le processus de production nécessite donc de recueillir d’importantes quantités de sève et de la transformer à travers plusieurs étapes complexes, ce qui réduit considérablement le volume de sirop obtenu par rapport à la sève initiale. C’est la raison pour laquelle le sirop d’érable est une délicieuse friandise, qui peut coûter cher.</p> <p>Cependant, <a href="https://cdi.uvm.edu/book/uvmcdi-55093#page/2/mode/2up">certains arbres « plus sucrés »</a> présentent des concentrations de sucre remarquablement élevées.</p> <p>C’est là que le clonage entre en jeu.</p> <p>Le principe est simple : en sélectionnant des arbres avec une concentration élevée en sucre dans leur sève – potentiellement le double de celle d’un arbre moyen –, et en les clonant, nous pourrions enrichir les érablières. Cela permettrait de réaliser d’importantes économies de production et de réduire les coûts énergétiques, tout en générant un sirop moins coûteux, et donc des bénéfices accrus pour les producteurs.</p> <h2>Comment clonons-nous un érable ?</h2> <p>Imaginons-nous devant un érable présentant un trait désirable que nous souhaitons conserver. Comment devons-nous procéder ?</p> <p>La méthode la plus simple serait de prélever une petite <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/agricultural-and-biological-sciences/stem-cutting">bouture</a> sur les branches de l’arbre. Bien que cette méthode soit efficace pour de nombreuses plantes ornementales, comme les rosiers, elle est plus délicate pour les érables, en raison de leur faible taux de réussite à l’enracinement.</p> <p>Une méthode plus avancée, souvent utilisée, est la« <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B0122270509002076">culture de tissus</a> », laquelle utilise les tissus de croissance actifs trouvés dans les bourgeons des arbres. Cette technique permet de cultiver rapidement de nombreuses plantes à partir d’une petite quantité de tissu, facilitant la production efficace de clones génétiquement identiques. Cependant, la culture de tissus est une technique de laboratoire exigeante, nécessitant un équipement spécialisé et une expertise, ce qui la rend relativement coûteuse et techniquement complexe.</p> <p>À l’Université du Québec à Chicoutimi, nous explorons actuellement l’efficacité du <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/agricultural-and-biological-sciences/air-layering">« marcottage aérien »</a>, qui consiste à induire la formation de racines sur une branche toujours attachée à la plante mère. Il s’agit d’une technique qui a l’avantage d’être aussi simple qu’accessible, puisqu’elle peut être réalisée directement sur le terrain sans nécessiter d’installations de laboratoire.</p> <figure class="align-center "> <img alt="La technique de marcottage aérien est utilisée sur une branche d’arbre" src="https://images.theconversation.com/files/605793/original/file-20240709-17-ri4pfr.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/605793/original/file-20240709-17-ri4pfr.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/605793/original/file-20240709-17-ri4pfr.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/605793/original/file-20240709-17-ri4pfr.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/605793/original/file-20240709-17-ri4pfr.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/605793/original/file-20240709-17-ri4pfr.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/605793/original/file-20240709-17-ri4pfr.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">Le marcottage aérien est une technique de clonage utilisée partout dans le monde.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span> </figcaption> </figure> <p>Cette technique présente également l’avantage de produire des plantes qui ont déjà une taille considérable, allant jusqu’à un mètre et demi selon nos tests, et qui sont donc plus robustes. Nos expériences préliminaires ont montré des résultats prometteurs, avec des taux de réussite proches de 100 % pour l’érable à sucre, l’érable rouge et l’érable argenté. Ces travaux démontrent le potentiel du marcottage aérien pour une propagation efficace et fiable de ces précieuses espèces d’arbres.</p> <h2>Un jeu d’attente</h2> <p>Cloner les érables pourrait non seulement augmenter la production de sirop en réduisant les coûts, mais aussi représenter une autre stratégie pour faire face à l’imprévisibilité des productions annuelles due au changement climatique. Il ne s’agit pas simplement de maintenir les traditions vivantes ; il importe également de les rendre pérennes pour les générations à venir.</p> <p>Identifier une technique de clonage efficace constitue seulement la première étape d’un projet à long terme. Le véritable test de ces efforts – la teneur en sucre de la sève – ne sera révélé que lorsque les arbres clonés auront atteint une taille considérable et seront arrivés à maturité.</p> <p>C’est un jeu d’attente qui nécessitera encore quelques années, alors que ces jeunes érables grandissent et réalisent leur potentiel. Entre-temps, nous pouvons tous apprécier le sirop d’érable sucré que le Québec a à offrir. Après tout, les bonnes choses viennent à ceux qui savent attendre – même pour le sirop d’érable !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/232775/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Roberto Silvestro a reçu des financements de FRQNT. Une version préliminaire de ce texte a été présentée lors du ComSciCon-QC 2024. L&#39;auteur tient à remercier Juliette François-Sévigny pour ses précieux conseils dans l&#39;élaboration de ce texte.</span></em></p> Certains érables produisent une sève plus sucrée que d’autres. Cloner ces individus peut donc contribuer à réduire les coûts pour les producteurs et les consommateurs. Roberto Silvestro, Research professor, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/237607 2024-11-04T15:51:39Z 2024-11-04T15:51:39Z Le braconnage explose dans les zones de conflits en Afrique. Le droit international doit intervenir <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/623411/original/file-20241003-16-359usp.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L&#39;Okapi, aussi appelé « girafe des forêts », est un symbole national de la République démocratique du Congo. Le braconnage figure parmi les principales menaces à sa survie.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Connue pour son extraordinaire biodiversité et confrontée à une crise sécuritaire causant d’énormes pertes de sa faune et de sa flore, l’Afrique est menacée par l’explosion du braconnage, amplifié par le trafic illicite des espèces sauvages.</p> <p>En République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du Congo (RDC), les éléphants sont les cibles des braconniers. D’autres animaux, comme les pangolins, les rhinocéros, les Okapis sont menacés en RDC.</p> <p>On chasse l’éléphant pour son ivoire, le pangolin pour ses <a href="https://www.moged.ifdd.francophonie.org/index.php/fr/publications/item/883-revue-africaine-de-droit-de-l-environnement-rade-no-04-2019-2">écailles</a>, le rhinocéros pour ses cornes et l’<a href="https://www.rfi.fr/fr/podcasts/c-est-dans-ta-nature/20240127-okapi-discret-tresor-rdc">okapi</a> tant pour sa viande que pour sa peau, sa graisse et ses os.</p> <p>Ce crime de braconnage rapporte des gains énormes, évalués <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52017IP0064">à 20 milliards d’euros par an</a>.</p> <figure class="align-center "> <img alt="Un pangolin en marche sur un tronc d’arbre" src="https://images.theconversation.com/files/623654/original/file-20241004-15-6nzw0x.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/623654/original/file-20241004-15-6nzw0x.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/623654/original/file-20241004-15-6nzw0x.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/623654/original/file-20241004-15-6nzw0x.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/623654/original/file-20241004-15-6nzw0x.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/623654/original/file-20241004-15-6nzw0x.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/623654/original/file-20241004-15-6nzw0x.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">Les pangolins font l’objet d’un braconnage intense pour leur viande, mais aussi pour leurs écailles, qui servent à décorer des objets ou comme ingrédient de certaines médecines traditionnelles.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span> </figcaption> </figure> <p>Notre travail en tant que membre de <a href="https://observatoireagenda2030.uqam.ca/">l’Observatoire sur l’Agenda 2030 des Nations unies de l’Université du Québec à Montréal</a>, réalisé en collaboration avec le juriste <a href="https://ceim.uqam.ca/db/spip.php?page=auteur-ceim&amp;id_auteur=1512">Flagauthier Mujinga wa Mwenze</a> nous permet d’observer que la lutte au braconnage en zones de conflits pourrait être mieux encadrée par le droit international humanitaire.</p> <h2>Une biodiversité mise en péril</h2> <p>Située au cœur de l’Afrique, la République démocratique du Congo (RDC) abrite la plus grande forêt de l’Afrique, le deuxième plus grand bassin tropical au monde (bassin du Congo). Elle comporte une biodiversité d’une valeur universelle exceptionnelle.</p> <p>Or, cette biodiversité est mise en péril du fait des crises sécuritaires persistantes. La plus récente a été déclenchée en 2022 avec l’invasion des rebelles du Mouvement du 23 Mars, <a href="https://www.bbc.com/afrique/articles/cl759x8e4kpo">appelé M23</a>, dans l’Est de la RDC.</p> <p>Le plus vieux parc de l’Afrique, le <a href="https://whc.unesco.org/fr/list/63/">parc National des Virunga</a>, est menacé par la résurgence des rebelles du M23 qui l’occupent. Ces derniers pratiquent non seulement le braconnage, mais aussi la déforestation par les activités agricoles et la fabrication du charbon de bois.</p> <p>Depuis 2022, en moyenne 40 camions, chargés chacun de 150 sacs de charbon de bois sauvage entrent chaque jour dans la ville de Goma, générant des revenus évalués à près de 1,7 million de dollars par mois, selon les <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/11/29/le-parc-des-virunga-a-nouveau-au-c-ur-des-conflits-de-l-est-de-la-rdc_6152213_3212.html">associations écologistes locales</a>.</p> <p>En 2023, un collectif d’ONG a alerté le gouvernement congolais sur le sort du Parc national des Virunga détruit par les <a href="https://www.jeuneafrique.com/1466775/politique/en-rdc-le-parc-des-virunga-est-aussi-victime-du-m23/">rebelles du M23</a>, qui s’en prennent aux animaux.</p> <figure class="align-center "> <img alt="Des touristes attablés dans une zone de repos dans un parc" src="https://images.theconversation.com/files/623418/original/file-20241003-15-7kv2oe.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/623418/original/file-20241003-15-7kv2oe.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/623418/original/file-20241003-15-7kv2oe.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/623418/original/file-20241003-15-7kv2oe.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/623418/original/file-20241003-15-7kv2oe.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/623418/original/file-20241003-15-7kv2oe.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/623418/original/file-20241003-15-7kv2oe.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">La parc national des montagnes Virunga, en République démocratique du Congo, est le plus ancien parc national d’Afrique.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span> </figcaption> </figure> <p>En République centrafricaine (RCA), l’histoire est marquée par des transitions politiques violentes. Quatre des cinq présidents de ce pays ont quitté le pouvoir par la force.</p> <p>Lors de ces affrontements, les ONG ont dénoncé <a href="https://doi.org/10.4000/developpementdurable.3365">« l’exploitation illégale de ressources naturelles par des groupes armés (centrafricains ou étrangers) »</a> dans les zones protégées et la responsabilité des éleveurs transhumants dans le trafic illégal transfrontalier de ressources naturelles.</p> <h2>Des dommages « étendus, durables ou graves »</h2> <p>La Convention de 1976 sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement, appelée <a href="https://disarmament.unoda.org/fr/le-desarmement-a-geneve/convention-sur-linterdiction-dutiliser-des-techniques-de-modification-de-lenvironnement-a-des-fins-militaires-ou-toutes-autres-fins-hostiles/">Convention ENMOD</a>, proscrit l’usage de techniques provoquant délibérément des changements à l’environnement à des fins militaires ou hostiles au progrès humain.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Chaque État partie à la convention s’engage à ne pas utiliser à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles des <a href="https://ihl-databases.icrc.org/assets/treaties/460-DIH-70-FR.pdf">techniques de modification de l’environnement</a> ayant des effets étendus, durables ou graves, en tant que moyens de causer des destructions, des dommages ou des préjudices à tout autre État partie.</p> <p>Qu’entend-on par effets « étendus, durables ou graves » ? « Étendu » signifie une superficie de plusieurs centaines de kilomètres carrés. « Durable » correspond à plusieurs mois ou environ une saison et « grave » s’entend comme une perturbation ou un dommage sérieux ou marqué pour la vie humaine, les ressources naturelles et économiques ou d’autres richesses.</p> <p>La définition de ces effets nous semble trop limitative. Une étendue réduite à moins de cent kilomètres carrés, une durée de moins d’un mois et des précisions sur ce qu’on entend par dommage sérieux pourraient maximiser la protection de l’environnement.</p> <figure class="align-center "> <img alt="Une carte du monde coloriée en rouge, jaune et vert" src="https://images.theconversation.com/files/623420/original/file-20241003-16-zm3oa4.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/623420/original/file-20241003-16-zm3oa4.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=308&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/623420/original/file-20241003-16-zm3oa4.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=308&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/623420/original/file-20241003-16-zm3oa4.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=308&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/623420/original/file-20241003-16-zm3oa4.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=387&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/623420/original/file-20241003-16-zm3oa4.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=387&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/623420/original/file-20241003-16-zm3oa4.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=387&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">Voici la carte des pays signataires de la Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (ENMOD).</span> <span class="attribution"><span class="source">(Wikipedia)</span></span> </figcaption> </figure> <p>Soulignons également que le champ d’application de la Convention ENMOD est restreint du fait que la <a href="https://treaties.un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=IND&amp;mtdsg_no=XXVI-1&amp;chapter=26&amp;clang=_fr">plupart des pays de l’Afrique centrale</a> ne l’ont pas ratifié.</p> <p>La RDC l’a fait, mais pas la RCA.</p> <h2>Un protocole original, mais pas ratifié par tous</h2> <p>Le <a href="https://ihl-databases.icrc.org/fr/ihl-treaties/api-1977">Protocole 1 aux Conventions de Genève du 12 août 1949</a> relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux propose des dispositions explicites sur la protection de l’environnement.</p> <p>Ce protocole apparaît au premier abord comme étant original puisque pour la première fois un instrument juridique de droit international humanitaire promeut la protection de l’environnement en cas de conflits armés à travers deux approches, écocentrique et anthropocentrique. Si l’approche écocentrique met la nature au cœur de la protection de l’environnement, l’approche anthropocentrique cible l’humain en promouvant la protection de l’environnement.</p> <p>En effet, son article 35 se focalise sur la protection de l’environnement naturel en interdisant l’utilisation des méthodes ou moyens de guerre pouvant y causer des dommages étendus, durables et graves. En plus de viser la protection de l’environnement naturel, l’article 55 veille à la survie et à la santé des populations pouvant être mises en danger par la destruction de l’environnement naturel du fait de l’emploi des méthodes ou moyens de guerre.</p> <p>Les nécessités militaires justifiant le recours légal à la violence dans un conflit armé ne font pas partie du Protocole I. Ceci est avantageux : quelles que soient les exigences de la guerre, les États parties sont tenus de ne pas recourir à des méthodes ou moyens de guerre « dont on peut attendre qu’ils causent, des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel ».</p> <p>Contrairement à la Convention ENMOD, le protocole a été ratifié par 174 États parties. Cette large adhésion doit toutefois être nuancée. Parmi les États ne l’ayant pas ratifié, certains sont impliqués dans les conflits armés internationaux impactant négativement sur l’environnement. Mentionnons notamment l’Inde, Israël et le Pakistan. L’adhésion de ces États est nécessaire pour élargir la couverture géographique de ce Protocole.</p> <h2>Amender le Statut de Rome pour introduire l’écocide</h2> <p>Quant au <a href="https://treaties.un.org/doc/Treaties/1998/07/19980717%2006-33%20PM/French.pdf">Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale</a>, son article 8 sur les crimes de guerre condamne la commission de dommages « étendus, durables et graves à l’environnement » lors d’un conflit armé. Mais il est limité aux conflits armés internationaux et fixe un seuil du dommage prohibé sans que ces critères ne soient définis.</p> <p>Les travaux sur <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/canadian-yearbook-of-international-law-annuaire-canadien-de-droit-international/article/abs/vers-lintegration-de-lecocide-dans-le-statut-de-rome/9AFDE4C377FCE5176AD98D2CB2CEDE8B">l’amendement du Statut de Rome</a> en vue d’introduire le <a href="https://theconversation.com/guerre-en-ukraine-et-destruction-de-lenvironnement-que-peut-le-droit-international-183774">crime d’écocide</a> pourraient avoir un impact positif dans l’encadrement juridique du braconnage dans les zones de conflits.</p> <h2>Tenir compte des conflits armés au sein d’un pays</h2> <p>La lutte contre le braconnage dans les zones de conflits est faiblement encadrée en droit international humanitaire.</p> <p>Il faudrait d’abord prévoir des dispositions protectrices de l’environnement en cas des conflits armés non internationaux.</p> <p>Par ailleurs, la faible ratification de certains accords (Convention ENMOD) et la non-ratification par des États impliqués dans les conflits internationaux empêchent une large application de ces instruments juridiques du droit international humanitaire.</p> <p>Il serait également souhaitable de faire des ajustements dans la Convention ENMOD : revoir les seuils de l’étendue et de la durabilité des effets des dommages causés par les modifications de l’environnement, et apporter des précisions sur ce qu’on entend par « dommage sérieux ».</p> <p>Il s’avère impérieux de renforcer cet arsenal juridique à travers un engagement solide des États, des organisations internationales et des ONG internationales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/237607/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Blaise-Pascal Ntirumenyerwa Mihigo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p> Le braconnage est un problème criant sur le continent africain. Or, des améliorations au droit international humanitaire pourraient aider à endiguer ce fléau dans les zones de conflits. Blaise-Pascal Ntirumenyerwa Mihigo, Co-Directeur, Professeur visiteur, Université du Québec à Montréal (UQAM) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/241887 2024-10-30T15:41:25Z 2024-10-30T15:41:25Z La santé d’un lac ne dépend pas seulement de ce qui se passe entre ses rives <p>En surface, la plupart des lacs et des rivières du Canada peuvent sembler purs. Mais sous la surface, ils sont confrontés à d’importants défis. Quels sont-ils ? Pour comprendre la santé des lacs et des rivières du Canada, nous devons regarder au-delà de leurs rives et prendre en compte l’ensemble du <a href="https://www.earth-site.co.uk/Education/what-is-a-watershed-and-why-is-it-important/">bassin versant</a>.</p> <p>Les ruisseaux, les rivières et les lacs du Canada sont des écosystèmes étroitement liés. Sous l’effet des précipitations et de la gravité, l’écoulement de l’eau varie selon les saisons et les lieux. Les cours d’eau reliés entre eux forment ce qu’on appelle un bassin hydrographique, ou versant, soit une <a href="https://agriculture.canada.ca/fr/environnement/gestion-ressources/gestion-durable-leau/comprendre-bassins-hydrographiques">étendue de territoire</a> drainée par des plans d’eau, ce qui comprend les aquifères souterrains.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis.</strong> Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !</em></p> <hr> <p>Toute activité humaine qui affecte la qualité de l’eau qui circule dans un bassin versant — avec la pluie, la neige, l’irrigation et les eaux souterraines — aura un impact sur tous les plans d’eau du système. C’est pourquoi il est essentiel de surveiller et de réglementer les activités humaines dans le bassin d’un lac pour préserver sa santé et sa biodiversité.</p> <p>Des perturbations peuvent influencer les écosystèmes aquatiques même si elles se produisent loin des rives, en particulier lorsque de grandes quantités d’eau s’écoulent rapidement. En d’autres termes, ce qui se produit en amont et sur la terre ferme est aussi important que ce qui se passe dans un lac. De plus, une mauvaise qualité de l’eau douce <a href="https://doi.org/10.3389/fevo.2021.633160">peut avoir un effet sur la santé du territoire l’entourant</a>.</p> <p>Dans le cadre de mes recherches, je vise à mieux saisir le fonctionnement, la biodiversité et la santé des écosystèmes des lacs, des ruisseaux et des rivières. Ces travaux sont d’autant plus nécessaires que les milieux aquatiques sont affectés par les changements climatiques. Ce qui est clair, c’est que pour bien interpréter ce qui se passe dans l’écosystème d’un lac, il faut regarder au-delà de son rivage.</p> <p>En comprenant mieux comment l’eau circule dans un bassin hydrographique, nous pouvons agir de manière responsable et concevoir des politiques plus justes et efficaces.</p> <h2>Des limites et des frontières</h2> <p>Les limites des bassins versants, qui sont définies par la topographie du paysage, ne coïncident pas toujours avec les frontières politiques. <a href="https://www.worldatlas.com/rivers/nile-river.html">Le bassin du Nil en est peut-être l’exemple le plus éloquent</a>.</p> <p>De plus, les humains modifient depuis longtemps les cours d’eau au moyen de barrages et par l’irrigation. Nos villes et nos exploitations agricoles, minières et forestières chevauchent souvent plus d’un bassin ou peuvent en surcharger d’autres.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p><a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/geb.13575">Des études récentes</a>, menées dans le cadre du <a href="https://lakepulse.ca/fr/">Réseau sur l’état des lacs</a>, ont permis d’échantillonner plus de 650 lacs partout au Canada. Ces recherches ont montré qu’un taux d’urbanisation de 4 à 12 % dans un bassin hydrographique suffit à nuire à la biodiversité et au fonctionnement d’un écosystème.</p> <p>C’est par l’urbanisation que les humains ont le plus d’impact sur les bassins hydrographiques. Cela vient sans doute du fait que <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/10.1139/er-2022-0022">l’écoulement de l’eau est bloqué par des infrastructures matérielles</a> et modifié par la foresterie et la conversion des terres pour l’agriculture.</p> <p>Il est important de savoir que la santé et la fonction d’un écosystème aquatique sont façonnées par ce qui se passe sur les terres dans l’ensemble du bassin versant. Ces <a href="https://www.ecologycenter.us/species-richness/autochthonous-and-allochthonous-production.html">influences à l’échelle du système sont appelées « allochtones »</a> — par opposition aux interactions « autochtones » (internes) qui se produisent dans une seule masse d’eau.</p> <p>Les influences externes (eaux de ruissellement) peuvent perturber les processus internes d’une masse d’eau et, dans certains cas, avoir des effets négatifs sur la <a href="https://doi.org/10.1139/f92-064">santé des poissons</a> et le <a href="https://doi.org/10.1007/s10750-019-04052-9">réseau alimentaire local dans son ensemble</a>.</p> <p>Les changements climatiques jouent également un rôle de plus en plus important dans la vie de nos lacs. Au Canada, les conséquences les plus visibles du réchauffement sont <a href="https://theconversation.com/canada-wildfires-an-area-larger-than-the-netherlands-has-been-burned-so-far-this-year-heres-what-is-causing-them-207577">l’augmentation de la gravité et de la durée des incendies de forêt</a> et de <a href="https://theconversation.com/canada-is-witnessing-more-thunderstorm-impacts-than-ever-before-188288">l’intensité des tempêtes</a>.</p> <p>Ces événements extrêmes entraîneront une hausse du ruissellement dans nos lacs, qui risquent d’être perturbés par un <a href="https://www.epa.gov/nutrientpollution/sources-and-solutions-stormwater">apport excessif de nutriments</a>, la <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2115033119">salinisation</a> et d’autres <a href="https://doi.org/10.1007/s12665-014-3682-y">modifications chimiques</a> de la qualité de l’eau.</p> <h2>L’écoulement des eaux</h2> <p>La connectivité entre les plans d’eau d’un bassin hydrographique est un autre élément essentiel à prendre en compte pour la conservation de la biodiversité.