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Loading... Lonesome Dove : Episode 1by Larry McMurtry
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Ŕ Lonesome Dove, Texas, les héros sont fatigués. Augustus McCrae et Woodrow Call ont remisé leurs armes aprčs de longues années passées ŕ combattre les Comanches. En cette année 1880, pourtant, l'aventure va les rattraper lorsqu'ils décident de voler du bétail au Mexique et de le convoyer jusque dans le Montana pour y établir un ranch. Commence alors un immense périple ŕ travers l'Ouest, au cours duquel le convoi affrontera de violentes tempętes, des bandes de tueurs et d'Indiens rebelles... et laissera de nombreux hommes derričre lui. No library descriptions found. |
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Google Books — Loading... GenresMelvil Decimal System (DDC)813.54Literature American literature in English American fiction in English 1900-1999 1945-1999RatingAverage:
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J’espère que c’est assez difficile pour toi, Call, dit-il. J’espère que t’es satisfait. Sinon, j’abandonne. Parce que faire une si longue route avec tout ce bétail squelettique, c’est une drôle de manière de garder goût à la vie.
(p. 286, Chapitre 25, Partie 1, Episode 1).
« Poussons encore un jour ou deux » comme dit Augustus à quelques encablures de la fin du livre (p. 461, chapitre 94, Partie 3, Episode 2). Et c’est un bien long voyage auquel nous invite Larry McMurtry. Un long voyage par le nombre de pages de ce roman fleuve, un long voyage géographique par le nombre de kilomètres que les protagonistes vont parcourir, un long voyage dans l’histoire et la psyché américaine aussi.
Je n’aime guère les phrases publicitaires que les éditeurs se sentent maintenant obligés de mettre sur les quatrième de couverture. Et celle qui accompagne ce livre est bien présomptueuse : « Si vous ne devez lire qu’un seul western dans votre vie, lisez celui-ci. », conseil d’un certaine James Crumley dont je n’ai jamais entendu parler. Je ne suis pas certaine d’être d’accord avec lui, car je ne suis pas certaine que ce livre soit un western, du moins ce n’est pas ainsi que je l’ai lu.
Certes, il est question de far west, de pionniers, de lutte contre les Indiens, d’élevage, de Mexicains hors la loi… On retrouve tout Il était une fois dans l’Ouest ou Le bon, la brute et le truand (les westerns spaghetti sont à peu près l’intégralité de ma culture western…), mais ce livre est beaucoup plus que cela. C’est avant tout l’histoire d’une poignée d’hommes (et quelques femmes en périphérie), menés par deux anciens Texas Rangers, des vieux de la vieille, un peu revenus de tout, des braves parmi les braves, légendes vivantes d’un temps qui est déjà révolu.
Deux hommes, Augustus McCrae et Woodrow Call liés par une amitié indéfectible et pourtant difficile à comprendre tant ils sont différents l’un de l’autre. Gus, le moulin à paroles qui disserte sur le moindre brin d’herbe, a un avis sur tout et ne se prive pas de le partager, ouvertement paresseux et désireux de profiter de chaque opportunité que la vie lui laisse entrevoir. Et Call (intéressant que l’un soit désigné principalement par son surnom tandis que l’autre l’est principalement par son nom de famille), droit dans ses bottes de cow-boy, sûr de ses principes, dur à la tâche, meneur d’hommes malgré lui, incarnation vivante de ses principes moraux inflexibles. L’auteur les décrit, dans une préface que je n’ai pas, comme l’épicurien et le stoïcien. Ce n’est pas à moi d’expliquer à l’auteur ses intentions, mais cette catégorisation me paraît trop réductrice par rapport à la complexité des personnages que McMurtry a su créé, et qui donne tout son charme à son œuvre.
Car, autour de ces deux hommes, ce sont d’autres hommes qui gravitent, et, même s’ils ne sont pas aussi fouillés (plusieurs sont de simples figurants, mais dans l’ensemble, les personnages secondaires ont une existence et une épaisseur bien réelles). Dish l’amoureux transi, O’Brien l’Irlandais nostalgique de ses vertes prairies, Bolivar le cuisinier Mexicain pas tout à fait clair, pour n’en citer que quelques uns. Toute cette faune crée un kaléidoscope à la fois étourdissant et complet de ce que pouvait être un cow-boy à cette période de l’histoire. Et c’est là que ce livre est intéressant et que je ne suis pas d’accord avec la phrase de James Crumley citée par l’auteur : ce livre n’est pas un western classique. Certes, il en a tous les ingrédients, mais ce serait réducteur de ne voir que cela dans cette galerie de personnages.
En effet, McMurtry donne à voir ce qui pouvait animer ces hommes. Il y a bien sûr ceux qui sont frustres, qui se laissent porter par la vie, mener par des chefs, qui font leur travail et ne voient guère plus loin. Mais il y a aussi ceux qui aspirent à autre chose. Ceux qui se demandent pourquoi le soleil se lève chaque matin mais qui savent qu’ils ne sont pas aller assez longtemps à l’école pour le comprendre, il y a ceux qui aspirent à un idéal qu’ils entrevoient parfois de façon obscure et dévoyée mais qu’ils savent être là , il y a ceux qui ont une vie intérieure riche et trouvent en eux des ressources sans fin pour faire de leur vie une épopée incessante.
Voilà beaucoup de phrases pour dire que j’ai aimé ce livre qui m’a captivée dès le début. J’y vois bien quelques imperfections. Un traitement un peu feuilletonnesque, ce qui fait que je n’ai pas été surprise d’apprendre que McMurtry a utilisé pour ce roman un scénario de cinéma qui n’avait pas servi (bien que le roman soit beaucoup plus riche que ce qui aurait pu être porté à l’écran). Quelques longueurs peut-être aussi. Mais c’est le talent de conteur de McMurtry qui a prévalu, sa capacité à créer une galerie de personnages riches et captivants, sa capacité à se jouer des standards et des clichés, en un mot, à rendre la légende de l’ouest sauvage plus humaine, quitte à écorner cette même légende que ce soit celle des valeureux justiciers ou des bandits à l’insondable noirceur. Les Indiens, certes sur le déclin en prennent aussi pour leur grade. Soit irrémédiablement sanguinaire, soit tellement affamés qu’ils viennent quémander de la nourriture à ceux qui les ont poursuivi pendant bien longtemps.
Et, si le côté feuilletonnesque est un peu trop apparent, il faut aussi reconnaître à McMurtry un sens aigu du scénario. J’y ai vu un peu de Game of Thrones avant l’heure, avec une capacité à se débarrasser d’un personnage de façon cruelle, ou bien de façon inattendue, au détour d’une phrase, sans aucun signe annonciateur. Une scénarisation qui se veut proche de la vie, lorsque les choses ne sont pas forcément logiques ou justes. Un personnage qui meurt avant que l’on ait appris à le connaître.
En un mot, cette sorte de road movie sans route et sans voiture m’aura fait voyager dans la géographie et dans l’histoire des Etats-Unis, au-delà des clichés habituels et aura donné vie et humanité à des périodes et des lieux de légende. Un très beau livre, qui propose différents plans de lecture et dont les personnages restent longtemps avec le lecteur, tant durant la lecture (cette envie irrépressible de retrouver son livre pour savoir ce que nous réserve la prochaine page, le prochain chapitre…) que bien longtemps après.