Frank Beauvais, terrassé par une grave dépression suite à sa séparation d'avec son compagnon, et dans l'impossibilité matérielle de regagner imméditament Paris, se confine seul dans un village alsacien. Entre avril et octobre 2016, il ne regarde pas moins de 400 films en balayant tous les genres possibles. Ses uniques autres occupations : la mise en vente de ses films en préparation de son déménagement prévu à Paris en octobre dans un minuscule studio, ses quelques promenades en forêt et des visites occasionnelles d'amis.
Au cours de ces quelques mois de détresse, il tient un journal intime (un beau texte, particulièrement dense) dans lequel il décrit (et décrie) les misères de l'actualité qui l'angoissent et le dégoûtent entrecoupé par de trop rares trèves qui lui procurent un apaisement provisoire. Sur ce texte qu'il lit de bout en bout de sa voix monocorde, défilent plus de 400 extraits de films issus des millions d'images engrandées pendant sa triste retraite (seul extrait furtif que j'ai reconnu : le plan des herbes mouvantes issu du Déjeuner sur l'herbe de Renoir). Les images collent tellement bien au texte qu'on reste pantois face à cet incroyable montage, à l'immensité de la tâche issue d'une adiction cinéphile et d'un travail obsessionnel.
Totalement déprimant mais vraiment intéressant. ( )