</p> <p>Premièrement, ces liens aquatiques servent de <a href="https://www.washington.edu/news/2019/02/12/assessing-riverside-corridors-the-escape-routes-for-animals-under-climate-change-in-the-northwest/">couloirs migratoires</a> pour les mammifères et les oiseaux, mais aussi pour des poissons et des invertébrés aquatiques tels que les insectes et les écrevisses. Avec les changements climatiques et le réchauffement des eaux, ces organismes auront de plus en plus besoin des couloirs au sein des bassins hydrographiques pour retrouver des eaux fraîches plus au nord.</p> <p>Si les voies migratoires permettent la dispersion d’espèces indigènes, elles peuvent aussi favoriser la propagation d’espèces envahissantes. La gestion de ces dernières doit tenir compte du bassin versant et ne pas se concentrer uniquement sur la rivière ou le lac envahi.</p> <p>Si une espèce exotique est apparue dans un bassin hydrographique, il est probable qu’elle sera bientôt dans un lac ou une rivière près de chez vous.</p> <p>Les contaminants — tels que des pesticides, des toxines diverses, des microplastiques et des nutriments — nécessitent également une gestion à large échelle. Tout comme les espèces envahissantes, ils peuvent s’écouler en aval d’un bassin. La <a href="https://dec.vermont.gov/watershed/wetlands/functions/water-quality">présence de zones humides saines</a> peut toutefois contribuer à les filtrer et à améliorer la qualité de l’eau.</p> <p>Les barrages, les ponts et les ponceaux constituent une barrière physique à la connectivité dans un bassin versant. Bien qu’elles aient leur utilité, ces constructions affectent grandement les écosystèmes.</p> <p>À titre d’exemple, de <a href="https://theconversation.com/culverts-the-major-threat-to-fish-youve-probably-never-heard-of-143629">nombreuses espèces de poissons ne peuvent passer dans un ponceau ou sous un pont qui est bas</a>. Ces structures humaines peuvent <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.ecolsys.34.011802.132419">perturber considérablement</a> la dynamique de leurs populations, leurs parcours et leur <a href="https://doi.org/10.1002/ecs2.2488">capacité à s’adapter à des conditions changeantes</a>.</p> <p>Malheureusement, les problèmes auxquels sont confrontées les populations de poissons peuvent avoir des répercussions importantes sur la biodiversité et les services écosystémiques dans un bassin hydrographique.</p> <h2>Interconnexion et concertation</h2> <p>L’interconnexion des écosystèmes des bassins hydrographiques nécessite une gouvernance concertée.</p> <p>La gestion intégrée des bassins hydrographiques est une approche de la gouvernance de l’eau qui implique de nombreux organismes, collectivités et niveaux de gouvernement. Plusieurs provinces y ont recours, notamment les provinces les plus populeuses, à savoir l’<a href="https://conservationontario.ca/conservation-authorities/watersheds-101">Ontario</a> et le <a href="https://robvq.qc.ca/">Québec</a>. Ce modèle doit devenir la norme dans tout le Canada.</p> <p>De manière plus générale, la protection de la biodiversité dans un bassin versant doit être gérée de manière intégrée. L’idéal serait d’utiliser les frontières naturelles de ces bassins, et non les frontières politiques, en particulier pour les enjeux liés à la connectivité. Cependant, quand cela n’est pas possible, les <a href="https://www.water-alternatives.org/index.php/volume7/v7issue2/251-a7-2-5/file">systèmes de gouvernance de l’eau doivent transcender les frontières politiques</a> lorsque cela s’avère nécessaire.</p> <p>La nouvelle <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/eau-apercu/agence-eau-canada.html">Agence de l’eau du Canada</a> pourrait jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance des bassins hydrographiques au-delà des frontières politiques.</p> <p>Indépendamment des dispositions particulières, il est impératif que ceux qui se préoccupent de la santé de l’eau douce au Canada considèrent les lacs et les rivières dans un contexte plus large. C’est la seule façon de préserver la santé de nos systèmes d’eau douce.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/241887/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Beatrix Beisner reçoit actuellement des fonds de recherche du CRSNG, du FRQNT, d&#39;Hydro-Québec et du ministère de l&#39;Environnement du Québec (MELCCFP). Elle est codirectrice du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL).</span></em></p> Un lac ou une rivière n’est pas une entité isolée. Ils font partie d’un bassin versant beaucoup plus vaste et dynamique. La santé de l’ensemble de ces systèmes devrait être une priorité absolue. Beatrix Beisner, Professor, Aquatic ecology; Co-Director, Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL), Université du Québec à Montréal (UQAM) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/241445 2024-10-29T15:14:51Z 2024-10-29T15:14:51Z Nos villes seront-elles à l’avant-garde de la lutte contre le gaspillage ? Il n’en tient qu’à elles ! <p>La très grande majorité de ce que nous consommons n'est ni recyclée, ni réutilisée.</p> <p>En effet, en 2020, seulement <a href="https://www.rapports-cac.ca/wp-content/uploads/2022/01/Un-tournant-decisif_digital.pdf">6,1 % des activités économiques au Canada étaient considérées comme circulaires</a>. Cela signifie que la grande majorité des 2,3 gigatonnes de ressources consommées cette année-là ont été perdues.</p> <p>Contre cette tendance, l’<a href="https://www.economie.gouv.qc.ca/bibliotheques/en-entreprise/leconomie-circulaire">économie circulaire</a> vise à optimiser l'utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d'un bien ou d'un service.</p> <p>Les villes, principaux lieux de consommation de ces ressources, de production de déchets et d’émissions de gaz à effet de serre provenant des transports et des bâtiments, sont stratégiquement positionnées pour inverser cette tendance. Parce qu’elles concentrent la majorité de la population, des infrastructures et des activités économiques, elles ont un rôle d’influence majeur à jouer dans la gestion des flux de matières.</p> <p>Mais quel est le véritable pouvoir des villes dans l’économie circulaire ? C’est une des questions que j’étudie en tant que géographe et professeur au département d’études urbaines et de tourisme de l’Université du Québec à Montréal avec le soutien du <a href="https://rrecq.ca/les-membres/repertoire-des-membres/juste-rajaonson/">Réseau de recherche en économie circulaire du Québec</a> et du <a href="https://www.sshrc-crsh.gc.ca/results-resultats/recipients-recipiendaires/2022/idg-sds-fra.aspx">Conseil de recherche en sciences humaines du Canada</a>.</p> <p>Avant d’y répondre, examinons quelques faits.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos villes d’hier à demain.</strong> Le tissu urbain connait de multiples mutations, avec chacune ses implications culturelles, économiques, sociales et – tout particulièrement en cette année électorale – politiques. Pour éclairer ces divers enjeux, La Conversation invite les chercheuses et chercheurs à aborder l’actualité de nos villes.</em></p> <h2>L’économie circulaire prend racine dans les villes canadiennes</h2> <p>Au Canada, l’implication directe des autorités municipales dans le déploiement d’activités économiques circulaires est encore à ses débuts comparativement à l’<a href="https://www.oecd.org/en/publications/the-circular-economy-in-cities-and-regions_10ac6ae4-en.html">Europe</a>.</p> <p>En 2018, le <a href="https://recycle.ab.ca">Recycling Council of Alberta</a> a lancé une <a href="https://www.hos.pub/articles/hsustain1020006">initiative pionnière</a> visant à soutenir quatre villes – Banff, Edmonton, Calgary et Lethbridge – ainsi que le Comté de Strathcona dans l’élaboration de leur feuille de route en économie circulaire. On parle ici de leur engagement comme promoteur, facilitateur et catalyseur de l’économie circulaire sur leur territoire par le biais de différents leviers comme la sensibilisation, la réglementation et l’innovation ainsi que le financement et l’accompagnement de projets.</p> <p>Aujourd’hui, elles sont plus d’une trentaine de villes et régions au Canada à différentes étapes de l’adoption de leur feuille de route en matière d’économie circulaire. Cet engouement résulte notamment de l’<a href="https://canadiancircularcities.ca">Initiative canadienne des villes et régions circulaires</a> lancée en 2021 par le <a href="https://nzwc.ca">National Zero Waste Council</a> avec la <a href="https://fcm.ca/fr">Fédération canadienne des municipalités</a>, Recycling Council of Alberta, et Recyc-Québec.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/les-municipalites-quebecoises-sont-plus-actives-quon-ne-le-pense-en-matiere-de-developpement-durable-204868">Les municipalités québécoises sont plus actives qu’on ne le pense en matière de développement durable</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Parmi elles, <a href="https://portail-m4s.s3.montreal.ca/pdf/1503-01-economie-circulaire-document_85x11_v5.pdf">Montréal</a> s’est récemment dotée d’un tel plan, tandis que <a href="https://www.quebeccirculaire.org/initiative/h/une-premiere-feuille-de-route-en-economie-circulaire-pour-la-ville-de-sherbrooke.html">Sherbrooke</a> et la <a href="https://www.batirensemble.cmquebec.qc.ca/www-batirensemble-cmquebec-qc-ca-idees-economie-circulaire">Communauté métropolitaine de Québec</a> sont actuellement en phase de préparation.</p> <h2>La planification urbaine : un levier de l’économie circulaire encore peu utilisé</h2> <p>J’ai récemment publié avec le professeur au pôle d’études et de recherche en Économie et innovation sociale de l’Université de l’Ontario français Chedrak Chembessi une <a href="https://academic.oup.com/cjres/advance-article/doi/10.1093/cjres/rsae015/7685468">étude</a> dans la revue <em>Cambridge Journal of Regions Economy and Society</em> sur les expériences urbaines au Canada. Nous avons entre autres montré que la plupart des projets de feuille de route se concentrent sur des actions plutôt génériques, comme le financement, l’accompagnement, les campagnes de sensibilisation et le maillage intersectoriel. Ces actions devraient pourtant être en grande partie laissées à d’autres acteurs tout à fait à même de les mener. Je pense notamment aux agences de développement économique des paliers de gouvernement supérieurs, aux chambres de commerce et aux associations sectorielles.</p> <p>Ces actions génériques sont souvent préférées parce qu’elles répondent à des besoins immédiats exprimés par des entreprises locales et des secteurs d’activité déjà proactifs. De plus, les domaines prioritaires de l’économie circulaire, comme la construction, la transformation des matières recyclables, le textile et le bioalimentaire, excèdent souvent les compétences traditionnelles des municipalités, les amenant à se concentrer sur ces actions de base.</p> <p>Or, parmi les leviers à disposition des villes, il en existe au moins deux qu’elles sont les seules à pouvoir mobiliser afin de jouer un rôle déterminant…</p> <p>1) la planification urbaine, qui englobe les pratiques et les politiques liées au développement et à la configuration des composantes urbaines, et 2) l’approvisionnement, qui fait référence à leur pouvoir d’achat pour orienter le marché vers des produits et services circulaires.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Si les municipalités sont déjà avancées en matière d’approvisionnement, elles sont en revanche <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09654313.2022.2060707">moins engagées dans la planification urbaine</a> liée à l’économie circulaire. Or, agir sur les composantes urbaines peut faire une différence en modifiant le rapport avantage-coût des stratégies de circularité, ce qui inciterait plus facilement les acteurs sociaux et économiques à privilégier ces stratégies.</p> <p>Comment ? En redéfinissant les principes de planification urbaine à travers le prisme de l’économie circulaire.</p> <p>Pour illustrer la chose, voici trois exemples de mesures qui pourraient être envisagées.</p> <h2>Proximité et accessibilité pour les services en économie circulaire</h2> <p>Premièrement, rapprocher les services urbains liés à l’économie circulaire (comme l’entretien, la réparation, les dons et la revente) des quartiers à forte concentration de familles, de jeunes, de nouveaux arrivants et de personnes aînées afin de garantir leur rentabilité.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/pour-preserver-la-biodiversite-il-faut-rendre-les-villes-plus-compactes-circulaires-et-vertes-196079">Pour préserver la biodiversité, il faut rendre les villes plus compactes, circulaires et vertes</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Ce faisant, leur emplacement doit toutefois être planifié de manière à faciliter l’approvisionnement en biens qui, autrement, seraient jetés. Cela implique donc d’innover en matière de zonages commerciaux et industriels préférentiels, car pour ces services, la proximité avec les consommateurs est une condition essentielle, surtout dans un contexte de forte concurrence pour des espaces commerciaux abordables.</p> <h2>Mixité fonctionnelle réfléchie</h2> <p>Deuxièmement, adopter une pratique plus ciblée de la mixité fonctionnelle, c’est-à-dire la colocalisation de diverses fonctions urbaines (logements, industries légères, commerces, services communautaires, etc.), afin de rendre intentionnellement les pratiques d’économie circulaire plus viables et rentables.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/la-densification-des-villes-est-bonne-pour-lenvironnement-et-leconomie-189434">La densification des villes est bonne pour l’environnement… et l’économie</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Par exemple, planifier conjointement le développement des zones commerciales mixtes avec celui des zones industrielles légères ciblées (par exemple, le textile) favoriserait le recyclage des résidus en nouveaux produits et donc en opportunité économique. De même, planifier conjointement le développement des pôles majeurs d’emplois avec celui des logements abordables et des réseaux de transport collectif permettrait de réduire les coûts de transport pour les travailleurs potentiels et faciliterait le recrutement et la rétention pour les entreprises locales sensibles à la pénurie de main-d’œuvre.</p> <h2>Réutilisation économiquement attrayante</h2> <p>Enfin, la réutilisation des bâtiments et des infrastructures existants devrait devenir plus attrayante économiquement que la démolition. Imposer des normes ne suffit pas.</p> <p>Il est aussi nécessaire de moderniser l’utilisation du sol et d’innover dans les équipements et les services municipaux pour encourager la réutilisation des matériaux. Cela pourrait inclure la mise à disposition d’équipements et de zones dédiées à la déconstruction, ou la création de centres de reconditionnement stratégiquement localisés dans la ville avec de nouveaux services publics en logistique afin de faire de la réutilisation une option naturelle pour les développeurs.</p> <h2>Repenser la structure</h2> <p>Ce ne sont que quelques exemples, mais ils illustrent bien l’importance de poursuivre la recherche sur le potentiel de contribution de la planification urbaine au déploiement de l’économie circulaire.</p> <p>Les activités économiques et la structure urbaine sont intrinsèquement liées et se renforcent mutuellement. Pour que la circularité puisse devenir la norme, elle doit être structurellement avantageuse, en termes de coûts et de praticité, pour tous les acteurs sociaux et économiques.</p> <p>Intervenir sur la configuration des composantes urbaines est indispensable et fait partie des solutions. Après tout, atteindre de nouveaux horizons nécessite parfois d’améliorer le navire, pas juste de changer de cap.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/241445/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson a reçu des financements du Réseau de recherche en économie circulaire du Québec et du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada.</span></em></p> Nous recyclons trop peu ! Les villes, principaux lieux de consommation et de production de déchets, sont stratégiquement positionnées pour inverser cette tendance. Juste Rajaonson, Professeur agrégé, Université du Québec à Montréal (UQAM) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/222544 2024-10-23T14:37:45Z 2024-10-23T14:37:45Z Les terres fertiles du Québec sont en péril. Une découverte scientifique pourrait renverser la vapeur <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/589875/original/file-20240423-18-pzhvhv.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=7%2C2%2C946%2C682&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sol organique cultivé de la Montérégie sous culture de laitues en cours d’irrigation.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Karolane Bourdon)</span>, <span class="license">Fourni par l&#39;auteur</span></span></figcaption></figure><p>Au Québec, une grande partie des légumes que nous consommons sont cultivés en Montérégie sur un type de sol dit organique. Ces sols, très fertiles et riches en matière organique, sont particulièrement adaptés à la production de légumes.</p> <p>Cependant, de nombreux agriculteurs et agricultrices constatent, avec inquiétude, une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1237671/fruits-legumes-agriculture-maraichers-alimentation-environnement-">dégradation rapide de ces sols depuis plusieurs années</a>. En fait, ils se dégradent à une telle vitesse qu’ils pourraient être amenés à <a href="https://sis.agr.gc.ca/siscan/publications/surveys/pq/pq42b/pq42b_report.pdf">disparaître d’ici 50 ans</a>.</p> <p>Cette situation est alarmante, car les sols organiques sont parmi les piliers de l’autonomie alimentaire de la province et sont <a href="https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Publications/Portraitsectoriellegumesfrais.pdf">essentiels à la production de légumes</a> que nous consommons quotidiennement. Il est donc crucial de contrer leur dégradation.</p> <p>Heureusement, nos travaux de recherche menés à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, en <a href="https://www.ulaval.ca/la-recherche/unites-de-recherche/chaires-de-recherche-en-partenariat/chaire-de-recherche-industrielle-crsng-en-conservation-et-en-restauration-des-sols-organiques-cultives">partenariat avec 14 fermes maraîchères</a>, donnent une lueur d’espoir pour assurer la pérennité de ces sols.</p> <h2>Une dégradation issue des forces de la nature</h2> <p>Les <a href="https://sis.agr.gc.ca/siscan/taxa/cssc3/chpt09.html">sols organiques</a> sont caractérisés par leur forte teneur en matière organique, qui varie de 30 % à près de 100 %. Ils sont principalement constitués de résidus de plantes, de façon similaire à un compost. Ils se forment dans les <a href="https://www.gret-perg.ulaval.ca/tourbieres-et-milieux-humides-1">tourbières</a> où le sol est gorgé d’eau, ce qui empêche l’entrée d’oxygène dans celui-ci et ralentit la décomposition des résidus de plantes hydrophiles qui s’y accumulent au fil du temps.</p> <p>La première étape essentielle à la mise en culture de ces sols est le drainage, soit le fait de retirer l’eau du sol. À ce moment, de l’oxygène s’y introduit, élément essentiel à la croissance des plantes. Toutefois, l’entrée d’oxygène accélère l’activité des microorganismes du sol qui décomposent la matière organique accumulée. Le carbone organique du sol, principal constituant de la matière organique, est alors transformé en CO<sub>2</sub> (gaz carbonique) qui se dissipe dans l’air. La matière organique accumulée disparaît donc graduellement. Ainsi, chaque année, cette décomposition microbienne entraîne la perte d’environ <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.1201/9781420040098-10/agricultural-production-systems-organic-soil-conservation-piotr-ilnicki">1 centimètre de sol organique</a>.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>En plus des pertes de sols, la décomposition par les microbes altère aussi la qualité du sol. Le sol, initialement composé de fibres de plantes, est graduellement transformé en fines particules similaires à de la cendre. Cette matière plus fine fait en sorte que le sol devient plus compact et moins aéré, ce qui <a href="https://acsess.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.2136/vzj2017.08.0156">ralentit les échanges d’eau et d’air</a>, essentiels à la croissance des plantes agricoles. Ces fines particules sont également facilement <a href="https://www.actahort.org/books/1389/1389_38.htm">emportées par le vent</a>, ce qui accélère la perte de sol.</p> <p>À l’heure actuelle, près de <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/full/10.1139/cjss-2021-0148">16 % des superficies</a> de sols organiques cultivés de la Montérégie sont déjà considérés comme minces et très dégradés en raison de leur forte décomposition. Il s’agit d’un constat alarmant pour l’avenir de la production maraîchère, surtout si cette proportion s’accroît.</p> <p>Les agriculteurs et les agricultrices de la région, premiers témoins de cette dégradation, cherchent des solutions afin de protéger leurs terres.</p> <h2>Une solution fondée sur la nature</h2> <p>Auparavant, la principale méthode recommandée pour conserver les sols organiques était l’application de cuivre afin de ralentir la décomposition par les microbes. Le cuivre a la capacité de freiner l’activité des enzymes produites par les microorganismes, ralentissant en quelque sorte leur système digestif.</p> <p>Cependant, nos travaux ont révélé que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0016706123003713">cette approche était peu efficace</a>, en plus de poser un risque de contamination environnementale en raison de la dispersion potentielle du cuivre dans les milieux naturels.</p> <p>La nouvelle approche que nous proposons repose sur le principe naturel de la photosynthèse. Par ce processus, les plantes utilisent l’énergie du soleil et le CO<sub>2</sub> de l’air pour produire des tissus végétaux. Les plantes transforment alors le CO<sub>2</sub> de l’air en carbone organique, qui est le principal constituant de la matière organique. Ce processus est donc inverse à la décomposition.</p> <p>La paille et le bois sont particulièrement riches en matière organique et en carbone organique. C’est pourquoi nous avons ciblé ces matériaux, qui sont produits sur des terres peu fertiles, récoltés, puis appliqués aux sols organiques pour y apporter du carbone.</p> <h2>La paille et le bois à la rescousse</h2> <p>Nos travaux de recherche ont montré que l’application de paille ou de copeaux de bois sur les sols organiques permettrait de <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsoil.2023.1285964/full">compenser les pertes de carbone</a> et de sol causées par la décomposition microbienne. De plus, une fois mélangés au sol à des doses appropriées, la paille et les copeaux de bois ont le potentiel de <a href="https://library-archives.canada.ca/eng/services/services-libraries/theses/Pages/item.aspx?idNumber=1273433834">restaurer l’aération</a> et le <a href="https://library-archives.canada.ca/eng/services/services-libraries/theses/Pages/item.aspx?idNumber=1273433815">drainage</a> du sol, essentiels à la bonne croissance des légumes.</p> <p>Cependant, comme l’apport de nouvelle matière organique au sol stimule l’activité microbienne, les doses doivent être ajustées afin d’éviter une trop forte compétition entre les plantes et les microbes du sol pour <a href="https://acsess.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/saj2.20271">certains éléments essentiels tel que l’azote</a>. Il est donc important d’appliquer les doses appropriées afin de maintenir un équilibre entre les besoins des microbes du sol et ceux des plantes.</p> <p>Ainsi, cette pratique a le potentiel de régénérer les sols organiques cultivés et d’améliorer l’empreinte climatique de nos légumes québécois.</p> <p>En parallèle, nous avons aussi <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0016706123003713">exploré l’utilisation de polyphénols</a> pour ralentir la décomposition. Ces molécules produites par les plantes sont reconnues pour ralentir l’activité des enzymes dégradatives <a href="https://www.nature.com/articles/35051650">dans les sols organiques naturels</a>, mais leur utilisation n’avait pas encore été étudiée pour les sols organiques cultivés. Cette approche a montré un potentiel prometteur, mais nécessite des études plus approfondies avant d’être appliquée à grande échelle. Nos études se sont pour l’instant limitées à un petit nombre de sols, ce qui ne permet pas de généraliser les conclusions à grande échelle.</p> <p>D’autres travaux sur <a href="https://www.actahort.org/books/1389/1389_35.htm">l’érosion par le vent</a> et le <a href="https://www.actahort.org/books/1389/1389_34.htm">drainage</a> sont également en cours au sein de l’équipe pour permettre la conservation et la restauration de ces sols centraux en production maraîchère.</p> <h2>Mobilisation du milieu agricole</h2> <p>Les agriculteurs et agricultrices, conscients de l’urgence d’intervenir pour sauver leurs sols, ont déjà commencé à appliquer de la paille et des copeaux de bois sur leurs terres afin de préserver cette ressource, limitée et fragile, pour les générations futures. Ils se sont aussi unis à nouveau pour participer à un <a href="https://www.ulaval.ca/la-recherche/unites-de-recherche/chaires-de-recherche-en-partenariat/chaire-de-recherche-en-partenariat-en-conservation-et-restauration-des-sols-organiques-cultives">programme de recherche</a> qui se déroulera de 2024 à 2029 et qui servira à optimiser cette solution.</p> <p>Cette initiative a attiré l’attention d’agriculteurs et de chercheurs internationaux qui sont venus de l’Angleterre, de la Belgique, de la Finlande et de la Suède pour visiter les fermes du Québec où cette nouvelle pratique a été adoptée.