Un homme (le narrateur), professeur de lettres atteint d'un cancer, se retire seul dans un petit village provençal pour s'éloigner de sa compagne avec laquelle la relation est devenue impossible depuis l'irruption de la maladie. Il se rend compte peu à peu que la méfiance des villageois à l'égard de "l'étranger" qu'il représente à leur yeux se mue progressivement en hostilité puis en haine. Terriblement seul et troublé, traqué, il trouve occasionnellement un peu de consolation et de chaleur humaine auprès de Mîna, jeune femme plantureuse rencontrée dans le bus et plus tard, auprès d'Augustin, un jeune homme exalté, fils de Marcellin, patron du Café des sports et grand gaillard craint de tous, tant par sa corpulence que par sa virulence.
Le texte alterne essentiellement entre une narration à la première personne et des espaces de dialogues entre les habitués du Café des sports, lesquels s'adonnent aux propos les plus vils, racistes et détestables sur "l'étranger" et plus généralement sur tout ce qui ne leur ressemble pas.
Lydie Salvayre a conféré à son personnage un certain nombre de traits qui lui sont propres : son goût pour la langue impeccable, les efforts à accomplir pour faire oublier la modestie de ses origines, la terreur face à la maladie, la bataille qui s'engage entre rage et soumission.
Les dialogues des villageois, d'une bêtise et d'une vulgarité sans nom, frisent trop souvent la caricature mais n'en donnent pas moins le ton d'une frange population ignorante, apeurée et sans boussole, incapable de penser l'autre, incapable de penser tout court et qui par impuissance se réfugie dans la haine et le rejet. ( )