</p> <p>En effet, la dégradation des sols organiques cultivés est un phénomène mondial qui menace de faire disparaître <a href="https://peatlands.org/peatlands/agriculture-on-peatlands/">plusieurs zones de production agricole</a> hautement fertiles. D’où l’importance de s’y intéresser et d’agir rapidement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222544/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Karolane Bourdon a reçu des financements du CRSNG par le programme de bourses d’études supérieures et de chaire de recherche industrielle.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jacynthe Dessureault-Rompré, Professeure au département des sols et de génie agroalimentaire de l&#39;Université Laval est présentement financé par le CRSNG, le FQRNT, et le MAPAQ. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean Caron a reçu du financement de 14 entreprises de production maraichère et du conseil national de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Josée Fortin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p> Les sols organiques, un des piliers de l’autonomie alimentaire du Québec, pourraient disparaître d’ici 50 ans. Heureusement, l’application de paille ou de copeaux de bois pourrait régénérer ces sols. Karolane Bourdon, Doctorante en sols et environnement, Département des sols et de génie agroalimentaire, Université Laval Jacynthe Dessureault-Rompré, Professeure, Faculté des sciences de l'agriculture et l'alimentation, Département des sols et de génie agroalimentaire, Université Laval Jean Caron, Professeur titulaire en physique des sols agricoles, Université Laval Josée Fortin, Professeur en chimie des sols, Département des sols et de génie agroalimentaire, Université Laval Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/234752 2024-10-09T13:19:47Z 2024-10-09T13:19:47Z Les technologies de modification du rayonnement solaire ne font pas consensus. Voici pourquoi <p>La <a href="https://www.unep.org/news-and-stories/story/new-report-explores-issues-around-solar-radiation-modification">modification du rayonnement solaire (MRS)</a> désigne l’ensemble des technologies pouvant être utilisées pour contrer le réchauffement climatique en réfléchissant le rayonnement solaire entrant.</p> <p>Certaines méthodes proposées de MRS reposent sur l’injection d’aérosols réfléchissants dans la <a>stratosphère</a>) alors que d’autres prévoient l’amincissement des <a href="https://www.metoffice.gov.uk/weather/learn-about/weather/types-of-weather/clouds/high-clouds/cirrus">cirrus</a> et l’éclaircissement des <a href="https://doi.org/10.1038/d41586-021-02290-3">nuages marins</a>.</p> <p>Toutes les méthodes proposées de MRS prennent la forme d’interventions humaines intentionnelles dans le système climatique pour réduire le réchauffement de la planète en augmentant la réflectivité de la Terre plutôt qu’en diminuant les émissions de gaz à effet de serre générées par les activités humaines.</p> <p>Des <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0700419104">modèles climatiques expérimentaux</a>, ainsi que des rapports du <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/chapter/chapter-4/">GIEC</a>, du <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/41903/one_atmosphere.pdf?sequence=3&amp;amp;isAllowed=y">Programme des Nations unies pour l’environnement</a> et de la <a href="https://research-and-innovation.ec.europa.eu/system/files/2023-08/Scoping_paper_SRM.pdf">Commission européenne</a> montrent que ces technologies pourraient ralentir le rythme du réchauffement planétaire et même refroidir la planète. Toutefois, ces mêmes rapports mettent également en garde contre le risque que ces technologies de MRS modifient le climat d’une manière qui entraînerait de graves conséquences.</p> <p>Il n’y a pas de consensus mondial sur la MRS en tant que stratégie de réponse aux changements climatiques.</p> <p>Lors de la récente <a href="https://www.unep.org/environmentassembly/fr/unea6/">sixième Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ANUE)</a>, à laquelle a assisté la coauteure du présent article, Jennifer Garard, les gouvernements du monde n’ont pas réussi à décider s’il fallait demander une évaluation scientifique du potentiel et des risques du déploiement de la MRS, et la <a href="https://enb.iisd.org/unea6-oecpr6-29feb2024">résolution a été retirée</a>.</p> <p>En tant que climatologues, nous soutenons qu’un processus d’évaluation scientifique solide et démocratique, enrichi par l’inclusion des perspectives de diverses parties prenantes, constituerait une avancée importante pouvant aider les décideurs de la planète à dégager un consensus sur ce sujet critique et controversé.</p> <h2>Les risques</h2> <p>Le déploiement des technologies de MRS, ou même l’essai de ces technologies dans des conditions réelles, comporterait des risques dont bon nombre restent mal compris.</p> <p>Les mesures de MRS pourraient entraîner d’importantes répercussions négatives sur <a href="https://people.envsci.rutgers.edu/bzambri/pdf/NatureEecology_Geoengineering_OnlinePDF.pdf">les écosystèmes et la biodiversité</a>, <a href="https://doi.org/10.5194/acp-16-4191-2016">la qualité de l’air et la couche d’ozone</a> et <a href="https://drive.google.com/file/d/1D5XskkyPUmJIDUhlv7Qct9KFGJZw4tBk/view">la productivité agricole</a>. Ces conséquences se feraient probablement sentir de manière inégale sur la Terre, et elles pourraient accroître les problèmes <a href="https://doi.org/10.1016/j.polgeo.2022.102702">de justice et d’équité environnementales</a>.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>En outre, le fait de déployer des technologies de MRS sans réduire rapidement les émissions entraînerait une dépendance dangereuse à l’égard de l’utilisation soutenue de mesures de MRS pour maintenir leur effet sur le climat. Dans ce scénario, si la MRS était soudainement interrompue, ce que l’on appelle <a href="https://doi.org/10.1002/jgrd.50762">l’effet de terminaison</a> provoquerait un réchauffement rapide susceptible de nuire considérablement à de nombreux systèmes essentiels à la vie dans le monde entier.</p> <p>Ces questions soulèvent également des problèmes d’<a href="https://doi.org/10.1016/j.polgeo.2022.102702">injustice intergénérationnelle</a>, dans la mesure où les générations futures pourraient n’avoir d’autre choix que de poursuivre le déploiement de technologies de MRS pour éviter les conséquences de leur arrêt.</p> <h2>Niveau de surface</h2> <p>Par définition, la MRS ne s’attaque pas à l’accumulation des gaz à effet de serre, qui sont la cause première des changements climatiques. Par conséquent, cette option risque également de détourner l’attention et de réduire les ressources nécessaires à la réduction rapide et radicale des émissions.</p> <p>En plus de détourner l’attention, les technologies de MRS sont impuissantes devant le problème de <a href="https://www.google.com/url?q=https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1029/2009GL037488&amp;amp;sa=D&amp;amp;source=docs&amp;amp;ust=1712756463051718&amp;amp;usg=AOvVaw2xV8tw1N2LyikxPZ7-4gmR">l’acidification des océans</a> et elles risquent de faire <a href="https://doi.org/10.5194/esd-15-307-2024">obstacle aux stratégies de décarbonation ayant recours à l’énergie solaire</a>.</p> <p>Le déploiement des technologies de MRS est également coûteux, comme en témoigne une estimation de <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/aae98d&amp;amp;xid=17259,15700023,15700124,15700186,15700190,15700201,15700237,15700242,15700248">2,25 milliards de dollars par an pour les 15 premières années de déploiement</a>. Or, il pourrait être plus judicieux de consacrer ces fonds à la réduction des émissions.</p> <figure> <iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/g_Y9kE74sXQ?wmode=transparent&amp;start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe> <figcaption><span class="caption">Une analyse du besoin de gouvernance pour les technologies de MRS réalisée par la Carnegie Climate Governance Initiative.</span></figcaption> </figure> <p>En d’autres termes, malgré plusieurs décennies de recherches et de débats, il n’existe toujours <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/41903/one_atmosphere.pdf?sequence=3&amp;amp;isAllowed=y">pas d’évaluation scientifique complète des risques et des incertitudes liés à la MRS</a>. Pourtant, une telle évaluation est absolument nécessaire pour étayer les discussions multilatérales et orienter les cadres de gouvernance.</p> <p>Les technologies de MRS représentent en outre un sujet très controversé dans le contexte des négociations mondiales sur l’environnement. Lors de la dernière Assemblée des Nations unies pour l’environnement, la Suisse a présenté une résolution visant à charger le programme des Nations unies pour l’environnement de mandater un groupe d’experts scientifiques pour évaluer la MRS.</p> <p>Diverses parties prenantes ont manifesté une forte opposition. Les dirigeants et dirigeantes de nombreuses <a href="https://www.project-syndicate.org/commentary/african-countries-warn-solar-geoengineering-dangerous-climate-distraction-by-yacob-mulugetta-et-al-2023-04/french">nations africaines ont uni leurs forces pour plaider en faveur d’un accord strict de non-utilisation de ces technologies</a> de préférence à une évaluation scientifique. Entre-temps, la <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/45002/MGSUNEA6.pdf?sequence=1&amp;amp;isAllowed=y">Déclaration mondiale commune des principaux groupes et parties prenantes</a> a stipulé sans détour ce qui suit :</p> <blockquote> <p>La MRS consiste essentiellement à lutter contre une pollution qui s’étend sur plusieurs décennies à l’échelle mondiale à l’aide d’une solution tout aussi polluante.</p> </blockquote> <p>Certains pays se sont opposés à la résolution et ont souhaité qu’on ne ferme pas la porte à la possibilité de recourir à la MRS. En fin de compte, aucune décision n’a été prise.</p> <h2>Quel rôle pour les évaluations scientifiques?</h2> <p>Compte tenu des risques importants des technologies de MRS, la question de la gouvernance requiert d’urgence l’attention et la surveillance de la communauté internationale.</p> <p>Compte tenu de l’importance des risques, il est urgent que la communauté internationale se penche sur la question de la gouvernance et de la surveillance des technologies de MRS. Cependant, les gouvernements du monde présents à l’ANUE n’ont pas été en mesure de parvenir à un consensus sur l’évaluation de la MRS, et encore moins sur la possibilité de mettre en œuvre un accord de non-utilisation.</p> <p>La plupart des gouvernements du monde présents à l’ANUE ont convenu de la nécessité d’éviter les <a href="https://nap.nationalacademies.org/catalog/25762/reflecting-sunlight-recommendations-for-solar-geoengineering-research-and-research-governance">risques d’un déploiement unilatéral</a> des technologies de MRS. Cependant, nous estimons que l’opposition à une évaluation scientifique de la MRS peut, en raison de son omission, permettre à certains pays ou à certaines organisations de procéder à des expériences risquées.</p> <p>Compte tenu des divergences de perspectives à l’échelle mondiale, un accord de non-utilisation semble peu probable à court terme. Cependant, un processus d’évaluation transparent et inclusif pourrait en fait constituer une étape importante vers un tel accord à long terme.</p> <figure> <iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/DgLCvNbtcFE?wmode=transparent&amp;start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe> <figcaption><span class="caption">Une bande-annonce pour le film Snowpiercer : Le Transperceneige de 2013. Dans ce film, la planète est plongée dans une ère glaciaire mortelle à la suite d’une expérience de MRS qui a mal tourné. Snowpiercer : Le Transperceneige appartient à un sous-genre de fiction postapocalyptique qui met en scène des inquiétudes très réelles sur l’efficacité et les risques des technologies de MRS.</span></figcaption> </figure> <p>Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est un acteur important dans tout processus d’évaluation, étant donné ses <a href="https://www.mcc-berlin.net/fileadmin/data/C12_Staff_details/C12.8_WG_6_APSIS/Minxetal16Learning_about_climate_solutions_postprint.pdf">nombreux travaux scientifiques rigoureux sur les changements climatiques</a>. De même, le Programme des Nations unies pour l’environnement pourrait jouer un rôle central en contribuant à rassembler <a href="https://iefworld.org/fl/Peoples_Environment_Narrative5June2023.pdf">diverses parties prenantes</a>.</p> <p>Mandater une organisation intergouvernementale de confiance <a href="https://doi.org/10.1038/d41586-023-00413-6">telle que les Nations unies</a> pour mener un processus d’évaluation rigoureux et transparent intégrant de multiples perspectives constituerait une étape importante vers l’établissement d’un cadre de gouvernance de la MRS et un éventuel accord de non-utilisation.</p> <p><a href="https://scholarworks.umb.edu/nejpp/vol35/iss2/7">La question de la gouvernance de la MRS est de la plus haute importance</a>, précisément en raison de la grande controverse qui entoure cet ensemble de technologies. Un accord de non-utilisation est une stratégie de gouvernance potentielle, mais les discussions ayant actuellement lieu à l’échelle internationale semblent loin de pouvoir aboutir à un tel résultat. La seule façon de sortir de cette impasse est de mener un processus d’évaluation scientifique transparent et inclusif.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/234752/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Jennifer Garard reçoit du financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Sa participation à la sixième Assemblée des Nations unies pour l&#39;environnement a été financée par le Programme des Nations unies pour l&#39;environnement, où elle occupe le poste élu de Facilitateur régional des groupes majeurs et des parties prenantes pour l&#39;Amérique du Nord.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>H. Damon Matthews reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en ingénierie du Canada, d&#39;Environnement et Changement climatique Canada et de Microsoft Corporation.</span></em></p> La gouvernance des technologies de modification du rayonnement solaire est entravée par l'absence de consensus sur l'opportunité et la manière d'explorer ces technologies. Jennifer Garard, Affiliate Assistant Professor, Department of Geography, Concordia University H. Damon Matthews, Professor and Climate Scientist, Department of Geography, Planning and Environment, Concordia University Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/240498 2024-10-09T13:10:26Z 2024-10-09T13:10:26Z Changement climatique : des proliférations d’algues observées pour la 1ere fois dans le lac Supérieur <p>Le lac Supérieur est réputé pour la pureté de ses eaux, mais une combinaison d’apports de nutriments provenant d’une activité humaine croissante (incluant l’agriculture et le développement urbain), de l’élévation des températures et de conditions orageuses a causé une prolifération d’algues potentiellement dangereuses.</p> <p>Les <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/botanique-cyanobacterie-122/">cyanobactéries</a> se développent dans des systèmes d’eau douce dont la température est relativement élevée et où les apports en nutriments sont importants, ce qui est typique des zones fortement urbanisées et agricoles.</p> <p>Les cyanobactéries peuvent produire des toxines, telles que les <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/biochemistry-genetics-and-molecular-biology/microcystin">microcystines</a> et d’autres <a href="https://www.epa.gov/habs/learn-about-harmful-algae-cyanobacteria-and-cyanotoxins">cyanotoxines</a>, qui risquent d’avoir des effets néfastes <a href="https://www.epa.gov/habs/learn-about-harmful-algae-cyanobacteria-and-cyanotoxins">sur les humains et l’environnement</a>.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis.</strong> Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !</em></p> <hr> <p>Ces toxines peuvent donner un goût et une odeur désagréables à l’eau, interférer avec le traitement des eaux, provoquer des troubles gastro-intestinaux et des lésions hépatiques chez les humains, et même <a href="https://www.cdc.gov/harmful-algal-blooms/prevention/preventing-pet-and-livestock-illnesses.html">être fatales pour les animaux domestiques et le bétail</a>.</p> <p>Malheureusement, à mesure que la planète se réchauffe, la prolifération d’algues nocives touche de plus en plus de régions du Canada. Notre équipe a entrepris de comprendre l’ampleur du problème dans le lac Supérieur et les actions à poser pour y remédier.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/les-especes-envahissantes-modifient-les-ecosystemes-des-lacs-239458">Les espèces envahissantes modifient les écosystèmes des lacs</a> </strong> </em> </p> <hr> <h2>Prolifération dans les Grands Lacs</h2> <p>Les proliférations de cyanobactéries ne sont pas nouvelles dans les Grands Lacs laurentiens. Le lac Érié, plus petit et plus chaud des Grands Lacs, en <a href="https://oceanservice.noaa.gov/hazards/hab/great-lakes.html">est victime</a> chaque été.</p> <p>Ce phénomène a lieu lorsque les températures sont élevées dans des zones d’eau douce où ruissellent des nutriments. Le lac Érié est entouré de champs agricoles et de quartiers urbains, dont les eaux de ruissellement provoquent souvent des éclosions d’algues en été. En 2014, une prolifération s’est produite dans l’alimentation en eau potable de Toledo, dans l’Ohio, ce qui a affecté plus de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/678767/toledo-erie-toxines">400 000 citoyens</a>.</p> <p>Jusqu’à récemment, aucune prolifération de cyanobactéries n’avait été constatée dans le lac Supérieur.</p> <figure> <iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/RB_OoqaILmg?wmode=transparent&amp;start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe> <figcaption><span class="caption">Reportage sur les proliférations algales dans le lac Érié.</span></figcaption> </figure> <p>Le lac Supérieur est le plus grand, le plus froid et sans doute le plus sain des Grands Lacs, en raison de <a href="https://doi.org/10.1016/j.jglr.2023.09.002">sa situation septentrionale et de l’éloignement de sa population</a>. Les températures froides de l’eau et les faibles concentrations de nutriments ont jusqu’ici empêché la croissance d’algues.</p> <p>Cependant, c’est aussi un des <a href="https://doi.org/10.1002/2015GL066235">lacs de la planète qui se réchauffent le plus rapidement</a>. Depuis 150 ans, il a <a href="https://theconversation.com/our-lakes-are-losing-their-ice-cover-faster-than-ever-heres-what-that-means-for-us-173471">perdu plus de deux mois de couverture glaciaire</a>. Au cours de l’hiver 2024, seuls 12 % de la surface du lac Supérieur étaient recouverts de glace, soit un cinquième de ce qui est recouvert normalement.</p> <p>La diminution de la couverture de glace a <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-021-22657-4">prolongé la saison des eaux libres</a>, entraînant une <a href="https://doi.org/10.1093/biosci/biac052">hausse de la température de l’eau et une réduction de la quantité d’oxygène</a> pendant l’été. Des étés longs et chauds offrent des conditions optimales pour la prolifération d’algues et de cyanobactéries.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Au cours de la dernière décennie, <a href="https://www.nytimes.com/2018/08/29/science/lake-superior-algae-toxic.html">on a observé des éclosions de cyanobactéries</a> le long des rives méridionales du lac Supérieur. <a href="https://doi.org/10.1002/lno.11569">Celles-ci ont été constatées</a> pour la première fois en 2012 et chaque année depuis 2016. En 2018, la plus importante s’est étendue sur plus de 100 kilomètres, donnant à l’eau une couleur vert opaque.</p> <p>Les données relatives à la prolifération de cyanobactéries sur les rives septentrionales du lac Supérieur sont toutefois <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/thunder-bay/bluegreenalgae-lakesuperior-thunderbay-1.6927004">beaucoup plus limitées</a>. Des rapports de confirmation ont été transmis au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l’Ontario en <a href="https://www.tbdhu.com/health-topics/beaches-pools/blue-green-algae/blue-green-algae-historical-results">septembre 2019</a>, pour une présence de cyanobactéries au nord-est de Thunder Bay. D’autres éclosions ont été observées en juillet 2021 à Black Bay, une zone moins développée de la partie occidentale du lac Supérieur, puis en juillet et en septembre 2023 et <a href="https://www.tbdhu.com/bluegreenalgae">deux fois en août 2024, à l’est de Thunder Bay</a>, dans la municipalité de Shuniah.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/les-microplastiques-contaminent-les-grands-lacs-il-faut-diminuer-la-production-et-la-consommation-de-plastique-235499">Les microplastiques contaminent les Grands Lacs. Il faut diminuer la production et la consommation de plastique</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Bien qu’il n’y ait aucune preuve de toxicité dans les proliférations du côté nord du lac Supérieur, l’échantillonnage a révélé que presque toutes les espèces de cyanobactéries identifiées peuvent produire des toxines. Toutefois, on ne sait pas encore dans quelles conditions environnementales les cyanobactéries « basculent » et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1568988309000390">se mettent à produire des toxines</a>.</p> <figure> <iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/OGawz01Fpk4?wmode=transparent&amp;start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe> <figcaption><span class="caption">Présentation des méthodes novatrices de surveillance par satellite qui pourraient aider à prédire les proliférations d’algues, réalisée par NASA Goddard.</span></figcaption> </figure> <h2>Des conditions qui changent</h2> <p>Des rapports faisant état de <a href="https://doi.org/10.1007/s10933-019-00074-4">proliférations de cyanobactéries dans des rivières et des lacs isolés, clairs et en bonne santé</a> indiquent que les changements climatiques jouent un rôle important dans la <a href="https://doi.org/10.1016/j.watres.2011.08.002">hausse de ce phénomène</a>. Les cyanobactéries <a href="https://doi.org/10.1126/science.1155398">tolèrent bien les eaux chaudes</a> et peuvent facilement flotter, ce qui leur permet de l’emporter sur d’autres algues dans leur quête de lumière.</p> <p>Dans la <a href="https://toolkit.climate.gov/regions/great-lakes">région des Grands Lacs</a>, les changements climatiques engendrent également une hausse de la fréquence et de l’intensité des tempêtes. Les fortes précipitations augmentent le ruissellement de l’eau, ce qui a pour effet de mélanger les nutriments du bassin versant aux masses d’eau locales. À titre d’exemple, <a href="https://www.mprnews.org/story/2018/08/14/scientists-investigating-unprecidented-algae-bloom-in-lake-superior">l’importante prolifération d’algues observée dans le sud du lac Supérieur</a> en 2018 est le résultat de <a href="https://www.greatlakesnow.org/2021/08/lake-superior-summer-algae-bloom/">fortes précipitations et d’inondations</a>.</p> <p>Les risques pour la santé publique liés aux cyanotoxines font ressortir la nécessité de lutter contre la dégradation environnementale à l’échelle mondiale afin d’empêcher les proliférations. Les éclosions occasionnelles mettent en lumière l’importance de mettre en place une surveillance continue et de sensibiliser le public dans le but de protéger les régions littorales dans la partie nord du lac Supérieur.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/surveiller-la-sante-des-lacs-grace-aux-microbes-qui-y-vivent-231141">Surveiller la santé des lacs grâce aux microbes qui y vivent</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Il est essentiel de limiter la quantité de nutriments introduits dans les plans d’eau pour <a href="https://doi.org/10.38126/JSPG230104">diminuer les risques de prolifération d’algues nocives</a>. Pour y parvenir, <a href="https://doi.org/10.2489/jswc.70.2.27A">voici quelques solutions</a> : réduction de l’utilisation d’engrais, modification du calendrier d’application des engrais afin de restreindre la quantité de nutriments atteignant les lacs et les affluents, promotion d’infrastructures urbaines qui permettent de réduire le ruissellement des eaux pluviales ainsi que préservation des milieux humides et de la végétation riveraine.</p> <p>À ce jour, on a constaté <a href="https://doi.org/10.1016/j.jglr.2024.102425">relativement peu de proliférations d’algues du côté nord du lac Supérieur</a>. Cependant, elles peuvent être difficiles à surveiller, en partie à cause de la taille du lac, ainsi que de leur nature éphémère.</p> <p>Les citoyens scientifiques sont au premier rang pour observer les proliférations d’algues. Nous encourageons vivement les membres des communautés avoisinantes à signaler les éclosions à leur bureau provincial de l’environnement afin d’approfondir notre compréhension de ce phénomène dans l’un des lacs les plus emblématiques du Canada.</p> <hr> <p><em>Kirill Shchapov du Groupe des écosystèmes d’eau douce de l’Institut Cawthron a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/240498/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Sapna Sharma e reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, du Conseil de recherches en sciences humaines, d&#39;ArcticNet, de Génome Canada, du ministère de l&#39;Environnement, de la Conservation et des Parcs de l&#39;Ontario, et de l&#39;Université York. Elle est affiliée à la Société royale du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Joshua Culpepper ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p> Les paysages spectaculaires et les eaux pures de la rive nord du lac Supérieur, qui ont autrefois inspiré le Groupe des Sept, sont aujourd’hui vulnérables à la prolifération des algues. Sapna Sharma, Professor and York University Research Chair in Global Change Biology; Director of the United Nations Institute for Training and Research Global Water Academy, York University, Canada Joshua Culpepper, Postdoctoral researcher, Department of Biology, York University, Canada Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/239994 2024-10-03T14:28:04Z 2024-10-03T14:28:04Z Pourquoi certains arbres perdent-ils leurs feuilles alors que d’autres restent verts toute l’année ? <p>L’automne approche, et les forêts tempérées canadiennes vont bientôt nous offrir une magnifique palette de rouges mêlés de jaunes et d’ocres. Ces couleurs vives disparaîtront ensuite, à mesure que les feuilles tomberont au sol, laissant les branches des érables, des bouleaux et des peupliers nues. Le spectacle automnal est moins spectaculaire dans les forêts de conifères, dont les arbres gardent leurs aiguilles vert foncé tout l’hiver.</p> <p>Ce contraste nous est familier, mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines espèces d’arbres perdent leurs feuilles à l’automne, tandis que d’autres restent vertes toute l’année ? Est-ce que cela reflète une adaptation des arbres à leur environnement ? Ces questions ont <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.2307/1932995">intrigué les écologues depuis longtemps</a>, mais ce n’est que dans les dernières années qu’un cadre clair a émergé, permettant de mieux comprendre la <a href="https://doi.org/10.1111/1365-2745.12211">signification de cette caractéristique des arbres</a>.</p> <p>Je suis chercheur en écologie forestière à <a href="https://carboneboreal.uqac.ca">Carbone boréal</a>, une infrastructure de recherche de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Notre équipe étudie le rôle de la forêt boréale dans le cycle global du carbone et cherche les meilleures pratiques de gestion des forêts pour atténuer les effets des changements climatiques.</p> <hr> <figure class="align-right "> <img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=237&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption"></span> </figcaption> </figure> <p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers.</a></strong> <em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p> <hr> <h2>À chaque trait foliaire son habitat</h2> <p>Les espèces d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plante_sempervirente">arbres sempervirentes</a> conservent leurs feuilles tout au long de l’année. Au Canada, les arbres sempervirents les plus communs sont les pins, les sapins et les épinettes. En revanche, les espèces d’arbres décidues, comme l’érable, l’orme, le tremble, le bouleau, etc., ne portent aucune feuille pendant une période de l’année.</p> <hr> <figure class="align-right "> <img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=237&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption"></span> </figcaption> </figure> <p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p> <p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p> <hr> <p>À nos latitudes, ces arbres perdent leurs feuilles à l’automne pour éviter les conditions peu favorables de l’hiver, mais dans d’autres régions du monde, comme dans le biome méditerranéen, certaines espèces perdent leurs feuilles au début de l’été, ce qui leur permet d’éviter un stress hydrique. </p> <p>De manière générale, la durée de vie des feuilles des espèces décidues est de quelques mois seulement, tandis que celle des espèces sempervirentes dépasse souvent une année, permettant ainsi la coexistence de plusieurs cohortes dans la canopée. Les aiguilles de l’épinette noire peuvent par exemple <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/1365-2745.12887">vivre sur ses branches pendant plus de 20 ans</a>.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/peut-on-mettre-la-foret-boreale-au-service-de-la-lutte-aux-changements-climatiques-195540">Peut-on mettre la forêt boréale au service de la lutte aux changements climatiques ?</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>On pense que les premières plantes qui ont colonisé la terre il y a environ 400 millions d’années étaient sempervirentes, et que l’abscission foliaire a évolué plus tard sous l’influence de facteurs saisonniers et biotiques, notamment dans les régions marquées par une forte saisonnalité. Aujourd’hui, les arbres sempervirents sont les plus abondants dans les tropiques, où la saisonnalité est faible, et dans la forêt boréale, où, au contraire, les saisons sont fortement marquées.</p> <p>N’est-ce pas paradoxal ?</p> <p>L’explication de cette distribution bimodale de la “sempervirence” peut être comprise par une approche économique, dans laquelle le carbone est la principale monnaie d’échange.</p> <h2>L’économie du carbone chez les plantes</h2> <p>Tous les arbres, qu’ils soient décidus ou sempervirents, dépendent de leurs feuilles pour capturer le carbone sous forme de dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) présent dans l’atmosphère, via la photosynthèse. Comme le carbone est nécessaire en grande quantité pour la croissance et la reproduction, les feuilles jouent un rôle majeur dans la survie des plantes dans leurs habitats respectifs.</p> <p>Par conséquent, les arbres ont développé, par le biais de mécanismes évolutifs, des feuilles de formes et de structures variées afin de capturer le carbone de la manière la plus efficace possible en fonction des conditions locales. Par exemple, les conifères ont des feuilles épaisses en forme d’aiguilles, tandis que les arbres décidus ont des feuilles minces et plates.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Le coût de fabrication des feuilles varie considérablement selon leur type. Pour une surface donnée, disons 1 cm<sup>2</sup>, les feuilles épaisses sont plus lourdes et donc plus coûteuses à produire que les feuilles minces. En conséquence, les feuilles épaisses doivent vivre plus longtemps pour « amortir » le carbone qui a été investi dans leur construction. En revanche, les feuilles plus fines – et donc moins coûteuses – captent suffisamment de carbone pendant la saison de croissance pour rentabiliser l’<a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/10.1086/303346">investissement initial</a>.</p> <p>Ce paradigme de l’économie du carbone est soutenu par la forte corrélation observée dans le monde entre la masse foliaire par unité de surface et la longévité des feuilles. Une question vient toutefois à l’esprit. S’il est tout à fait logique que les feuilles épaisses doivent vivre plus longtemps pour rentabiliser leur coût élevé en carbone, pourquoi les feuilles fines ne vivent-elles pas plus longtemps pour maximiser l’acquisition de CO<sub>2</sub> ?</p> <p>Une réponse courte à cette question est que les <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/ecs2.4748">feuilles fines sont plus vulnérables</a> aux dommages causés par les herbivores, le gel, la sécheresse et le vent. Les feuilles plus épaisses, plus durables, résistent mieux à ces conditions, mais elles coûtent plus cher à produire en carbone.</p> <h2>Le spectre économique des feuilles</h2> <p>Au cours des dernières décennies, les scientifiques ont découvert que la durée de vie des feuilles est la pierre angulaire de <a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/1365-2745.12211">deux stratégies distinctes chez les plantes</a> : une stratégie de retour sur investissement lent (ou stratégie conservatrice) versus une stratégie de retour sur investissement rapide (ou stratégie d’acquisition).</p> <p>Les espèces sempervirentes et décidues représentent les extrémités d’un <a href="https://www.nature.com/articles/nature02403">spectre économique des feuilles</a>. Les feuilles des espèces sempervirentes acquièrent du carbone sur le long terme et améliorent la conservation des nutriments, tandis que les feuilles à courte durée de vie favorisent une acquisition rapide du carbone.</p> <p>Ces deux stratégies résultent de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17550874.2015.1048761#d1e961">compromis</a>. Deux ou plusieurs traits ou fonctions ne peuvent pas en effet être optimisés simultanément. Maximiser une fonction se fait presque toujours au détriment d’une autre.</p> <h2>La répartition des traits foliaires</h2> <p>La répartition des espèces sempervirentes et décidues à travers le globe peut s’expliquer par le succès de ces deux stratégies selon les conditions environnementales.</p> <p>Dans les environnements où les ressources comme la lumière, l’eau et les nutriments sont abondantes, les espèces décidues sont généralement plus performantes. La production de feuilles fines présente l’avantage de créer une plus grande surface foliaire pour une quantité donnée de biomasse, ce qui permet de capter une plus grande quantité d’énergie solaire, une ressource nécessaire à l’absorption du carbone. Dans ces conditions, les arbres décidus prospèrent, poussant rapidement et perdant leurs feuilles une fois la saison de croissance terminée.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/au-quebec-les-feuillus-pourraient-se-deplacer-vers-le-nord-voici-les-consequences-potentielles-sur-le-paysage-forestier-boreal-196530">Au Québec, les feuillus pourraient se déplacer vers le nord. Voici les conséquences potentielles sur le paysage forestier boréal</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Dans les environnements plus difficiles, où les nutriments sont peu abondants et la saison de croissance est courte, être sempervirent offre plusieurs avantages.</p> <p>Premièrement, la chute des feuilles chaque année est coûteuse en carbone et en nutriments pour les arbres. Garder les feuilles plus longtemps permet de réduire les pertes annuelles de nutriments vers le sol et d’augmenter le temps de résidence moyen de ces nutriments dans la plante.</p> <p>Deuxièmement, leur stratégie visant à garder les feuilles plus longtemps leur permet d’absorber du carbone tôt au printemps, dès que les conditions sont favorables. Les arbres décidus doivent produire de nouvelles feuilles, qui ne seront prêtes pour absorber du carbone qu’au bout de plusieurs semaines, ce qui leur fait perdre un temps précieux.</p> <p>Bien que l’économie du carbone des plantes soit capable à elle seule d’expliquer la domination des espèces sempervirentes <a href="http://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/285281">à la fois dans les zones tropicales et boréales</a>, les espèces sempervirentes et décidues coexistent dans divers écosystèmes, car les deux stratégies sont <a href="https://nature.berkeley.edu/biometlab/pdf/Baldocchi%20et%20al%202010%20Ecological%20Applications%2008-2047.pdf">suffisamment efficaces pour assurer la survie des populations</a>.</p> <p>En écologie, bien souvent, rien n’est blanc ou noir. Les écosystèmes sont façonnés par une multitude de variables connues et inconnues en interaction entre-elles, rendant les représentations que nous nous en faisons plus simples qu’elles ne le sont en réalité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/239994/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Charles Marty ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p> Certains arbres perdent leurs feuilles à l’automne tandis que d’autres restent verts toute l’année. Quelles stratégies se cachent derrière la durée de vie des feuilles ? Charles Marty, Adjunct professor, Carbone boréal, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/238641 2024-09-26T15:15:49Z 2024-09-26T15:15:49Z En Ukraine, l’écocide est utilisé comme arme de guerre. Cela devrait faire partie des crimes traités par la Cour pénale internationale <p>Depuis le 24 février 2022, la Russie mène contre l’Ukraine plusieurs guerres parallèles : la conventionnelle, l’hybride ou la cyberguerre, et celle contre l’environnement — l’écocide.</p> <p>L’écocide en tant qu’arme de guerre est accompagné par la destruction systématique des infrastructures civiles et du réseau énergétique du pays. L’écocide n’est donc pas uniquement un simple dommage collatéral de la guerre conventionnelle, son objectif est de rendre invivables les régions de l’Ukraine pour la vie civile.</p> <p>En détruisant les infrastructures, les routes, et en forçant les autorités ukrainiennes à investir temps et ressources à la reconstruction, la <a href="https://www.jstor.org/stable/44480206">Russie s’assure de nuire</a> le plus possible à la campagne militaire. Toute ressource, humaine ou matérielle investie dans le sauvetage ou la reconstruction d’une région prive le complexe militaro-industriel de la même ressource. Il s’agit donc d’une <a href="https://www.ibanet.org/Ecocide-as-a-weapon-of-war">tactique de guerre</a> à large spectre, visant à limiter les capacités ukrainiennes dans plusieurs secteurs, notamment dans le <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/22/guerre-en-ukraine-les-attaques-contre-l-environnement-sont-devenues-des-armes-a-part-entiere_6178667_3210.html">secteur militaire</a>.</p> <p>Professeur titulaire de relations internationales au Département d’histoire de l’Université Laval, ma co-auteure, Sophie Marineau, est doctorante à l’Université catholique de Louvain en histoire. Depuis 2014, la guerre en Ukraine et la réaction internationale vis-à-vis du conflit sont au centre de nos recherches respectives.</p> <h2>Un geste délibéré</h2> <p>Le mot <a href="https://hal.parisnanterre.fr/hal-03156805">écocide</a> provient du grec oïkos (maison) et du latin caedere (tuer) : l’action de tuer la Terre.</p> <p>Selon l’historien <a href="https://www.google.ca/books/edition/The_Invention_of_Ecocide/Xp8nJG3LdxQC?hl=en&amp;gbpv=0">David Zierler</a>, l’écocide est une destruction délibérée de l’écologie et de l’environnement comme arme de guerre. Pour <a href="https://shs.cairn.info/revue-juridique-de-l-environnement-2014-HS01-page-177">Laurent Neyret</a>, juriste et spécialiste du droit de l’environnement, l’écocide comprend « toute action généralisée ou systématique comprise dans une liste d’infractions qui causent des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel, commises délibérément et en connaissance de cette action ».</p> <h2>Guerre du Vietnam</h2> <p>L’<a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00963402.1974.11458071">étude</a> de l’écocide comme arme de guerre peut être retracée à la guerre du Vietnam lorsque les Américains ont mené de larges campagnes de bombardements visant à rendre le territoire hostile et inhabitable pour la population et le Front national de libération du Sud Vietnam, notamment par l’utilisation de <a href="http://ewa.home.amu.edu.pl/Zierler,%20The%20Invention%20of%20Ecocide-Introduction.pdf">l’Agent orange</a>. Depuis, plusieurs tentatives, par différents acteurs de la communauté internationale, ont <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14623528.2021.1964688">échoué</a> à faire reconnaître l’écocide comme un crime international. Encore aujourd’hui, la lutte continue.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>À cet effet, depuis le début de l’invasion russe de février 2022, le président ukrainien déplore le manque de reconnaissance internationale de l’écocide, et l’absence de compétence de la Cour pénale internationale (CPI) pour ce type de crime.</p> <h2>Cour pénale internationale</h2> <p>Les <a href="https://www.icc-cpi.int/fr/about/how-the-court-works">quatre</a> crimes pour lesquels la CPI a compétence sont le génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et le crime d’agression. Dans une <a href="https://t.me/V_Zelenskiy_official/6484">vidéo</a> sur son canal Telegram, le président Volodymyr Zelensky déclare que la Russie est coupable de crime d’agression, l’un des crimes de guerre qu’elle a commis, et qu’on peut ajouter à la liste un écocide brutal à la suite de la destruction du barrage Khakovka en juin 2023.</p> <p>En liant l’écocide aux autres crimes pour lesquels la CPI a compétence, Zelensky souhaite attirer l’attention de la communauté internationale sur la sévérité des dégâts causés par la guerre. Les coûts de reconstruction, estimés par la <a href="https://www.worldbank.org/en/news/press-release/2024/02/15/updated-ukraine-recovery-and-reconstruction-needs-assessment-released">Banque Mondiale</a>, sont déjà à près de 500 milliards de dollars américains pour tout le territoire ukrainien.</p> <p>La destruction du barrage de Kakhovka pourrait éventuellement inciter la Cour pénale internationale à inclure l’écocide comme un cinquième crime relevant de ses compétences.</p> <h2>Rupture du barrage de Kakhovka</h2> <p>Selon le <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/43696/Kakhovka_Dam_Breach_Ukraine_Assessment.pdf?sequence=3&amp;isAllowed=y">rapport</a> de l’ONU, la destruction délibérée du barrage de Kakhovka, situé au sud de l’Ukraine et sous occupation de l’armée russe, le 6 juin 2023, a provoqué une inondation dévastatrice sur plus de 620 km<sup>2</sup>.</p> <p>La rupture du barrage a causé la mort d’au moins 40 civils ukrainiens, quelque 4 400 foyers ont été inondés et plus de 4 000 personnes des oblasts de Kherson et de Mykolaivska ont été déplacées. Le rapport indique aussi de nombreux dommages sur l’écosystème de la région, notamment sur l’industrie de la pêche. On dénombre la perte de plus de 11 388 tonnes de poissons. Quelques 11 294 hectares de forêt ont aussi été détruits par les inondations. Parallèlement, le barrage permettait de fournir de l’<a href="https://www.science.org/content/article/ukrainian-scientists-tally-grave-environmental-consequences-kakhovka-dam-disaster">eau potable</a> à près d’un million de personnes qui s’en sont retrouvées privées à la suite de sa destruction.</p> <p>Notons également que la Russie <a href="https://ukraine.un.org/en/270890-kakhovka-dam-destruction-one-year?afd_azwaf_tok=eyJhbGciOiJSUzI1NiJ9.eyJhdWQiOiJ1a3JhaW5lLnVuLm9yZyIsImV4cCI6MTcyNDk0MTAyNiwiaWF0IjoxNzI0OTQwNzI2LCJpc3MiOiJ0aWVyMS1kZDU0ODlkOWItdm4yZGciLCJzdWIiOiIxMzIuMjAzLjE3MS4xNjIiLCJkYXRhIjp7InR5cGUiOiJpc3N1ZWQiLCJyZWYiOiIyMDI0MDgyOVQxNDEyMDZaLXIxZGQ1NDg5ZDlidm4yZGdwMHVtcjlrZW1jMDAwMDAwMDI1MDAwMDAwMDAwYWZtcyIsImIiOiJfUWMzaXBtSXBsUXRFYm84bnQ3RzU4Ql9lSnJFSkQzYWdhN3hzR2xqbU13IiwiaCI6IlNIclYxZ1loaFBiU2hYV05vTzFCRmpnSnpONzNCT3BLWC05WXZFVEdza00ifX0.M-GMkGGt7cxLzRZ-Cc3_LSH-a_WARLKvB0DvfSTpnBCyF13hQcijlgzjJRyPEUDztto8I60QhrU5oAdnlubajxqJepLtyeXNnJC4xvvJnmTPQBkkE_qIBfeo4JyYok3edAQxG7Sn8RaoX_2eJvF5TmFucyObnpM__8YhSX0uppcapqQTz2yQQ4WQ2Omc8-2l-B0znjWLzWJN_NL5v_IvT3W-5ykmFJnuYGuI6v3dwI8L3s-2ZBnbGfu47OUSTw-mxAkQAHU9_iv_ZrFT-h_BhjG_IwOiUdwFAj4SoyBTuJtd-YjABfNoDxeInVpQaDwfpHM61bTEw3Vx0tVpORzSFQ.WF3obl2IDtqgvMFRqVdYkD5s">a refusé l’aide des Nations unies</a> pour secourir la population civile ukrainienne sinistrée dans les zones sous son contrôle.</p> <h2>Pas un cas isolé</h2> <p>Malheureusement, le cas du barrage Khakovka n’est pas un <a href="https://www.ibanet.org/Ecocide-as-a-weapon-of-war">cas isolé</a> dans cette guerre. La Russie a visé d’autres barrages, notamment ceux de Oskil et de Pechenihy, en plus des attaques autour de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia — cinq fois plus grandes que la centrale de <a href="https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/BRIE/2016/581972/EPRS_BRI(2016)581972_EN.pdf">Tchernobyl</a>, dont l’explosion de 1986 causerait potentiellement jusqu’à 25 000 cancers supplémentaires en Europe d’ici 2065.</p> <p>L’armée russe a également transformé la centrale nucléaire de Zaporizhzhia en base militaire, sachant pertinemment que l’armée ukrainienne ne la prendra jamais pour cible, pour éviter tout <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/30/guerre-en-ukraine-a-zaporijia-dans-la-hantise-de-la-catastrophe-nucleaire-les-habitants-s-exercent-a-l-evacuation_6179975_3210.html">incident</a>, même si une contre-offensive devait être lancée dans la région.</p> <p>De nombreux autres sites industriels endommagés ou détruits par les frappes russes ont causé des fuites de produits chimiques dangereux dans les rivières, les lacs, et dans l’écosystème ukrainien de façon générale.</p> <p>Plus récemment, le <a href="https://www.reuters.com/world/europe/russia-launches-drone-attack-kyiv-ukraines-military-says-2024-08-26/">26 août 2024</a>, la Russie a également lancé une frappe massive contre la centrale hydroélectrique de Kiev. Des coupures d’eau et d’électricité ont été signalées, mais la centrale n’aurait pas subi de dommages critiques selon les <a href="https://kyivindependent.com/kyiv-hydroelectric-power-plant-has-no-critical-damage-after-russian-mass-attack-governor-says/">autorités</a> ukrainiennes. En visant les infrastructures énergétiques, la <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/04/13/moscou-face-a-l-echec-de-sa-campagne-de-bombardements-des-infrastructures-energetiques-ukrainiennes_6169303_3210.html">Russie</a> espérait démoraliser les Ukrainiens en les privant durablement d’eau et d’électricité.</p> <h2>Un droit international non contraignant</h2> <p>Étant donné que l’écocide n’est pas à l’heure actuelle un délit pénal au regard du droit international, l’Ukraine pourrait poursuivre les auteurs présumés de l’écocide en appliquant son propre code pénal. <a href="https://www.justice.gov/sites/default/files/eoir/legacy/2013/11/08/criminal_code_0.pdf">L’article 441</a> de ce code définit l’écocide comme étant la « destruction massive de la flore et de la faune, l’empoisonnement de l’air ou des ressources en eau, ainsi que toute autre action susceptible de provoquer une catastrophe environnementale ». Le code prévoit une peine d’emprisonnement allant de 8 à 15 ans.</p> <p>L’Ukraine n’est cependant pas seule dans sa campagne pour faire reconnaitre l’écocide comme un crime international. Le Vanuatu a déjà soulevé la proposition en 2019, récemment <a href="https://www.washingtonpost.com/climate-environment/2024/09/10/ecocide-law-crime-genocide-icc/">appuyée</a> par Fidji et Samoa — deux États insulaires du Pacifique — particulièrement vulnérables aux changements climatiques et à la montée des océans. Une demande formelle a été déposée à la CPI, le 9 septembre 2024.</p> <p>Si l’écocide devait être reconnu comme une nouvelle compétence de la CPI, l’Ukraine serait alors en droit d’engager des procédures contre la Russie pour les ravages délibérés de la guerre actuelle sur son territoire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/238641/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p> La Russie commet en Ukraine un écocide, un acte de guerre visant à infliger des dommages graves à l’environnement. Il devrait faire partie des crimes traités par la Cour pénale internationale. Renéo Lukic, Professeur titulaire, Université Laval Sophie Marineau, Doctorante en histoire des relations internationales, Université catholique de Louvain (UCLouvain) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/239458 2024-09-25T18:41:13Z 2024-09-25T18:41:13Z Les espèces envahissantes modifient les écosystèmes des lacs <p>Les écosystèmes d’eau douce du Canada et du monde entier sont en danger.</p> <p>Les lacs, les rivières, les étangs et les zones humides sont confrontés à de nombreuses menaces environnementales, mais la propagation d’espèces non indigènes envahissantes est ce qui cause les changements les plus rapides.</p> <p>Au cours des dernières années, une multitude d’espèces envahissantes ont fait leur apparition dans les lacs canadiens. La moule zébrée <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2101876/lac-clear-mont-riding-invasion">poursuit sa progression au Québec et au Manitoba</a>.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/la-propagation-de-la-moule-zebree-prouve-que-de-petits-envahisseurs-peuvent-causer-de-gros-degats-187341">La propagation de la moule zébrée prouve que de petits envahisseurs peuvent causer de gros dégâts</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>La <a href="https://www.cara.qc.ca/expertise-et-realisations/lutte-contre-les-plantes-exotiques-envahissantes/ensemble-stoppons-la-vivipare-chinoise/">vivipare chinoise</a> est de plus en plus présente dans les lacs de l’est du pays. <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/biodiversite/especes-exotiques-envahissantes/myriophylle-epi/index.htm">Le myriophylle à épi</a> s’est répandu dans les provinces maritimes. Pendant ce temps, les poissons rouges ont proliféré dans les petits lacs et les étangs de tout le pays.</p> <p>Loin d’être des cas isolés, ces épidémies sont les symptômes de bouleversements qui se produisent à l’échelle mondiale.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis.</strong> Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !</em></p> <hr> <h2>Taux d’invasion en hausse</h2> <p>Depuis les origines de la vie, les plantes et les animaux ont connu une lente dispersion dans différentes régions du monde par des moyens naturels. Cependant, avec l’aide des humains, les espèces s’étendent aujourd’hui au-delà de leurs aires de répartition historiques, plus rapidement, plus loin et en plus grand nombre que jamais auparavant. Elles envahissent les écosystèmes à un rythme inédit.</p> <p>Les écosystèmes d’eau douce sont très vulnérables aux invasions et sensibles aux perturbations d’origine humaine. Les activités ou les infrastructures humaines sont responsables de l’introduction de la plupart des espèces non indigènes. <a href="https://tc.canada.ca/fr/eaux-ballast-reseau-grands-lacs-voie-maritime-saint-laurent">Le rejet des eaux de ballast des cargos</a>, par exemple, a contribué à l’apparition de plus de la moitié des espèces non indigènes recensées dans les Grands Lacs.</p> <p>Les canaux, l’ensemencement, le déversement de seaux à appâts, la navigation de plaisance et la libération d’animaux domestiques participent également à la propagation dans les lacs. Les plantes aquatiques envahissantes peuvent s’accrocher aux hélices et aux remorques des bateaux de plaisance qui passent d’un lac à un autre. Des plantes <a href="https://doi.org/10.1890/1051-0761(2001)011%5B1789:ODOAIS%5D2.0.CO;2">transportent aussi des moules zébrées</a>, qui peuvent vivre hors de l’eau plusieurs jours durant le déplacement terrestre des bateaux.</p> <p>La libération d’animaux d’aquarium constitue un autre facteur d’invasion. <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/10.1139/F08-056">Selon une étude</a>, plus de 10 000 poissons achetés dans les animaleries de Montréal sont relâchés chaque année dans les lacs et les rivières.</p> <p>Par conséquent, les <a href="https://doi.org/10.1111/j.1366-9516.2006.00262.x">taux d’invasion des écosystèmes d’eau douce sont parmi les plus élevés</a> de tous les types d’habitats et <a href="https://doi.org/10.1016/B978-0-12-385026-3.00005-X">continuent de progresser</a>.</p> <h2>Des écosystèmes très vulnérables</h2> <p>Les lacs, les rivières et les zones humides représentent environ 1 % de la surface de la Terre, mais abritent près de 10 % de toutes les espèces vivantes, dont plus de la moitié de toutes les espèces de poissons connues. <a href="https://doi.org/10.1038/s43247-021-00167-x">Cette diversité s’érode plus rapidement que celle des écosystèmes terrestres et marins côtiers</a>, en partie à cause des invasions.</p> <p>Bien qu’il ne soit pas toujours facile de distinguer l’impact des invasions des autres agents stressants d’origine humaine, des chercheurs ont observé que <a href="https://doi.org/10.1111/j.1523-1739.2006.00643.x">dans plusieurs écosystèmes d’eau douce</a>, ce sont les espèces envahissantes qui sont les principales responsables du déclin des poissons d’eau douce et non l’altération de l’habitat.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Le fait que les <a href="https://doi.org/10.1002/9781444329988.ch16">lacs soient plus vulnérables aux espèces envahissantes</a> s’explique notamment par la présence d’espèces vivantes qui ne disposent pas de défenses adéquates contre un large éventail d’envahisseurs. Ainsi, les truites introduites dans des lacs sans poissons de l’ouest de l’Amérique du Nord ont <a href="https://doi.org/10.1046/j.1523-1739.2000.99099.x">provoqué le déclin des grenouilles indigènes</a> qui ont évolué sans avoir à s’adapter aux grands prédateurs aquatiques.</p> <p>De même, les moules zébrées se fixent aux coquilles des moules d’eau douce indigènes, qui n’ont aucune expérience évolutionnaire de tels organismes salissants, et les étouffent. <a href="https://www.jstor.org/stable/2647282">De nombreuses populations de moules indigènes du réseau inférieur des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent et d’autres plans d’eau ont été décimées par la moule zébrée</a>.</p> <h2>Effets domino</h2> <p>Les espèces aquatiques envahissantes menacent la pêche, la qualité de l’eau, les économies locales et la santé humaine. Leur impact peut s’étendre bien au-delà du lac concerné. Lorsque l’espèce <a href="https://doi.org/10.1126/science.182.4111.449">Chicla monoculusa envahi le lac Gatún, au Panama, à la fin des années 1960</a>, elle a décimé de petits poissons insectivores qui jouaient un rôle important en se nourrissant de larves de moustiques. Cela a entraîné une explosion de la population de moustiques adultes et, en conséquence, une hausse du risque de paludisme pour les humains.</p> <p>L’introduction non autorisée de <a href="https://doi.org/10.1126/sciadv.aav1139">truites grises dans le lac Yellowstone</a>, aux États-Unis, dans les années 1990, a profondément modifié le réseau trophique du lac. Ces animaux ont provoqué le déclin d’un poisson indigène qui constituait une source de nourriture essentielle pour les grizzlis, obligeant ces derniers à se tourner vers des mammifères terrestres (comme les jeunes wapitis), ce qui a accru la pression sur ces espèces.</p> <figure class="align-center "> <img alt="Un homme tient un poisson" src="https://images.theconversation.com/files/619663/original/file-20240916-18-az9uav.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/619663/original/file-20240916-18-az9uav.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/619663/original/file-20240916-18-az9uav.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/619663/original/file-20240916-18-az9uav.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/619663/original/file-20240916-18-az9uav.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/619663/original/file-20240916-18-az9uav.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/619663/original/file-20240916-18-az9uav.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">L’introduction involontaire de l’espèce Chicla monoculus dans le lac Gatún, au Panama, a eu d’importantes conséquences écologiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span> </figcaption> </figure> <p>Le <a href="https://www.invasivespeciescentre.ca/invasive-species/meet-the-species/fish-and-invertebrates/spiny-waterflea/">cladocère épineux d’origine européenne</a>, un prédateur qui mange de petits zooplanctons, est arrivé dans les Grands Lacs avec des eaux de ballast dans les années 1980 et s’est répandu dans des étendues d’eau intérieures comme le <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1600366113">lac Mendota</a>, où il a atteint une densité impressionnante. Sa voracité a provoqué un déclin massif des cladocères indigènes qui se nourrissent d’algues. La disparition de ces herbivores a permis la prolifération du phytoplancton et la dégradation de la qualité de l’eau, nuisant à la valeur esthétique et récréative du lac Mendota.</p> <p>Dans les Grands Lacs inférieurs, la <a href="https://www.lakescientist.com/invasive-mussels-may-worsen-avian-botulism-outbreaks/">filtration effectuée par les moules zébrée et quagga invasives</a> a causé une augmentation considérable de la clarté de l’eau et, par la suite, une croissance excessive des algues au fond du lac. Lorsque cette masse d’algues s’est décomposée à la fin de l’été, elle a réduit la concentration d’oxygène au fond du lac, créant les conditions idéales pour la prolifération du botulisme. Les bactéries se sont accumulées dans les moules, permettant ainsi à leur toxine d’être transférée aux prédateurs de ces mollusques, dont un poisson envahissant appelé <a href="https://www.invasivespeciescentre.ca/invasive-species/meet-the-species/fish-and-invertebrates/round-goby/">gobie à taches noires</a>. Des milliers d’oiseaux piscivores sont morts après avoir consommé des gobies toxiques.</p> <p>Ces exemples illustrent l’impact considérable que les espèces envahissantes peuvent avoir sur les lacs et les écosystèmes environnants.</p> <h2>Endiguer les invasions</h2> <p>Le <a href="https://www.cbd.int/doc/decisions/cop-15/cop-15-dec-04-fr.pdf">Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal</a> a reconnu les « eaux intérieures » comme un domaine distinct nécessitant des cibles de conservation. La sixième cible de ce cadre prévoit de réduire les taux d’invasion de 50 % d’ici 2030.</p> <p>Pour atteindre cette cible, il faudra mettre en place des politiques de contrôle des vecteurs mal réglementés, tels que ceux associés au commerce des animaux de compagnie. Ainsi, l’écrevisse marbrée, capable de se reproduire asexuellement, peut générer une nouvelle population en partant d’un seul individu et constitue une menace émergente liée à ce commerce. Une <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/hamilton/invasive-marbled-crayfish-burlington-ontario-1.7081893">population sauvage de cette écrevisse a été découverte l’année dernière</a> dans des étangs de l’Ontario.</p> <p>Une baisse significative des taux d’invasion réduirait les risques de perturbation des écosystèmes et de perte de biodiversité. Pour les lacs, cet objectif peut être atteint grâce, entre autres, à des décisions responsables concernant le traitement des appâts vivants et des animaux d’aquarium, l’inspection des bateaux et du matériel de pêche pour y détecter des organismes clandestins, et le signalement de nouvelles espèces non indigènes détectées.</p> <p>L’éducation est également essentielle. Les citoyens dont les moyens de subsistance et le bien-être sont affectés par les invasions lacustres peuvent eux-mêmes jouer un rôle involontaire dans la propagation des espèces envahissantes.</p> <p>Le public, des scientifiques, l’industrie et le gouvernement peuvent contribuer à atteindre la cible de Kunming-Montréal. Les <a href="https://theconversation.com/ballast-water-management-is-reducing-the-flow-of-invasive-species-into-the-great-lakes-190880">Grands Lacs offrent un exemple encourageant d’écosystème</a> dont le taux d’invasion a été réduit grâce à la collaboration des acteurs concernés en vue d’élaborer et d’appliquer une réglementation efficace pour contrer les invasions causées par les eaux de ballast.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/239458/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Anthony Ricciardi reçoit des fonds de recherche du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et de la Bieler School of Environment (Université McGill). Il est membre du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL).</span></em></p> Les écosystèmes d’eau douce sont plus fragiles qu’il n’y paraît et vulnérables aux espèces envahissantes. Les lacs et les rivières doivent être surveillés afin d’être protégés des invasions. Anthony Ricciardi, Professor, Department of Biology & Bieler School of Environment, McGill University Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/238400 2024-09-24T14:46:49Z 2024-09-24T14:46:49Z Au Québec, les luttes environnementales font désormais partie du paysage protestaire <p>Il y a cinq ans, le 27 septembre 2019 à Montréal, près d’un demi-million de personnes ont manifesté en faveur du climat.</p> <p>Cette <a href="https://theconversation.com/manif-monstre-pour-le-climat-des-interets-trop-divergents-nuisent-a-la-lutte-124688">« manifestation monstre »</a> aurait pu marquer un tournant dans la lutte au changement climatique si la pandémie n’avait pas stoppé net cet élan de la société civile.</p> <p>Où en sommes-nous aujourd’hui ?</p> <p>Au-delà des grands rassemblements, les manifestations en faveur de l’environnement sont bien présentes, soutenues dans le temps et concernent une pluralité de personnes. Les enjeux environnementaux alimentent fortement l’activité protestataire au Québec.</p> <p>Entre le 1<sup>er</sup> janvier 2023 et le 30 juin 2024, Eva Rayneau, candidate à la maîtrise en science politique, et moi, spécialiste des mouvements sociaux et de l’action collective, avons recensé au Québec une cinquantaine d’événements protestataires liés à la protection de l’environnement. Cela a été fait à partir d’une base de données médiatiques construite sur l’ensemble du territoire. Ces événements représentent un peu plus de 11 % de l’ensemble de l’activité protestataire de la province (en excluant les évènements liés aux grèves dont celles dans la fonction publique, qui ont marqué l’automne 2023).</p> <h2>Des luttes environnementales très imbriquées</h2> <p>Les luttes en faveur de l’environnement sont très imbriquées entre les mobilisations nationales et les enjeux locaux.</p> <p>Au plan national, quatre grands moments se distinguent : le Jour de la Terre les 22 avril 2023 et 2024, la semaine de la rage climatique du 25 au 29 septembre 2023, la campagne « Inégalités et climat déréglé, c’est assez ! » du 20 au 24 février 2023, et la fête des Mères le 12 Mai 2024.</p> <p>À l’échelle canadienne, une manifestation s’est tenue le 6 avril 2024 contre les <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2024-04-06/des-manifestants-denoncent-les-investissements-de-la-rbc-dans-les-energies-fossiles.php">investissements de la Banque Royale du Canada (RBC) dans les énergies fossiles</a>. Celle-ci a eu lieu dans le cadre d’une série de manifestations, issue du mouvement pancanadien Lead Now.</p> <p>À l’échelle locale québécoise, les gens se sont mobilisés pour empêcher la construction de certains projets industriels, comme <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2014622/saint-basile-le-grand-northvolt-seance-information">l’usine de batteries Northvolt à Saint-Basile-le-Grand</a> ou le projet d’agrandissement du <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2031210/travaux-carrefour-40-55-manifestation?depuisRecherche=true">parc industriel « Carrefour 40-55 »</a> à Trois-Rivières, ainsi que pour la protection de milieux naturels, comme les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1989185/collectif-sauvegarde-patrimoine-agricole-levis">terres de Rabaska</a> du côté de Lévis ou la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1971980/foret-magique-boise-pointe-au-pere-projet-immobilier">forêt de Pointe-au-Père</a>. Ce sont souvent des activités de protestation qui se déroulent en plus petit comité — trois évènements seulement ont dépassé la centaine de personnes — mais qui ont été présentes presque tout au long de la période considérée.</p> <p>Les luttes pour la justice climatique et la protection de l’environnement sont souvent à la fois locales et globales. En 2023, par exemple, dans le cadre du Jour de la Terre, des évènements ont eu lieu dans neuf villes différentes, chacune abordant, au-delà de la dénonciation de l’impuissance des gouvernements à freiner le réchauffement climatique, des problématiques spécifiques à leur région.</p> <p>Plus globalement, ces actions s’inscrivent dans une volonté de dénoncer non seulement les entreprises polluantes, mais aussi la complicité des gouvernements. En effet, 44 des 50 événements recensés avaient pour cible les autorités fédérales ou provinciales, signe que les personnes militantes identifient les gouvernements comme un acteur clé, sinon le principal responsable, de la crise climatique et de la protection de l’environnement.</p> <h2>L’implication des jeunes et des mouvements étudiants se confirme</h2> <p>La <a href="https://www.rageclimatique.org/">Semaine de la rage climatique</a>, qui s’est déroulée du 25 au 29 septembre 2023, a rassemblé environ 50 000 étudiants et étudiantes en grève à travers le Québec.</p> <p>Dans cette perspective, 2019 n’apparaît pas comme un épiphénomène, mais bien comme le marqueur d’un changement profond, à la fois pour le mouvement étudiant et pour le mouvement environnemental qui voient leurs revendications se transformer : le mouvement étudiant s’occupe de plus en plus du climat (et non juste de la condition étudiante ou de l’accessibilité des études), alors que le mouvement environnemental intègre en son sein des <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/9782760649293-003/pdf?licenseType=restricted">revendications explicitement anticapitalistes</a>.</p> <h2>Le climat et l’environnement : des enjeux universels</h2> <p>Outre les organisations étudiantes, de nombreux syndicats, groupes de femmes, organismes communautaires et associations citoyennes ont pris part aux manifestations.</p> <p>Les forces syndicales ont participé à presque tous les évènements recensés sur le plan national et en ont co-organisé deux, dont le jour de la Terre à Joliette en 2023. En juillet de la même année, les syndicats actifs dans l’industrie forestière ont également demandé au gouvernement la tenue d’<a href="https://www.fqcf.coop/2023/09/travailleurs-entreprises-et-entrepreneurs-forestiers-reclament-des-etats-generaux-de-la-foret-et-un-chantier-historique-de-reboisement/">« états généraux de la forêt »</a>, un sujet mettant en balance la protection des droits des travailleurs et travailleuses et la protection de la ressource forestière.</p> <p>Le collectif écoféministe <a href="https://meresaufront.org">Mères au front</a> a organisé un événement marquant lors de la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2072122/fete-mere-front-manifestation-meres">fête des Mères en 2024</a>. Composé majoritairement de femmes préoccupées par l’avenir écologique de leurs enfants, il est devenu un acteur incontournable du mouvement pour la justice climatique au Québec.</p> <p>De nombreuses organisations locales de défense des territoires se sont également impliquées. C’est le cas du collectif Sauvetage du patrimoine agricole à Lévis et Beaumont, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1989185/collectif-sauvegarde-patrimoine-agricole-levis">qui se bat pour la protection des Terres de Rabaska</a>, ou encore du Comité Action Citoyenne, qui lutte contre le projet de Northvolt. Ces comités citoyens jouent un rôle crucial dans la défense des écosystèmes locaux, tout en participant à des mobilisations de plus grande envergure.</p> <h2>Force de frappe</h2> <p>Les luttes environnementales font aujourd’hui partie intégrante du paysage protestataire « routinier » du Québec. Plusieurs groupes sociaux s’occupent aujourd’hui de ces enjeux, même s’ils ne constituent pas, traditionnellement, leurs préoccupations premières (mouvement étudiant, syndical et féministe).</p> <p>La manière dont ces acteurs se sont approprié ces luttes va déterminer en partie la force de frappe collective que la société civile québécoise sera en mesure de construire pour faire entendre sa voix.</p> <p>La manifestation du 27 septembre 2024 pour la justice sociale et climatique en sera le prochain test.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/238400/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Pascale Dufour a reçu des financements du CRSH pour mener ses recherches et du FQRSC pour le Collectif de recherche Action Politique et Démocratie (CAPED), une équipe de recherche interuniversitaire. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Eva Rayneau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p> Cinq ans après la manifestation monstre du 27 septembre 2019 à Montréal, les luttes environnementales font partie du paysage protestataire du Québec et rassemblent une panoplie de groupes sociaux. Pascale Dufour, Professeure titulaire - spécialiste des mouvements sociaux et de l'action collective, Université de Montréal Eva Rayneau, Candidate à la maîtrise de science politique Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/235850 2024-09-23T13:22:30Z 2024-09-23T13:22:30Z La sous-consommation : une nouvelle tendance bouscule la culture du consumérisme <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/610374/original/file-20240730-17-35f4bw.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=216%2C375%2C5342%2C3325&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une nouvelle tendance incite les gens à maximiser l’usage de leurs biens et à n’acheter que ce dont ils ont vraiment besoin. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Une nouvelle tendance TikTok, appelée « underconsumption core », que l’on pourrait traduire par « esprit de sous-consommation », gagne du terrain en ligne.</p> <p>Ce courant prône le <a href="https://doi.org/10.1002/cb.1912">minimalisme et la frugalité</a>, et incite les gens à maximiser l’usage de leurs biens et à n’acheter que ce dont ils ont vraiment besoin, bousculant ainsi la <a href="https://opentextbc.ca/mediastudies101/chapter/consumer-cultures/">culture du consumérisme</a>.</p> <p>Au lieu de présenter de grosses quantités de vêtements et de maquillage ou des étagères de réfrigérateur qui débordent, les internautes <a href="https://www.tiktok.com/discover/underconsumption-core-explained">publient des vidéos</a> avec des articles acquis dans des friperies, des garde-robes modestes et des objets quotidiens pratiques et utiles.</p> <hr> <figure class="align-right "> <img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=237&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=600&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/601577/original/file-20240618-19-hzqebw.png?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=754&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">25-35 ans : vos enjeux, est une série produite par La Conversation/The Conversation.</span> </figcaption> </figure> <p><em><strong>Chacun vit sa vingtaine et sa trentaine à sa façon.</strong> Certains économisent pour contracter un prêt hypothécaire quand d’autres se démènent pour payer leur loyer. Certains passent tout leur temps sur les applications de rencontres quand d’autres essaient de comprendre comment élever un enfant. Notre série sur les 25-35 ans aborde vos défis et enjeux de tous les jours.</em></p> <p>L’essor de cette tendance est lié à plusieurs défis auxquels les jeunes sont confrontés, notamment les <a href="https://www.frontiersin.org/journals/public-health/articles/10.3389/fpubh.2022.1009393/full">pressions économiques croissantes</a>, les <a href="https://doi.org/10.1108/JFMM-02-2022-0029">préoccupations environnementales</a> et les <a href="https://www.apa.org/news/podcasts/speaking-of-psychology/gen-z-stress">pressions sociales</a>, qui affectent particulièrement la <a href="https://www.forbes.com/sites/jackkelly/2023/09/29/gen-z-faces-financial-challenges-stress-anxiety-and-an-uncertain-future/">génération Z et les jeunes milléniaux</a>. Si vous vous sentez également serré sur le plan financier, cette tendance pourrait vous interpeller.</p> <p>À l’instar de la <a href="https://theconversation.com/the-deinfluencing-trend-reflects-a-growing-desire-for-authenticity-online-208828">désinfluence</a>, la sous-consommation constitue une réaction à la surconsommation, en particulier à la façon dont les influenceurs l’ont normalisée en publiant des vidéos de leurs achats. En prônant la sous-consommation, les internautes <a href="https://theconversation.com/want-to-be-an-influencer-our-research-shows-what-you-need-to-know-first-227482">rejettent cet aspect de la culture des influenceurs</a>.</p> <h2>Une affaire de nécessité</h2> <p>Les jeunes s’y adonnent sans doute pour répondre à des pressions financières de plus en plus fortes.</p> <p>À titre d’exemple, le solde moyen des prêts étudiants aux États-Unis s’élève à 37 574 dollars US, selon l’<a href="https://educationdata.org/average-student-loan-debt">Education Data Initiative</a>. La dette étudiante est un fardeau financier important qui oblige souvent les jeunes adultes à donner la <a href="https://www.cnbc.com/2024/02/19/americans-making-student-loan-payments-have-up-to-36-percent-less-in-401ks.html">priorité au remboursement de la dette</a> plutôt qu’à d’autres dépenses.</p> <p>L’inflation contribue également à miner le <a href="https://www.usatoday.com/story/money/2023/10/13/inflation-economy-gen-z-fiscal-conservative-study/71166670007">pouvoir d’achat des jeunes de la génération Z</a>. Bien qu’il y ait des signes de <a href="https://theconversation.com/meet-the-new-consumer-how-shopper-behaviour-is-changing-in-a-post-inflation-world-231671">répit économique</a> avec, par exemple, les <a href="https://www.ledevoir.com/economie/816996/decision-taux-directeur-banque-canada-juillet">baisses de taux d’intérêt au Canada</a>, les effets cumulés des prix élevés continuent de mettre à mal la situation financière des jeunes.</p> <p>Le mouvement de sous-consommation constitue une prise de conscience et une adaptation croissante à ces réalités économiques, mais ce n’est pas la seule cause. La conscience environnementale alimente aussi ce mouvement.</p> <p><div data-react-class="TiktokEmbed" data-react-props="{&quot;url&quot;:&quot;https://www.tiktok.com/@alicechae/video/7390496856796712223?is_from_webapp=1\u0026sender_device=pc\u0026web_id=7395361096033928710&quot;}"></div></p> <h2>Préoccupations environnementales</h2> <p>Le consumérisme de masse a créé d’importants problèmes environnementaux, notamment la production de grandes quantités de déchets. Dans le désert d’Atacama, au Chili, de <a href="https://www.wired.com/story/fashion-disposal-environment/">11 000 à 59 000 tonnes de vêtements usagés</a> seraient stockées dans des centres d’enfouissement. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la façon dont la surconsommation pollue la planète.</p> <p>Un rapport de ThredUp, une plate-forme de revente de vêtements rétro en ligne, a révélé que 65 % des personnes de la génération Z interrogées souhaitaient faire des achats plus durables. Cependant, un tiers d’entre elles se disent « accros à la mode éphémère » et 72 % déclarent en avoir acheté en 2022. De même, des chercheurs de l’université de Sheffield Hallam ont constaté que <a href="https://www.shu.ac.uk/news/all-articles/latest-news/fast-fashion">90 % des étudiants avaient acheté des articles de mode éphémère</a> en 2022.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/comment-les-influenceurs-ethiques-incitent-leur-public-a-sauver-la-planete-230750">Comment les « influenceurs éthiques » incitent leur public à sauver la planète</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Pourtant, bon nombre de ces mêmes consommateurs sont préoccupés par le développement durable et cherchent des moyens d’être plus responsables. <a href="https://doi.org/10.1108/JFMM-02-2022-0029">Notre récente étude</a> a révélé un changement d’attitude des consommateurs à l’égard des pratiques de développement durable, en particulier dans le domaine de la mode. C’est particulièrement <a href="https://www.weforum.org/agenda/2022/03/generation-z-sustainability-lifestyle-buying-decisions/">vrai pour la génération Z</a>, qui <a href="https://theinfluencermarketingfactory.com/wp-content/uploads/2021/03/social-commerce-report.pdf">cherche souvent l’inspiration pour ses achats sur les médias sociaux</a>.</p> <p>À mesure que les jeunes consommateurs prennent conscience de l’impact environnemental de leurs habitudes de consommation, ils sont de plus en plus attirés par la mode durable.</p> <p>Cette évolution de la mentalité des consommateurs s’inscrit dans un phénomène culturel plus large appelé <a href="https://www.ledevoir.com/societe/546504/le-bonheur-par-le-vide?gad_source=1&amp;gclid=Cj0KCQjw5ea1BhC6ARIsAEOG5pxXw5r8h73ORemN50o7rTHvvnk7SKImvPiQN3aOqaNXOdt93rqJP-saArNSEALw_wcB">« effet Marie Kondo »</a>, du nom de la consultante japonaise en organisation. Elle préconise de ne conserver que les objets qui apportent de <a href="https://www.cnn.com/2019/01/18/health/marie-kondo-tidying-up-benefits/index.html">la valeur et de la joie</a>. L’influence de Marie Kondo a suscité un intérêt croissant pour la consommation intentionnelle.</p> <p>Notons toutefois que dans certains cas, les comportements de consommation durable peuvent être motivés par des <a href="https://doi.org/10.1108/YC-08-2017-00722">raisons plus égoïstes qu’altruistes</a>. En choisissant d’acheter moins ou de manière réfléchie, les jeunes projettent l’image d’une personne consciente et responsable qui se distingue – des qualités de plus en plus appréciées dans les médias sociaux.</p> <h2>Pour une consommation saine</h2> <p>Si vous souhaitez adopter des habitudes de consommation saines, il est important de comprendre comment on peut maintenir ce mode de vie à long terme. Il existe deux stratégies principales pour y parvenir.</p> <p>Tout d’abord, trouvez un équilibre entre frugalité et qualité de vie afin de préserver votre bien-être général. <a href="https://doi.org/10.1002/jcpy.1291">La recherche indique</a> qu’un mélange de dépenses liées aux expériences (un voyage, p. ex.) et d’achats matériels (un nouveau téléphone) peut engendrer un bonheur et une satisfaction accrus.</p> <p>N’abandonnez pas complètement les achats matériels au profit des expériences. On considère qu’une approche réfléchie qui inclut les deux types de dépenses, avec une réduction de l’ensemble de la consommation, donne de meilleurs résultats. Cette approche se concentre davantage sur une consommation réfléchie que sur des restrictions complètes.</p> <p>Ensuite, essayez d’améliorer vos connaissances financières. Commencez par établir un budget qui vous permette de combler vos besoins essentiels et vos dépenses de base. Évaluez les types de produits et de solutions financières qui correspondent à vos besoins particuliers. Cela vous aidera à <a href="https://doi.org/10.1111/j.1745-6606.2012.01239.x">éviter la surconsommation</a> et à faire des choix qui favorisent la stabilité financière à long terme.</p> <p>Les personnes ayant une bonne culture financière sont mieux équipées pour choisir des biens qui répondent à leurs besoins et à leurs valeurs, plutôt que de succomber à un marketing agressif ou à des caractéristiques superflues qui peuvent conduire à de la surconsommation. Par exemple, les jeunes peuvent <a href="https://doi.org/10.7903/cmr.11657">dépenser davantage avec des cartes de crédit</a> qui offrent des récompenses attrayantes, ce qui engendre de la surconsommation et des budgets serrés à long terme.</p> <p>Si la sous-consommation présente des avantages potentiels, il est important de l’aborder de façon équilibrée. Combiner des habitudes de consommation saines avec des connaissances financières est essentiel, mais il n’est pas question de privation. On doit plutôt faire des choix éclairés qui correspondent à ses valeurs et à ses objectifs personnels. Si elle est bien menée, la sous-consommation peut donner lieu à une stabilité financière et à un mode de vie réfléchi.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/235850/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d&#39;une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n&#39;ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p> Ce qu'on appelle «l’esprit de sous-consommation» est une tendance qui remet en question la surconsommation en encourageant les gens à n’acheter que ce dont ils ont vraiment besoin. Omar H. Fares, Lecturer of Marketing in the Lazaridis School of Business and Economics, Wilfrid Laurier University Seung Hwan (Mark) Lee, Professor and Associate Dean of Engagement & Inclusion, Ted Rogers School of Management, Toronto Metropolitan University Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/233317 2024-09-18T13:53:45Z 2024-09-18T13:53:45Z Voici comment éliminer certains polluants éternels de votre eau potable à domicile <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/607010/original/file-20240715-17-ewm0h9.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=25%2C0%2C5725%2C3828&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’eau potable reste la source de PFAS la plus facile à traiter lorsque nous cherchons à réduire notre exposition globale à ces substances.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>De nombreuses substances nocives pour la santé se retrouvent dans notre eau potable. </p> <p>Ainsi en est-il de ce qu'on appelle les polluants éternels, soit les per- et polyfluoroalkylées (PFAS). Il s'agit d'un groupe de composés chimiques fluorés résistants à la dégradation, bioaccumulables dans les tissus biologiques et très mobiles dans l’environnement. </p> <p>Dans la mesure où les PFAS ont été largement utilisés pour comme antiadhésifs, antitache et surfactant, entre autres applications industrielles, ces substances sont devenues depuis les dix ou vingt dernières années une préoccupation majeure en matière d’environnement et de santé.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/voici-ce-que-vous-devez-savoir-sur-les-pfas-que-lon-surnomme-polluants-eternels-194583">Voici ce que vous devez savoir sur les PFAS, que l’on surnomme « polluants éternels »</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Les PFAS peuvent maintenant être détectés presque partout au moyen d’un équipement analytique adéquat. Cette situation soulève des inquiétudes quant aux effets des niveaux d’exposition actuels sur la santé.</p> <h2>Une exposition multiple</h2> <p>Notre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412019320574">exposition aux PFAS</a> provient de l’eau potable, de l’air, des aliments et, dans une moindre mesure, de l’absorption cutanée. Bien qu’il soit difficile de réduire l’exposition par voie aérienne, un nettoyage plus fréquent de la maison peut contribuer à minimiser l’inhalation de poussières contenant des PFAS. Toutefois, cette voie d’exposition doit faire l’objet de recherches plus approfondies.</p> <p>Des niveaux significatifs de PFAS peuvent également être trouvés dans les aliments et leurs emballages. Tant que la réglementation en la matière restera limitée, il sera particulièrement difficile de tenter de réduire notre exposition aux PFAS en changeant nos habitudes alimentaires si on ne sait pas bien quelle nourriture est moins contaminée ou si une large portion des produits disponibles a l’épicerie sont contaminés.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/que-faut-il-savoir-sur-les-pfas-ces-polluants-eternels-227647">Que faut-il savoir sur les PFAS, ces « polluants éternels » ?</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>L’eau potable reste la source de PFAS la plus facile à traiter lorsque nous cherchons à réduire notre exposition globale à ces substances. Termeh Teymoorian, doctorante en chimie à l’Université de Montréal, travaille sur les PFAS dans l’eau et est co-dirigée pour sa thèse de doctorat par Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal (UdeM), et spécialiste des contaminants émergents, et Benoît Barbeau, professeur à Polytechnique Montréal et co-titulaire de la Chaire industrielle en eau potable.</p> <p>Nous avons récemment publié dans Frontiers in Environmental Chemistry un <a href="https://www.frontiersin.org/journals/environmental-chemistry/articles/10.3389/fenvc.2024.1376079/full">article</a> évaluant l’efficacité des filtres à eau domestiques afin d’éliminer les PFAS.</p> <h2>Traitement de l’eau potable</h2> <p>Le moyen le plus efficace pour traiter l’eau potable est de moderniser les stations de traitement afin d’éliminer les PFAS, garantissant ainsi une eau potable sûre pour tous, quel que soit le statut socio-économique de chacun. Cette modernisation est d’autant plus nécessaire, que le traitement conventionnel de l’eau est souvent inefficace pour éliminer ces substances. Cependant, les traitements spécifiques aux PFAS peuvent être coûteux et laborieux à mettre en place.</p> <p>Consommer l’eau embouteillée, bien qu’elle soit une solution facile à utiliser, n’est pas nécessairement abordable pour tous. Lorsque comparée à l’eau du robinet, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652616311234">l’eau embouteillée a par ailleurs une empreinte écologique non négligeable</a>, notamment en raison du transport et de l’élimination des récipients.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Faire bouillir l’eau constitue une option inefficace afin de détruire les PFAS. Dans certaines situations, porter l’eau à ébullition parvient bel et bien à réduire très légèrement les concentrations de PFAS dans l’eau, mais a pour conséquence de transférer certains de leurs composants volatils dans l’air. Le problème est donc plutôt déplacé que réglé.</p> <h2>Options de traitement résidentiel</h2> <p>Pour le traitement domestique, l’installation d’un filtre au niveau de l’évier principal de la cuisine (traitement au point d’utilisation ou POU) est l’option la plus rentable. Traiter toute l’eau de la maison est inutile et plus coûteux. Les bains et les douches ne sont pas des sources importantes d’exposition aux PFAS.</p> <figure class="align-center "> <img alt="Homme en vêtements de travail installant un système de filtration d’eau dans une cuisine" src="https://images.theconversation.com/files/607036/original/file-20240715-17-l4xeg1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/607036/original/file-20240715-17-l4xeg1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/607036/original/file-20240715-17-l4xeg1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/607036/original/file-20240715-17-l4xeg1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=400&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/607036/original/file-20240715-17-l4xeg1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/607036/original/file-20240715-17-l4xeg1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/607036/original/file-20240715-17-l4xeg1.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=503&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"> <figcaption> <span class="caption">L’installation d’un filtre au niveau de l’évier principal de la cuisine est l’option la plus rentable afin de réduire son exposition aux PFAS présents dans l’eau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span> </figcaption> </figure> <p><strong>1- Systèmes de nanofiltration et d’osmose inverse</strong></p> <p>Ces systèmes, s’ils sont certifiés pour éliminer les PFAS, <a href="https://pubs.rsc.org/en/content/articlehtml/2021/ew/d1ew00490e">sont réputés efficaces</a>. Toutefois, leur efficacité dépend de la qualité de l’eau et des contaminants présents. Les systèmes sous évier sont plus coûteux lors de l’achat initial et nécessitent un remplacement périodique de la cartouche ou de la membrane, généralement une fois par an. L’installation peut nécessiter l’intervention d’un plombier et nécessite de l’espace sous l’évier.</p> <p><strong>2- Filtres pour pichets</strong></p> <p>Ces méthodes sont simples, relativement bon marché et rapides à mettre en place. Cependant, les pichets conventionnels sont souvent inefficaces pour éliminer les PFAS, en particulier les plus récents à chaîne plus courte. <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11356-020-11757-1">L’efficacité varie en fonction des caractéristiques de l’eau et des types de contaminants</a>.</p> <h2>Performance de la filtration par pichet</h2> <p>Nous avons testé les performances de différentes marques de filtres pour pichets dans le cadre d’une évaluation indépendante de leur capacité à éliminer les PFAS en utilisant de l’eau du robinet provenant de deux municipalités canadiennes.</p> <p>Les <a href="https://www.frontiersin.org/journals/environmental-chemistry/articles/10.3389/fenvc.2024.1376079/full">résultats complets</a> sont disponibles en ligne dans notre étude, mais sont résumés ci-dessous :</p> <ul> <li><p>Pichets Zerowater : Certifiés par la NSF (National Sanitation Foundation) pour éliminer les PFAS, nos tests ont montré une élimination de plus de 96 % après 160 L de filtration pour les deux types d’eau testés.</p></li> <li><p>Pichets Clearlyfiltered : Certifiés par la WQA (Water Quality Association) pour l’élimination des PFAS, avec une élimination de plus de 96 % après 160 litres de filtration lors de nos tests.</p></li> <li><p>Pichets Aquagear : Bien que réputés efficaces selon un test mené par un laboratoire indépendant, nos tests ont montré une élimination plus basse, soit de 60-77 %.</p></li> <li><p>Pichets avec filtre Brita Elite : Ils ne sont ni conçus ni certifiés pour éliminer les PFAS. Les tests effectués ne montrent qu’une élimination de 20 à 48 %, et des tests partiels ont montré des performances inférieures pour le filtre Brita conventionnel.</p></li> </ul> <p>Le choix d’un traitement résidentiel pour éliminer les PFAS de l’eau du robinet dépend des préférences de l’utilisateur. Les pichets filtrants sont simples, mais leur coût à long terme peut être plus élevé que celui des filtres à adsorption ou à osmose inverse installés sous l’évier. Pour éliminer correctement les PFAS, il est important de choisir des produits certifiés pour leur élimination.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/233317/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Sébastien Sauvé a reçu des financements de plusieurs organismes subventionnaires gouvernementaux. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Benoit Barbeau a reçu des financements du Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie, et du FQRNT. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Termeh Teymoorian a reçu des financements de CSRNG-NSERC (PURE-Create). Elle est étudiante au doctorat à l&#39;université de Montréal</span></em></p> Les PFAS peuvent être détectés presque partout au moyen d’un équipement analytique adéquat. Cette situation soulève des inquiétudes quant aux effets des niveaux d’exposition actuels sur la santé. Sébastien Sauvé, Professeur en chimie environnementale, Université de Montréal Benoit Barbeau, Professor, Polytechnique Montréal Termeh Teymoorian, PhD student in chemistry, Université de Montréal Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/231141 2024-09-11T14:50:21Z 2024-09-11T14:50:21Z Surveiller la santé des lacs grâce aux microbes qui y vivent <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/616502/original/file-20240830-16-b3zcbw.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=0%2C0%2C3017%2C3266&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Fleur d&#39;eau de cyanobactéries.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Christophe Langevin)</span>, <span class="license">Fourni par l&#39;auteur</span></span></figcaption></figure><p>Un lac, c’est bien plus qu’un plan d’eau au bord duquel nous pouvons nous prélasser par une belle journée ensoleillée d’été. C’est bien plus qu’une source d’eau fraîche, entourée de nature et de tranquillité.</p> <p>Les lacs jouent un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969722046599#bb0480">rôle vital dans nos écosystèmes</a> et, par conséquent, dans notre quotidien. Ils fournissent de l’eau potable, abritent une diversité impressionnante de formes de vie et permettent des activités économiques importantes.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis.</strong> Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !</em></p> <hr> <p>Malheureusement, la qualité de l’eau de ces précieux milieux est de <a href="https://www.annualreviews.org/content/journals/10.1146/annurev-environ-021810-094524">plus en plus menacée</a> par différents facteurs environnementaux et par l’activité humaine.</p> <p>Afin de protéger et de préserver les lacs, il est primordial de surveiller leur état de santé de manière proactive, rapide et efficace. Chercheurs en écologie aquatique, c’est dans cette optique que nous avons développé une technologie de pointe qui mesure la santé des lacs en surveillant les micro-organismes qui y vivent.</p> <h2>Planète et écosystèmes en transition</h2> <p>Notre planète est en perpétuel changement et nos écosystèmes en ressentent les effets.</p> <p>Les lacs, en particulier, subissent de nombreuses perturbations : <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/fee.1450">pollution industrielle et agricole</a>, <a href="https://theconversation.com/laccumulation-des-sels-de-deglacage-dans-les-lacs-menace-ceux-qui-y-vivent-179166">sels de voirie</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X1730334X">eutrophisation</a> et <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/2015GL066235">augmentation des températures</a> due aux changements climatiques.</p> <p>Ces facteurs participent à la dégradation de la qualité de l’eau et engendrent des déséquilibres dans les écosystèmes aquatiques.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <p>Par exemple, la prolifération de cyanobactéries, ou <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/algues-bv/index.asp">algues bleu vert</a> représente un risque majeur pour la santé humaine et écologique. Bien que microscopiques, les cyanobactéries peuvent former des proliférations visibles à l’œil nu, appelées fleurs d’eau, lorsqu’elles se multiplient et s’agglutinent.</p> <p><a href="https://www.nature.com/articles/s41579-018-0040-1">Certaines espèces de cyanobactéries responsables de la formation de fleurs d’eau produisent des toxines (cyanotoxines) qui peuvent contaminer l’eau potable</a>, nuire à la faune aquatique et provoquer la fermeture de plages. Les fleurs d’eau peuvent ainsi compromettre les activités récréotouristiques et l’économie locale.</p> <p>Et malheureusement, avec le réchauffement climatique, la <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1155398">prolifération des cyanobactéries devrait s’accroître de plus en plus dans nos lacs</a>.</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/616542/original/file-20240830-18-k0ysxt.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="fleur d’eau de cyanobactéries" src="https://images.theconversation.com/files/616542/original/file-20240830-18-k0ysxt.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/616542/original/file-20240830-18-k0ysxt.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=552&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/616542/original/file-20240830-18-k0ysxt.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=552&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/616542/original/file-20240830-18-k0ysxt.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=552&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/616542/original/file-20240830-18-k0ysxt.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=693&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/616542/original/file-20240830-18-k0ysxt.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=693&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/616542/original/file-20240830-18-k0ysxt.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=693&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">La prolifération de cyanobactéries, ou algues bleu vert, dont certaines sont capables de produire des cyanotoxines, représentent un risque majeur pour la santé humaine et écologique.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Christophe Langevin)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span> </figcaption> </figure> <h2>Le microbiome : un indicateur de la santé des lacs</h2> <p>Une simple goutte d’eau d’un lac peut abriter des milliers, voire des centaines de milliers de microbes.</p> <p>Ces microbes forment le microbiome du lac, un indicateur clé de sa santé. En d’autres termes, si quelque chose ne va pas dans le lac, <a href="https://academic.oup.com/ismej/article/14/12/3011/7474748">ces microbes seront les premiers à le révéler</a>.</p> <p>C’est un peu comme lorsque votre système digestif fait des siennes en raison d’un déséquilibre dans votre microbiome intestinal !</p> <p>Les microbes, bien que microscopiques, sont les gardiens silencieux de nos écosystèmes aquatiques. Accéder à cette première ligne d’information est donc essentiel pour comprendre l’état de santé et l’évolution des lacs.</p> <p>Mais comment obtenir ces informations précieuses rapidement et de manière efficace ?</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/616543/original/file-20240830-16-rd5vxi.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="fleur d’eau de cyanobactéries" src="https://images.theconversation.com/files/616543/original/file-20240830-16-rd5vxi.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/616543/original/file-20240830-16-rd5vxi.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=800&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/616543/original/file-20240830-16-rd5vxi.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=800&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/616543/original/file-20240830-16-rd5vxi.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=800&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/616543/original/file-20240830-16-rd5vxi.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=1005&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/616543/original/file-20240830-16-rd5vxi.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=1005&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/616543/original/file-20240830-16-rd5vxi.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=1005&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">Une simple goutte d’eau d’un lac peut abriter des milliers, voire des centaines de milliers de microbes.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Christophe Langevin)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span> </figcaption> </figure> <h2>Les outils génomiques : une nouvelle génération de surveillance des écosystèmes</h2> <p>C’est ici qu’entrent en jeu les outils modernes de séquençage d’<a href="https://planet-vie.ens.fr/thematiques/ecologie/l-adn-environnemental-un-nouvel-outil-pour-espionner-les-especes-sauvages">ADN environnemental</a>, ou l’ADNe, un mélange de matériel génétique qui provient d’organismes qui peuplent un environnement donné.</p> <p>La métagénomique, par exemple, nous permet d’accéder aux séquences d’ADN de chaque individu, appelées génomes, de l’ensemble des microbes d’un échantillon d’eau. Cet outil offre ainsi une vue complète de la composition du microbiome des lacs, y compris les espèces moins faciles à détecter.</p> <p>La technique de microscopie optique, traditionnellement employée pour la surveillance de cyanobactéries, permet en effet d’agrandir la taille des organismes jusqu’à mille fois, facilitant leur visualisation et leur décompte. Bien qu’efficace, cette technique nécessite néanmoins un important investissement de temps et repose sur l’identification visuelle des espèces par des experts en taxonomie. Par ailleurs, elle ne permet pas de détecter les microbes trop petits, contrairement aux outils de séquençage.</p> <p>L’approche de séquençage d’ADNe peut ainsi être utilisée de façon complémentaire à la microscopie optique, de manière à limiter les erreurs d’identification potentielles, avec l’avantage de pouvoir être employée directement sur le terrain. Les nouvelles générations d’appareils de séquençage sont transportables sur le terrain et permettent d’obtenir un profil du microbiome en quelques heures.</p> <p>À l’aide des techniques de séquençage, nous pouvons détecter rapidement les changements dans la communauté microbienne, indices de déséquilibres environnementaux. Par exemple, une augmentation soudaine des cyanobactéries peut être repérée avant même que les effets visibles, comme les <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/algues-bv/identifier-fleurs-eau.htm">fleurs d’eau</a>, n’apparaissent. Ces outils avancés permettent ainsi aux gestionnaires de l’environnement de prendre des mesures préventives plus tôt.</p> <h2>L’innovation RosHAB</h2> <p>Parmi les innovations récentes dans le domaine du séquençage, l’outil <a href="https://www.frontiersin.org/journals/microbiology/articles/10.3389/fmicb.2023.1267652/full">RosHAB</a>, développé par notre équipe à l’Institut national de la recherche scientifique en collaboration avec des chercheurs de l’Université Laval, se distingue par sa capacité à décrire en temps réel le génome des microbes des lacs.</p> <p>Cet outil avancé utilise la métagénomique pour surveiller la diversité microbienne et détecter les déséquilibres potentiels. Conçu pour être utilisé par les gestionnaires de l’environnement, RosHAB est une méthode pratique et rapide pour la surveillance en continu des écosystèmes aquatiques, et ce, sur directement sur le terrain.</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/616544/original/file-20240830-16-1m0spk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="ordinateur" src="https://images.theconversation.com/files/616544/original/file-20240830-16-1m0spk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/616544/original/file-20240830-16-1m0spk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=800&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/616544/original/file-20240830-16-1m0spk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=800&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/616544/original/file-20240830-16-1m0spk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=800&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/616544/original/file-20240830-16-1m0spk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=1005&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/616544/original/file-20240830-16-1m0spk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=1005&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/616544/original/file-20240830-16-1m0spk.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=1005&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">L’outil RosHAB a la capacité de décrire en temps réel le génome des microbes des lacs.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Naíla Barbosa da Costa)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span> </figcaption> </figure> <h2>Implications pratiques et limites</h2> <p>L’intégration des outils génomiques dans les politiques de gestion des lacs et des écosystèmes aquatiques nécessite un effort de formation et d’adaptation pour les équipes de surveillance.</p> <p>Bien que ces technologies offrent de nombreux avantages, elles présentent également plusieurs défis. Tout d’abord, l’analyse bio-informatique n’est pas simple et doit donc être rendue accessible pour des non-experts.</p> <p>Par ailleurs, les changements de la diversité des microbes de saison en saison peuvent compliquer l’analyse des données. Des échantillonnages mensuels réguliers ou même plus fréquents sont nécessaires pour obtenir des résultats représentatifs.</p> <p>La surveillance de l’état de santé des lacs est cruciale face aux menaces croissantes posées par les changements climatiques et par l’activité humaine.</p> <p>Les lacs sont des écosystèmes vitaux, et leur protection nécessite des méthodes de surveillance avancées et proactives. Les outils génomiques, comme l’outil RosHAB, représentent une avancée significative dans ce domaine, offrant des moyens efficaces pour anticiper et répondre aux menaces environnementales.</p> <p>En comprenant et en surveillant la santé des lacs à travers les microbes qui y vivent, il devient possible de mieux préserver ces ressources pour que les générations futures puissent en profiter, autant que nous, durant les journées chaudes de l’été.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/231141/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Jérôme Comte est membre du Groupe de Recherche Interuniversitaire en Limnologie (GRIL), a reçu des financements du CRSNG, Génome Canada, Génome Québec, du FRQNT et de OSMOZ.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christophe Langevin est membre du Groupe de Recherche Interuniversitaire en Limnologie (GRIL) et a reçu des financements du CRSNG, du FRQNT et de OSMOZ.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Naíla Barbosa da Costa est membre du Groupe de Recherche Interuniversitaire en Limnologie (GRIL) et a reçu des financements de Génome Canada, Génome Québec. </span></em></p> De nouvelles techniques permettant de surveiller en temps réel la santé des lacs en analysant leur microbiome pour anticiper et répondre aux menaces environnementales, telles que les cyanobactéries. Jérôme Comte, Associate professor, Institut national de la recherche scientifique (INRS) Christophe Langevin, PhD candidate in water sciences, Institut national de la recherche scientifique (INRS) Naíla Barbosa da Costa, Chercheuse en écologie et génomique microbionne, Institut national de la recherche scientifique (INRS) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/233415 2024-08-29T13:50:18Z 2024-08-29T13:50:18Z Comprendre l’incidence de l’activité humaine sur le zooplancton est essentiel pour la protection des eaux des lacs <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/603248/original/file-20240624-17-ozm5g2.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=0%2C6%2C4239%2C2614&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comprendre l’incidence de l’activité humaine sur le zooplancton est essentiel pour la gestion et la protection des eaux des lacs.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les écosystèmes d’eau douce sont affectés par les activités humaines, à cause, entre autres, des <a href="https://doi.org/10.1111/brv.12480">changements climatiques, de la pollution et des espèces envahissantes</a>.</p> <p>Notre équipe de chercheurs de l’Université du Québec à Montréal fait partie du <a href="https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/portail/gscw031?owa_no_site=543">Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie</a>, un réseau de scientifiques québécois qui étudient les écosystèmes des lacs. Nous axons une grande partie de nos recherches sur le zooplancton, qui joue un rôle central dans le réseau alimentaire.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis.</strong> Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !</em></p> <p>Le zooplancton comprend des animaux microscopiques variés qui vivent dans les lacs, certaines grandes rivières et les océans. Ils constituent un maillon central essentiel des réseaux alimentaires d’eau douce et peuvent servir de premiers indicateurs de problèmes <a href="https://doi.org/10.1111/fwb.14202">pour un ensemble d’écosystèmes des lacs</a>.</p> <h2>Des œufs en dormance</h2> <p>Le zooplancton est constitué de différents groupes. Parmi ceux-ci, les copépodes et les cladocères, des crustacés recouverts d’un exosquelette dur ou <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27819009">carapace de chitine</a>, sont les plus étudiés. Les copépodes ont un corps allongé et peuvent être herbivores, omnivores ou carnivores. Ils ont des cycles de vie complexes et <a href="https://doi.org/10.1007/s40071-019-0233-x">ont une reproduction sexuée</a>.</p> <p>Les cladocères, quant à eux, sont généralement plus arrondis, avec des carapaces bivalves, et sont plus souvent herbivores. Leur reproduction peut être sexuée ou asexuée et <a href="https://doi.org/10.1007/s40071-019-0233-x">leur cycle de vie varie de quelques jours à quelques semaines</a>.</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/600908/original/file-20240614-17-8sllkp.JPG?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="une femme tient un filet avec un bord orange" src="https://images.theconversation.com/files/600908/original/file-20240614-17-8sllkp.JPG?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/600908/original/file-20240614-17-8sllkp.JPG?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/600908/original/file-20240614-17-8sllkp.JPG?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/600908/original/file-20240614-17-8sllkp.JPG?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/600908/original/file-20240614-17-8sllkp.JPG?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/600908/original/file-20240614-17-8sllkp.JPG?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/600908/original/file-20240614-17-8sllkp.JPG?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">Une chercheure du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie prélevant du zooplancton dans un lac d’Alaska.</span> <span class="attribution"><span class="source">(A. Derry)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span> </figcaption> </figure> <p>Les deux groupes peuvent produire des œufs dormants — qui n’éclosent pas tout de suite — quand les conditions environnementales sont défavorables, <a href="https://doi.org/10.1007/s00027-004-0712-y">habituellement à l’automne</a>. L’éclosion de ces œufs a lieu plus tard, lorsque les conditions environnementales sont meilleures, ce qui peut être au printemps.</p> <p>Au lieu d’éclore, de nombreux œufs dormants se retrouvent chaque année enfouis dans les sédiments des lacs, créant des données qui peuvent être utilisées pour étudier la manière dont les populations de zooplancton s’adaptent à <a href="https://doi.org/10.4319/lo.2004.49.4_part_2.1300">l’activité humaine</a> <a href="https://doi.org/10.1007/s10682-009-9295-3">et à d’autres perturbations dans les lacs</a>.</p> <h2>Une importante source de nourriture</h2> <p>Le zooplancton peut avoir des effets sur les écosystèmes des lacs de plusieurs manières. Cela tient en partie à sa position intermédiaire dans le réseau alimentaire entre le phytoplancton (algues microscopiques), qui tire principalement leur énergie du soleil, et des prédateurs pour qui le zooplancton constitue une proie.</p> <p>En se nourrissant de phytoplancton, le zooplancton contribue à contrôler la densité des algues dans les lacs, <a href="https://doi.org/10.4319/lo.1979.24.2.0243">et donc à éviter leur prolifération</a>. La prolifération d’algues est préoccupante, car elle peut être néfaste, que ce soit à cause de la <a href="https://doi.org/10.1201/9781003081449">libération de toxines</a>, de <a href="https://doi.org/10.1890/10-0208.1">l’augmentation importante du pH</a> ou de la création de zones pauvres en oxygène dans les lacs <a href="https://doi.org/10.1111/j.1365-2427.2010.02504.x">liée à leur décomposition</a>.</p> <figure class="align-Prolifération d’algues dans la baie Mississquoi du lac Champlain, au Québec, en été zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/601244/original/file-20240617-17-h0gohx.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="Lakewater with a thin green film of algae" src="https://images.theconversation.com/files/601244/original/file-20240617-17-h0gohx.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=237&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/601244/original/file-20240617-17-h0gohx.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/601244/original/file-20240617-17-h0gohx.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/601244/original/file-20240617-17-h0gohx.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/601244/original/file-20240617-17-h0gohx.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/601244/original/file-20240617-17-h0gohx.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/601244/original/file-20240617-17-h0gohx.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">Prolifération d’algues dans la baie Mississquoi du lac Champlain, au Québec, en été.</span> <span class="attribution"><span class="source">(B. Beisner)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span> </figcaption> </figure> <p>Le zooplancton constitue également une excellente source de nourriture pour de nombreux organismes, tels que les poissons, les larves d’insectes et les oiseaux aquatiques. Il permet à l’énergie et aux ressources de <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2016.0487">remonter la chaîne alimentaire</a>, jouant ainsi un rôle clé dans les cycles des nutriments qui sont <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.ecolsys.33.010802.150519">essentiels pour la production primaire, c’est-à-dire la transformation du dioxyde de carbone en composés organiques</a>.</p> <hr> <p><em>Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de <a href="https://theconversation.com/ca-fr">La Conversation</a>. Et vous ? Abonnez-vous aujourd’hui à notre <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters/linfolettre-de-la-conversation-canada-20">infolettre</a> pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.</em></p> <hr> <h2>Les impacts des humains</h2> <p>La gravité et la nature des impacts de divers facteurs de stress sur les lacs varient en fonction du type de menace auquel la <a href="https://www.epa.gov/national-aquatic-resource-surveys/indicators-zooplankton">communauté de zooplancton est confrontée</a>. Elles dépendent également d’autres facteurs tels que <a href="https://doi.org/10.1111/nyas.14378">l’histoire écologique du lac</a>, sa géologie et les <a href="https://doi.org/10.1002/lol2.10239">conditions environnementales locales</a>.</p> <p>Il est essentiel de poursuivre les recherches sur ces facteurs de stress et la manière dont le zooplancton y réagit pour comprendre, prédire et atténuer leurs effets sur les écosystèmes d’eau douce.</p> <p>La pollution constitue une grave menace pour les écosystèmes d’eau douce depuis les <a href="https://doi.org/10.1111/brv.12480">débuts de l’ère industrielle</a>. La pollution des lacs peut être due à de nombreux types de contaminants, notamment les pesticides, le sel, les microplastiques et les métaux, issus de diverses sources, telles que l’agriculture, l’exploitation minière, l’industrie et les déchets urbains.</p> <p>Les contaminants n’ont pas tous les mêmes effets sur le zooplancton. La salinisation est un problème mondial qui résulte de l’agriculture, de l’exploitation minière <a href="https://doi.org/10.1007/978-94-017-2934-5_30">et de l’intrusion due à l’élévation du niveau de la mer</a>. Dans les climats plus froids, la salinisation est principalement due à l’infiltration des sels de voirie <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1620211114">dans les lacs et les rivières lors de la fonte des neiges</a>.</p> <p>La salinisation des lacs réduit l’abondance et la diversité du zooplancton, ce qui nuit à son rôle dans le contrôle des algues et en tant que <a href="https://doi.org/10.1002/lol2.10239">ressource alimentaire pour ses prédateurs</a>. Il en résulte une diminution du transfert d’énergie et de ressources par le zooplancton, ce qui engendre des <a href="https://doi.org/10.1002/lol2.10239">effets d’entraînement</a>.</p> <p>Une autre menace pour le zooplancton d’eau douce est l’eutrophisation, c’est-à-dire un excès de nutriments essentiels à la production primaire, <a href="https://doi.org/10.4319/lo.2006.51.1_part_2.0356">principalement du phosphore et de l’azote</a>. Dans les lacs eutrophes, les communautés de zooplancton évoluent souvent vers des espèces à petit corps, moins riches en phosphore que les grandes espèces qui <a href="https://doi.org/10.1111/fwb.13246">tendent à dominer dans les lacs tempérés</a>.</p> <p>Cela réduit le rôle régulateur du zooplancton, le rendant moins efficace dans le contrôle de la prolifération des algues, qui est par ailleurs fortement favorisée par les ajouts de nutriments associés à l’eutrophisation.</p> <h2>Les effets des changements climatiques</h2> <p>Le réchauffement climatique entraîne également une évolution vers un zooplancton à petit corps et à croissance rapide, à la fois par des effets directs sur les taux métaboliques et par une prédation accrue par les poissons, qui préfèrent se nourrir de zooplancton de grande taille, diminuant ainsi leur <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0140449">présence dans les lacs</a>.</p> <p>Étant donné que les zooplanctons de grande taille sont plus efficaces pour se nourrir de phytoplancton (algues) et compte tenu du fait qu’ils servent de proies aux poissons, ce changement réduit l’utilité du zooplancton sur le plan des transferts trophiques dans les lacs.</p> <p>Le réchauffement climatique accompagne souvent d’autres facteurs de stress, avec lesquels il interagit de différentes manières. Par exemple, le <a href="https://doi.org/10.1111/gcb.15838">réchauffement accentue les effets de l’eutrophisation</a>, mais <a href="https://doi.org/10.1111/fwb.13964">n’influence pas</a> les <a href="https://doi.org/10.1002/lol2.10278">effets de la salinisation sur le zooplancton</a>.</p> <p>L’étude du zooplancton d’eau douce et des effets des activités humaines sur leurs communautés est essentielle pour comprendre le fonctionnement des lacs dans un monde en mutation. La recherche sur le zooplancton est indispensable à une gestion efficace des eaux douces, car elle nous aide à atténuer, à réparer ou à gérer les effets de l’activité humaine sur les lacs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/233415/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Alison Derry reçoit des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et du Fonds de recherche du Québec - nature et technologies.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annabelle Fortin-Archambault reçoit un financement du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL) et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada - subvention à la découverte accordée à Alison Derry.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Beatrix Beisner est financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et le Fonds de recherche du Québec - nature et technologies.</span></em></p> Le zooplancton est de taille microscopique, mais il joue un rôle crucial dans la régulation des écosystèmes aquatiques et dans la remontée des nutriments le long de la chaîne alimentaire. Alison Derry, Professeure agrégée, Sciences biologiques, Université du Québec à Montréal (UQAM) Annabelle Fortin-Archambault, PhD Candidate, Aquatic Ecology, Université du Québec à Montréal (UQAM) Beatrix Beisner, Professor, Aquatic ecology, Université du Québec à Montréal (UQAM) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/235492 2024-08-27T17:09:07Z 2024-08-27T17:09:07Z Caribou forestier : les revendications autonomistes de Québec se heurtent à la protection des écosystèmes <p>Plusieurs hardes de caribous font face à une menace imminente de disparition au Québec, notamment dans les régions de Val-d’Or, de Charlevoix et du Pipmuaca. Les estimant mal protégées dans la province, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault a lancé, en juin, le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2081831/feu-vert-decret-urgence-caribou-quebec">processus de consultation</a> menant à l’adoption d’un décret en vertu de la <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/especes-peril-loi-accord-financement/loi-description.html">Loi sur les espèces en péril</a> pour la protection du caribou forestier.</p> <p>Cette démarche, qui survient après <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2004924/caribou-report-strategie-caribou-feux-foret-quebec-ottawa?">plusieurs années de tergiversation</a>, vise à pallier l’insuffisance du <a href="https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/environnement/strategie/caribous/projets-pilotes-caribous.pdf">plan d’action déposé en avril 2024</a> par le gouvernement québécois. Ce plan a été décrié <a href="https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/2069360/protection-caribou-quebec-ignorants-autochtones">tant par les experts en conservation que les représentants innus</a>.</p> <p>Le <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/nouvelles/2024/06/decret-durgence-visant-a-proteger-lhabitat-du-caribou-boreal-au-quebec.html">décret d’urgence d’Ottawa</a> limitera la coupe forestière dans des zones ciblées comme « meilleur habitat disponible » pour les populations de caribou. Ce décret potentiel a fait l'objet en août <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2024-08-17/un-comite-des-communes-sur-l-avenir-du-caribou.php">d’une étude d’un comité de la Chambre des communes</a>. Elle avait été notamment réclamée par le Bloc Québécois.</p> <p>Sans surprise, le <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/701625/les-caribous-sont-clairement-un-champ-de-competence-du-quebec-affirme-francois-legault">gouvernement caquiste</a>, de même que <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2024-08-17/un-comite-des-communes-sur-l-avenir-du-caribou.php">certains partis d’opposition au fédéral</a>, s’opposent vertement à ce décret. On anticipe notamment des pertes d’emplois importantes associées à sa mise en œuvre. On déplore aussi cette intervention du fédéral dans les champs de compétences du Québec. Deux ministres provinciaux, Benoît Charrette, et Maïté Blanchette Vézina, <a href="https://www.journaldequebec.com/2024/07/24/decret-durgence-federal-sur-le-caribou-forestier-quebec-sinsurge-contre-guilbeault">ont même qualifié d’« illégitime » cette décision</a> du gouvernement fédéral, et ont du même coup refusé de participer aux rencontres de consultation en vue de l’adoption du décret d’urgence.</p> <p>Dans un <a href="https://journals-openedition-org.acces.bibl.ulaval.ca/eccs/7262">article récemment paru dans la revue Études canadiennes/Canadian Studies</a>, j’ai étudié comment le contexte écologique et politique actuel (mondial et local) influence la légitimité des revendications autonomistes provenant de nations internes comme le Québec.</p> <p>Au nom de l’autonomie territoriale, une communauté peut-elle revendiquer le droit de ne pas protéger des milieux naturels ou des espèces menacées ?</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/cent-ans-dexploitation-forestiere-au-sein-du-nitassinan-de-pessamit-203743">Cent ans d’exploitation forestière au sein du Nitassinan de Pessamit</a> </strong> </em> </p> <hr> <h2>Le caribou : un cas d’espèce</h2> <p>Si la question de la protection du caribou forestier est aussi délicate, c’est qu’elle oppose d’importants enjeux économiques et environnementaux.</p> <p>L’industrie forestière, dont les activités empiètent sur l’habitat du caribou, génère approximativement <a href="https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/forets/entreprises-industrie/investir-produits-forestiers">57 000 emplois (2021)</a> et des <a href="https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/forets/documents/FI_vialite_economiques_foret_MFFP.pdf">retombées économiques pour plus de 80 % des municipalités au Québec</a>.</p> <p>La politisation du dossier du caribou ne date d’ailleurs pas d’hier et transcende les allégeances partisanes. En 2014, le premier ministre <a href="https://www.lequotidien.com/2014/03/09/couillard-les-jobs-avant-les-caribous-daf6751ec7e7e810c43af098a0e8aede/">Philippe Couillard</a> promettait qu’il ne « sacrifierait pas une seule “job” dans la forêt pour les caribous ». En 2022, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1925885/foresterie-doute-connaissance-choc-communaute-scientifique">Yves-François Blanchet</a> a aussi voulu se faire rassurant auprès des forestières, en suggérant que « la base purement scientifique de l’enjeu [du caribou] n’est pas suffisamment démontrée ».</p> <p>Cette affirmation est loin d’être fondée. En effet, de <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ecs2.3550">nombreux articles scientifiques ont montré que l’état des populations est directement lié aux activités forestières</a>. Les coupes massives ont notamment pour effet de <a href="https://doi.org/10.1002/ecs2.3550">détruire les habitats de mise bas de ces cervidés et d’augmenter la prédation par le loup</a>.</p> <p>Qu’on le veuille ou non, tout plan d’action crédible en matière de protection du caribou aura donc un <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2024-07-26/mesures-federales-de-protection-du-caribou/le-flou-persiste-sur-les-pertes-d-emplois.php">effet sur l’industrie forestière</a>. En revendiquant le droit de préserver cette industrie, c’est le droit de ne pas protéger ses écosystèmes que le Québec s’arroge.</p> <h2>De l’inaction à la recolonisation</h2> <p>Le dossier du caribou est non seulement le théâtre d’un bras de fer intergouvernemental, mais aussi de <a href="https://pivot.quebec/2023/06/02/des-innus-dressent-un-blocus-pour-stopper-les-coupes-forestieres-sur-le-nitassinan/">tensions entre le Québec et les communautés autochtones</a> dont le territoire ancestral recouvre l’habitat du caribou forestier.</p> <p>Plusieurs représentants de communautés autochtones (notamment les Innus de Pessamit, d’Essipit et de Mashteuiatsh) considèrent que le <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2023-05-02/coupes-forestieres-au-saguenay-lac-saint-jean/quebec-a-failli-a-son-obligation-de-consulter-les-premieres-nations.php?sharing=true">gouvernement du Québec a failli à son devoir constitutionnel de les consulter</a> en octroyant des permis de coupe dans l’habitat du caribou sans les consulter au préalable.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/constitution-au-lieu-de-les-ignorer-quebec-devrait-faire-des-nations-autochtones-ses-alliees-162030">Constitution : au lieu de les ignorer, Québec devrait faire des nations autochtones ses alliées</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>L’aire de répartition du caribou forestier recouvre en effet complètement le <a href="https://petapan.ca/page/nitassinan">Nitassinan</a>, territoire ancestral des Innus. Le caribou (atiku en innu aimum) est central dans la culture innue, de telle sorte que le déclin des populations de ce cervidé induit un effritement de cette culture.</p> <p>L’inaction du gouvernement québécois n’a donc pas seulement eu pour effet de mettre en danger la biodiversité, mais aussi la diversité culturelle et nationale du Québec.</p> <h2>Autonomie environnementale</h2> <p>La société québécoise n’en demeure pas moins justifiée à lutter pour une plus grande autonomie en matière de politiques environnementales. C’est un corollaire de son droit à l’autodétermination.</p> <p>Les questions territoriales ont toujours été au cœur des revendications politiques des groupes nationaux. Revendiquer une telle autonomie environnementale se justifie en ce qu’elle permet de promouvoir certaines valeurs sociales, voire d’honorer des accords internationaux, en choisissant les règles qui régissent le rapport entre les individus et les milieux naturels.</p> <p>Au Canada, l’environnement est cependant une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Au nom de l’autonomie territoriale, certains partis politiques québécois souhaiteraient donc que soit réaffirmée la « primauté de la compétence du Québec » en matière de protection de l’environnement, comme lors du dépôt du <a href="https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-391-42-1.html?appelant=MC">projet de loi 391</a> en 2019 par le Parti Québécois.</p> <h2>Des limites aux revendications autonomistes</h2> <p>Les revendications autonomistes du gouvernement provincial doivent tout de même être <a href="https://theconversation.com/northvolt-les-citoyens-peuvent-ils-encore-sopposer-a-un-projet-fait-au-nom-de-la-transition-energetique-223505">soupesées à la lumière des autres obligations morales</a> et politiques que le Québec a en tant que groupe national. Ceci inclut notamment la préoccupation croissante des personnes pour les écosystèmes qu’elles habitent de même que les obligations liant le Québec aux autres communautés humaines.</p> <p>La communauté internationale a entre autres pris des <a href="https://prod.drupal.www.infra.cbd.int/sites/default/files/2022-12/221222-CBD-PressRelease-COP15-Final.pdf?_gl=1*cuy59k*_ga*NzA1NzQ1NDgxLjE3MjM2NDIxNTQ.*_ga_7S1TPRE7F5*MTcyMzY0MjE1NC4xLjAuMTcyMzY0MjE1OC41Ni4wLjA.">engagements formels</a> visant à lutter contre le déclin mondial de la biodiversité lors de la COP15. L’idée selon laquelle les nations ont le devoir de mettre en place des stratégies concrètes (et efficaces) pour freiner le déclin de la biodiversité fait désormais consensus. Le Québec n’y fait pas exception.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/la-cop15-a-ete-un-succes-mais-les-cibles-ambitieuses-de-protection-de-la-biodiversite-seront-elles-atteintes-195185">La COP15 a été un succès. Mais les cibles ambitieuses de protection de la biodiversité seront-elles atteintes ?</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Dans le contexte politique et environnemental actuel, l’autonomie environnementale revendiquée par des acteurs politiques québécois a ainsi tout intérêt à être accompagnée d’une vision claire et ambitieuse en matière de protection de l’environnement, d’une reconnaissance des droits des nations autochtones, et d’une conformité avec les résolutions prises par la communauté internationale. Faute de quoi, les discours autonomistes sont voués à être contestés par les différents groupes avec qui le Québec partage ses écosystèmes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/235492/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Jérôme Gosselin-Tapp a reçu des financements des organismes subventionnaires et centres de recherche suivants : le CRSH, le CRSNG, le FRQSC, le CSBQ et le Fonds François-et-Rachel-Routhier.</span></em></p> Québec s’oppose au décret d’Ottawa visant à limiter la coupe forestière pour protéger les caribous. Jusqu’où peuvent aller ses revendications autonomistes lorsque des écosystèmes sont menacés ? Jérôme Gosselin-Tapp, Professeur adjoint, Université Laval Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/235382 2024-08-27T13:42:42Z 2024-08-27T13:42:42Z Comment éviter l’écoblanchiment dans la compensation carbone ? <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/613583/original/file-20240814-23-znqipr.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=16%2C8%2C5330%2C2572&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La compensation carbone permet à un émetteur d’émissions de GES de payer un tiers pour éliminer des sources d’émissions ou de capter du CO₂ déjà présent dans l’atmosphère.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) reste la priorité pour stabiliser le climat <a href="https://theconversation.com/les-credits-carbone-sont-utiles-pour-stabiliser-le-climat-mais-sont-ils-utilises-efficacement-220258">planétaire</a>.</p> <p>La compensation des émissions par le biais de crédits ou compensations carbone est aussi un <a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-3/">outil</a> <a href="https://theconversation.com/les-credits-carbone-sont-utiles-pour-stabiliser-le-climat-mais-sont-ils-utilises-efficacement-220258">incontournable</a> si nous voulons atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/">Paris</a>. Le principe de la compensation carbone permet à un émetteur d’émissions de GES de payer un tiers pour éliminer des sources d’émissions ou de capter du CO<sub>2</sub> déjà présent dans l’atmosphère, ce qui au final vise à réduire un bilan d’<a href="https://theconversation.com/les-credits-carbone-sont-utiles-pour-stabiliser-le-climat-mais-sont-ils-utilises-efficacement-220258">émissions</a>.</p> <p>Par contre, le marché du carbone est <a href="https://theconversation.com/les-credits-carbone-sont-utiles-pour-stabiliser-le-climat-mais-sont-ils-utilises-efficacement-220258">imparfait</a>. Il est fragmenté entre de nombreux acteurs qui délivrent sur les marchés volontaires ou règlementaires des crédits de qualité et de prix très variables. Des acheteurs sont aussi plus ou moins informés. Ils se préoccupent parfois davantage du prix que de la qualité des crédits. Ces situations peuvent mener à de l’<a href="https://www.nature.com/articles/s41558-024-02032-z">écoblanchiment</a>.</p> <hr> <p> <em> <strong> À lire aussi : <a href="https://theconversation.com/les-credits-carbone-sont-utiles-pour-stabiliser-le-climat-mais-sont-ils-utilises-efficacement-220258">Les crédits carbone sont utiles pour stabiliser le climat… mais sont-ils utilisés efficacement ?</a> </strong> </em> </p> <hr> <p>Il est donc nécessaire que le marché se réforme, notamment en améliorant les mécanismes de <a href="https://www.stateofcdr.org/resources">régulation</a> et de <a href="http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.3901278">surveillance</a>. Par exemple, la mise en œuvre d’un marché mondial dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (émergence possible avant 2030) pourrait contribuer à standardiser les <a href="https://www.ecosystemmarketplace.com/articles/what-lies-ahead-for-carbon-markets-after-cop28/">marchés</a>.</p> <p>Quant aux compensateurs, ils doivent mieux connaître et comprendre les critères leur permettant de faire des choix éclairés. Une <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-024-02032-z">étude récente</a> démontre que les citoyens, consommateurs et investisseurs ont de faibles « compétences carbone », menant à de mauvaises priorisations et mauvais choix d’actions climatiques. Cela inclut de l’écoblanchiment, qu’il soit <a href="https://doi.org/10.1002/gch2.202200158">volontaire ou induit</a>, via la sélection de compensations de mauvaise qualité.</p> <p>Nous sommes professeurs, chercheurs et chercheuses au Département des sciences fondamentales de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), et travaillons sur la question des changements climatiques et notamment sur la manière dont la forêt boréale pourrait contribuer à les atténuer. Nous tenons aussi à souligner l’apport du professeur Claude Villeneuve, qui a contribué à la rédaction de ce texte avant son décès, arrivé subitement en mai 2024.</p> <h2>Comment évaluer la qualité des crédits et compensations carbone ?</h2> <p>La qualité des crédits et des compensations carbone peut être évaluée à partir de critères reconnus mondialement comme indicateurs de <a href="https://ghgprotocol.org/project-protocol">qualité</a>. Ceux-ci devraient être connus des compensateurs, des citoyens, des industriels et des gouvernements, et ce, avant de faire le choix du programme de compensation ou de crédits carbone qu’ils utiliseront.</p> <p>Le projet, quel qu’il soit, doit démontrer, selon une méthodologie standardisée reconnue, que la réduction des émissions ou la séquestration des GES n’auraient pas eu lieu en temps normal, que cela aille au-delà d’exigences réglementaires ou du cours normal des affaires (scénario de référence), selon le principe d’additionnalité.</p> <p>Le scénario de référence choisi doit être crédible, parce que c’est à partir de celui-ci que l’on évalue la quantité de tonnes d’équivalent CO<sub>2</sub> évitée ou captée. C’est d’ailleurs souvent à cette étape que le bât blesse : un scénario inapproprié entraîne une surévaluation du <a href="https://doi.org/10.1007/s10584-021-03079-z">volume</a> de <a href="https://ghgprotocol.org/project-protocol">crédits</a> menant à de l’écoblanchiment volontaire ou <a href="https://doi.org/10.1002/gch2.202200158">induit</a>.</p> <h2>Mettre en place des mesures standardisées</h2> <p>Il faut aussi démontrer que la réduction des émissions est irréversible ou que des mesures compensatoires sont mises en place pour l’assurer, selon le principe de permanence. Ceci nécessite au préalable la mise en place de méthodes standardisées de quantification des flux de GES et de vérification de l’impact climatique réel du projet par un organisme tiers, indépendant et compétent.</p> <p>Enfin, l’organisme qui vend les crédits doit tenir un registre et le rendre public afin d’assurer la transparence du processus et d’assumer la responsabilité de l’attribution des crédits, selon le principe d’imputabilité. Il doit aussi prouver que les crédits ne sont pas mis en vente plusieurs fois sur différents marchés, selon le principe d’unicité.</p> <p>Les projets peuvent fournir d’autres bénéfices, en lien avec les droits de la personne, la biodiversité, le partage équitable des revenus et la cohérence avec les objectifs du développement durable. Ces bénéfices n’influencent pas la stricte comptabilité d’émissions/suppressions de GES, mais donnent une valeur ajoutée qui peut faire la différence pour l’acheteur au-delà du simple signal de prix.</p> <h2>Réduction ou séquestration des GES par les crédits carbone ?</h2> <p>Il existe deux types de projets donnant lieu à des crédits et compensations, soit via la réduction ou l’évitement d’émissions de <a href="https://ghgprotocol.org/project-protocol">GES</a> ou par la capture et la séquestration de <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/">CO₂</a>.</p> <p>En revanche, seuls les crédits de retrait des émissions ou « émissions négatives » sont, à terme, compatibles avec les objectifs de neutralité carbone, soit la condition dans laquelle on ne peut émettre dans l’atmosphère plus de carbone qu’on ne peut en retirer. Ces crédits devront représenter 100 % de l’offre à partir de 2050 pour annuler les émissions incompressibles.</p> <p>Ceux-ci représenteraient présentement seulement 20 % des crédits <a href="https://www.bcg.com/publications/2023/why-the-voluntary-carbon-market-is-thriving">disponibles</a>. Ils sont produits par exemple par le stockage biologique du carbone via <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Afforestation">l’afforestation (ou boisement</a>), ou la restauration des écosystèmes. Dans une moindre mesure, ils peuvent être produits par des technologies comme la capture du CO<sub>2</sub> de l’air et sa séquestration dans des réservoirs <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/">géologiques</a>.</p> <p>Ces technologies sont encore très chères et les subventions nécessaires à leur développement ne sont pas toujours acceptées <a href="https://www.cbc.ca/news/climate/shell-greenpeace-quest-1.7196792">socialement</a>. Mais elles sont appelées à jouer un rôle primordial dans le futur, selon les prévisions de l’Agence Internationale de l’<a href="https://www.iea.org/reports/direct-air-capture-2022/executive-summary">Énergie</a>.</p> <h2>Transparence, vigilance et rigueur pour éviter l’écoblanchiment</h2> <p>Il y a ainsi place à la compensation dans toute solution climatique. Les crédits à émissions négatives seront incontournables dans les stratégies efficaces de lutte aux changements climatiques.</p> <p>On estime que la demande de crédits carbone pourrait augmenter d’un facteur 100 d’ici à 2050. Il est néanmoins important de ne pas trop faire reposer nos stratégies sur la compensation, car leur disponibilité pourrait <a href="https://www.mckinsey.com/capabilities/sustainability/our-insights/a-blueprint-for-scaling-voluntary-carbon-markets-to-meet-the-climate-challenge">être nettement moindre</a>.</p> <p>L’approche des marchés du carbone permet de faciliter l’échange d’avantages comparatifs de réductions ou d’absorptions entre les acteurs. Cependant, son efficacité dépend du contrôle de la qualité des compensations offertes sur le marché, via un processus de vérification valable.</p> <p>Récemment, l’Université d’Oxford <a href="https://www.smithschool.ox.ac.uk/sites/default/files/2022-01/Oxford-Offsetting-Principles-2020.pdf">a publié un guide</a> qui décline les grands principes qui devraient régir les mécanismes de la compensation afin qu’elle soit un outil efficace pour atteindre la <a href="https://www.smithschool.ox.ac.uk/research/oxford-offsetting-principles">neutralité carbone</a>. Ces principes sont essentiels à une saine gestion des GES pour utiliser la compensation lorsque nécessaire et dans un cadre standardisé.</p> <p>Dans l’état actuel des choses, c’est à l’acheteur d’être vigilant s’il veut éviter de participer à de l’écoblanchiment ou de s’en voir coller l’étiquette, et ce, malgré ses bonnes intentions.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/235382/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Patrick Faubert est directeur par intérim de l&#39;infrastructure de recherche Carbone boréal à l&#39;Université du Québec à Chicoutimi</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charles Marty est membre de l&#39;infrastructure de recherche Carbone boréal à l&#39;Université du Québec à Chicoutimi</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sylvie Bouchard est coordonnatrice de l&#39;infrastructure de recherche Carbone boréal à l&#39;Université du Québec à Chicoutimi.</span></em></p> Dans son état actuel, le marché des compensations carbone ouvre la voie à l’écoblanchiment, que celui-ci soit volontaire ou induit. Patrick Faubert, Professor - Industrial ecology and climate change mitigation, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Charles Marty, Adjunct professor, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Sylvie Bouchard, Agent de recherche/coordonnatrice, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives. tag:theconversation.com,2011:article/228143 2024-08-21T13:54:24Z 2024-08-21T13:54:24Z Les lacs ne dorment pas en hiver ! Au contraire, il y a un monde qui vit sous la glace <figure><img src="https://images.theconversation.com/files/602836/original/file-20240625-17-7bpuln.jpeg?ixlib=rb-4.1.0&amp;rect=34%2C5%2C3785%2C2195&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=496&amp;fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Couverture de glace et de neige sur un lac de la forêt boréale en hiver (Lac Simoncouche, Saguenay, Québec).</span> <span class="attribution"><span class="source">(Noémie Gaudreault)</span>, <span class="license">Fourni par l&#39;auteur</span></span></figcaption></figure><p>Dans les régions où les hivers sont froids et que la température demeure sous zéro, on peut voir une couche de glace s’installer sur les lacs pendant plusieurs mois.</p> <p>On pourrait croire qu’il ne se passe pas grand-chose sous la surface des lacs gelés en hiver.</p> <p>Mais c’est loin d’être le cas.</p> <hr> <p><em><strong>Cet article fait partie de notre série Nos lacs : leurs secrets, leurs défis.</strong> Cet été, La Conversation vous propose une baignade fascinante dans nos lacs. Armés de leurs loupes, microscopes ou lunettes de plongée, nos scientifiques se penchent sur leur biodiversité, les processus qui s’y produisent et les enjeux auxquels ils font face. Ne manquez pas nos articles sur ces plans d’eau d’une richesse inouïe !</em></p> <p>De nombreux animaux, micro-organismes et végétaux peuvent demeurer actifs sous la glace. C’est d’ailleurs ce qui permet aux amateurs de poissons de s’adonner à la pêche blanche.</p> <p>La couverture de glace sur les lacs agit un peu comme une couche d’isolation, offrant ainsi une protection contre le froid. Toutefois, si la glace devient blanche ou qu’une bordée de neige s’installe, la lumière pénètre alors de moins en moins sous la glace.</p> <p>Bien que la vie aquatique suive son cours en hiver, il y a tout de même plusieurs contraintes pour les organismes à vivre dans le froid et la quasi-obscurité. On dit alors que la chaîne alimentaire se réorganise et que l’écosystème fonctionne différemment sous la glace.</p> <p>L’hiver glacé est une période unique dans le cycle annuel des lacs. Mais attention, elle n’est pas rare : la majorité des lacs du monde gèlent chaque année !</p> <p>Chercheures et chercheur en écologie des eaux douces, nos travaux développent la recherche sur les lacs en hiver. Nous proposons d’apporter un éclairage sur le monde qui vit sous la glace.</p> <h2>Qu’est-ce qu’on connaît des lacs en hiver ?</h2> <p>Que ce soit en milieux terrestre, marin ou d’eau douce, les écologistes ont historiquement considéré la saison froide comme une période de « dormance biologique ». Cette vision un peu trop réduite de la réalité, combinée aux difficultés logistiques de prendre des mesures ou échantillons sous la glace, a freiné la motivation scientifique et l’avancement de la recherche en écologie hivernale.</p> <p>Aujourd’hui, on sait qu’il y a plus de vie qu’on ne le pensait sous la glace des lacs. Et bien qu’il soit maintenant plutôt établi que les lacs ne « dorment pas » pendant la saison froide, il n’en demeure pas moins qu’<a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ele.12699">on en connaît beaucoup moins sur l’écologie des lacs en hiver</a> comparativement à n’importe quelle autre saison de l’année.</p> <p>On sait entre autres que plusieurs micro-organismes sont actifs sous la glace. Certains en profitent pour transformer des <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0224864">composés nutritifs</a>, ce qui les rend plus « disponibles » pour la croissance printanière des algues. À l’image des engrais qu’on ajoute au jardin, ces éléments nutritifs jouent un rôle important pour stimuler la croissance à la base de la chaîne alimentaire au moment où la glace disparaît.</p> <p>L’hiver peut aussi être une période favorable pour le cycle de vie de certains animaux. Au lieu d’hiberner ou de migrer, plusieurs invertébrés et poissons préfèrent rester actifs sous la glace pour profiter des avantages de l’hiver. Ceux-ci bénéficient d’une période calme, avec moins de prédation et de compétition, et détiennent un grand avantage par rapport aux autres : ils sont les premiers à accéder à la nourriture fraîche qui redevient abondante au printemps.</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/608212/original/file-20240719-17-uytm3v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="Gros plan sur la surface d’un lac gelé" src="https://images.theconversation.com/files/608212/original/file-20240719-17-uytm3v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/608212/original/file-20240719-17-uytm3v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=401&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/608212/original/file-20240719-17-uytm3v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=401&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/608212/original/file-20240719-17-uytm3v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=401&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/608212/original/file-20240719-17-uytm3v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=504&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/608212/original/file-20240719-17-uytm3v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=504&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/608212/original/file-20240719-17-uytm3v.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=504&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">Aujourd’hui, on sait qu’il y a plus de vie qu’on ne le pensait sous la glace des lacs.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span> </figcaption> </figure> <h2>La fameuse question : « Qu’est-ce que ça mange en hiver ? »</h2> <p>En raison des températures froides et des faibles quantités de lumière sous la glace, les plantes aquatiques et les algues font peu de photosynthèse en hiver. Les herbivores qui s’en nourrissent normalement doivent ainsi trouver d’autres sources de nourriture, ou alors développer des stratégies de survie hivernale, comme faire des réserves de graisse.</p> <p>C’est ce que font certaines espèces de zooplancton (animaux microscopiques en suspension dans l’eau) : ils accumulent les bons gras (comme les oméga-3) provenant des algues pendant l’automne et utilisent ces réserves pour <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-10956-0">survivre lorsque la nourriture devient rare en hiver</a>. Un peu comme l’ours, le zooplancton peut aussi transférer une partie de ses réserves de graisse à sa progéniture pendant l’hiver pour l’aider à croître au printemps.</p> <p>Une autre stratégie pour pallier les carences nutritionnelles en hiver est de diminuer son métabolisme et sa mobilité. En réduisant leurs dépenses énergétiques, plusieurs animaux parviennent à diminuer leurs besoins alimentaires en hiver. Certaines truites vont même choisir leur habitat hivernal de façon à <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00027-012-0274-3">réduire les distances de nage</a>.</p> <figure class="align-center zoomable"> <a href="https://images.theconversation.com/files/611152/original/file-20240802-21-tthjzf.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=1000&amp;fit=clip"><img alt="copépode au microscope" src="https://images.theconversation.com/files/611152/original/file-20240802-21-tthjzf.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/611152/original/file-20240802-21-tthjzf.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/611152/original/file-20240802-21-tthjzf.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/611152/original/file-20240802-21-tthjzf.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=600&amp;h=450&amp;fit=crop&amp;dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/611152/original/file-20240802-21-tthjzf.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=45&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/611152/original/file-20240802-21-tthjzf.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=30&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/611152/original/file-20240802-21-tthjzf.jpg?ixlib=rb-4.1.0&amp;q=15&amp;auto=format&amp;w=754&amp;h=566&amp;fit=crop&amp;dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a> <figcaption> <span class="caption">Une espèce de zooplancton (le copépode Leptodiaptomus minutus) vivant sous la glace du lac Simoncouche, au Saguenay (Québec, Canada). Ce copépode passe l’hiver sous la glace en accumulant des réserves de graisse riches en oméga-3. La photo met en évidence la formation de gouttelettes lipidiques oranges.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Guillaume Grosbois)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span> </figcaption> </figure> <h2>Quelques bienfaits de la glace hivernale</h2> <p>En plus d’être une saison bénéfique pour les cycles de vie ou de transformation d’éléments chimiques, l’hiver dans les lacs peut comporter certains avantages pour la nature et la société.</p> <p>L’hiver peut notamment réguler d’autres saisons. Par exemple, les hivers longs et froids peuvent se traduire en des étés plus courts et moins chauds dans les lacs. En effet, à l’échelle planétaire, la présence de <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/2015GL066235">glace hivernale exercerait une influence majeure sur les tendances de réchauffement estival</a> dans l’eau des lacs.</p> <p>Les <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1155398">étés chauds peuvent être propices aux floraisons algales</a> (comme les algues bleu-vert, ou cyanobactéries, qui peuvent parfois libérer des toxines). Ainsi, les hivers longs et froids peuvent nous aider à amoindrir ce méfait et préserver la qualité de l’eau en tempérant les étés.</p> <p>Au-delà des bénéfices écologiques, notre société profite aussi des lacs en hiver. En zone tempérée nordique, on peut penser aux activités récréatives comme le patinage ou la pêche sur glace. Un peu plus au Nord, là où l’hiver est la plus longue saison de l’année, la glace des lacs peut aussi offrir d’importants services socio-économiques, comme la formation de réseaux de transport (routes de glace), et peut même être essentielle aux traditions culturelles et à l’alimentation.</p> <p>L’hiver dans les lacs a donc une valeur pour nous aussi.</p> <h2>Fonte des glaces</h2> <p>Avec le réchauffement climatique, on entend souvent parler de la fonte de la banquise dans l’océan Arctique. Bien que moins médiatisée, la glace des lacs est elle aussi en déclin. Et ce, bien plus rapidement qu’on ne le pensait.</p> <p>Selon nos archives, les lacs gèlent plus tard et dégèlent plus tôt depuis au moins deux siècles. Des <a href="https://theconversation.com/our-lakes-are-losing-their-ice-cover-faster-than-ever-heres-what-that-means-for-us-173471">travaux récents</a> ont cependant révélé que la vitesse à laquelle la glace disparaît s’est accélérée par six fois au cours des 25 dernières années.</p> <p>Par conséquent, des milliers de lacs dans l’hémisphère Nord ne gèlent déjà plus ou alors seulement de manière occasionnelle. Les lacs Canadiens ne sont pas exclus : le couvert de glace de nos grands lacs n’a <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/sudbury/great-lakes-ice-cover-1.7156240">jamais été aussi bas qu’en hiver 2024</a>. On parle déjà des <a href="https://www.climate.gov/news-features/event-tracker/how-warm-winters-and-low-ice-may-impact-great-lakes">conséquences</a> des hivers chauds pour les pêcheries commerciales et le bon fonctionnement de ces grands écosystèmes.</p> <p>On commence à peine à combler le manque de connaissances sur les lacs en hiver. Alors il demeure difficile de prédire comment les lacs changeront avec la fonte des glaces dans le futur.</p> <p>C’est en avançant la recherche sur l’écologie des lacs en hiver qu’on parviendra à mieux comprendre les conséquences du réchauffement hivernal. Ces travaux fournissent une base pour développer des prédictions, mais aussi des stratégies de conservation, d’atténuation et d’adaptation pour la nature et la société.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/228143/count.gif" alt="La Conversation Canada" width="1" height="1" /> <p class="fine-print"><em><span>Marie-Pier Hébert, PhD a reçu des financements du gouvernement du Canada (Banting Secretariat et CRSNG) et du gouvernement du Québec (FRQNT).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Girard a reçu des financements du CRSNG et du FRQNT et est membre du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Guillaume Grosbois a reçu des financements du CRSNG et de la MRC-Abitibi et est membre du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Milla Rautio a reçu des financements du CRSNG, de Polar Knowledge Canada, et d&#39;ArcticNet. Elle est membre du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL).</span></em></p> Les Canadiens connaissent bien les hivers froids où tout semble être gelé dans la nature. Toutefois, plusieurs animaux demeurent actifs en hiver, même sous la couverture de glace des lacs. Marie-Pier Hébert, Chercheure en sciences aquatiques, University of Vermont Catherine Girard, Professeure-Chercheure en microbiologie, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Guillaume Grosbois, Professeur Écologie Aquatique, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) Milla Rautio, Professor, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
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